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Une semaine, un texte : défi numéro 3 avec le mot réciproquer

Une semaine, un texte, défi numéro 3 avec le verbe réciproquer :

dans Osez écrire votre roman, chaque semaine j’écris un texte à partir d’un mot trouvé au hasard, les yeux fermés, dans le dictionnaire.

J’ai appris du vocabulaire car je suis tombée sur le verbe réciproquer.

Réciproque,  réciproquement, réciprocité, d’accord je connais, mais réciproquer ? Le Littré parle de : rendre la pareille, adresser en retour (des voeux). Apparemment, réciproquer s’emploie en Belgique.

J’ai donc écrit. Attention, âmes sensibles s’abstenir !

Crédit photo : Dany_M

Crédit photo : Dany_M

                                                   RÉCIPROQUER

 

Monsieur,

 

Je réciproque. De la même manière que vous m’insultez dans votre lettre, je vous conchie dans la mienne. Vous me traitez de bas-bleu, je vous rends pédant et prétentieux. Vous me qualifiez de prostituée, je vous réponds maquereau. Vous me trouvez fade et sans intelligence, je vous trouve sans saveur et fleur de nave. Vous me flattez d’épithètes comme obtuse, simiesque, inepte. Je vous renvoie bouché, macaque, sot. Je réciproque, Monsieur. Je réciproque car il ne sera pas dit que je suis sans éducation.

Nous nous sommes connus dans des circonstances malheureuses. Vous cherchiez une femme, je cherchais un homme. On se trompe toujours dans ces cas-là. L’attente angoissée, le manque d’amour et de tendresse à combler, tout cela nous pousse dans les bras du premier venu. Il vaut mieux attendre que l’amour fasse son œuvre seul : qu’il tire sa flèche en dehors de notre volonté et notre attente. Ce qu’il atteint alors est sans doute l’être qui nous convient le mieux. Tant nous nous connaissons mal, nous les humains. Bref, laissons faire Cupidon sans nous précipiter.

Au lieu de cela, quoi ? Nous nous sommes vus, nous nous sommes plu parce que nous étions en vérité las de solitude. Nous avons couché trop vite, c’est un fait. Nous n’avons pas laissé monter le désir comme une flamme ardente, plus difficile encore à éteindre une fois qu’on y a goûté. Nous l’avons consommé trop vite et consumé à jamais. Il n’existe plus de désirs entre nous. Le sexe est une pauvre chose quand il n’est pas ombré d’amour.

Vous me reprochez de ne plus allumer l’étincelle chez vous, Monsieur, et bien je réciproque : votre présence n’incendie plus mes sens depuis longtemps. Vous êtes, Monsieur, une douche glacée ! Je voudrais que nous nous émoustillions comme aux premiers jours mais peine perdue. C’est avec regret : nous avons eu de beaux moments. Vous vous efforcez de les oublier en vous rendant odieux. Vous m’écrivez pour m’honorer d’un « nonne aux petites vertus ». Je vous retourne un « prêtre vicelard ». Vous ne disiez pas cela, les premiers temps, quand vos mains remontaient mes flancs comme on va à la pêche, pour le plaisir et le désir crus. Ce vertige, ce délire !

Qu’en faites-vous aujourd’hui ? Foin des souvenirs : vous semblez avoir oublié le plaisir que je vous ai procuré. Et soyons généreuse : le plaisir que nous nous procurâmes. Vous avez la mémoire courte. Je l’ai longue. Je ne réciproque pas, Monsieur, sur ce point. Je tiens à ma mémoire ; je ne deviendrai pas amnésique. J’ai aimé ce que nous avons fait : la chasse aux poissons d’or et d’argent dans mon grand lit à baldaquins, les draps éparpillés dans les parfums de marée basse, les orgies de caresses, vos égarements forts à propos…

Mais puisqu’aujourd’hui vous m’humiliez, je vous offense, Monsieur. Vous n’êtes que l’oubli dont sont frappés les impuissants de la tendresse, les inconfortables avec l’amitié, les honteux avec le plaisir, les inconstants avec leurs souvenirs, les timorés de l’émotion.

Je réciproque, Monsieur, et je vais même plus loin : vous êtes un goujat. Cela va plus loin que toute autre insulte mais saurez-vous le comprendre ?

 

Bien réciproquement.

Crédit photo : Nad Renrel

Crédit photo : Nad Renrel

  Mes commentaires :

J’ai spontanément écrit un texte épistolaire. Quoi de plus direct pour rendre à quelqu’un la pareille que de lui adresser la parole dans une lettre ? Le dialogue aurait été plus commun. Le ton est assez dix-neuvième, élégant, c’est venu naturellement et c’est amusant car il donne du relief aux grossièretés diverses de cette lettre. Ce contraste m’a fait rire. J’espère qu’il en fera autant pour vous.

Je me suis bien amusée !

Et vous, allez-vous tenir le même défi ? Et l’avez-vous tenu avec le défi précédent ? Postez vos commentaires ci-dessous, je me ferai un plaisir d’y répondre.

 

 

Comment créer un personnage de roman crédible et inoubliable (2)

Comment créer un personnage de roman crédible et inoubliable ?

Crédit photo: Insomnia Cured Here

Crédit photo: Insomnia Cured Here

Dans l’article précédent que vous pouvez consulter en cliquant ici, nous avons vu que le personnage doit être :

1 Crédible et cohérent avec tout l’univers évoqué par votre roman

2 Cohérent pour lui-même jusque dans ses incohérences

Et aussi :

3 Choisissez un nom qui colle à la peau de votre personnage

4 Soignez la description physique de votre personnage 

   A Utilisez vos 5 sens

   B Utilisez aussi les 5 sens de votre personnage

Vous pouvez aussi jouer sur :

   5 La description intérieure (focalisation interne) du personnage :

 

Ses pensées, émotions, sensations, sentiments, ses souvenirs révèlent sa psychologie. Quels sont ses qualités, défauts, caractéristiques principales ? Se montre-t-il lent, rapide, gentil, méchant, nostalgique, joyeux, etc ? Quels sont ses désirs, ses fantasmes, ses plaisirs, ce qu’il déteste, aime, ce à quoi il aspire ?

« Bérénice avait peur d’elle-même, plus que d’Aurélien. Peur de la blessure terrible d’une désillusion. Elle savait ce qu’est le puits d’une désillusion. Elle savait ce que c’était que d’en sortir. Assez pour deviner comment il était possible qu’on n’en sortit pas. »                                                            Aurélien, Louis Aragon

« Je ressentis devant elle ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur. »

                                                             A l’ombre des jeunes filles en fleurs, Marcel Proust

Crédit photo : Johan

Crédit photo : Johan

   6 Les rapports du personnage avec le monde extérieur (focalisation externe) :

 

Il existe souvent un lien de cause à effet entre le personnage et son milieu, le décor, les autres personnages. Chez Balzac et Zola, par exemple, les interactions entre le personnage et le monde sont très importantes. Le passé, l’éducation, le milieu social, la morale, les habitudes, les rituels, etc de votre personnage peuvent être racontés précisément ou à peine suggérés (on les devine alors seulement par ses rapports avec le monde extérieur.)

Vous serez plus ou moins pointu selon que vous pensez que l’interaction entre le milieu et l’humain est importante, voir prépondérante, comme chez les écrivains naturalistes, ou si vous considérez, comme dans le nouveau roman (Sarraute, Butor), que l’homme est ce qu’il est quel que soit son milieu.

 « Il vivait sur la dette, parmi un peuple de créanciers qui engloutissaient au jour le jour les bénéfices scandaleux qu’il réalisait dans certaines affaires. Pendant ce temps, au même moment, des sociétés s’écroulaient sous lui, de nouveaux trous se creusaient plus profonds, par-dessus lesquels il sautait, ne pouvant les combler. Il marchait ainsi sur un terrain miné dans la crise continuelle, soldant des notes de cinquante mille francs et ne payant pas les gages de son cocher, marchant toujours avec un aplomb de plus en plus royal, vidant avec plus de rage sur Paris sa caisse vide, d’où le fleuve d’or aux sources légendaires continuait à sortir. »

 La Curée, Emile Zola

Crédit photo : flexgraph

Crédit photo : flexgraph

   7 Comment le personnage s’exprime-t-il ?

 

Quel langage emploie-t-il ? Son vocabulaire, son ton, sa voix révèlent son caractère, son milieu social, et parfois même son physique. Votre personnage donne-t-il un baisemain, dit-il : Bonjour Madame, ou Salut ?

« Je ne sais comment ma grand-mère avait adopté le leitmotiv de « comment dire », mais au fur et à mesure que les années passèrent il ne cessa d’envahir de plus en plus ses phrases. J’aime penser que c’était un inconscient appel au secours… une question extrêmement sérieuse ; malgré sa présence importante, elle était à la dérive dans le monde. Et, voyez-vous, elle ne savait pas comment le dire. »

Les enfants de minuit, Salman Rushdie

« C’était un mari parfait : il ne ramassait jamais rien, n’éteignait jamais la lumière, ne fermait jamais une porte. Le matin, dans l’obscurité, lorsqu’un bouton manquait à ses vêtements, elle l’entendait dire : « Un homme aurait besoin de deux femmes : une pour l’aimer, l’autre pour lui coudre ses boutons. » Tous les jours, à la première gorgée de café, il poussait un hurlement déchirant qui n’effrayait plus personne, et lâchait ce qu’il avait sur le coeur : « Le jour où je ficherai le camp de cette maison, tout le monde saura que c’est parce que j’en ai assez de me brûler la langue. »

L’Amour aux temps du choléra, Gabriel Garcia marquez.

Chuchoter

                                                                                                                                Crédit photo : jamacab

   8 Les contradictions du personnage :

 

Le personnage peut sembler cohérent au premier abord mais on s’aperçoit par exemple que son physique ne correspond pas à son milieu (vous avez une raison de faire cela bien sûr), ce qui peut le rendre intriguant et intéressant. Ou que sa morale ne correspond pas à ses comportements (le prêtre vicieux, le flic qui cache son passé d’assassin) et cela en fait un personnage malhonnête. Il peut aussi se montrer ambigu dans ses réactions ou ambivalent (il est lâche mais se force au courage). Ou encore ses discours ne collent pas avec son existence, etc. Les contradictions vous permettent de construire un être complexe, ou mystérieux, ou dangereux, ou émouvant ou duplice… Elles permettent aussi la construction du parfait anti-héros, du mal incarné (souvenez-vous du gentil Jedi qu’était Dark Vador dans sa jeunesse.) A voir de voir : anti-héros ou héros ambivalent ?

 « Cette folle de Renée, qui était apparue une nuit dans le ciel parisien comme la fée excentrique des voluptés mondaines, était la moins analysable des femmes. Élevée au logis, elle eût sans doute émoussé par la religion ou par quelque autre satisfaction nerveuse, les pointes des désirs dont les piqûres l’affolaient par instants. De tête, elle était bourgeoise ; elle avait une honnêteté absolue, un amour des choses logiques, une crainte du ciel et de l’enfer, une dose énorme de préjugés ; elle appartenait à son père, à cette race calme et prudente où fleurissent les vertus du foyer. Et c’était dans cette nature que germaient, que grandissaient les fantaisies prodigieuses, les curiosités sans cesse renaissantes, les désirs inavouables. Chez les dames de la Visitation, libre, l’esprit vagabondant dans les voluptés mystiques de la chapelle et dans les amitiés charnelles de ses petites amies, elle s’était fait une éducation fantasque, apprenant le vice, y mettant la franchise de sa nature, détraquant sa jeune cervelle, au point qu’elle embarrassa singulièrement son confesseur, en lui avouant qu’un jour, pendant la messe, elle avait eu une envie irraisonnée de se lever pour l’embrasser. »                            Marcel Proust

Crédit photo : etringita

Crédit photo : etringita

   9 La congruence du personnage :

 

Il peut être au contraire parfaitement congruent. Sa psychologie, son physique, son passé d’enfant, etc, tout semble alors aligné. Il peut alors devenir un parfait héros (le bien incarné).

Mais même un héros doit subir quelques contradictions, quelques doutes, au moins se questionner, sinon il ne sera ni crédible ni inoubliable. On croira davantage à votre personnage s’il est tiraillé entre ses divergences d’opinions. Il peut être issu d’un milieu aisé et s’éprendre d’une personne d’un statut social inférieur, être honnête et sombrer dans le vol puis se repentir, etc. Ses fragilités, ses erreurs le rendent réel. Pensez aux hésitations de Han Solo avant d’intervenir en faveur de la Princesse Leia au côté de Luke. A vous de voir : héros absolu ou héros fragile ?

Crédit photo : Jason

Crédit photo : Jason

   10 L’originalité du personnage :

 

S’il possède une ou des particularités comme Hercule Poirot avec sa maniaquerie (particularité interne, psychologique) et ses moustaches (particularité extérieure,  physique), comme Sherlock Holmes et son opium, l’atmosphère se crée tout naturellement autour de lui, le rendant tangible. Ou même inoubliable. Frankenstein avec un physique de père de famille nous ferait-il le même effet ?

Crédit photo : Vitaly Shchukin

Crédit photo : Vitaly Shchukin

   11 Mais :

 

Tout ce qui concerne le personnage n’est pas à écrire d’une traite, dès son apparition, gros pavé indigeste qui casserait le rythme de lecture. Non. Comme dans la vie, on doit découvrir le personnage. Tout renseignement est à distiller en continu durant le roman, parfois évocation subtile (on comprend par ses actions, ses réactions), d’autres fois en quelques mots ou lignes plus descriptives. Les dialogues peuvent  s’entrelarder d’indications sur le personnage. Dans tous les cas, les descriptions doivent se mêler à la narration.

   12 En résumé :

 

Ce qui rend un personnage de roman vivant, c’est ce qui nous rend vivants. Nos personnages sont faits de la même chair et du même sang que nous. Non, ils ne sont pas faits d’encre et de papier !

Enfin, tout ne peut être écrit sur nos personnages. Les personnages doivent garder, comme dans la vie, leur part de mystère. Qui peut se vanter de connaître quelqu’un tout à fait ? Le lecteur complète ce que vous n’écrivez pas avec sa propre sensibilité, en fonction de son vécu.

 « Le lecteur peut être considéré comme le personnage principal du roman, à égalité avec l’auteur, sans lui, rien ne se fait. »                                                                                                Elsa Triolet

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Et vous, quels sont vos trucs pour créer des personnages crédibles et inoubliables ? Merci de partager avec nous vos expériences ci-dessous dans les commentaires.

Osez écrire votre roman : défi numéro 2 avec le mot métèque

 Dans Osez écrire votre roman, je me lance chaque semaine un défi.

Crédit photo : Gene Wilburn

Crédit photo : Gene Wilburn

Une semaine, un texte : défi numéro 2 avec le mot métèque

J’ai donc fermé les yeux, pointé le doigt dans mon dictionnaire et quand je les rouverts, pas de chance ! Le mot métèque ! Alors là, grand moment de solitude… Mais que vais-je faire avec un mot pareil ?

Le mot métèque n’est pas un mot que j’aime sauf quand c’est Georges Moustaki qui le chante, avec toute sa tendresse :
«Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de pâtre grec
De voleur et de vagabond
Avec ma peau qui s’est frottée
Au soleil de tous les étés
Et tout ce qui portait jupon
Avec mon cœur qui a su faire
Souffrir autant qu’il a souffert
Sans pour cela faire d’histoires
Avec mon âme qui n’a plus
La moindre chance de salut
Pour éviter le purgatoire»
Généralement, il n’est jamais employé dans son sens littéral comme dans le Littré où je trouve : « Nom à Athènes des étrangers domiciliés qui jouissaient des droits civils, mais non des droits politiques ». Il est toujours employé dans le sens que je déteste, le sens péjoratif et même raciste. On peut lire dans le Robert : « Etranger méditerranéen résidant en France et dont l’aspect physique, les allures sont très déplaisants. »

Bon, allez, me suis-je encouragée, c’est le défi, tu vas bien trouver…

                                                        MÉTÈQUE

 

« Métèque, espèce de sale con de métèque ! » Il se retourna, surpris. Pas parce qu’on le traitait de sale con de métèque, non, il avait l’habitude des insultes et du mépris mais plutôt par le terme même : métèque. Cela faisait bien des années… Plus personne ne disait métèque. Sur les chantiers, il n’avait pas de nom. On disait l’Arabe ou Mohammed. Il s’appelait Khaled mais tout le monde s’en foutait. Quand on est raciste, tous les arabes se nomment Mohammed. C’est un cliché qui rassure les cons parce que c’est un cliché qui ôte son individualité à l’homme, qui le rabaisse. Ça les cons, ils aiment.

Mais métèque, non, décidemment, ça faisait longtemps. La mode était au « bougnoul, bronzé, sale con de djihadiste ». Il faut dire que ces derniers ne lui facilitaient pas la tâche avec leur manie de décapiter les hommes comme on ouvre un œuf à la coque. Va faire comprendre que tous les Arabes et les musulmans ne sont pas des djihadistes à un type qui ne connaît du vaste monde que son voyage de congé payé, dix jours par an, enfermé dans un hôtel en pension comprise avec un troupeau de quarante personnes, semblables à lui, qui ne sortent qu’en bus avec un guide !

Khaled se retourna et fixa droit dans les yeux le type qui le regardait, un Dupont Lajoie de soixante-dix ans environ, cheveux gras, enfin ce qu’il en restait parce qu’il portait la coupe Chaussée aux Moines, graisse du ventre moulée dans un débardeur Marcel comme on en voit plus depuis longtemps, affublé d’une petite moustache, alors là la petite moustache… Une caricature, quoi ! Un type improbable tellement il symbolisait la haine des autres et le contentement de soi. Khaled sentit une vague de fou rire monter dans son ventre ; il s’obligea quand même à regarder le type d’un œil noir parce que les cons ont peur du regard des Arabes. Ils ont toujours envie de le fuir. Qu’un Arabe les regarde, ça les gêne, allez savoir pourquoi ?

Le vieux – à cet âge là, on est plus vieux aujourd’hui mais celui-ci avait réussi à le devenir malgré la retraite, les congés payés, les progrès de la médecine et la sécurité sociale -, ça ne rata pas, eu le regard déviant, errant quelques secondes dans les airs pour échapper au sien. Et puis quoi, il n’allait pas se laisse emmerder par ce métèque ? Alors, par un effort de volonté puissant, il faut le lui reconnaître, il revint sur le visage de Khaled. Il suintait la peur comme un robinet rouillé.

Khaled attendait, impassible, prenant la pose : je suis un con, je ne comprends pas ce que tu cherches. Ça les faisait tourner en bourrique les cons quand il prenait l’air idiot de celui qui ne sait pas bien le français. Il en jouait quand il le fallait. C’était difficile à ce moment précis : il était à deux doigts du fou rire. Il pensait à Robert Bidochon car il avait lu toutes les B.D. de son fils qui venait de passer son Bac.

Le vieux tremblait presque. L’Arabe faisait au moins un mètre quatre-vingt, bâti comme un type qui travaille sur les chantiers tous les jours depuis vingt ans, des épaules de lutteur, des bras qui portent des sacs de cinquante kilos comme d’autres portent leur boite d’allumettes. Bon, comment se tirer d’affaire sans faire trop minable maintenant qu’il avait déconné ? Pourquoi l’avait-il bousculé volontairement ? Pourquoi avait-il cherché la bagarre ? Pourquoi n’avait-il pas d’abord mesuré la force physique de l’adversaire ? Il n’aurait pas dû l’insulter. Délicat. Par chance, il n’y avait personne dans la rue, au moins il n’aurait pas honte devant témoins.

– Oui, Missieu ? demanda Khaled, exagérant volontairement ce qu’il lui restait d’accent magrébin, c’est-à-dire plus grand-chose après avoir passé plus de vingt ans à travailler en France.

Oh, mais c’est qu’il n’avait pas l’air agressif du tout cet arabe, ça changeait tout ! Il allait s’en donner à cœur joie !

-Pourquoi tu m’as bousculé tout à l’heure ?

– Je t’i pas bousculé, M’ssieu.

– Ouais ben fais attention la prochaine fois. Tu sais pas à qui t’as affaire !

Khaled pensa très vite : « Ben si, justement : à personne. Enfin, à un lâche con, c’est pareil. Les cons sont lâches. Insignifiants. » Puis le fou rire retenu glissa de sa gorge à son palais, gonfla ses joues, s’insinua comme le vent entre ses dents, ses lèvres, et explosa à l’air libre. Un rire tonitruant d’homme heureux ! Des larmes lui montèrent aux yeux. C’était une joie immense, une libération, un soulagement profond. Il attendait ça depuis qu’il avait mis les pieds en France et il croyait que ça ne viendrait jamais. Plus de vingt ans déjà ! Les trois dernières années, il s’était senti proche du dénouement parfois, mais aujourd’hui c’était différent : il était enfin arrivé au port. Il sentit qu’il avait profondément changé ; il s’en foutait, il se foutait de ce con, de tous les cons, il était devenu indifférent, parfaitement indifférent à la connerie. Il n’avait plus peur. Il se sentait libre, entier, redevenu un homme complet, un homme avec ses joies, son sourire, ses rires. Un homme libre.

Le vieux prit tellement peur qu’il se carapata comme un cafard : il tourna le dos sans un mot et se mit à courir à toutes jambes, complètement affolé. L’Arabe allait lui faire la peau, il se foutait de sa gueule ouvertement. Jamais, au grand jamais, un métèque d’Arabe ne se foutait de la gueule d’un Français ouvertement. Il devait être dingue celui-là ! Et s’il avait un couteau dans sa poche de jean ? Il valait mieux se tirer, c’était plus sûr.

Khaled ne le sut jamais : le type s’appelait vraiment Robert, si si, comme Bidochon ! Et il tomba sur le trottoir, terrassé deux rues plus loin, se vidant de peur dans son froc .

Khaled riait toujours, en rentrant chez lui, tandis qu’une vieille connaissance de Robert, qui passait par là, le ramassait comme un sac et le traînait sur un banc dans une odeur terrible d’urine. Ça ferait vite le tour du quartier : Robert est incontinent !

Khaled, gai comme un homme heureux, se dit : demain, je les emmerde enfin. Gentiment mais fermement. Je vais leur dire calmement : j’ai un nom. Je m’appelle Khaled.

chantier

                                                                                                                               Crédit photo : Audrey AK

Mes commentaires :

Mes opinions étant ce qu’elles sont, ça n’a finalement pas été difficile, c’est venu spontanément. J’ai élagué quelques adjectifs en trop, rétablit quelques tournures maladroites. Un jet unique. La vulgarité d’expression est venue d’elle-même, elle permet de se mettre tout de suite dans le contexte puisque c’est un personnage populaire, vulgaire et caricatural qui provoque l’histoire.

J’ai cité le Dupont Lajoie du film d’Yves Boisset qui m’avait beaucoup marquée, très jeune, et Bidochon, le personnage de la B.D. de Binet. Autant leur rendre hommage au passage. J’ai quand même hésité à la relecture et puis je me suis dit que le personnage du raciste était une caricature, alors autant aller jusqu’au bout. Dupont Lajoie et Bidochon sont aussi des caricatures et ça ne gêne personne. Pourquoi ne pas travailler sur le cliché, pour une fois ?

Je n’écris généralement pas avec vulgarité, c’est donc une bonne expérience pour moi. La contrainte est mère de la créativité, c’est un fait étonnant, et pourtant…

L’ironie qui se dégage du texte m’amuse car elle correspond bien à ma manière de m’exprimer oralement. Je m’y retrouve ! Sinon ce petit texte reste modeste, littérairement parlant. Mais le défi est assuré et la chute fait du bien. Car au fond : “Toute écriture est politique puisque toute écriture est une vision du monde.”

                                                                                 Marie Darrieussecq

 

Et vous qu’allez-vous écrire avec le mot MÉTÈQUE ? Et avez-vous écrit avec le mot précédent nuance ?

Faites-moi part dans vos commentaires, ci-dessous, de ce que vous pensez de mon texte et si vous avez écrit le vôtre, n’hésitez pas à le partager.

 

 

Comment créer un personnage de roman crédible et inoubliable ?

Comment créer un personnage de roman crédible et inoubliable?

Vivant et touchant ? Ou choquant ? Ou affreux ? Ou amusant ? Bref, créer un personnage qui ne laisse pas indifférent?

Crédit : Tom Simpson

Dracula              Crédit : Tom Simpson

Même si le personnage est invraisemblable, l’art du romancier c’est de nous le rendre crédible ! N’ayez pas peur de ce qui vous paraît énorme au premier abord : dans la vie, tout est plus invraisemblable que dans le plus incroyable des romans. N’oubliez pas que le roman est aussi une tentative de reconstruire et organiser le monde. Ce qui est important, c’est que vous présentiez votre personnage comme :

1   Crédible et cohérent avec tout l’univers évoqué par votre roman.

« De même qu’il était un Elan, un Booster, un membre de la Chambre de commerce, de même que les ministres de l’Eglise presbytérienne déterminaient toutes ses croyances religieuses, et que les sénateurs qui dirigeaient le parti républicain décidaient, dans leurs petites pièces enfumées, à Washington, ce qu’il devait penser du désarmement, des tarifs douaniers et de l’Allemagne, de même c’étaient les grands annonceurs nationaux qui réglaient toute sa vie extérieure, qui lui donnaient ce qu’il croyait être sa personnalité. Ces objets courants vantés par la réclame, pâte dentifrice, chaussettes pneumatiques, appareils photographiques ou bouilloires électriques, étaient pour lui des symboles et des preuves de l’excellence, signes de joie, de passion, de sagesse, qui finissaient par en tenir lieu. »

Babbit, Lewis Sinclair

2   Cohérent pour lui-même, jusque dans ses incohérences. Vous me suivez ?

« Le thème de tout roman, c’est le conflit d’un personnage romanesque avec des choses et des hommes qu’il découvre en perspective à mesure qu’il avance, qu’il connaît d’abord mal, et qu’il ne comprend jamais tout à fait. »            Alain

3   Choisissez un nom qui colle à la peau de votre personnage.

Sinon, cela le rendrait peu crédible. ce n’est pas un détail. C’est très important. S’il est français en 2015, âgé de 80 ans, venant d’un milieu BCBG, ne l’appelez pas Kevin ! Bon, je caricature, mais vous comprenez bien que :

« Un nom propre est une chose extrêmement importante dans un roman, une chose capitale. On ne peut pas plus changer un personnage de nom que de peau. »

Flaubert, lettre à Louis Bonenfant, 1868

Crédit photo : RV1864

Crédit : RV1864     Scarlett O’Hara et Rett Butler

 

4   Soignez la description physique du personnage.

Sa description extérieure peut être courte ou longue mais toujours pertinente par rapport à sa description interne (ce qui se passe en lui, sa psychologie).

      A Pour cette description, utilisez vos 5 sens. Vous pouvez décrire :

– Est-il grand, gros, petit ? Ses vêtements ? Sa dégaine ? (vision)

– Quelle voix a-t-il ? (ouïe)

– A-t-il la peau douce ou de la barbe piquante ? (toucher)

– Sent-il mauvais, transpire-t-il ou sent-il Eau Sauvage de Dior ? (odorat)

– A-t-il la peau sucrée, salée ? (goût) Bon, là, à part pour une scène érotique, je ne vois pas trop, mais ça peut servir également.

Vous faites ainsi appel aux sens de votre lecteur, rendant le personnage plus crédible et vivant.

« Avec sa bouche étrangement sensible et la longue fente d’un bleu profond de ses yeux bridés qui suggéraient l’elfe ou le faune, la créature sauvage venue des bois, il était incongru que ce soit lui qui doive ainsi être immolé sur l’autel de la Finance. »                                                                                             

Tant que brillera le jour, Agatha Christie

      B Utilisez aussi les 5 sens de votre personnage :

– Voit-il bien ou porte-t-il des lunettes ? (vision)

– Entend-t-il comme un musicien la moindre nuance ou est-il est sourd comme un pot ? (ouïe)

– Est-il très sensible au toucher parce qu’il est aveugle ou ses mains tannées et brûlées de forgeron ont-elles perdu leur sensibilité ? (toucher)

– Est-il nez pour un grand parfumeur ou a-t-il tellement peu d’odorat qu’il ne sent rien quand il met le feu à son appartement en oubliant une cigarette qui tombe d’un cendrier ? (odorat)

– Préfère-t-il les saucisses-frites ou le foie gras poêlé accompagné de Sauternes ? (goût)

« Son bras se déplia lentement ; il vint faire craquer la pomme de pin contre l’oreille d’Olivier. – Tu entends : l’arbre, l’écureuil ! Ecoute le bruit… Olivier s’était arrêté de respirer. Il écoutait. Ça coulait dans lui, comme un ruisseau, avec tous les reflets ; ça bouillonnait en forêt dans son cœur. Il avait de la terre sur les lèvres ; le vent traversait sa tête. »

Le grand troupeau, Jean Giono

Crédit photo : Loren Javier

Quasimodo                  Crédit photo : Loren Javier

 

Il faut donc vous servir de vos 5 sens et des 5 sens de votre personnage car ils révèlent énormément de choses sur lui. C’est ainsi que votre lecteur comprend comment votre personnage appréhende le monde.

Bien entendu, le bon sens vous dicte de ne pas déverser sur la tête du lecteur tout cela à la fois. Tant de renseignements doivent être distillés tout au long du roman, permettant au lecteur de mieux comprendre le personnage au fur et à mesure de sa lecture. Selon que vous êtes une personne davantage visuelle, kinésthésique, olfactive, etc, vous aurez tendance à privilégier naturellement une ou deux formes de descriptions. Cela fait partie de votre empreinte d’écrivain.

 

Ceci dit, vous n’êtes pas obligé d’en faire des tonnes. Tout dépend du type de littérature que vous avez envie d’écrire. Parfois, il suffit de quelques mots, pourvu qu’ils soient très bien choisis :

« Ici, les hommes ne font pas de beaux vieillards. Ils font de vieux os. »   

Ennemonde et autres caractères, Jean Giono

« Certes, la princesse était laide, mais tout comme le crapaud, elle possédait deux yeux magnifiques. Sombres et brillants comme deux diamants noirs, ces yeux reflétaient une énergie latente et une intelligence supérieure.»

Le Crime de l’Orient-Express, Agatha Christie

 

Et vous, comment rendez-vous votre personnage de roman crédible, vivant et inoubliable ? Laissez-moi vos commentaires en-dessous et je me ferai un plaisir de vous lire.

La suite de « Comment créer un personnage de roman crédible et inoubliable ? » dans le prochain article car celui-ci est déjà long. A bientôt !

Osez écrire votre roman : défi numéro 1 avec le mot nuance

Dans Osez écrire votre roman, je me lance chaque semaine un défi durant 3 mois.

Une semaine, un texte : défi numéro 1 avec le mot  NUANCE.

 

Comme prévu, j’ai ouvert un dictionnaire les yeux fermés, pointé le doigt au hasard sur un mot. Ce mot, c’est : nuance. Je me suis mise à écrire immédiatement, directement sur traitement de texte.

 

                                                          NUANCE

 

Elle avait le sens des nuances. Quand il arrivait, à l’un de leurs rendez-vous au restaurant, une vingtaine de minutes en retard et s’excusait d’un « J’ai oublié mon portable à la maison et j’ai dû retourner pour aller le chercher. Je suis désolé », elle entendait : « J’ai oublié mon portable chez moi et j’ai préféré retourner pour le prendre. Au fond, je suis incapable de passer une soirée avec toi sans craindre de rater un coup de fil. Je m’ennuie tellement que j’espère vaguement qu’un copain m’appelle. Et je ne suis pas désolé d’être en retard car ce sont toujours vingt minutes de gagnées durant lesquelles nous ne sommes pas en tête à tête. »

Oh, oui, elle avait le sens des nuances. Elle en pleurait parfois des larmes de sang. Si une collègue de bureau lui disait : « Que tu es jolie aujourd’hui ! Ton maquillage est superbe », elle entendait : « Comment se fait-il que tu sois jolie aujourd’hui ? Ce doit être ton maquillage… parce que sans lui… » Le sens des nuances ! Quelle plaie ! Il lui gâchait la vie. Elle était emplie d’arrière-pensées comme d’autres sont emplies d’amour ou de gratitude. Mais le moyen de connaître un amour sincère ou le bonheur quand on lit derrière les phrases, interprète les sourires, devine ou croit deviner sous les apparences ? Quand on met des nuances partout, qu’on ne prend jamais rien pour argent comptant, que tout est soumis à questions, doutes, méfiances ? Le moyen de mettre de la générosité, de la compassion, de l’affection dans tout cela ? Elle ignorait tout de la bonté. Elle se perdait dans les nuances, quitte à en inventer. Et dans le plus beau des bouquets de fleurs, elle ne voyait que la fleur ratée, froissée, déjà fatiguée. Le monde était une fosse bouillonnante de malheurs, d’incertitudes, de vilenies. Elle s’aigrissait.

Un soir qu’il soupait avec elle, elle le trouva bizarre, gêné aux entournures. Cela ne la surprit pas : elle voyait toujours l’étrangeté partout. Elle chercha à comprendre ce qu’elle prenait une fois de plus pour un mensonge, une tentative de lui cacher un fait désagréable. Elle ne comprit qu’à la toute fin du repas quand, prenant son courage à deux mains, il déclara : « Je suis désolé mais c’est notre dernier repas ensemble. Nous marier serait une erreur, vivre ensemble serait une erreur, continuer à nous fréquenter serait une erreur ! Je t’ai tout donné, j’ai été sincère, je t’ai aimé follement durant quatre ans. Je ne voyais pas que tu me regardais avec distance, que tu me faisais l’amour avec absence, que tu ne m’entendais plus quand je te parlais, que tu cherchais l’erreur, la faille en moi. Tu ne m’as jamais accepté tel que je suis, aimé avec mes défauts d’homme, mes incapacités d’animal humain. Tu voulais sans cesse me prendre en défaut. Puis j’ai fini par remarquer ton manège et, pire, ressentir que je n’étais jamais à ma place dans ton amour. J’ai cessé de t‘aimer, tu es devenue une amie avec qui je restais, fidèle. Puis une lointaine connaissance. Et aujourd’hui… il ne reste plus rien. Je ne supporte plus tes remises en questions, tes enquêtes à propos du moindre mot, tes façons de couper en quatre le moindre de mes faits, de décortiquer mes paroles. Tu sais, je ne manque pas non plus du sens de la nuance comme tu sembles le croire : je sais faire la différence entre vivre sans amour avec une femme et vivre avec une femme que j’aime. Je te l’annonce : je te quitte. Je suis amoureux d’une femme qui m’aime sans mélanges, sans questions, sans partage, sans nuances. Elle m’aime. Je n’ai jamais voulu vivre avec toi. Mais je vais vivre avec elle. Pardonne-moi. Je ne voulais pas te blesser mais c’est ce que je viens de faire. Ca aussi, c’est une nuance…» Il se leva. « Au revoir. »

Elle était seule à table maintenant, paralysée par une curieuse boule brûlante qui avait pris naissance dans son cœur et se propageait dans sa gorge, lentement, accompagnée d’une douleur aigue, suffocante. Elle ferma les paupières sur son malheur.

Le maître d’hôtel en avait vu d’autres. Sans un mot, il se glissa derrière sa chaise, saisit la bouteille de Bordeaux et emplit son verre aux trois-quarts.

Rupture

                                                                                          Rupture      Crédit : Dean Hochman

Mes commentaires :

J’ai écrit rapidement car la première phrase m’est venue immédiatement. Puis j’ai enchaîné phrase après phrase, c’était très simple. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais écrire. Cela a donné une petite scène qui pourrait faire partie d’un texte plus grand ou d’un roman. Mais comme la chute est correcte, cette petite histoire peut aussi se suffire à elle-même. Comme une nouvelle.

Je n’ai fait aucun travail de style. C’est basique mais ça peut suffire. Ce n’est pas ce que j’écris pour mes romans qui sont beaucoup plus fouillé stylistiquement. C’est intéressant pour moi parce que ça m’a justement fait écrire un texte dépouillé loin de mes habitudes. C’est tout l’intérêt de la contrainte : nous faire écrire et découvrir des textes que nous n’aurions jamais écrit spontanément. Et en apprendre un peu plus long sur nos possibilités. Là, je m’étonne de faire dans l’ironie, ce n’est pas mon ton habituel. Pourquoi pas ? J’ai relu, corrigé légèrement, ôté des répétitions, des maladresses. Pas de second jet. Je n’ai aucune prétention littéraire avec ce texte.

Le défi, c’est de vous montrer que chaque mot est évocateur, que chaque mot peut éveiller votre imagination. Il faut écrire pour le plaisir.

Le prochain texte viendra-t-il aussi facilement ? J’ai l’impression de m’en être tirée à bon compte. Premier défi tenu.

Et vous qu’allez-vous écrire avec le mot NUANCE ?

Faites-moi part de ce que vous pensez de ce texte dans les commentaires et racontez-moi si vous avez écrit le vôtre.

Mon défi : une semaine, un texte !

                   Mon défi : une semaine, un texte !

Vous manquez d’inspiration ? Mon défi pour vous montrer que l’inspiration est partout !

 

L’inspiration, qu’est-ce que c’est ?

Les dictionnaires ne sont pas très clairs à ce sujet. Pour ce qui nous concerne, le Robert  nous dit : « Souffle créateur qui anime les écrivains, les artistes, les créateurs. » C’est ce que j’ai trouvé de mieux, c’est vous dire…

Je préfère ma définition. L’inspiration, c’est l’imagination en action.

Inspiration

 

                       Inspiration     Crédit : Skyline- Photo

                        Quelques citations :

  » L’inspiration, ce n’est peut-être que la joie d’écrire : elle ne la précède pas. »

Jules Renard, Journal 1893-1898

« Si je crois à l’inspiration ? Mais bien sûr ! Je crois même que tous les hommes sont inspirés. Ca s’appelle intuition. »

Max Jacob, Conseils à un jeune poète

Et ceci encore :

« Sans imagination il ne pourrait y avoir création. »

Albert Jacquard, Petite Philosophie à l’usage des non-philosophes

 

Quelles sont les sources d’inspiration pour écrire ?

 

Les sources d’inspiration sont les déclencheurs pour mettre en action votre imagination. Elles se trouvent partout :

– Dans votre vie

– Vos rencontres

– Vos expériences, heureuses ou malheureuses

– Vos souvenirs, heureux ou malheureux

– Vos lectures, toutes les sortes de lectures, et pas seulement les romans

– Les films, les reportages

– Les anecdotes que vos amis, connaissances, vous racontent

– Vos maladies

– Vos défis dans la vie

– Vos voyages

– Vos sentiments

– Vos émotionsImagination

                                                                                             Imagination   Crédit : Hartwig HKD

– Vos sensations

– Vos aventures amoureuses

– Vos amitiés

– Vos rapports avec vos enfants, votre famille

– Vos rapports avec votre patron, vos collègues, et même toute personne   rencontrée

– Vos rapports avec vous-même, votre vie intérieure

– Vos rêves nocturnes ou éveillés

– Vos fantasmes

– Vos désirs

– Vos plaisirs

– Vos peurs

– Les dictionnaires, les encyclopédies

– Internet

– La science, etc.

Vous l’avez peut-être remarqué, l’inspiration vient de votre extérieur et de votre intérieur.

Je pourrai continuer cette liste mais elle est sans fin. Il n’existe aucune limite aux sources d’inspiration car elles se trouvent dans la vie elle-même.

Votre imagination aussi est illimitée. Tout peut devenir prétexte à inspiration, tout peut déclencher votre imaginaire je dis bien en tout. Même un mot, un SEUL MOT !

 

                       Mon défi : une semaine, un texte

 

Il peut suffire d’un mot pour déclencher dans votre esprit une suite d’images, de sons, de lumières, d’odeurs, une anecdote, une scène de roman, un personnage ou même l‘idée complète d’un roman… Je me mets au défi de vous le prouver durant 3 mois !

Chaque semaine, j’ouvrirai un dictionnaire au hasard, les yeux fermés ; je pointerai le doigt sur une page. A partir du mot sur lequel je tomberai, j’écrirai un texte d’une vingtaine de lignes au minimum.

Je ne vous promets pas un chef-d’œuvre mais de vous apporter la preuve concrète que vous pouvez trouver l’inspiration partout.

Stylo-plume

 

 

                                                                                           Crédit : Hélène Villeneuve

La panne d’inspiration est un moyen facile de procrastiner, ne pas écrire, ne pas faire face à sa peur de mal écrire. La panne d’inspiration est un prétexte pour éviter de s’y mettre et d’être déçu par son texte. C’est le mal de l’écrivain débutant. Pourtant, c’est en écrivant qu’on devient écrivain.

Je me lance ce défi pour vous aider à combattre la procrastination et vous prouver que c’est possible. Notre imagination est sans limites.

Une fois par semaine, en plus de l’article habituel, je vous propose donc un texte écrit à partir d’un mot. Une semaine, un texte. Et vous, allez-vous me suivre ? Allez-vous en profiter pour écrire votre propre texte ? Combattre la procrastination ? Développer votre imagination ?

P.S : Dites-moi maintenant ce que vous pensez de mon défi dans vos commentaires. Allez vous aussi écrire votre propre texte ?

Vous donnez-vous tous les moyens d’écrire votre roman?

 Vous donnez-vous tous les moyens d’écrire votre roman ?

 Et pour commencer :

 Êtes-vous courageux ?

 

 Pour écrire, il vous faut surtout… du courage ! Car écrire, c’est du travail, de la sueur. De l’endurance. Un roman est un travail de longue haleine. Ce n’est pas la sueur du bucheron que vous transpirez, certes, mais c’est celle de l’intellectuel couplée à celle de l’artiste. Ça fait pas mal de transpiration…

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Crédit photo : Jean pool de lof

    Quelles compétences devez-vous développer ?

 

Pour réussir un bon roman, vous devez posséder en priorité deux sortes de compétences :

– les compétences de l’intellectuel permettent de réfléchir, disséquer, analyser, structurer, conclure

– les compétences de l’artiste permettent la libre imagination, l’accès aux symboles universels, à l’intuition, au rêve éveillé, à la créativité.

Il s’agit bien de travailler avec les compétences de vos deux hémisphères cérébraux.

«  Ouh là là ! Et si je ne suis ni intellectuel ni artiste, je fais comment ? » Je vous entends déjà ! Pas d’affolement : vous possédez déjà nombre de ces qualités sans le savoir. Il s’agit maintenant de prendre conscience de vos qualités pour les faire croître et les utiliser. D’en faire le meilleur usage. C’est possible si vous vous y attelez. Car écrire, je l’ai dit plus haut, c’est du travail. L’inspiration ne suffit pas.

                                          

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Crédit photo : Jeanne MenJ

    Combien de temps consacrez-vous à écrire votre roman ?

 

J’ai rencontré pas mal de gens qui se targuent d’écriture. Pourtant leurs résultats sont   médiocres, quasi inexistants. Combien de temps par semaine consacrent-ils à leur soi-disant passion ? Une heure ? Dix minutes ? Ou au contraire cinq heures, huit heures, dix heures ? Il ne s’agit pas de se rêver écrivain mais de passer à l’action ! Vous voulez écrire un roman ? Ecrivez !

 

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Crédit photo : Willy Revel

    Que devez-vous apprendre ?

 

Vous l’avez compris, je ne vais pas vous dorer la pilule. Par contre, si vous écrivez régulièrement et fort, il est impossible que vous n’ayez pas de bons résultats. Je dis bien impossible. Le talent est une chose que nous ne sommes pas en mesure d’acquérir. Mais les compétences, oui.

Vous devez apprendre à :

–  structurer un texte

–  traverser sans se décourager les moments de panne d’inspiration et rebondir

–  écrire un dialogue dynamique

–  façonner un personnage

–  inventer une intrigue palpitante

–  emmener le lecteur où vous le souhaitez

–  acquérir davantage de vocabulaire

–  se cultiver en littérature

–  lire de bons auteurs

–  travailler votre orthographe, grammaire, syntaxe

–  diversifier votre vocabulaire

–  développer votre imaginaire

–  et enfin créer, par la magie des mots, les émotions et les sensations de l’amour, l’amitié, la mort, la maladie, le suspense, la folie, le rire… Nous embarquer dans votre histoire.

Tout cela est possible, n’est-ce pas ?

J’en suis fermement convaincue. Apprendre à maîtriser tout cela, au final, quand le dernier point du roman est posé, fait toute la différence. Or nous sommes bien dans le domaine des compétences. Rien n’est inné dans les compétences : vous pouvez et devez les posséder pour rédiger le roman de vos rêves. Tout s’apprend.

 

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Crédit photo : D.C.Atty

    Faites-vous la différence ?

 

Georges Brassens a écrit : « Sans technique, un don n’est rien qu’une sale manie. » Je le confirme, quitte à me répéter : c’est par votre travail, votre apprentissage que vous ferez la différence. Si en route, vous vous apercevez que vous avez en plus du talent, c’est-à-dire des facilités pour l’expression écrite, ce sera la cerise sur le gâteau. Mais ne croyez pas alors que vous pourrez vous reposer sur vos lauriers car, là encore, votre travail et vos compétences feront la différence.

 

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Crédit photo : madhan r

    Vous cultivez-vous ?

 

Vous avez absolument besoin d’être pertinent, de vous renseigner, d’aller plus loin dans vos connaissances. Il existe des livres, des expositions, des ateliers, des blogs, des rencontres avec les auteurs…

De mon côté, j’ai décidé de vous offrir ce que j’ai appris en écriture. Osez écrire votre roman vous donne des outils pour mieux écrire, apprendre et progresser. Je l’ai conçu comme une boîte à outils et à motivation. Ne vous en privez pas ! Bien sûr, il débute. Il y aura des tâtonnements. J’ajusterai en fonction de vos demandes, vos commentaires. Car je suis là, moi aussi, pour faire la différence ! Alors pour les semaines, les mois, les années qui viennent, je vous propose :

–  les connaissances techniques indispensables à tout auteur de roman

–  des idées et exercices pour réveiller votre imagination

–  des partages de lectures qui m’ont particulièrement marquée pour leurs grandes qualités romanesques

–  des exemples de romanciers inspirants

–  de la motivation, de l’énergie, de l’enthousiasme

–  quelques excursions dans d’autres domaines littéraires comme le conte, la poésie, le théâtre car la littérature est un tout.

Bref, tout ce qu’il faut pour faire de vous un romancier.

Vous êtes le seul à pouvoir décider si vous vous lancez à fond dans cette merveilleuse aventure. Je vous le souhaite de tout cœur. L’écriture est un univers qui vous fait grandir, vous aide à vous épanouir et vous ouvre des horizons très vastes.

Alors vous passez à l’action ? Qu’écrirez-vous aujourd’hui ?

 

3713389497_3ccb157f0e_m                                                                                                                                                              Crédit photo : Frédéric Bisson

 

Et là vous vous demandez qui je suis pour prétendre vous donner des conseils littéraires ! Comme vous, je suis passionnée d’écriture et de littérature. J’ai reçu le Prix Matmut du 1er roman en 2014 pour Racines mêlées. Mon parcours est totalement atypique. Je vous raconterai ça dans mon prochain article.

 

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