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Lisons ensemble

Lisons ensemble : la rubrique littéraire

Écrire de la science-fiction : les personnages

Cette publication fait suite à un article que j’avais écrit en 2020 et que je te propose aussi de découvrir :

Les littératures de l’imaginaire : 2020 ? Un roman d’anticipation !

Un tour d’horizon des personnages récurrents de la science-fiction…

 

Aujourd’hui, parlons des personnages de science-fiction. C’est une littérature que j’aime énormément et dont les personnages les plus importants sont très tranchés. Ils se situent en général des deux côtés opposés de la balance :

  •  le héros possède souvent des valeurs morales très fortes et endosse d’énormes responsabilités. Cela peut aller jusqu’à assurer la survie de l’humanité et de la planète.
  •  l’antagoniste est un élément rebelle ou c’est carrément un voyou : l’écrivain peut aller jusqu’à créer un psychopathe. Il hait l’humanité et veut la contrôler ou l’anéantir.

Bien entendu, il existe entre ces deux extrêmes toute une gamme de comportements et de caractéristiques qui rendent cette littérature de genre plus subtile. Et justement, comme c’est une littérature de genre, il est bon d’en connaître les codes pour prétendre en écrire. C’est en maîtrisant ces codes qu’il te deviendra plus facile de les assembler de manière personnelle et originale pour dépasser la simple caricature et inventer tes personnages que le lecteur n’oubliera pas. Au cas où tu aies envie de te lancer dans cette aventure passionnante de l’écriture de science-fiction… Quoi qu’il en soit, commençons notre balade dans un ailleurs absolument imaginaire…

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LE SAVANT FOU

 

Figure née au XIXe siècle de la fascination pour les sciences, le savant fou est l’expression d’une angoisse : les sciences ne vont-elles pas devenir immaîtrisables et dangereuses ? Ne font-elles pas concurrence à la création divine et à Dieu ? Et le scientifique ne risque-t-il pas de se prendre pour Dieu ? Ses créations, sont-elles toutes raisonnables, utiles, et surtout désirables pour l’humanité ? Même si le progrès est la grande espérance du XIXe siècle, c’est avec crainte que de nombreux écrivains, philosophes, religieux, et la population elle-même le considèrent. C’est cette peur qu’expriment les premiers romans qui traitent du savant fou.

Le savant fou, désireux de surpasser la création, Dieu, est donc toujours dépassé par ses œuvres. Déjà, en 1818, dans le roman de Mary Shelley, Frankenstein est un savant qui donne vie à une créature d’aspect monstrueux à partir d’un assemblage de cadavres. Bien entendu, sa création lui échappe pour le malheur de tous.

Même quand le savant désire le bien de l’humanité, un être vil peut lui voler sa découverte et l’exploiter d’une manière atroce comme le fait Le mystérieux Docteur Cornélius (Gustave Lerouge, 1912). Ou sa grande découverte scientifique peut causer de multiples ennuis et changer le cours du destin et de l’humanité comme dans Retour vers le futur (synopsis de Robert Zemeckis et Bob Gale, 1985). C’est que le thème du savant fou est très vite devenu une tradition littéraire – qui perdure. Car nos craintes sont loin d’être éteintes en ce qui concerne les inventions scientifiques, les technologiques nouvelles et les usages que nous en faisons déjà et pourrions en faire.

D’autres récits précurseurs de la figure du savant fou : La Vérité sur l’étrange cas de M. Valdemar, Histoires extraordinaires, Edgar Poe, 1840 ; LÈve future, Villiers de L’Isle-Adam, 1846 ; L’Île du Docteur Moreau, 1896 ; l’Homme invisible, H.G. Wells, 1897…

Emmett Brown, savant fou mais sympathique de Retour vers le futur.
Crédit : Universal

 Le robot et la machine

 

L’homme construit des machines et des robots qu’il maîtrise assez facilement. Il en est friand puisqu’ils lui permettent de se tourner les pouces. L’idée est bien entendu que la machine et le robot fassent tout le travail ingrat et difficile à sa place. Mais… il arrive que la machine, avec son intelligence artificielle, le dépasse ou que le robot lui échappe… Et tente de prendre pouvoir sur l’homme !

Alors, pour y pallier, Isaac Asimov, dans Les Robots écrit en 1950, rédige un texte incroyable : les trois lois fondamentales qui sont censées diriger la vie de toute machine; l’une d’elle stipule que la machine ne doit jamais mettre l’homme en danger.

Mais bien entendu, les hommes créent des robots trop proches de l’homme, assoiffés de pouvoir comme lui, et aussi de liberté. Bien souvent ils s’émancipent de l’homme. Je pense tout de suite aux ordinateurs fous d’Arthur C. Clarke dans 2001 : l’Odyssée de l’espace, roman de 1968 ; l’auteur et le réalisateur, Stanley Kubrick, s’interrogeaient déjà à propos de l’intelligence artificielle.

Bien d’autres romans traitent de ce problème, par exemple La Semence du démon, de Dean R. Koontz, 1973. Les machines et les robots n’en font qu’à leur tête –si je puis dire… Ils peuvent même tenter de détruire l’homme. Encore une fois, l’écrivain de science-fiction met en garde l’homme de manière lucide et, je le crains, prophétique : par arrogance, soif de se montrer plus malin, l’homme pourrait bien créer des machines, des ordinateurs et des robots qui le dépassent totalement… Alors il n’en sera plus maître mais esclave.

L’I.A de 2001 : l’odyssée de l’espace

Le mutant

 

Et puis, il y a les mutants. Ni tout-à-fait homme ni tout à fait machine, croisement des deux ou hybride de plusieurs races en partie ou totalement extra-terrestres, ou encore humain augmenté de capacités extraordinaires, le mutant est un incompris, créature qui n’appartient à aucune communauté et qui fait peur aux hommes. Ils la prennent en chasse parce qu’elle ne leur ressemble pas. Il peut même représenter une menace réelle. (À la poursuite des Slans, Alfred E. Van Vogt, 1946 ; Les Plus qu’humains, Theodore Sturgeon, 1953.)

Le mutant n’est pas à confondre avec la simple créature extra-terrestre qui peut être sans grande importance, vivant en toile de fond de l’histoire comme l’une de celles qui peuplent Star Wars. Bien que certaines soient plus retorses et dangereuses comme Jaba… Mais revenons aux mutants.

L’homme se bat contre les mutants, bien souvent des surhommes, comme il le fait contre les robots dans maints romans. Mais il y a une nuance : le mutant est encore plus proche de lui comme un miroir de l’homme et de la nature humaine dans ce qu’elle a de pire. Et s’y confronter, s’y reconnaître parfois, est difficile…

Cependant, il arrive que le mutant soit proche de l’homme dans ce qu’il possède de meilleur ! Je pense par exemple au Surfer d’argent, personnage humanoïde d’heroic fantasy qui a bercé mon enfance : il passe beaucoup de temps à sauver la planète terre sans être récompensé ni remercié par les hommes.

Les mutants sont aussi des êtres qui peuvent s’affronter entre eux pour le pouvoir ce qui donne lieu à des batailles énormes, cosmiques, proches des récits mythologiques : Toi l’immortel, Roger Zelazny, 1965 ; les Neuf Princes d’Ambre, 1970

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L’homme destructeur

 

J’évoque moins ici un type de personnage que ce que l’humanité toute entière est capable de se faire subir… L’homme qui se détruit donne lieu à des romans d’anticipation qui donnent froid dans le dos. Les écrivains, encore une fois, nous mettent en garde…

Dès l’explosion de la première bombe atomique en 1945, ils comprennent que l’homme peut détruire sa propre espèce et sa planète. Pour nous prévenir de ce que nous sommes capables de créer, l’horreur pure), ils n’hésitent pas à nous montrer le monde futur : violent, archaïque, déshumanisé, soumis à des guerres incessantes comme dans Fondation, série de romans du génial Isaac Asimov, commencée en 1942 ; ou l’énorme et fabuleux Dune, de Frank Herbert, 1965. Lis Fondation et Dune, je ne peux que t’y enjoindre car ce sont des lectures d’une qualité extraordinaire. Et certainement visionnaires.

Les écrivains vont donc souvent nous présenter des civilisations mortelles : par exemple dans Chroniques martiennes, Ray Bradbury, 1950. Quelques hommes réussissent à s’installer sur Mars et voient la Terre exploser… Les personnages survivent, oui : mais pour quel avenir ?

Dans la même logique pessimiste, on peut imaginer des mondes post-atomiques… Les romanciers ne s’en privent pas : Demain les chiens, Clifford D. Simak, 1952 ; dans Je suis une légende de R. Matheson, 1954, le héros est le malheureux et seul survivant de la terre après une pandémie ; la Planète des singes, Pierre Boulle, 1963, a donné lieu à plusieurs films…

 

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Il ne servirait à rien de faire une liste plus exhaustive de tous les personnages de science-fiction. Cela suffit largement à se rendre compte de l’intérêt de cette littérature et de sa diversité.

Et aussi de l’engagement de tous ces écrivains qui évoquent sans fard les enjeux les plus importants de notre humanité. Je crois même que les littératures de l’imaginaire en général, et particulièrement d’anticipation, sont celles qui parlent avec le plus de profondeur et de lucidité des dangers et chausse-trappes que crée l’homme de toutes pièces par ses attitudes orgueilleuses d’apprenti sorcier, son manque d’éthique et de bonté.

L’écrivain d’anticipation déguise habilement ses questionnements éthiques par  l’aventure, le récit. Mais ils sont bien là, en filigrane, nous amenant à réfléchir. Ils me semble que c’est au fond le seul genre littéraire qui s’attaque avec autant d’ardeur, de profondeur et d’honnêteté aux grandes questions qui bouleversent l’humanité.

La servante écarlate est par exemple une dystopie qui a permis à Margaret Atwood de traiter du sujet de l’asservissement et la soumission des femmes dans toutes ses dimensions : psychologique, sociale, sexuelle, politique, idéologique, morale.

 

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Des romanciers visionnaires

 

Les écrivains d’anticipation sont d’immenses visionnaires. Que n’ont-ils pas déjà prévu depuis le XIXe siècle ? Pollution grandissante ; pandémies nouvelles ; asservissement de l’homme par l’homme, par la machine, puis l’informatique ; contrôle des masses par la persuasion douce, les médias et la technologie ; visite d’autres planètes et course au cosmos ; armement de plus en plus vicieux et perfectionné ; moyens de locomotion divers y compris par les airs ; grands flots d’immigration ; extinction progressive mais très rapide du règne végétal et animal, et j’en passe…

S’il existe bien des écrivains que nous devrions lire avec la plus grande des attentions, ce sont eux…

Qu’en penses-tu ? Et écris-tu de la science –fiction ? Si c’est le cas, quel type d’histoire et de personnages préfères-tu créer ? N’hésite pas à en parler ci-dessous, dans les commentaires.

Je te propose de lire également mon article concernant les différents genres de la littérature de l’imaginaire ici : 2020 ? Un roman d’anticipation !

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Écriture de scénario et roman : des liens enrichissants…

Parlons un peu d’écriture de scénario !

 

Sortons des sentiers battus ! On peut tirer de grandes leçons d’efficacité de l’écriture de scénario pour sa propre écriture de roman. Les deux univers, romanesque et cinématographique, sont complémentaires. C’est toujours et encore l’art de raconter une histoire… Une histoire qui nous émeut, nous accroche, une histoire qu’on n’oublie pas, des personnages qui ne nous quitteront plus. Romancier ou scénariste, il faut frapper l’imagination et remuer les tripes de notre public.

Je suis très heureuse de t’annoncer la sortie d’ Écrire un scénario : la méthode de A à Z. Ce n’est pas à proprement parler mon livre. C’est une collaboration avec Timothée Meyrieux, un ami jeune, doué, talentueux, scénariste et réalisateur. Quand il m’a demandé d’apporter mon petit quelque chose à son manuscrit, j’ai été très étonnée : comment savait-il que cela me passionnerait ? Comment savait-il que je connaissais les rouages de l’écriture de scénario ? Je ne me souviens pas lui avoir jamais dit que j’ai passé un diplôme d’audiovisuel par curiosité, il y a longtemps, tellement le cinéma me passionnait. Pourtant Timothée a senti que c’était possible. C’est un immense plaisir de voir le livre publié. Tu peux le feuilleter ici pour te faire une idée : tout y est de l’écriture de scénario jusqu’à la post-production.

Cliquer sur ce lien pour feuilleter le livre

Techniquement, quelles sont les différences entre un scénario et un roman ?

 

– Un scénario est écrit pour être adapté en film. C’est un document technique et non littéraire.

– Un roman est une œuvre en soi mais peut être adaptée à l’écran : il faudra rédiger un scénario car on ne pourra entrer tout le roman dans le film ; il faudra faire des choix, des coupes, et transformer certaines choses pour l’écran. Il est beaucoup plus rare qu’on écrive un roman à partir d’un film. Ce n’est pas un hasard : les scénarios ont des exigences de formatage spécifiques beaucoup plus contraignantes que celle du roman où la liberté est plus grande. Notamment en ce qui concerne le style et le ton.

– Les scénaristes doivent être capables de condenser une histoire en un nombre limité de pages : un scénario de long métrage standard fait environ 120 pages.

– Les romans, eux, peuvent être très longs. Certains font jusqu’à 1000 pages !

– Les scénarios donnent surtout des indications d’actions et des dialogues sans description (seulement quelques indications) car ils sont destinés à être lus par des personnes qui imagineront et visualiseront elles-mêmes les images et l’histoire pour l’écran.

– Les romans ont tendance à être forcément plus descriptifs, leurs dialogues plus longs, et les tourments intérieurs des personnages plus expliqués. Le travail du style et du ton se font uniquement par l’écriture.

Mais tu le sais puisque tu écris : les deux types d’écriture nécessitent une bonne narration et des personnages intéressants.

Les objectifs d’écriture de roman et scénario sont différents

 

– Le scénario est destiné à être vu.

– Le roman est destiné à être lu.

– Le scénario est écrit en général au présent avec un point de vue omniscient à la troisième personne.

– Le roman a souvent un développement de personnage plus complexe et peut plus facilement être écrit à tous les temps et de plusieurs points de vue.

– Le scénario est destiné à être interprété par des acteurs sur une scène ou un écran, tandis qu’un roman est destiné à être lu silencieusement par un individu.

– Le scénario est une œuvre écrite par des scénaristes pour un film, une émission de télévision ou un jeu vidéo. Il peut être œuvre originale ou adaptation d’un texte, roman, pièce de théâtre, déjà existant. Il est destiné à être lu à voix haute et à fournir des indications à toute l’équipe technique, aux acteurs, et à commencer bien sûr par le réalisateur. Ce qui peut aboutir, parfois, à des changements dans son écriture. Il va être le pilier sur lequel une œuvre collective naîtra.

– Tandis que le seul metteur en scène d’un roman, en dehors de l’auteur, est son lecteur. Il n’y a pas de collaboration mais un individu face à sa feuille. C’est une œuvre en soi, et l’œuvre d’un solitaire.

– Pour le même roman, il existe autant de romans que de lecteurs d’une certaine manière, chaque lecteur se créant son cinéma !

– Mais le film est un travail prémâché, prédigéré pour le spectateur. Tous les spectateurs voient le même film, les mêmes images.

– Il y a peu à interpréter d’un film pour le spectateur.

– C’est différent pour un roman : on peut plus souvent lui trouver diverses interprétations.

Je vais arrêter là cette double liste car ce serait très long de tout répertorier. Mais :

Des ponts existent entre les deux types d’écriture. Connaître l’une et l’autre est un enrichissement dont je n’ai pas voulu faire l’économie car j’ai toujours aimé l’influence du cinéma sur ma propre écriture. Je pratique une écriture de roman très visuelle et parfois assez dynamique : ce n’est pas un hasard mais bien une volonté. J’aime et revendique l’influence du cinéma sur ma personnalité et ma créativité. Si tu as lu Le Cheval de l’Irlandais ou Racines mêlées, tu l’as sûrement remarqué (oui, je pense aussi à mon personnage réalisateur de films dans Le Cheval)…

Je le redis : on peut tirer de grandes leçons d’efficacité de l’écriture de scénario pour sa propre écriture de roman. Les deux univers, romanesque et cinématographique, sont complémentaires. C’est toujours et encore l’art de raconter une histoire… Une histoire qui nous émeut, nous accroche, une histoire qu’on oublie pas, des personnages qui ne quitteront plus.

Sydney Pollack

Adapter ton roman pour le cinéma ?

 

Par ailleurs, on peut envisager très sérieusement d’adapter son roman au cinéma. La connaissance technique de l’écriture de scénario n’est alors plus seulement un véritable enrichissement ; elle devient indispensable. Elle possède ses codes qu’il faut connaître. Si tu envisages d’écrire le scénario de ton roman, c’est possible pourvu que tu le rédiges avec la technique appropriée. Cela fait longtemps que l’idée me titille de le faire pour mes romans ; le temps me manque en ce moment mais je ne désespère pas de le trouver un jour.

Pour le moment, je suis déjà très heureuse d’avoir collaboré à ce livre tellement nécessaire pour qui veut écrire un scénario, comprendre le monde du cinéma, ou enrichir d’un autre point de vue son écriture romanesque (tout ce qui concerne les personnages et la structure lui seront particulièrement bénéfiques).

L’écriture est une chose sérieuse, oui. Mais c’est aussi et surtout un jeu, un plaisir, une jubilation. J’ai collaboré à Écrire un scénario : la méthode de A à Z avec ce même état d’esprit que j’applique à tout ce que je rédige. N’oublions pas qu’écrire, c’est s’amuser.

N’hésite pas à donner ton point de vue ou à raconter ton expérience de scénariste, si tu en as une, dans les commentaires ci-dessous… Je t’y retrouverai avec bonheur.

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Comment écrire ? 7 visions d’écrivains et scénaristes sur l’écriture

Comment écrire ? 7 écrivains et scénaristes livrent leur vision de l’écriture à travers 7 livres

 

De nombreux livres sur l’écriture méritent d’être lus. Je n’en ai pas lu à l’époque où j’en aurais eu besoin. Je ne connaissais pas leur existence, internet n’existait pas et par conséquent beaucoup de choses m’échappaient. J’ai découvert plus tard cette littérature qui m’aurait tant servi à l’époque où je tâtonnais sans maître, sans boussole, sans soutien, sans savoir…

J’ai donc bêtement perdu du temps techniquement sur la question de la maîtrise de l’écriture. Et également sur la vision de l’écriture, de ce qu’est un écrivain, de ce qu’est l’écriture. J’aurais pu gagner des années précieuses, comprendre, sentir, savoir plus vite : des livres sur l’écriture m’attendaient et je ne les lisais pas.

Ce qui est fait est fait, et c’est comme cela que je me suis forcément construite : dans une farouche autonomie. Pourtant,  je me serais sentie moins seule ; je reconnais dans les visions des écrivains et des scénaristes tant de pensées qui leur sont communes ! Elles se complètent, se répondent, se ressemblent parfois. Il existe une parenté d’esprit très grande chez eux, chez nous, et je retrouve la même chez tous les artistes : musiciens, peintres, sculpteurs, cinéastes, etc.

Au fond l’art, quel qu’il soit, est toujours une expression de soi. C’est le propos même de l’art : l’artiste s’exprime, exprime soi. C’est de sa vie qu’il parle, ce sont de ses émotions, ses douleurs, ses plaisirs, ses échecs, ses incertitudes, ses expériences que sont issues ses œuvres. C’est pour cela qu’elles font écho au cœur de l’homme et que chacun d’entre nous s’y reconnaît en filigrane…

Nous écrivons, soit ! Mais que ce soit avec nos tripes. Sinon, à quoi bon ?

J’ai sélectionné 7 écrivains et scénaristes, et des extraits de leurs livres où ils nous donnent leur vision de l’art d’écrire, et des conseils nécessaires.

Juliette Binoche

Écriture : mémoires d’un métier, Stephen King


Écrire n’a rien à voir avec gagner de l’argent, devenir célèbre, draguer les filles ou se faire des amis. En fin de compte, écrire revient à enrichir la vie de ceux qui liront vos ouvrages, mais aussi à enrichir votre propre vie. C’est se tenir debout, aller mieux, surmonter les difficultés. Et faire qu’on soit heureux, d’accord ? Oui, faire qu’on soit heureux.

Il faut parfois continuer même quand on n’en a pas envie, et il arrive qu’on fasse du bon boulot alors qu’on a l’impression d’être là, à pelleter bêtement de la merde, le cul sur une chaise.

Écrivez ce que vous avez envie d’écrire, insufflez-y de la vie et rendez votre texte unique en y mêlant ce que vous savez de l’existence, de l’amitié, des relations humaines, du sexe, du travail.

Vous pouvez entreprendre cet acte, l’écriture, en étant nerveux, excité, plein d’espoir ou même de désespoir ; avec le sentiment que jamais vous n’arriverez à mettre sur la page tout ce que vous avez dans l’esprit et le cœur. Vous pouvez l’entreprendre les poings serrés, les yeux plissés, prêt à botter des culs et à relever des noms. Vous pouvez l’entreprendre parce que vous voulez épouser une fille, ou parce que vous voulez changer le monde. Vous pouvez l’entreprendre comme bon vous semble – mais pas à la légère. Permettez-moi de le répéter : n’approchez pas la page blanche à la légère. Non que je vous demande de l’approcher avec révérence, ou sans vous poser de questions. Je ne vous demande pas davantage d’être politiquement correct ou de mettre de côté votre sens de l’humour (plaise à Dieu que vous en ayez un). Nous ne sommes ni dans un concours de popularité, ni aux jeux olympiques moraux, ni dans une église. Mais il s’agit d’écrire, nom d’un chien, pas de laver la voiture ou de se maquiller les yeux. Si vous êtes capable de prendre l’écriture au sérieux, nous pouvons faire affaire. Si vous n’en êtes pas capable, ou si vous ne voulez pas, le moment est venu pour vous de refermer ce livre et de faire autre chose. De laver la voiture, par exemple.

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Essayez tout et n’importe quel fichu machin, aussi ennuyeusement normal ou scandaleux qu’il soit. Si ça marche, parfait. Sinon, balancez-le.

Mes secrets d’écrivain, Elizabeth George

 

Les auteurs sont ces gens qui rêvent de gagner beaucoup d’argent très vite, grâce à un beau contrat avec un grand éditeur suivi par un contrat encore plus lucratif au cinéma. Ils écrivent et réécrivent toujours le même roman, et ils décrètent dès le début de leur carrière que s’ils ne sont pas publiés, ils laisseront tomber.
Alors que les écrivains, ce sont ces gens qui écrivent et qui écriront toujours, quoi qu’il arrive : ils respirent, non ? Ils ne peuvent pas faire autrement. Il faut bien qu’ils vivent.

L’art d’écrire, c’est ce qui vient une fois que vous avez appris à maîtriser vos outils en bon artisan.

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Je conseille à mes étudiants de se fier à leur corps quand ils écrivent, parce que leur corps ne leur mentira jamais sur l’histoire, le rythme, les personnages, etc. Alors que leur esprit les abusera tout le temps, leur disant que quelque chose est bon quand ils auront ce sentiment poignant, viscéral – physique –, cette conviction irréfutable que c’est mauvais. Ou vice versa.

Personnages et points de vue, Orson Scott Card

 

Dans la vie, nous ne comprenons jamais vraiment ce qui motive les gens. Dans une œuvre de fiction, en revanche, nous pouvons très bien aider le lecteur à y voir plus clair et même lui donner des certitudes. C’est une des raisons pour lesquelles on lit des romans : comprendre un peu mieux les agissements de nos semblables.

À part vous-même, vous ne connaîtrez jamais personne de l’intérieur ; ainsi, en révélant l’âme de vos héros, vous dévoilez forcément une partie de ce que vous êtes au plus profond de vous.

Trop nombreux sont les écrivains sans le sou pour que l’argent soit notre motivation première.

 

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Lettres à un jeune auteur, Colum McCann

 

Ton rôle est de donner à voir et à entendre au lecteur. Dans le mot juste se fondent le style et la richesse de l’imagination.

N’importe qui peut raconter une grande histoire, mais tout le monde ne chuchote pas à ton oreille un souffle de beauté.

Un écrivain n’est pas quelqu’un d’obsédé par l’écriture, ni qui en parle spécialement, ou projette de s’y mettre, ou dissèque ou vénère les mots : l’écrivain est celui qui pose son cul sur la chaise même s’il a envie de tout sauf ça.

On écrit pour essayer d’atteindre une vérité fondamentale dont tout le monde connaît l’existence, mais que personne n’a encore mise à nu.

Les écrivains sentent la grammaire plus qu’ils ne la connaissent. Cela dépend de nos lectures. Si tu lis suffisamment, tu feras peu d’erreurs. En définitive, la langue – son chatoiement – est bien plus importante que les règles de la police grammaticale.

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Donne du poids à l’imaginaire. Commence par douter. Va où personne n’est allé. Compose une langue unique. Sublime l’ordinaire. Pas de panique. Révèle une vérité inconnue. Divertis également. Soulage la soif de sérieux et de joie. On peut te retirer bien des choses – même la vie –, mais pas les récits que tu en fais. Pour toi, jeune auteur, ce mot donc, non dénué d’amour et de respect : écris !

 

Techniques du scénario, Pierre Jenn

 

La tension dramatique naît a partir du moment où l’auteur place des obstacles entre le héros et le but poursuivi par celui-ci.

Le conflit, on le sait, est le moteur de l’action. Mais l’affrontement entre personnages est souvent l’aboutissement d’une lente évolution qui part quelquefois du beau fixe pour ne déboucher que tard sur la tempête finale.

Les gens heureux n’ont pas d’histoire. Aristote avait déjà remarqué que tout personnage frappé d’un grand malheur ou en proie à de grandes difficultés éveillait chez le spectateur des sentiments de frayeur ou de pitié, déclenchant du même coup son identification à ce protagoniste de l’action.

Voir ici

 

L’anatomie du scénario, John Truby

 

Raconter une histoire ce n’est pas simplement inventer des événements ou se souvenir d’événements passés. Les événements ne sont que description. Le narrateur devra sélectionner, connecter entre eux et construire une série de moments intenses. Ces moments seront tellement passionnants que l’auditeur aura l’impression qu’il est en train de les vivre lui-même. Bien raconter une histoire, ce n’est pas simplement raconter au public ce qui se passe dans une vie. C’est lui donner l’expérience de cette vie.

Le public aime tout autant la partie émotionnelle (revivre une vie) que la partie intellectuelle (chercher à comprendre le puzzle).
Toute bonne histoire doit être composée de ces deux parties. Mais il existe tout un éventail de formes de fictions, qui s’étend d’un extrême à l’autre, du mélodrame sentimental à la plus cérébrale des histoires policières.

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Les faiblesses et les besoins sont le fondement de toute histoire.

Un personnage est un être fictionnel, créé pour montrer de façon simultanée qu’un être humain est totalement unique par un nombre illimité d’aspects, mais reste néanmoins un être humain, doté de caractéristiques que nous partageons tous.

Le Rideau, Milan Kundera

 

Dans le monde moderne, abandonné par la philosophie, fractionné par des centaines de spécialisations scientifiques, le roman nous reste comme le dernier observatoire d’où l’on puisse embrasser la vie humaine comme un tout.

Car l’œuvre, ce n’est pas tout ce qu’un romancier a écrit, lettres, carnets,
journaux, articles. L’œuvre, c’est l’aboutissement d’un long travail sur un projet esthétique.

Par définition, le narrateur raconte ce qui s’est passé. Mais chaque petit événement, dès qu’il devient le passé, perd son caractère concret et se change en silhouette. La narration est un souvenir, donc un résumé, une simplification, une abstraction. Le vrai visage de la vie, de la prose de la vie, ne se trouve que dans le temps présent. Mais comment raconter des événements passés et leur restituer le temps présent qu’ils ont perdu ? L’art du roman a trouvé la réponse : en présentant le passé dans des SCÈNES. La scène, même racontée au passé grammatical, c’est, ontologiquement, le présent : nous la voyons et l’entendons ; elle se déroule devant nous, ici et maintenant.

L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même. La reconnaissance en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre est la preuve de la vérité de celui-ci.

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La seule chose qui nous reste face à cette inéluctable défaite qu’on appelle la vie est d’essayer de comprendre. C’est là la raison d’être de l’art du roman.

Finissons là-dessus. Je ne sais pas pour toi, mais je suis particulièrement touchée par cette dernière citation. Essayer de comprendre la vie : oui, je crois que c’est précisément pour cela que j’ai commencé à écrire et que j’écris encore.

Si tu désires lire des conseils très pragmatiques, techniques, d’écriture, tu peux lire mon article : 35 conseils d’écrivains célèbres.

Et toi, qu’est-ce qui te motive ? Qu’est-ce qui fait que tu peux rester des heures durant à aligner des mots qui chantent ? Retrouvons-nous dans les commentaires : j’ai envie de savoir ! Tes idées, tes sentiments peuvent être utiles à nous tous qui écrivons…

 

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Ça, c’est un vrai cadeau pour un débutant comme moi, merci beaucoup, merci du fond du cœur, merveilleuse journée à vous.  Mounir  D.

De lire et de naviguer sur ton blog me fait du bien. J’aime ton intégrité. J’aime ta force de rebondir et de continuer ta route tout en encourageant l’autre à demeurer dans la sienne. J’aime ton blog. Je reviendrai.     Pierre

Je conseille de lire ce manuel de techniques de l’écriture et de le compléter, le cas échéant, par la formation en ligne très constructive (si elle est reconduite) organisée par Laure que je salue au passage.     Abdelfettah R.

 

 

 

 

 

 

 

Confinement et tendresse ! L’angoisse du roi Salomon, Emile Ajar

Le confinement ? Et la tendresse, bordel ! 

Et si on relisait L’angoisse du roi Salomon d’Emile Ajar ?

 

Ceci n’est pas réellement un article : c’est un petit coup de gueule plutôt gentil, et un encouragement à lever la tête et avancer. Et un joli prétexte à parler de tendresse, d’humanité, et de L’angoisse du roi Salomon d’Emile Ajar car j’adore ce roman et cet écrivain.

D’un coup, hier, m’a saisie un raz-le-bol des gens qui se regardent le nombril individuellement pour se plaindre de leur petite vie alors que le danger est en ce moment collectif et grave. Nous allons clairement vers une forme de dictature en France, ce qui se passe est horrible et c’est un problème collectif. Nous sommes en danger collectivement. C’est de cela dont il faut s’inquiéter, et j’ose espérer que tu fais ce qu’il faut en signant les pétitions importantes qui circulent.

Nos petits soucis ne sont rien en comparaison de ce qui nous attend. Alors on avance,on n’a pas le temps de se répandre sur nos misères quotidiennes.

J’ai donc eu envie d’un peu de tendresse dans ce monde de brutes. Je te partage tout cela dans la vidéo que j’ai tournée sur un coup de tête. Elle ne plaira pas à tout le monde, et je m’en fous. J’ai de plus en plus envie d’authenticité et de transparence. C’est donc brut de décoffrage ; j’ai pris le téléphone et j’ai tourné sans même savoir ce qui allait venir. Ne t’inquiète pas, on parle littérature aussi. Si tu me suis depuis un moment, tu ne seras pas étonné. Sinon… hé bien, c’est également une façon de faire connaissance !

Toute la liberté qu’on veut m’ôter aujourd’hui, je me la donne en quelque sorte ! Je me l’offre. Je te souhaite d’en faire autant pour toi-même. Nous sommes confinés mais pas con finis.

Si tu apprécies cette vidéo, merci de mettre un like pour m’encourager. Et de t’abonner sur YouTube avec la cloche si tu ne veux pas rater les prochaines. Je sens que je passe un cap en ce moment car j’ai décidé que ce moment très inconfortable, je peux en faire un moment très intéressant et important pour moi. En faire une expérience formidable, et non une expérience délétère. Jamais je n’ai eu autant de temps libre, et j’en profite.

Tu peux partager cette vidéo, si tu connais quelqu’un qui aurait besoin d’entendre cela, j’en serai ravie.

Excuse-moi pour la qualité du son, je reconnais bien peu ma voix ici… YouTube a mis des heures à charger, c’était curieux. Au ralenti, lui aussi…

Pour en savoir davantage sur Émile Ajar-Romain Gary, c’est ici.

 

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Les tribulations d’un auteur auto-édité et les leçons à en tirer

Quand le jour de lancement de ton livre…

 

Hier, jour de lancement du pamphlet, un énorme bug a empêché que ton courriel parte pour te prévenir ! Je sais que tous les abonnés du blog n’ont malheureusement pas tous reçu leur courriel ! Je t’explique cela plus bas.

Mais avant, je copie approximativement ce courriel que je t’avais envoyé hier matin, si tu es abonné au blog, car je ne sais pas si tu l’as reçu, si tu l’as lu. Si c’est le cas, tu peux aller plus bas tout de suite. Sinon lis ceci :

 » Brisez vos chaînes et vivez ! Sortir du prêt-à-penser vient de paraître sur Amazon. Avec la couverture, le titre et le sous-titre choisis par la communauté d’Osez écrire votre roman.

Le e-book et le livre broché se trouvent ici. 

J’offre un MODULE de la formation « Ecrire votre roman de A à Z » à toute personne qui m’envoie la capture d’écran de son achat sur Amazon à laure@osez-ecrire-votre-roman .La valeur du MODULE dépasse largement la valeur monétaire du livre. Cette offre est valable sur le papier broché ou le e-book.

C’est le MODULE n°1 de la formation : comment trouver des idées de roman, les trier, rédiger l’argumentaire de ton roman pour être certain de partir sur une bonne base, et 36 idées universelles d’histoires pour réveiller ton imagination… Du très important, tu vois. C’est un audio accompagné de Notes.

De plus, j’offre le e-book à toute personne qui achète le livre papier, en plus du Module de la formation.

Je ne vais pas maintenir cette offre éternellement, tu t’en doutes.

N’hésite pas à me laisser un commentaire rapidement sur Amazon, tu peux le faire dès aujourd’hui si tu as lu les 15 jours de lecture offerte : tu sais vraiment de quoi on parle… Et ça m’aidera dans le classement Amazon.

Je sais que mon livre papier et e-book n’est pas toujours accessible à l’étranger, et j’en suis désolée. Je cherche à y remédier.

Merci à toute la communauté pour son soutien dès le début de cette aventure. Je tiens beaucoup à ce livre pour des raisons idéologiques évidemment, mais aussi parce qu’il m’a permis de nouer de jolis liens avec un grand nombre de membres d’Osez écrire votre roman.

Maintenant, j’espère que ce livre cheminera, sera lu, partagé, que le bouche-à-oreille fonctionnera car je suis persuadée de l’importance et l’urgence du message qu’il véhicule. »

Brisez vos chaînes et vivez !

Et maintenant, je te raconte ma journée démente qui est une bonne source d’apprentissage pour un auteur auto-publié :

 

Si tu croyais qu’écrire est le plus difficile… Si tu pensais que c’est d’éditer aussi…

Et bien non, comme si ça n’est pas assez difficile, il faut aussi communiquer, partager, vendre…

Tu imagines un réalisateur qui ne fait pas la promotion de son film ? Mort, le film, qu’il soit chef-d’œuvre ou navet. Du reste, le navet a de bien meilleures chances avec une bonne promotion qu’un chef-d’œuvre sans promotion. Car personne ne saura qu’il existe.

Un réalisateur a quand même de la chance : même s’il se tourne un peu les pouces pour la promotion, les acteurs sont là pour la faire.

Mais toi, écrivain obscur ? Tu ne comptes que sur tes propres forces.

Hé bien, tu te démènes, tu fais ton maximum, tu préférerai écrire mais comme tu aimes ton livre et tes lecteurs, tu partages des extraits, tu en parles, tu fais même un beau cadeau d’une valeur réelle, pas un gadget de pacotille. Et pourtant, tu n’es pas à l’abri d’une mauvaise surprise. Le jour de parution de ton roman, tu envoies un mail à ta communauté pour la prévenir. Tu lui avais dit que tu le ferais, d’ailleurs.

C’est donc le grand jour et tu envoies ton mail vers 8 heures. Vers 11 heures, tu comprends que quelque chose ne tourne pas rond : pas un seul mail, pas un seul retour, alors que tu reçois chaque jour depuis des mois des mails de soutien,d’encouragement, d’intérêt pour ton travail, pour ton écriture, pour les 15 extraits du livre que tu as partagé les 15 derniers jours. A tel point qu’il t’est difficile de répondre à tout le monde ! Et là, le livre est sorti et rien. Calme plat. Ta boîte mails est plus silencieuse qu’une carpe. Tu saisi vite que le mail n’est pas parti. Tu vas sur ton auto-répondeur ( c’est la plate-forme à partir de laquelle tu envoies les mails aux abonnés de ton blog) et tu découvres que l’envoi mouline, mouline, mouline… Il n’est jamais parti ! Tu envoies deux SOS : que se passe-t-il ? débloquez mon mail ! laissez-le partir !

Vers 13 heures, tu reçois un message : on s’excuse, on est désolé, on a un problème, on fait tout pour réparer au plus vite.

Tu attends, tu vois que c’est toujours bloqué, tu supprimes le mail, tu en renvoies un autre, il ne part toujours pas, tu renvoies un mail… Après cela, tu n’as même plus accès du tout à ton auto-répondeur, le bug est intégral. Vers 16 heures, tu comprends que ça se débloque un peu, que quelques mails sont partis car tu commences à recevoir quelques mails de tes abonnés. Vers 19 heures, tu admets que tout le monde ne l’a pas reçu et tu n’as toujours pas accès à ton auto-répondeur.

Que crois-tu que j’ai fait durant toute cette journée ?

Je ne me suis pas lavée, je n’ai pas mangé, je n’ai pas décollé de mon ordinateur et de mon téléphone portable. Pas le temps. J’ai ameuté le ciel et la terre, les copines et les copains, les amis et les amies, les connaissances qui aiment la littérature et les idées, les collègues de blog :

A 20 heures, Brisez vos chaînes et vivez ! était :

  • Classement des meilleures ventes d’Amazon: 3.096 en Livres
    • n°1 dans Idées politiques (Livres)
  • Classement des meilleures ventes d’Amazon: n°2.701 dans la Boutique Kindle
    • n°3 dans Idées politiques (Boutique Kindle)

J’avais évité le désastre ! Car si l’algorithme d’Amazon ne remarque pas un livre dès les premières heures de sa mise en ligne, il disparaît dans les abîmes d’Amazon corps et biens. Il coule dans les abysses des millions de livres publiés sur cette plate-forme…

Pourquoi t’avoir raconté ma mésaventure ? Parce que j’ai pris une bonne leçon.

Une leçon de courage et d’endurance parce que je n’ai rien lâché.

Une leçon d’humilité parce qu’on ne contrôle rien dans la vie à par soi et son sang-froid, ses émotions.

Une leçon d’organisation enfin car j’aurais dû prévenir mes amis et connaissances par téléphone avant-hier (impossible hier puisque je mettais les fichiers en ligne avec une amie.) Ne pas avoir à le faire aujourd’hui et dans ces conditions. L’urgence n’est jamais souhaitable.

On apprend tous les jours. Mon organisation sera meilleure encore pour la prochaine publication. C’était très bien mais très bien ne suffit pas : en cas de grain de sable dans les rouages…

Brisez vos chaines et vivez !

Et puis j’ai pensé à ceci pour mes amis à l’étranger, et vous êtes très nombreux.

 

J’ai relevé tous les pays où l’on trouve Brisez vos chaînes !

France : www.amazon.fr

Etats-Unis : www.Amazon.com

Angleterre : www.amazon.co.uk

Allemagne : www.amazon.de

Espagne : www.amazon.es

Italie : www.amazon.it

Hollande : www.amazon.nl

Japon : www.amazon.co.jp

Inde : www.amazon.in

Canada : www.amazon.ca

Brésil : www.amazon.com.br

Mexique : www.amazon.com.mx

Australie : www.amazon.com.au

Et toi, connais-tu les tribulations de l’auteur autoédité ? De l’indé, comme on dit dans le jargon ? As-tu une anecdote à nous raconter ?

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Notre-Dame de Paris et Victor Hugo : la puissance des mots !

Notre-Dame et Victor Hugo : la puissance des mots et la mémoire collective

 

Quand Notre-Dame de Paris et Victor Hugo se rencontrent, cela donne un chef-d’œuvre d’ironie, de style, d’intelligence, de grandeur. Hugo ose tout, invente tout. Son style est éblouissant, brillant, il vole de mots en mots, semble planer comme un aigle, survoler Paris, les toits, la cathédrale, la Seine, le monde des hommes enfin.

Rien ne lui échappe, la destruction de Paris, du patrimoine architectural de toute la France et il a lutté contre avec succès ; rien ne lui échappe, les hommes malheureux, les détraqués, les méchants, les soumis, les insoumis, les victimes comme Quasimodo, les salauds comme Frollo, les bourgeois, les étudiants, les très pauvres, les moins pauvres, les riches… Un œil d’aigle et un cœur énorme, tel était Hugo.

Après ce qui vient de se passer et qui nous stupéfait tous, et nous bouleverse, il fallait que je dise quelques mots de Victor Hugo et de la puissance des mots. Jamais Hugo n’a été aussi présent dans nos cœurs qu’aujourd’hui, car Notre-Dame est frappée, abîmée, incendiée. Et ce qui vient à notre inconscient collectif en songeant à Notre-Dame, c’est Hugo, Quasimodo, Esméralda ! Ils sont liés les uns aux autres dans notre mémoire, notre culture, notre inconscient. C’est cela la puissance des mots. Qu’un roman soit si puissant, c’est émouvant. Qu’un écrivain soit aussi présent, et si longtemps après sa mort, c’est bouleversant. On estime que deux millions de Français l’avait suivi jusqu’à sa tombe le jour de son enterrement…

Et cela en dit long sur l’homme et son besoin d’histoires, de littérature, de poésie, de mythes. Non, la littérature n’est pas morte. Oui, le roman est bien vivant. Je te laisse à la vidéo que tu peux regarder ici ou sur YouTube.

 

Un extrait de Notre-Dame de Paris ; où Victor Hugo personnifie tout avec un art consommé :

 

« Et la cathédrale ne lui était pas seulement la société, mais encore l’univers, mais encore toute la nature. Il ne rêvait pas d’autres espaliers que les vitraux toujours en fleur, d’autre ombrage que celui de ces feuillages de pierre qui s’épanouissent chargés d’oiseaux dans la touffe des chapiteaux saxons, d’autres montagnes que les tours colossales de l’église, d’autre océan que Paris qui bruissait à leurs pieds.
Ce qu’il aimait avant tout dans l’édifice maternel, ce qui réveillait son âme et lui faisait ouvrir ses pauvres ailes qu’elle tenait si misérablement reployées dans sa caverne, ce qui le rendait parfois heureux, c’étaient les cloches. Il les aimait, les caressait, leur parlait, les comprenait. Depuis le carillon de l’aiguille de la croisée jusqu’à la grosse cloche du portail, il les avait toutes en tendresse. »

 

Un autre extrait de Notre-Dame d’un lyrisme et d’un souffle magiques :

 

« On ne saurait se faire une idée de sa joie les jours de grande volée. Au moment où l’archidiacre l’avait lâché et lui avait dit : Allez, il montait la vis du clocher plus vite qu’un autre ne l’eût descendue. Il entrait tout essoufflé dans la chambre aérienne de la grosse cloche ; il la considérait un moment avec recueillement et amour ; puis il lui adressait doucement la parole, il la flattait de la main, comme un bon cheval qui va faire une longue course. Il la plaignait de la peine qu’elle allait avoir. Après ces premières caresses, il criait à ses aides, placés à l’étage inférieur de la tour, de commencer. Ceux-ci se pendaient aux câbles, le cabestan criait, et l’énorme capsule de métal s’ébranlait lentement. Quasimodo, palpitant, la suivait du regard. Le premier choc du battant et de la paroi d’airain faisait frissonner la charpente sur laquelle il était monté. Quasimodo vibrait avec la cloche. Va ! criait-il avec un éclat de rire insensé. Cependant le mouvement du bourdon s’accélérait, et à mesure qu’il parcourait un angle plus ouvert, l’œil de Quasimodo s’ouvrait aussi de plus en plus phosphorique et flamboyant. Enfin la grande volée commençait, toute la tour tremblait, charpentes, plombs, pierres de taille, tout grondait à la fois, depuis les pilotis de la fondation jusqu’aux trèfles du couronnement. Quasimodo alors bouillait à grosse écume ; il allait, venait ; il tremblait avec la tour de la tête aux pieds. La cloche, déchaînée et furieuse, présentait alternativement aux deux parois de la tour sa gueule de bronze d’où s’échappait ce souffle de tempête qu’on entend à quatre lieues. Quasimodo se plaçait devant cette gueule ouverte ; il s’accroupissait, se relevait avec les retours de la cloche, aspirait ce souffle renversant, regardait tour à tour la place profonde qui fourmillait à deux cents pieds au-dessous de lui et l’énorme langue de cuivre qui venait de seconde en seconde lui hurler dans l’oreille. C’était la seule parole qu’il entendît, le seul son qui troublât pour lui le silence universel. Il s’y dilatait comme un oiseau au soleil. Tout à coup la frénésie de la cloche le gagnait ; son regard devenait extraordinaire ; il attendait le bourdon au passage, comme l’araignée attend la mouche, et se jetait brusquement sur lui à corps perdu. Alors, suspendu sur l’abîme, lancé dans le balancement formidable de la cloche, il saisissait le monstre d’airain aux oreillettes, l’étreignait de ses deux genoux, l’éperonnait de ses deux talons, et redoublait de tout le choc et de tout le poids de son corps la furie de la volée. Cependant la tour vacillait ; lui, criait et grinçait des dents, ses cheveux roux se hérissaient, sa poitrine faisait le bruit d’un soufflet de forge, son œil jetait des flammes, la cloche monstrueuse hennissait toute haletante sous lui, et alors ce n’était plus ni le bourdon de Notre-Dame ni Quasimodo, c’était un rêve, un tourbillon, une tempête ; le vertige à cheval sur le bruit ; un esprit cramponné à une croupe volante ; un étrange centaure moitié homme, moitié cloche ; une espèce d’Astolphe horrible emporté sur un prodigieux hippogriffe de bronze vivant. »

Alors, comme dirait Louis Aragon, qui avait écrit une anthologie poétique, qui n’est plus, je crois, éditée : avez-vous lu Victor Hugo ?

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Mieux lire pour mieux écrire : comment, pourquoi ?

Comment lire pour mieux écrire ? Et pourquoi ?

 

Je reçois de temps en temps un drôle de courriel ou un drôle de commentaire sur la page Facebook d’Osez écrire votre roman, figure-toi. En substance, c’est pour me signifier que lire ça ne sert à rien pour écrire, mais alors à rien de rien !

Quand je suis de bonne humeur, je réponds gentiment en argumentant. Quand je suis de mauvais poils, je fais valser le fâcheux.

Je ne vais pas perdre de temps à argumenter longuement sur le fait qu’il faut lire pour mieux écrire. Quelques mots en passant parce que si tu es sur cette page, en train de lire justement, c’est que tu sais à quoi ça sert la lecture !

Par contre, je vais parler un peu plus longuement de la manière de lire qui, à mon avis, est intéressante, pertinente, pour quelqu’un qui possède quelque ambition littéraire. Un écrivain ne lit pas comme n’importe qui. Sa grille de lecture n’est pas la même puisqu’il sait de quoi il retourne, puisqu’il connaît les procédés. Et qu’il est avide d’en connaître toujours davantage. Qu’est-ce qui rend cette lecture si passionnante ?C’est la question qu’il doit avoir toujours en tête. J’ai enregistré un petit podcast. Tu peux le visionner ici ou directement sur la chaîne YouTube, c’est sans importance.

Et comme la lecture me paraît tellement agréable, importante, indispensable, passionnante, j’ai créé une page dédiée à des livres et des auteurs qui m’ont marquée :  Livres à lire .

Et aussi une rubrique : Lisons ensemble. Tu peux visiter tout cela bien sûr. Surtout si tu ne sais pas quoi lire en ce moment ! Mais d’abord le podcast :

 

 

Donne-nous tes impressions dans les commentaires ; dis-nous comment tu lis, toi. Eprouves-tu autant de plaisir que moi à te plonger dans des univers imaginaires ? Que ramènes-tu de tes plongées dans l’écriture des autres ?

Lire pour mieux écrire et savourer la vie, ça me paraît être un joli programme !

 

Charles Morgan
www.osez-ecrire-votre-roman.com

 

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L’état d’esprit d’un génie de l’écriture : Georges Simenon

Un maître de l’écriture et son état d’esprit : Georges Simenon

 

Georges Simenon était un écrivain de génie d’une abondance inouïe : presque 200 romans ! Dont 75 romans policiers et 28 nouvelles avec son célèbre commissaire Maigret, 117 « romans durs » (c’est ainsi qu’il appelait ses romans sans Maigret, romans aux personnages et aux atmosphères effectivement durs car Simenon portait un regard dénué de mièvrerie et particulièrement lucide sur l’homme et ses passions), des milliers d’articles de journaux, et un petit millier d’articles de reportages effectués aux quatre coins de la planètes ! Et puis il y a les essais, les mémoires, les contes populaires, les histoires érotiques, les romans populaires, les conférences et j’en passe !

Il a signé ses œuvres sous 27 pseudonymes, parcouru et vécu aux quatre coins du monde, fréquenté des milliers de femmes, éprouvant une véritable obsession pour le sexe et la femme sans s’en cacher, bref une personnalité hors du commun, dont j’ai voulu parler aujourd’hui, non pas à travers les visions de ses biographes mais la sienne.

En effet, il a écrit des Mémoires intimes, pavé de 753 pages, dont j’ai extrait des passages où il explique son rapport à l’écriture. Qui mieux qu’un génie littéraire peut parler de création littéraire ? Il s’exprime avec une simplicité confondante, se contentant d’annotations sans aucunes prétentions à expliquer sa créativité. Car pour lui, écrire coulait de source. C’est au cours d’une longue bataille judiciaire durant son divorce d’avec Denise Ouimet que son inventivité géniale se tarira, hélas. Les drames de son existence eurent raison de sa plume. Le désir d’écrire l’avait fui.

Dans cette simplicité, ce désir et ce besoin d’écrire comme un artisan, sans se prendre jamais pour un intellectuel, il me semble qu’il y a une grande leçon d’humilité, de persévérance et de courage à prendre. C’est pourquoi j’ai voulu rédiger cet article différent de mes articles habituels. Non pour offrir des techniques mais pour laisser s’exprimer un écrivain génial sur son état d’esprit d’auteur.

 

Machine à écrire

A ses débuts, tout jeune, à Paris, après la Belgique natale de son enfance :

 

Et pourtant j’écrivais, car j’avais besoin d’écrire, comme j’écrivais déjà avant mon départ de Paris. Mais, à présent, j’écrivais pour vivre, pour manger, et il ne s’agissait pas de littérature, mais de petits contes pour « Le Rire », « La Vie parisienne », « Sourire », « Sans Gêne », « Froufrou » et enfin « Le matin », où je devais rencontrer puis devenir l’ami de la grande Colette.

– Trop littéraire, mon petit Sim ! Plus simple, toujours plus simple…

Elle dont l’écriture avait l’élégance des vrilles de la vigne !      (Page 19)

Jeune, Simenon n’a jamais fait la fine bouche. Il avait besoin d’argent ; il écrivait. Il faisait ses armes et apprenait son métier :

 

Mes contes se multiplièrent et j’avais loué, faute d’être en mesure de l’acheter, une vieille machine à écrire qui cliquetait. Le nombre de mes pseudonymes augmentait à mesure que les journaux auxquels je collaborais devenaient plus nombreux (… )

L’heure n’avait pas encore sonné pour moi. Je n’avais même pas encore une carte de visite. Je ne pouvais pas dire que j’écrivais, car je n’étais encre qu’un apprenti qui signait Gom Gut, Plick et Plock, Poum et Zette, Aramis, des contes que les collectionneurs se disputent à présent que je suis un vieil homme ;

Je travaillais très vite. Il m’arrivait d’écrire huit contes en une journée (…)     (Page 22)

Il passe des contes, nouvelles, reportages à un roman :

 

J’ai suivi son conseil, me suis assis à une terrasse de la rue Caulaincourt et ai écrit mon premier roman populaire, le « Roman d’une dactylo », non sans en avoir lu quelques-uns parus chez le même éditeur pour savoir comment c’était fait.

Il a été accepté par Ferenczi qui m’en a commandé d’autres, de longueur et de format divers, et, comme je continuais à écrire très vite, j’étendis ma petite affaire aux quatre ou cinq maisons spécialisées de Paris. (…)

Jusqu’à quatre-vingts pages de roman dactylographiées par jour, de sorte que nous devenons presque riches en comparaison de nos débuts.

(…) tandis qu’à six heures du matin, je m’installerai devant ma machine pour mes quatre-vingts pages quotidiennes.     (Page 23)

Puis, curieux, toujours à l’affut de nouvelles expériences, il habite une péniche :

 

En outre, j’avais besoin d’écrire, comme j’en avais le besoin à quinze ans et comme j’en ai encore besoin à soixante-dix-sept ans. (…)

Au-delà d’une écluse, je découvris un canal aux eaux mortes qui ne servait qu’à emmener de l’intérieur du pays des troncs d’arbres qui envahissaient presque toute la largueur du canal. Une vieille barge abandonnée au bord d’un quai verdoyant planté de petites maisons roses et blanches. (…)

Dans la barge à moitié pourrie où nageaient les rats, j’allais rassembler de vieilles caisses, installer ma machine à écrire sur la plus haute, m’assoir sur une un peu moins haute, et mes pieds sur de plus basses encore qui émergeaient à peine de l’eau croupie. Deux jours plus tard, je commençais un roman qui serait peut-être un roman populaire comme les autres, peut-être autre chose, et ce fut, avec « Pietr-le-Letton », la naissance d’un certain Maigret que je ne savais pas devoir me hanter pendant tant d’années et qui allait changer ma vie du tout au tout.

Deux ans plus tard, quand la série de ces romans commenceraient à paraître mensuellement, je ne serais plus un apprenti mais un romancier, un véritable professionnel. Et deux ans plus tard encore, je me libérerais du roman policier pour écrire les romans qui naîtraient en moi « La Maison du canal », « Les Gens d’en face », l’Ane rouge », « Les Pitard », que sais-je encore ?      (Page 29)

 

Péniche

 

Il habitera partout, en France, en Suisse, aux Etats-Unis, s’installant à chaque fois de nombreuses années, se récréant une nouvelle vie :

 

Nous allions, pendant des années, Tigy et moi, parcourir alternativement des régions froides et des régions torrides, franchir plusieurs fois l’Equateur dans différents océans, connaître tour à tour les cinq continents, et ma machine à écrire, qui n’était pas la plus vieille machine louée rue des Rosiers nous suivrait partout, dans une caisse renforcée construite pour elle.

Car j’ai écrit partout, à Panama comme à Tahiti ou en Australie.

Quelle était notre destination ? Où allions-nous ? Partout. Nulle part.

A la recherche de quoi ?

Pas du pittoresque en tout cas, mais à la recherche des hommes.  (…)

J’écrivais. Pas sur ce que je voyais. Mes personnages, je les avais rencontrés à Liège pendant mon enfance, à Paris ensuite, dans ma province française où je me suis fixé, comme pour la vie, tantôt dans un château, tantôt dans une ferme.    (Page 30)

A propos de Maigret qui a tant fait pour sa célébrité :

 

Quant au personnage qui a fini par devenir mon ami (Maigret), il existe encore, mais en bronze, plus grand que nature, à l’endroit précis où il est né voilà cinquante ans, au bord d’un canal désaffecté où la barge qui lui a servi de berceau a dû se dissoudre peu à peu dans l’eau croupie. Je lui dois beaucoup de reconnaissance puisque c’est grâce à lui que j’ai cessé d’être un amateur et que je suis devenu pour longtemps un romancier.      (Page 30)

Simenon avait un rythme d’écriture surhumain :

 

J’étais écoeuré par la vie que je menais et je me demande encore aujourd’hui comment, depuis le temps de l’ « Ostrogoth », j’avais pu écrire six romans par an pour Gallimard en dépit de mes voyages à travers l’Europe et les cinq continents. Non pas seulement des romans « durs », auxquels il faut ajouter des nouvelles, des reportages et, plusieurs mois par an, la pêche à Porquerolles où il faisait si chaud que, commençant, dès quatre heures du matin, un chapitre dans mon minaret, je me trouvais tout nu en le terminant.      (Page 37)

J’écrivais toujours mes romans, car Gallimard en publiait six par an. Même dans l’agitation de Paris, je trouvais le temps, je ne sais comment, de rester fidèle à un contrat qui datait de 1934 et que nous renouvelions chaque année.

A Nieul, tout en m’occupant des pommes et des grives, des semis dans la petite serre, de la cahute au bord de la mer, j’ai écrit « Chez Krüll » et « Le Bourgmestres de Furnes », d’abord, qui se passaient par hasard tous les deux en Belgique. En janvier, alors que ta venue au monde approchait, n’ai-je pas écrit un livre sur la paternité « Les Inconnus dans la maison ». Ici, cerné par les douves au-delà desquelles s’étendait un parc herbeux planté de vieux arbres, je me mis à écrire « Malempin », l’histoire d’un père et d’un fils.

Plus, dans cette nomenclature, un Maigret par-ci par-là, pour me détendre, mais je n’en suis pas certain, car je ne datais pas encore mes manuscrits et c’est Aitken qui vient de me donner les titres et les dates de ceux que j’ai cités.      (Page 46)

 

Le Temps

 

Toujours ce rythme d’écriture hallucinant installé en routine :

 

Sais-tu, Marc ( il s’agit du fils de Simenon), que tu es le seul à m’avoir vu travailler à un roman ? Malgré le « Do not disturb » accroché à la clenche, tu avais le droit d’entrer dans mon sous-sol où je tapais à la machine dès six heures du matin. Tu t’y prenais si doucement que je ne t’ai jamais entendu venir. Tout à coup, je sentais tes lèvres se poser furtivement sur ma joue et, quand je me retournais, je t’apercevais traversant déjà le jardin.

Mon premier roman à Tucson a eu pour cadre celui qui m’entourait, ce qui m’est rarement arrivé. Je l’avais intitulé « La Rue des Vieilles Dames », sorte de traduction très libre de « Snob’s Hollow », le nom de notre quartier. Sven Nielsen a jugé ce titre peu engageant et j’ai accepté de mettre à la place :

« La Jument perdue ».

   Je me promenais pendant une demi-heure après le dîner, seul, dans le quartier qui m’était devenu familier et, en rentrant, j’écrivais les quatre ou cinq premières phrases du chapitre du lendemain.

Après ce roman, coup sur coup :

« Le Vacances de Maigret »

« Maigret et son Mort »

   Christmas a commencé à me suivre dans ma promenade du soir lors du roman suivant :

« La Neige était sale »

qui, dans mon esprit, ne se passe pas dans le nord ou l’est de la France, comme l’ont cru les critiques, mais dans une petite ville d’Autriche que je connais bien.

Maintenant, je ne me contentais plus, en rentrant, de quelques lignes au crayon sur le bloc de papier jaune, mais j’écrivais le chapitre presque entier, que je tapais, avec beaucoup de changements, le lendemain matin. Cette habitude, je devais la conserver pendant des années, sauf pour les Maigret que j’ai toujours tapés directement.        (Page 202, 203)

…le mois qui suit ta naissance, j’écris un roman :

« Maigret a peur »

   Mais je ne suis pas Maigret, quoi qu’on prétende.

Suivront, la même année 1953 :

«  L’Escalier de fer »

« Feux rouges »

« Maigret se trompe »

« Crime impuni »

« Maigret à l’école »

   Je changerai d’éditeur en Angleterre, car l’ancien est surtout spécialisé dans la poésie, la philosophie, les ouvrages sur l’art et les essais ». Je ne me sens pas à l’aise parmi ces gens-là beaucoup trop intellectuels pour moi.

Je vais donc signer un contrat avec un éditeur plus éclectique et plus jeune, Hamish Hamilton, que je ne connais encore que par correspondance.        (Page 353)

Simenon, comme tout écrivain, possédait ses manies, ses techniques :

 

Je me délasse en écrivant un Maigret, comme à chaque fois que, pour une raison ou une autre, je ne me sens pas d’humeur à m’attaquer à un roman dur. Il en est ainsi de tous les Maigret, sauf les dix-huit premiers, que j’ai écrits, ceux-là, à raison d’un par mois. Il est vrai que j’écrivais deux chapitres par jour, un le matin l’autre l’après-midi, de sorte que certains de ces romans ont été terminés en trois jours.

C’était un délassement pour moi de m’installer devant ma machine à écrire, de retrouver mon brave commissaire sans en savoir plus que lui, avant le dernier chapitre, sur la conclusion de son enquête.

On a parlé, photographié, cinématographié mes cinq douzaines de crayons et j’ai dû les tailler maintes fois dans ma petite machine devant les caméras.

Une légende en est née, avec cependant un fond de vérité que je trouve l’occasion de mettre au point. Aux Etats-Unis, le soir,  à la veille de commencer un roman, j’en écrivais les premières lignes qui me serviraient de point de départ le lendemain devant ma machine.

Les quelques lignes écrites au crayon, sur des blocs de papiers jaunes, sont devenues peu à peu une page, puis deux, puis cinq, et enfin le chapitre entier, d’une fine écriture qui exigeait des mines très pointues.

Ce chapitre « à la main » était donc écrit l’après-midi ou le soir et, à six heures du matin, je le tapais, souvent sans regarder le « brouillon », car l’écriture à la machine donne un rythme très différent.

J’ai continué longtemps à me plier à ce système, puis je me suis aperçu que, « à la main », on est tenté d’orner les phrases, de « faire littéraire », ce qui est contraire à mes goûts.

J’aimais certes tailler mes crayons, les rendre extrêmement pointus mais, s’il en reste encore quelques-uns sur mon bureau, comme près de mon téléphone, ils ne me servent, depuis plus de quinze ans, qu’à prendre des notes qui ne concernent pas les romans.     (Page 420)

 

Crayon

Qui était Simenon ? Se projetait-il dans ses personnages ?

 

Encore une parenthèse, comme pour les douzaines de crayons. Depuis longtemps des psychologues, des psychanalystes, des biographes de différents pays qui, pour la plupart, ne m’ont jamais rencontré, dont quelques-uns seulement m’ont écrit, se sont attachés à « découvrir ma vérité » à travers mes romans et mes personnages. Or, je me connais assez pour affirmer qu’ils se sont tous trompés et qu’un ou deux d’entre eux seulement sont arrivés à une demi-vérité.

Si je me suis toujours mis dans la peau de mes personnages, le temps du roman en cours, mes personnages, si je puis dire, ne se sont jamais mis dans la mienne, plus exactement, aucun n’a été mon reflet.

Il m’est arrivé, à des périodes pénibles, d’écrire des histoires ensoleillées et sereines, comme, à des époques joyeuses, de composer des œuvres tragiques.

On m’a portraituré ainsi, fort sérieusement, dans des ouvrages et des thèses universitaires qui resteront peut-être, ce qui n’est pas sans m’agréer. Est-ce à cause de cela que je mets, à mon tour, à chercher « ma »vérité ?       (Page 421)

Et puis, tout a une fin…

 

Le 18 septembre, qui est férié, à cause du Jeûne Fédéral, je descends dans mon bureau pour y préparer l’ « enveloppe jaune » d’un nouveau roman que j’ai décidé d’écrire. Il est neuf heures quand je m’enferme. Il s’agit de trouver les noms de mes personnages, leur état civil, leurs origines, parfois leurs amitiés enfantines, toutes notations dont je n’emploie d’habitude qu’une petite partie. J’ai besoin de savoir, de les connaître,  je trace le plan de leur maison, parfois du quartier qu’ils habitent.

Teresa est en haut qui, à dix heures, commence à s’inquiéter, car ce travail préparatoire ne me prend pas  d’habitude plus d’une heure. Sur mon enveloppe grand format, en gros papier bulle, j’ai écrit le nom de mon personnage qui doit servir de titre : « Victor ».

Quelques noms encore, quelques notations. Ce que j’appelle mes « plans » n’en ont jamais été, puisque je n’imaginais l’action et les réactions de mes héros qu’au fur et à mesure, chapitre par chapitre, ne découvrant le dénouement qu’à la dernière page.

Il n’en sera pas ainsi pour « Victor ». Deux cent vingt fois environ, le système a fonctionné sans accroc.

Quand je monte à l‘appartement où je trouve une Teresa anxieuse, je lui annonce que tout va bien et nous déjeunons tous les deux dans l’appartement.

Le lendemain, je me donne le temps de penser à mon point de départ, comme à l’habitude, c’est-à-dire au « déclic » qui amènera mon personnage principal à aller jusqu’au bout de lui-même.

Or, dans l’après-midi, je reçois le coup de téléphone de ma banque qui m‘annonce que ta mère, Marie-Jo, exige et payera les recherches pour retrouver toutes les recettes et les dépenses de notre ancien « compte-joint ». J‘en ai parlé déjà, pour en finir avec elle. Voilà que je dois y revenir.

Je téléphone à mon avocat.

J’en ai assez de lutter et je me souviens qu’elle s’est vantée un jour de « casser ma plume ».

Elle a réussi, mais je n’ai pas perdu courage. Je rejoins Teresa :

– Demain, si je pense encore comme aujourd’hui, je te dirai si, oui ou non, je continuerai à écrire.

Et, le lendemain, toujours abattu, je lui confirme ma décision. D. a obtenu ce qu’elle voulait depuis longtemps. C’est elle, désormais, Mme Georges Simenon, qui écrira et s’efforcera de m’écraser définitivement.      (Page 589)

 

Roman déchiré

 

C’est alors que Georges Simenon met effectivement fin à sa fabuleuse carrière de romancier. Il n’écrira plus que des autobiographies. Je dis souvent dans mes articles de s’entourer de personnes bienveillantes. De ne jamais donner à lire tes textes à des personnes malveillantes, toxiques, limitées… Ce n’est pas pour rien.

Ce qui me paraît passionnant dans cette immense carrière, c’est que Georges Simenon n’avait aucune limite mentale. A aucun moment, il ne se pose la question de savoir s’il est possible ou normal d’écrire autant. Ce manque de barrières mentales a sûrement fait beaucoup pour lui. Ses Maigret, il en a écrit une grande partie en 11 jours consécutifs. Les derniers, il les écrit en 7 jours ! 7 jours pour 7 chapitres ! Comment ne pas trouver un tel talent, une telle abondance prodigieux ? Il ne posait pas la question de savoir si cela était humainement possible : il le faisait. Je crois que c’est la grande leçon à retenir de Simenon, outre l’incroyable qualité d’atmosphère de tous ses romans, policiers ou « durs » qui sont en soi une leçon d’écriture. Il faut croire que l’on peut faire une chose pour la faire. Or Simenon ne trouvait pas invraisemblable d’écrire 6 romans par an !

Et puis, il y a ce fait : Simenon était un bourreau de travail. Un bourreau de travail à qui il paraissait naturel d’écrire jusqu’à 6 romans par an en plus de ses reportages ! S’il avait pensé un instant que c’était anormal au sens de non-normé, monstrueux, je ne pense pas qu’il aurait pu poursuivre cela. Il a beaucoup vécu, voyagé, a profité de la vie beaucoup plus que la moyenne des hommes. Et entre ces moments, il s’aménageait des périodes d’écriture intense. C’était aussi un homme qui savait parfaitement s’organiser. Il avait un rituel. Quand il sentait que le moment était venu d’écrire, il convoquait son médecin et faisait passer une visite médicale à sa famille, son personnel et lui-même. Rassuré, il écrivait son livre en quelques jours.

Mémoires intimes

Je ne peux que te conseiller de lire ses Mémoires intimes. Il y est d’une extrême franchise et simplicité. Des âmes hypocrites lui ont fait le procès de s’y montrer cru. Mais la vérité exige une certaine crudité. Et ce testament d’un génie littéraire est une source d’inspiration pour toute personne qui veut écrire sérieusement.

Je te conseille aussi de lire cet interview de Bernard Pivot qui date de 1981 : c’est la dernière grande interview de Simenon. Fidèle à lui-même, il y est authentique. Il le disait tout le temps : je cherche la vérité. Même pour lui-même.

Et bien entendu, tu peux jeter un œil rapide et panoramique sur sa vie et son œuvre avec l’article, sur Wikipédia, consacré à cet homme qui  mieux qu’aucun autre auteur possédait une inspiration illimitée. Voilà un écrivain qui n’a jamais rien théorisé et qui écrivait, c’est certain, dans l’inspiration la plus totale, le flow. La page blanche, qu’est-ce que ça signifiait pour Simenon ? Rien. Pour Simenon, écrire c’était simplement travailler et avec Maigret, c’était même travailler en se délassant !

 

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Politique et société dans le roman : Les fous du roi de Robert Penn Warren

Politique, société et mon roman préféré : Les fous du roi, de Robert Penn Warren


Si je devais finir mes jours sur une île et n’emporter qu’un seul livre, ce serait celui-ci : Les fous du rois de Robert Penn Warren, un roman américain de 1946. J’avais vingt ans quand une amie me l’a fait découvrir dans la seule version alors disponible : une version d’occasion de 1968, dotée d’une préface fantastique de 21 pages de Michel Mohrt, sans doute la meilleure préface de roman de tous les temps ! Par la suite, je me procurai deux exemplaires des Fous du roi chez Gilbert Jeune, à Paris. Je les ai toujours bien que l’un d’eux ait souffert d’une inondation. Je suis restée fidèle à ce roman, je l’ai lu et relu. Je lirai et le relirai encore. A l’époque, j’y ai presque tout appris sur l’art d’écrire un roman, en le décortiquant mot à mot. Chaque fois que je le relis, c’est encore et toujours une magistrale claque.

Roman et vision du monde

 

Un roman est une vision du monde. Et une vision du monde est forcément politique et sociale puisque nous vivons sur une terre que l’homme a rendue politique et sociale. Il se trouve que Les fous du roi est un immense roman et, comme tout roman exceptionnel, il offre une vision du monde très fouillée et unique, reflet de celle de son auteur. Et il se trouve que son décor, sa toile de fond, c’est la politique. Alors, entre les deux tours de cette lamentable pitrerie que sont les élections présidentielles cette année en France, parlons de ce grand roman. Prenons exemple, et n’oublions pas d’offrir à nos lecteurs des livres qui sont notre vision du monde. Plus notre vision et riche et détaillée, plus notre roman est vaste et capte l’attention du lecteur.

 

Les fous du roi, occasion de 1968 !                             

 

La puissance du style

 

Je ne connais aucun roman au-dessus. C’est affaire de goût. J’y trouve tout ce que j’aime immodérément : la psychologie, l’art de la description, une sensualité vertigineuse dans l’écriture qui est comme « peinte », l’ironie, une intelligence inouïe, la question lancinante du bien et du mal, du jugement et du salut, du temps, la métaphysique, une langue riche et poétique, un style unique, éblouissant de métaphores qui touchent juste, une sensibilité à fleur de peau, des procédés stylistiques et une construction romanesque d’une puissance qui me laissent émerveillée, des dialogues qui paraissent enfin vrais, du lyrisme, des personnages plus vrais que nature, l’ambivalence des sentiments et des choix et décisions, l’intérêt de l’auteur pour la sociologie, l’Histoire, les conséquences de la politique sur la vie des hommes, la culpabilité latente des gens du Sud, et j’en oublie. Un style inimitable, vraiment, qui me bouleverse. C’est un roman fleuve de 700 pages dont je sors toujours éblouie. Et admirative. En un mot, c’est le livre que j’aurais voulu écrire.

   En quittant son appartement ce jour-là, j’allais à la banque chercher de l’argent ; je sortis ensuite ma voiture du garage, jetai quelques affaires dans une valise et pris la route. Une route longue et blanche comme un squelette, droite comme un fil à plomb, unie comme une glace étincelante et chatoyante dans la chaleur, ronflant sous les pneus comme un nerf écorché. Je faisais du cent, et pourtant on eût dit que je ne parviendrais jamais à rattraper la mare qui semblait apparaître au bout de la route, juste de ce côté-ci de l’horizon. Peu après, j’eus le soleil dans les yeux, car j’allais à l’Ouest. Les yeux éblouis, j’abaissai donc le pare-soleil et appuyai sur le champignon ; je continuai vers l’Ouest. Car l’ouest est la région où nous projetons tous d’aller un jour. C’est là où l’on va quand quand  la terre ne rend plus et lorsque les pins de Virginie gagnent du terrain. C’est là où l’on va quand arrive la lettre disant : Sauve-toi, tout est découvert. C’est là où l’on va, lorsque abaissant son regard sur la lame entre ses mains on y voit du sang ; lorsqu’on vous déclare que vous n’êtes qu’une goutte d’eau dans l’océan. C’est là où l’on va quand on vous raconte qu’il y a « ben sûr de l’or là-bas dans c’te montagne ». C’est là où l’on va pour y finir ses jours. Ou bien est-ce tout bonnement là où l’on va.

   C’était simplement là où j’allais.

  Et puis la Californie.

   Enfin Long Beach, qui est l’essence de la Californie. Pour moi du moins, parce que je n’ai jamais rien vu d’autre de la Californie, sauf Long Beach, et que par conséquent mon jugement n’est pas troublé par le jeu de la concurrence.

   Par la suite d’une crevaison dans la matinée, je n’arrivai à Long Beach que tard dans la soirée. Je bus un lait de poule, achetai une bouteille de whisky et montai à ma chambre. Je n’avais pas bu une goutte d’alcool de tout le voyage. Je n’en avais pas eu envie. Je n’avais eu envie de rien, sauf d’écouter le ronflement du moteur et de me laisser bercer par la voiture, et ça, je l’avais eu. Mais maintenant  je savais que si je ne buvais pas ce whisky, le continent tout entier, brûlant et palpitant, foncerait sur moi, hors de l’ombre, aussitôt que je fermerais  les yeux pour m’endormir. C’est pourquoi j’absorbai quelques verres, pris un bain et m’étendis sur le lit, sans lumière ; et j’observai les enseignes au néon, en face qui flamboyaient et s’éteignaient au rythme de mon cœur, et je buvais à même la bouteille que j’avais posée à terre, près du lit.

   Le lendemain, j’étais sur le chemin du retour.

   J’étais sur le chemin du retour, et les souvenirs qui m’avaient obsédé à l’aller se trouvaient maintenant abolis.

   Par exemple. Mais je ne peux pas vous donner un exemple. Ce n’était pas tant un cas concret ou une conjoncture particulière dont le souvenir était important, mais le cours, la trame des événements, car la signification des choses ne réside jamais dans l’ « événement » lui-même mais dans le mécanisme qui le pénètre. S’il en était autrement, nous pourrions isoler un instant dans l’événement et dire que c’est là l’événement lui-même. Sa signification. Mais cela est impossible. Car l’important est le mécanisme. Et le mécanisme m’emportait. Il m’emportait vers l’Ouest à cent à l’heure, dans la brume, à travers un pays d’une inestimable richesse et farci d’héroïque histoire, et j’étais emporté au-delà du temps dans le monde des souvenirs. On dit que l’homme qui se noie voit sa vie entière défiler devant ses yeux. Eh bien, je ne me noyais pas dans l’eau, mais dans l’Ouest. Je me noyais dans l’Ouest au cours des journées brûlantes et cuivrées, et des nuits de velours noir. Il ne me fallut pas moins de soixante-dix-huit heures pour me noyer. Pour que mon corps coulât jusqu’à l’extrême fond de l’Ouest et s’y reposât dans la vase inerte de l’Histoire, nu sur un lit d’hôtel, à Long Beach, Californie.

 

Crédit photo : FaceMePLS

 

Je n’ai pu résister au plaisir de vous proposer de lire ces extraits intenses d’un long passage de ce livre, passage qui me va droit aux tripes. Et quel art de la répétition ! Je lis partout qu’il faut éviter les répétitions. Quelle ânerie ! La répétition d’un mot, d’une expression, quand elle est bien menée, peut être d’une force inimitable. Je ne connais aucun écrivain qui sache la manier avec la dextérité de Robert Penn Warren.

La richesse de style de cet écrivain me semble inimitable, sa beauté, son foisonnement. Et il n’y a guère que L’amour au temps du choléra de Gabriel Garcia Marquez qui me semble atteindre aux mêmes profondeurs de l’âme humaine, et décrire aussi magistralement ses ambiguïtés et ses hésitations, ses doutes, ses compromis, et ses compromissions.

L’histoire

 

Les fous du roi (All king’s men, dans le titre original) est un roman sur le temps, l’Histoire, la vérité, l’amour, l’amitié, la trahison, la politique, la corruption et la rédemption -possible ou non. En Louisiane, dans les années 1930, le narrateur, journaliste et historien, est chargé par un gouverneur corrompu, inspiré de Huey Pierce Long, véritable politicien de Louisiane qui finit assassiné en 1935, de creuser la vérité pour trouver une preuve compromettante concernant un homme que le Sénateur veut faire chanter. Cette recherche et ses résultats vont créer une déflagration dans l’univers du narrateur, du Sénateur et de leur entourage. Les engrenages de l’histoire sont installés avec une intelligence minutieuse, chaque acte en emmenant un autre, et le lecteur se laisse mener par la main jusqu’au dénouement. Mais au fond, peu importe le thème de ce roman : il parle avant tout de l’âme humaine avec une intensité, une profondeur et un lyrisme dont je n’ai jamais rencontré l’équivalent ailleurs.

Crédit photo : Chris Drumm

 

Robert Penn Warren

 

Mal connu, et même quasiment inconnu en France, Robert Penn Warren, honteusement négligé par les éditeurs et intellectuels français, considéré comme un immense écrivain aux Etats-Unis, a pourtant reçu le prix Pulitzer trois fois ! Le prix Pulitzer du roman pour Les fous du roi en 1947, et le prix Pulitzer de la poésie en 1958 et 1979. Ecrivain du Sud, il était considéré comme le seul rival de Faulkner – à qui je le trouve nettement supérieur. Il a profondément marqué l’écriture de William Styron qui a, lui aussi, écrit des chefs-d’œuvre.

Le cinéma

 

Les fous du roi a été adapté au cinéma deux fois :  un film de Robert Rossen tiré de l’œuvre de Robert Penn Warren, récompensé par 3 Oscar en 1949 (meilleur film, meilleur acteur Broderick Crawford, meilleur second rôle Mercedes Mc Cambridge), et un film Steven Zaillian avec Jude Law et Anthony Hopkins de 2006. Je n’ai vu ni l’un ni l’autre mais c’est encore à faire. Je pense que le premier est bon mais j’ai des doutes sur le second.

Le temps

 

Je pourrais parler des heures de Robert Penn Warren et de son écriture. Je vais donc préférer vous rapporter un autre extrait. Un dernier mot cependant : je vous conseille aussi de lire Un endroit où aller, grand roman même s’il reste inférieur aux Fous du roi. Mais c’est normal : Les fous du roi sont de ces romans qu’on ne lit pas souvent… Absolument inimitable. Et puis, quel écrivain a su écrire aussi magistralement sur le Temps ?

… Telle était Anne Stanton : c’était un dimanche et elle se rendait à l’église, où elle resterait silencieuse comme une souris, tout en passant pensivement le bout de sa langue sur la place laissée vacante par une dent qu’elle venait de perdre. Et les petites filles, accroupies sur des coussins, appuient d’un air songeur leur joue contre le genou de leur père chéri, pendant que celui-ci caresse les boucles soyeuses et fait la lecture de belles histoires. Telle était Anne Stanton. Et les petites filles -chattes un tantinet timorées- tâtent la mer du bout du pied, en ce début de printemps, et, quand la vague inattendue s’écroule, éclabousse et fouette leurs jambes glacées, elles poussent des cris aigus et sautillent sur leurs petites jambes minces comme des échasses. Telle était Anne Stanton. Les petites filles se tachent le nez de suie en faisant rôtir des saucisses au feu de camp, et vous -car vous êtes un grand garçon qui ne se tache pas le nez- vous les montrez du doigt et chantez : Figure-Sale, Figure-Sale, c’est une honte d’être aussi sale ! Et un beau jour, en réponse à ce chant, la petite fille ne regimbe pas comme d’habitude, mais elle pose sur vous le regard de ses grands yeux enchâssés dans le petit visage mince et lisse ; ses lèvres tremblent un instant à vous faire croire qu’elle va pleurer quoiqu’elle en ait passé l’âge, et, devant ce regard qui vous poursuit, votre sourire narquois s’efface et vous vous détournez vivement sous prétexte d’aller chercher du bois. Tout cela était Anne Stanton.

   Toutes les lumineuses journées au bord de l’eau avec les mouettes striant le ciel, c’était Anne Stanton. Mais je ne le savais pas. Et toutes les journées, non lumineuses celles-là, où les gouttières débordent et la bourrasque souffle de la mer, où il fait bon près du feu, ces journées-là, elles aussi, étaient Anne Stanton. Mais je ne le savais pas non plus. Puis vint l’époque où les nuits étaient Anne Stanton. Mais cela je le savais.

Le narrateur a de ces instants de mélancolie, de nostalgie du paradis perdu, de sensibilité aux accents bouleversants. Mais il n’y a pas que cela ; il y a aussi la trahison, la folie, le désir qui ronge tout, la peur du manque, de perdre, le goût immodéré du pouvoir…  C’est toujours d’actualité.

Vision politique du monde

 

La déchéance de nos politiques, la corruption galopante au sommet de notre état, la pitoyable mascarade qui a tenu lieu de campagne électorale, m’a ramenée à ce roman que je considère comme le plus lucide qui soit sur les hommes, la politique, la condition humaine. Après le triste spectacle de ces derniers mois, et le triste spectacle à venir, la pensée de la considération dans laquelle nous tiennent les « grands » de ce monde (nous ne sommes pour eux que fétus de paille qu’ils déplacent à leur guise, du moins aiment-ils  à le croire et y parviennent-ils pour la majorité d’entre nous), je ne pouvais que vous conseiller de lire ce livre bouleversant et toujours pertinent, bien qu’écrit en 1945, qui évoque si intelligemment les dessous sales de la politique, telle que la voyait Robert Penn Warren.

Je pense que le lire, c’est apprendre à écrire. Je continue à le décortiquer avec amour. Et j’y trouve encore et toujours des perles.

 

Chapeau bas, Monsieur Penn Warren !

 

Les fous du roi, la dernière édition sortie, 2015      

 

Les fous du roi, DVD, réalisateur : Robert Rossen

 

Les fous du roi, DVD, réalisateur : Steven Zaillian 

 

Un endroit où aller, Robert Penn Warren              

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Interview de Malik Kahli, écrivain autoédité

Je t’offre une longue interview de Malik Kahli, écrivain autoédité, que je viens de réaliser.

A cette occasion, je suis heureuse de t’annoncer que j’ouvre ma chaîne YouTube où je te parlerai d’inspiration, motivation, de techniques pour mieux écrire, et de bonnes lectures. Avec bien entendu d’autres interviews d’auteurs.

Malik Kahli, auteur autoédité sur Amazon, te parle de ses deux livres, un roman et un guide d’écriture, qui vient de paraître, dans lequel il aide à mieux écrire et connaître la manière de publier efficacement sur Amazon (et ça, ça vaut de l’or!)

Cette interview est réalisée par Skype car Malik, écrivain français, vit à New-York !

Comme c’est la première vidéo et interview que je réalise, tu me pardonnera mes erreurs. J’ai beaucoup appris :

  • ne pas se mettre si près de la caméra (je suis floue et déformée, mais tout va bien!)
  • prévoir un éclairage supplémentaire
  • arrêter de remuer sur ma chaise parce que je donne le tournis
  • et surtout moins parler parce que je suis trop bavarde.

Mais rassure-toi, l’interview de Malik est géniale parce qu’il te donne :

  • énormément d’astuces d’écrivain
  • te parle de son parcours inspirant
  • te motive
  • t’éclaire sur l’édition et l’autoédition
  • se confie durant plus d’une heure !

 

Le blog de Malik Kahli : Ecrivain en devenir    (Tu te souviens peut-être qu’il m’avait invité à y  écrire un article)

 

Son premier roman : Tu peux la sauver         

 

 

Le livre qu’il vient de sortir : Devenir écrivain  (Comment écrire, publier un livre et vivre de sa plume en 15 étapes)

 

Je te souhaite de tirer de nombreux enseignements de cette interview. N’hésite pas à me faire tes retours dans les commentaires. Je serai heureuse de les lire et d’en faire part à Malik.

 

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