Mon roman : Le Cheval de l’Irlandais

Le Cheval de l’Irlandais

roman

 

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   Elle est française, écrivain.
Il est américain, acteur et réalisateur.
Ils s’exilent sur une île grecque pour fuir leur passé.
Un étrange cheval roux provoque leur rencontre.
Mais Kevin disparaît. Anne part à sa recherche. Qui sont-ils réellement ? Parviendront-ils affronter leur destin et reconstruire leur identité ?

   Je me sentis sans défense, saisis mon fusil et le chargeai le plus silencieusement possible. Je tentai de comprendre : il fallait une voiture pour transporter une telle cargaison. Je fouillai la pénombre du regard. C’est alors que j’aperçus la masse sombre d’une camionnette à une trentaine de mètres du groupe. À l’opposé de mon bivouac, une piste descendait jusqu’à la plage, camouflée par la végétation touffue. Je n’y avais pas prêté attention. Les trois hommes commencèrent à traîner sur le sable la première caisse vers le véhicule qu’ils n’avaient pu faire rouler sur le sable. Je ne voyais pas très bien à cette distance. Quand j’entendis une portière claquer, mon cœur se serra douloureusement. Je tendis instinctivement la main vers Betty, dressée sur ses pattes, prête à jaillir comme une fusée sur la pente et à trahir ma présence. Je serrai mon arme dans ma main gauche, tendis la main droite pour saisir l’animal mais ne rencontrai que le vide. Betty émit un bêlement qui perça le silence de la nuit. Les trois inconnus se tournèrent dans ma direction tandis que je me collai contre le tronc de l’olivier. Trois voix chuchotèrent fébrilement ; le silence retomba. Je ne savais pas où était passée ma chèvre : je ne la voyais plus. Les hommes se penchèrent à nouveau et la deuxième caisse glissa sur le sable difficilement, en crissant. Puis je sentis contre ma jambe Betty mais elle s’éloigna à nouveau, fit un pas sur la pente et je sus qu’elle rejoindrait les trafiquants. Je me penchai pour l’attraper mais, plus prompte, elle m’évita. Mon pied heurta un caillou et je basculai dans le vide…

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Le résumé du roman :

 

Les personnages du Cheval de l’Irlandais sont brûlés par la passion de la vie, la création, la haine, la vengeance, l’appât du gain, l’amour, l’amitié… Ils sont entiers et rien chez eux n’est raisonnable.

Acteur-réalisateur américain, écrivaine française exilée sur une sauvage île grecque, Irlandaise délurée, Californien ironique, villageois grecs, bègue ou muet, chacun est dominé par ses émotions, emporté par ses sens, prêt à en découdre avec la vie.

Sur la minuscule île grecque où la fatalité exerce son pouvoir, un étrange cheval provoque la rencontre de l’écrivaine et du cinéaste, et bouleverse leur destin.

Quand le drame survient, chacun joue son rôle : certains passeront des larmes à la rédemption mais d’autres, emportés par la haine, mourront ou perdront leur liberté. Entre Grèce, Irlande et États-Unis, psychologie et suspense, Le Cheval de l’Irlandais évoque un monde où la nature de notre terre, des animaux et des hommes a tous les droits.

Ode aux créateurs et la création artistique, à la nature et la beauté, ce roman nous offre une balade dangereuse dans un univers de dureté où chacun, s’il s’en donne la peine, peut trouver la grâce.

Je te lis un extrait de mon roman :

 

 

Un passage du roman :

 

Toute la nuit, le rire des Dieux a tonné sur la Grèce. Les ruisseaux se sont assemblés pour former des torrents ; la terre s’est ravinée tandis que l’orage conspuait la Crète et les six mille îles grecques. Dans l’imagination des hommes et des bêtes, la mer s’est faite raz de marée. Et l’esprit de l’homme, égaré, attendait l’anéantissement du monde et la fin du chaos. Chacun, terrorisé, se tenait dans sa maison.
Les tourterelles se sont enfouies dans leurs nids, les renards dans leurs terriers. Les vieilles planches grinçaient, les toits criaient, les arbres gémissaient. Les femmes ont allumé des cierges et récité des litanies, les enfants se sont blottis dans leurs jupons, les hommes ont serré les dents, les poings et sorti leur blague à tabac. Seuls les vieillards n’avaient pas peur ; leurs yeux noirs luisaient toujours : qu’avaient-ils à perdre ? Ils étaient déjà entrés dans le néant.
   Le tonnerre claquait en blanchissant les fentes des portes et des fenêtres. Les dieux poursuivaient leur inextinguible rire. De qui pouvaient-ils se moquer ? Dans mon lit, terrée sous une épaisse couche de couvertures, enveloppée d’un grand châle, je me le demandais, en observant les larmes de rire des dieux, encore toutes brûlantes et parfumées de l’Olympe, sillonner le long de la vitre. Elles dégouttaient sur le monde, lavaient la feuille du laurier et du citronnier, l’écorce rude de l’orange, et l’odeur du thym et de la terre montait pour rejoindre les dieux impitoyables.
   Et bien qu’il n’en sût rien, l’esprit de l’homme, dans chaque foyer grec, revivait la même terreur sacrée que lors de l’antique déluge… Car la mémoire de l’homme est grande. Il ne s’agit pas de savoir si le déluge a existé mais d’admettre que les entrailles de l’homme se souviennent de cette fable.

Un dernier passage…

 

Les coups ébranlaient la maison. Je regardai le poêle, semblable à un œil rouge de cyclope éclairant la nuit, mais je savais qu’en cas de besoin nul géant ne viendrait à mon secours. Le crabe gigantesque nommé peur dévorait mes entrailles. Pour que cesse ce banquet destructeur, je pensai : « Qu’entre donc le monde et nous aviserons ! Nous apprendrons le partage ; on dit qu’à deux, l’humain devient plus fort. » Le crabe jouait avec mon ventre comme avec un poisson mort. Les coups redoublaient, assourdissants. Longtemps, la tempête m’avait guettée. Je serais à ma merci. Je fis jouer le loquet, poussai le lourd battant de bois. Comme un chat furieux, la tempête se ramassa, se rua, me lacéra. Je devins aveugle. Mon châle s’éparpilla aux vents sournois de la nuit et je titubai. Souples serpents, les vents se faufilaient dans ma maison avec des cris de loups.

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