//cdn.cookie-script.com/s/15e21e7a3a2dd5d59d3360fe4ee95a7f.js

Le jeu d’écriture numéro 4 : surprends-toi !

Écrire en sortant des sentiers battus ? Oui, oui, c’est le défi d’aujourd’hui. Surprends-toi !

Continuons avec le même enthousiasme notre Défi des 7 jours. As-tu lu les jeux d’écriture des participants sur le blog ? Il y a d’excellents textes.

J’espère que tu t’amuses bien, beaucoup même, et que tu sens que tu progresses. Dans ton imagination, ta manière de raconter, ta fluidité, et la mise en place de cette habitude pas si évidente mais tellement utile : écrire tous les jours.

Nous allons nous ʺattaquerʺ à un point que j’aime beaucoup : décrire la sensation. Mais pour que tu la décrives, il va falloir que tu la ressentes… Il faut faire appel à ton imagination la plus fertile et à ton corps : sentir, cela se passe dans ton corps, pas dans ta tête. Un grand défaut d’écriture est celui d’écrire seulement avec sa tête en négligeant les ressentis. Or ton lecteur a besoin de ressentir profondément ce que tu racontes. Il ne doit pas rester à distance dans le roman, la poésie. Il doit s’identifier aux ressentis de tes personnages. Prêt pour ce nouveau défi ?

 

Ton 4ème défi : la sensation

 

Mets-toi dans la peau de ton personnage : c’est un poisson des grands fonds.

Que voit-il, sent-il, ressent-il, fait-il ? Que voit-il ? Comment est-ce d’être dans la peau d’un poisson ? De sentir l’eau glisser sur ses écailles ? De sentir de mouvement de l’eau autour de soi ? La température de l’eau ? De bouger ses nageoires ? Etc. Il est prédateur ? Autre chose ? Mange-t-il, dort-il, nage-t-il ?     Où est-il ? Comment est-ce autour de lui ? Etc.

Raconte à la première personne ce que ressent et vit ce poisson en une page au minimum. Ce poisson, c’est toi !

Pour un roman, il faut savoir tout écrire… Même l’improbable ! C’est un excellent exercice d’assouplissement de l’esprit et l’imagination. Et c’est très ludique.

Écris un texte inspiré, passe une journée inspirée, et poste en commentaire ci-dessous ton nouveau jeu si tu désires être lu.

Et à demain pour le nouveau défi.

 

Si tu veux aller plus loin, regarde ce que je te propose ici (le tarif est dérisoire, moins d’un café par jour !) :

31 Jeux d’écriture pour t’améliorer en t’amusant 

Avec en bonus un groupe privé Facebook pour partager tes jeux d’écriture et rencontrer des passionnés d’écriture comme toi.

Qu’en penses-tu ?

 

illustrationTéléchargez votre Cadeau

9 Commentaires

  1. Philippe L

    Bonjour Laure,
    Avant de me lancer dans l’exercice, je pense qu’il y a une contradiction notoire entre « il faut faire appel à ton imagination » et « sentir, ça se passe dans ton corps, pas dans ta tête ». Pour moi, on n’imagine pas avec son corps, mais avec sa tête. Donc, là, je coince déjà.
    J’ai bien compris que l’exercice consiste à faire partager des ressentis avec le lecteur. Dans l’exercice, il est proposé de décrire le ressenti d’un poisson ! Comment en tant qu’humain, pourrais-je décrire ce que le poisson ressent vraiment ? Il est né dans l’eau, moi pas, il respire dans l’eau, moi, je suffoque, il a des écailles, moi pas …
    Je ne pourrais décrire que des ressentis en tant qu’humain dans l’eau, mais jamais comme un poisson. Moi, je peux avoir chaud ou froid dans telle condition, pas le poisson. Celui-ci connaît-il la peur ? Je n’en sais rien. A-t-il des appréhensions ? Projette-t-il de faire quelque chose deux heures plus tard ? etc.
    Ne pouvant pas ressentir ce qu’un poisson ressent réellement, si tu le veux bien, je vais approcher l’exercice en décrivant ce que moi, humain, je ressens au fond de l’eau et imaginer ce que le poisson pourrait ressentir éventuellement. Ça sera plus authentique, je crois.

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Quand je dis dans le corps, pas dans la tête, c’est juste une question de degré. La tête on ne peut jamais la quitter, elle est utile, nécessaire, indispensable et bien sûr elle imagine.
      Pour moi ce n’est pas contradictoire d’utiliser mon corps et ma tête pour imaginer. Je ressens toujours physiquement ce que j’écris quand c’est du domaine des sensations. C’est mon corps qui produit ces sensations et ma tête qui les traduit en mots. Sinon comment pourrais-je les décrire ? (Tu l’as vu dans mes poèmes, c’est comme ça que je fonctionne pour les écrire) Donc j’estime que mon corps imagine autant que ma tête.
      Quand on devient femme pour le besoin d’un roman et qu’on est homme, ou vice-versa, c’est la même chose : on se glisse dans la peau d’un autre qu’on ne sera jamais. Et on fait appel à son imagination. Et dans mon cas, c’est aussi un ressenti physique.
      Je pensais : imaginer comment ça se passe dans le corps du poisson, ce qu’il ressent. Parce qu’un poisson, ça ne pense pas autant qu’un humain… D’où l’idée de se focaliser sur les sensations.
      Prends ton angle d’attaque comme tu le sens, toi. Pourvu que tu te focalises sur les sensations afin que le lecteur en éprouve, lui aussi.
      C’est le but de ce jeu : partager des sensations. Du physique.

      Répondre
  2. Jean Marchal

    Bon, c’est vrai, il faut certainement une part de lâcher prise et oublier la rationalité. L’objectif final n’est pas de faire quelque chose de réel dans l’écriture. Il y a tellement d’écrits possibles.
    En bref, c’est un simple exercice, un peu comme une composition de droit public, ou bien de droit administratif, ce qui n’est pas l’objectif de notre coach en écritures, ou bien un rapport de gendarmerie
    Si on écrit un conte pour les enfants, sachant que les enfants dès l’âge de 3 ans à 3 ans et demi savent bien que les contes sont des contes…
    Ce que je comprends d’un poisson, c’est que le plus souvent il termine dans le ventre d’un autre poisson ou sinon, il termine das une boîte de conserves. Le poisson qui meurt de vieillesse dans un ephad car il a eu le covid 19 reste à imaginer.

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Haha, Jean, je ris : le poisson en ephad, je le vois dans son lit, branché partout, le drap blanc tiré jusqu’aux ouïes, je sens les écailles froides, je sens l’odeur du poisson, j’y suis. Excellent !
      Tu as tout résumé : lâcher prise et oublier la rationalité. Un texte littéraire, c’est aussi et surtout cela.
      J’attends ton texte sur le poisson en ephad maintenant… si l’envie t’emporte de l’écrire, surtout, partage-le nous ici !

      Répondre
  3. DIDIER Nicole

    La sensation
    J’e ne peux pas dire que j’ouvre d’abord un œil puis l’autre puisque même en dormant mes yeux ne se ferment pas. Cependant pendant ce court moment je ne vois rien ; je dois dormir le plus profondément possible en deux minutes car ma respiration est en pause aussi. Brusquement ma queue frappe l’eau comme un grand coup de bourrasque et c’est reparti. Je respire, je suis éveillé et j’avance. Mon acuité visuelle, même dans les profondeurs, illumine tout. Les couleurs marines me donnent soif, me donnent faim. Ma tête ou plutôt mes yeux se mettent à tourner pur inspecter les moindres algues, les coraux, sentir les mouvements grâce à mes longs poils et mes ouïes cachées. L’eau effleure ma peau rugueuse. Elle est suffisamment chaude, mon énergie me reste tout entière ; je n’ai pas besoin d’en utiliser pour réguler ma température corporelle. J’aperçois alors une proie juste sous la surface. Je dois estimer sa taille, son poids. Je tourne autour de son ombre, une fois, deux fois. Vais-je l’attaquer de front, de dos, à la verticale ? Je plonge à nouveau, je remonte pour mieux estimer ; je recommence à tournoyer. Ma queue, mes nageoires s’agitent ; enfin, je me décide. Ma mâchoire s’ouvre, happe la proie ; oups ! ma dentition s’entrechoque sur un morceau de bois. J’ai essayé, j’y ai cru § Je ne suis qu’un grand poisson des grands fonds. Je retourne lentement dans mon nid si douillet, sur mon fond sableux ; j’ouvre la bouche, happe les planctons et savoure avec une sérénité ce que j’appréciais jusqu’à maintenant. Je me souviens, il me semble, que des personnes ont essayé de m’hypnotiser en pinçant ma nageoire caudale. Pendant qu’une main caressait de ma nageoire pelvienne jusqu’au ventre, une autre gratouillait mes fentes branchiales jusqu’au museau. Je m’attendais à éternuer sans jamais y parvenir J’ai l’esprit embrouillé. Est-ce-que j’ai rêvé ? Cependant, sur ma nageoire dorsale, j’ai une étiquette sur laquelle aiment se coller les coquillages. Et si d’ores et déjà, je me métamorphosais …

    Répondre
  4. Sérina

    Bonjour, ma participation quotidienne.

    J’ouvre mes gros yeux globuleux après une sieste bien méritée, et donne quelques battements de nageoire pour émerger du rocher sous lequel je m’étais caché. Je connais bien la chanson dans mon univers pour avoir vu nombre de mes partenaires happés par un spécimen plus gros qu’eux : discrétion est mère de sûreté. C’est pourquoi je cherche toujours un abri où je peux me lover et dormir en paix. L’eau dans laquelle je vis est froide mais cela ne me dérange nullement, ma température corporelle varie en fonction de celle qui m’entoure et je nage doucement, indifférent à la fraîcheur de l’endroit. J’avale quelques petits poissons en passant – désolé les p’tits gars mais c’est la vie. J’aimerais rire mais je ne peux pas, mon corps n’a pas été prévu pour cela. Juste le stricte nécessaire. Des branchies pour respirer sous l’eau – et j’en suis plutôt fier, dommage pour les bipèdes qui vivent sur la terre ferme – ; des nageoires pour me déplacer souplement ; une mâchoire histoire de me sustenter ; des écailles pour protéger ma peau – bien pratiques, nul besoin de crème hydratante – ; des yeux pour repérer les frêles petits poissons et planctons dont je vais me délecter. Et un système reproductif du tonnerre. Pas d’accouchement larmoyant et grimaçant pour nous les poissons, le panard je ne vous raconte pas ! Là où je vis il ne se passe pas grand-chose, pas de cinéma ni de boîtes de nuit, si vous vous imaginez qu’un mini monde calqué sur celui des humains vit au fond des océans, alors vous êtes sacrément crédules croyez-moi ! Enfin, pas dans MON océan. Dans mon océan, il y a de l’eau, des coraux, certains bipèdes viennent d’ailleurs les observer. Encore une fois, dommage que je ne puisse pas rire, franchement, vous avez vu leur dégaine en combinaison ultra moulante ? On trouve également des carcasses de bateau, ceux-là n’ont pas eu de chance. Dans mon océan il existe une multitude d’espèces magnifiques -ou moins, certains sont vraiment hideux, je passe pour le beau gosse de service à côté d’eux – des algues de toutes les couleurs. Et cette eau, partout, tantôt bleue, tantôt sombre. Depuis un moment, on aperçoit au loin une montagne qui s’élève. Bizarre, biscornue et malodorante. Je ne m’en approche jamais, elle ne m’attire pas, on dirait un tas d’ordures. Je continue mes va-et-vient en happant ce qui se trouve à ma portée, esquivant les gros poissons qui eux aussi ne pensent qu’à une chose : manger plus petit qu’eux ! Les baleines sont horribles vu d’ici, elles peuvent avaler des tonnes de poisson en un rien de temps. Et il n’y a pas grand-chose à faire lorsque vous êtes aspiré par l’une d’entre elle. Mais j’y pense, si certains croient que des sirènes vivent dans des eaux salées, alors peut-être que des milliers de poissons vivent tranquillement dans le ventre des baleines ? Mince, je ne peux même pas rire de ma blague. Quelle tristesse cette vie de poisson.

    Répondre
  5. Nicolas

    Hummmm, l’eau est bien fraîche ce matin, il est temps de s’ébrouer, j’ai faim. Je vais sortir de mon trou et aller voir du côté sud de la digue Berry, vers la station d’épuration. Il y aura les alevins que j’adore avaler, ils sont tendres et gouteux. Et puis là-bas, cette eau est pleine d’oligoéléments, on s’y régale…
    Mais avant cette collation matinale, je dois faire un bout de chemin. Il faut que je quitte les grands fonds du cap Caveau, que je remonte le long de la baie du Grand Soufre, à contrecourant, en longeant les rochers au plus près pour éventuellement me délecter d’un banc de petites dorades ou de muges, en évitant de passer trop près des trous de murènes, elles ne m’aiment pas. On m’appelle Jojo, les jeunes ne me connaissent sans doute pas, mais les humains de plus de 60 ans sauront qui je suis, ce beau mérou devenu une star grâce au Commandant… Oui Jean Yves, ces humains qui se prenaient pour des poissons et ont tant fait pour nager sous l’eau… Oui, Cousteau évidemment…
    Je quitte ma caverne pleine de coraux à plus de 50 m de fond en caressant de belles gorgones violettes qui tapissent l’entrée et je remonte doucement vers la lumière et ce beau bleu qui scintille là-haut. Les éclats de soleil dans les vagues m’attirent, il y fait sans doute plus chaud, car il n’y a pas eu trop de mistral ces derniers jours et l’eau doit atteindre les 25 à 26 degrés en surface, peut-être plus d’ailleurs car j’ai aperçu des baigneurs ces derniers jours et de nombreux plongeurs et chasseurs accoutrés de leurs tenues noires et leurs longues nageoires au bout des jambes. Ils sont bizarres ces humains, mais surtout, attention, ils sont dangereux.
    L’eau est douce, et mes muscles de nageoires en forme, il est temps d’avancer plus vite. Je manœuvre facilement dans le courant en ressentant les effets de l’eau sur ma nageoire dorsale et sa pression sur ma caudale à chaque mouvement latéral qui me propulse tranquillement.
    Là, à bâbord, vers le milieu de la baie, j’aperçois en surface un banc de sardines serrées les unes sur les autres. Tout le banc pivote et virevolte pour se défendre des gabians qui plongent pour en attraper au vol. Les mouvements du banc très serré sont souples et agiles, comme de très légers voiles bleutés avec des nuances de gris, scintillant dans les reflets du soleil. Les gabians flottent en bande eux aussi, puis ils décollent pour prendre de l’altitude et plongent dès qu’ils voient une sardine qui s’échappe du banc et ose nager en eau libre près de la surface… Elle est folle, son espérance de vie est plus que réduite. Effectivement, elle est vite gobée par un jeune gabian de l’année.
    A 10 m sous moi, je vois soudain Némo, un cousin, il poursuit une belle dorade en tentant de l’avaler. Depuis que les humains ont posé plusieurs récifs artificiels dans la baie de Marseille, ma famille se développe car nous sommes strictement protégés et l’eau de la baie s’améliore. Ces récifs hébergent des coquillages appétissants, des seiches et calamars délicieux, de très nombreux crabes dont je me régale, des poulpes qui s’abritent dans les caches qu’ils ont attachées aux récifs, qui font un excellent dessert, et même quelques langoustes que j’évite, par contre, car leurs piquants sont très agressifs. Nous sommes les rois de la baie et la preuve que l’eau devient de plus en plus saine. En bons prédateurs, nous attaquons les poissons, les seiches, calamars et poulpes, ainsi que quelques coquillages, et nous nettoyons et enlevons ce qui est en trop dans l’écosystème marseillais. Ce n’est pas ce qui manque…
    Mais qu’y a-t-il là-bas plus à l’est ? Je distingue un flotteur rouge bougeant sur les vagues, et à proximité la trace grise d’un pneumatique, et quelques mètres plus loin un autre flotteur orange… Oh, il doit y avoir des plongeurs en chasse… Je vais faire un détour et surtout descendre plus bas pour les éviter. Ils n’ont pas le droit de me tirer mais on ne sait jamais, mieux vaut prendre des précautions, car ils m’adorent, il paraît que ma chair est excellente.
    En descendant, l’eau est plus froide et la lumière plus ténue. Les reflets des vagues sont réellement remarquables là-haut, avec des éclats cristallins ou argentés et dorés et de temps à autre suivant les vagues, bleutés, et même violets. Je dois descendre au plus vite vers des profondeurs suffisantes pour éviter les humains qui doivent être ce jour en concours de chasse sous-marine tellement j’en vois. Je constate qu’ils descendent vraiment profond, je suis à 30 m environ, d’après la pression sur mes écailles, et j’en vois un à tribord qui descend plus bas vers un trou. Il a dû repérer une belle rascasse.
    Arrivé vers les 60 mètres de profondeur, à l’abri des chasseurs, la mer est nettement plus sombre, la lumière y arrivant très faiblement, je cherche de mes yeux très agiles et adaptés aux abysses, une anfractuosité où je pourrai me reposer et me dissimuler pour quelques temps. J’y trouverai éventuellement quelques coquillages à me mettre sous les dents.
    Oh mais je ne connaissais pas cette grotte, petite, mais si accueillante avec tous ces coraux rouge vif et ses belles gorgones rouges et violettes. Ah, il y a même une voisine, une belle langouste qui joue de ses antennes et illumine ce lieu de ses nombreuses nuances du bleu au pourpre en passant par plusieurs teintes de rose. Je découvre au fond quelques coquillages appétissants qui vont me faire un excellent met. Un poulpe sort de sa cachette en me voyant arriver, je le poursuis rapidement et attrape une de ses tentacules… Voilà un bon repas avalé, je vais pouvoir me reposer dans cette grotte, à l’abri des importuns. Avant de sombrer dans un sommeil bien mérité, j’espère que Némo ne terminera pas en dessin animé…

    Répondre
  6. Mady Tabel

    Mady 4e défi

    Vivre dans les fonds marins est un privilège, j’en ai bien conscience : je suis entouré de récifs et de coraux somptueux ! Moi-même, je suis bien obligé de dire que je ne suis pas ordinaire. Et je sais que je vous intrigue .
    Je suis le grand poisson-lune et, quand je me glisse en eaux profondes, mon corps s’abandonne à leurs caresses à la fois douces et vigoureuses, c’est divin ! Un coup de nageoire à gauche, un coup de nageoire à droite, je tourne et retourne , je me sens si léger que je m’offre des bonds au-dessus de l’eau encore et encore
    . Vous appelleriez ça le paradis !
    Il n’empêche que je suis un peu fatigué. Mais regardez comme il est facile de trouver un endroit idéal pour se reposer, un endroit qui s’accorde naturellement aux exigences de ma taille d’environ 2 mètres et de mon poids de 1000 kilos environ . Un petit somme et je reviens.
    Et me revoilà, prêt à surveiller les environs. Mon double souci : surveiller s’il n’y a pas de prédateurs dans les environs et repérer mes proies. Mais je suis malgré tout un géant impressionnant et je décourage assez vite ceux qui ont l’audace de s’attaquer à moi ! Je pourrais même me remplir d’air ou d’eau en quelques instants, je deviens alors le poisson ballon et encore plus imposant que d’ordinaire, ce qui arrête net les audacieux qui souhaiteraient trouver ma faille.

    J’ai pourtant un ennemi horrible qui terrasse dans de longues souffrances même des animaux d’une taille énorme ! Il est notre cauchemar à tous , le sac en plastique ! Comment des gens peuvent-ils nous envoyer cette horrible menace ?
    Je dois y f être particulièrement attentif parce qu’on le confond facilement avec une méduse . Or, les méduses sont ma principale nourriture et le géant que je suis en mange énormément !
    Je viens de dire que je suis un géant Mais je me distingue des autres poissons des fonds marins par mon élégance : mais oui !
    Si des pêcheurs remontent un poisson des profondeurs, il se pose comme une flaque sur la plage, aucune forme, guère d’attrait .
    Mais moi – je le dis dans un souci d’exactitude – je suis un poisson osseux, le plus grand et le plus lourd, donc je ne m’affale pas, comme un sac de gélatine !
    Je suis victime d’une médisance qui me chagrine : on me dit paresseux ! C’est clairement un scandale ! Bien sûr, il m’arrive de flotter en surface pour me réchauffer. Par nécessité. Il fait très froid dans les profondeurs, j’ai besoin de récupérer de la chaleur et de l’énergie. Où est la paresse ? Des jaloux, bien sûr !
    J’ai encore une particularité – que vous ne me jalouserez pas – je mange beaucoup et, toute ma vie, je vais grossir et grandir. Toujours.
    Je vous ai donné l’impression que j’étais un peu prétentieux mais, en vérité, j’ai un grave complexe : je suis tout plat de face, bouffi de profil mais, comme vous êtes gentils, vous allez sûrement admettre que l’animal étrange que je suis est quand même exceptionnel, non ?

    Répondre
  7. Philippe L

    Depuis que j’ai vu le Grand Bleu au cinéma, je suis fasciné par les plongeurs en apnée qui pulvérisent des records de descente en eau profonde. Curieux de nature, je me suis prêté à l’exercice, non sans m’être entraîné au préalable.
    La première fois, j’ai plongé en bassin de cinq mètres de profondeur. Sous les trois mètres, mes tympans me font un mal de chien. Me mettre la tête dans l’étau me ferait le même effet. J’ai l’impression que mon crâne s’est comprimé, au point que le diamètre mesure dix centimètres de moins. Étrangement, le silence est apaisant. À part les plongeons sporadiques de quelques nageurs, je n’entends rien. Ou plutôt si, un son de télévision quand il n’y a plus aucune émission. On disait, la neige, à l’époque. Un tchiiit continu. À cette profondeur, je vois parfaitement autour de moi, mais au maximum à trois mètres, pas plus. La température de l’eau est tiède. Tout va bien.
    Quelques mois plus tard, vint le jour de la plongée en eau de mer. Je parviens à tenir trois minutes en apnée, quand je ne me démène pas trop. L’eau est bonne, mais plus froide qu’en bassin, même en été. Au moment de l’immersion dans l’eau, j’ai un besoin irrépressible de prendre une grande inspiration, tellement le contraste avec ma température corporelle est grand. Je dois nager un quart d’heure avant de plonger pour m’habituer à la température ambiante.
    Je plonge et l’eau limpide me permet d’observer toutes les beautés dont regorge la mer : des rochers, des petits poissons, des crustacés, des algues … Dès cinq mètres de profondeur, le froid se fait sentir. Le déplacement dans l’eau me donne cette sensation de me déplacer dans un congélateur. Mon truc : me laisser descendre en douceur, presque sans mouvements. Je m’amuse de voir ces petits poissons me tourner autour. Ma présence ne les perturbe pas plus que ça. Ils doivent se dire : tiens, un humain.
    J’ai opté pour une palme unique, comme si j’avais une grande nageoire caudale. Ça me donne l’effet d’être une baleine. Je m’enfonce un peu plus. Le froid m’enfonce de petites aiguilles dans ma peau. Il fait plus opaque, déjà. Je ne suis qu’à dix mètres, pourtant. Se mouvoir demande plus d’efforts. Je me sens oppressé comme si sur terre, la pesanteur avait triplé. Le simple fait de bouger devient pénible.
    Un mois plus tard, mes progrès en apnée et en contrôle de mes pulsations me permettent de tenir plus de quatre minutes sans respirer. Je m’enfonce à vingt mètres, grâce à ma ceinture lestée. Il fait sombre. Le silence est omniprésent, pesant. On ne peut pas s’imaginer l’effet que ça fait d’entendre ses propres pulsations sans autre bruit autour. C’est angoissant, mais on s’y fait. Je porte une combinaison de plongée, car le froid m’engourdirait trop pour me mouvoir. Merde ! Je saigne du nez. Je remonte, en tentant d’éviter la panique. Je dois me reposer quelques jours, sans plonger.
    Août. J’ai encore progressé. J’ai loué un scooter sous-marin pour m’enfoncer à trente mètres sans encombre. Mes tympans et mon nez tiennent le coup. Je me sens écrasé par la pression de l’eau. À certains endroits, je touche le fond de la mer. Des tas de mollusques disparaissent dans le sable à mon passage. La mer est une jungle. Le grand poisson mange le petit. À quoi peut bien penser un poisson ? Celui-ci ne pense qu’à se nourrir, apparemment. Il n’a pas vu l’autre qui lui fonçait dessus. Crac, il s’est fait bouffer. Impitoyable ! Des morceaux sont éparpillés partout. C’est la première fois que j’assiste à une chasse sous-marine en direct.
    Les poissons ne semblent pas ressentir la peur ni l’angoisse, comme les humains. Par instinct, ils savent qu’ils doivent fuir certains poissons, mais après quelques coups de nageoires, ils s’arrêtent et se remettent en quête de nourriture. Mémoire de poisson rouge, dit-on. Leur état d’âme, n’en parlons pas. Le poisson qui nageait dans le sillage de la victime ne semble pas affecté le moins du monde de la disparition de son comparse. Il happe des matières informes, nage ça et là, aucune tristesse ressentie. On est loin du Monde de Némo.
    Malgré le froid et la pression de l’eau, je me sens libre, apaisé, comme sur un nuage, mais aquatique. Mes capacités thoraciques mises à part, le temps n’existe pas sous l’eau. C’est fou ce qu’en une poignée de secondes, on peut observer de choses différentes. Le monde du silence bouge tout le temps. Suis-je resté en bas une minute, deux ou trois ? Je dois consulter ma montre pour en être certain.
    Les poissons s’ennuient-ils ? Les journées leur paraissent-elles longues ? S’en fichent-ils ? Nous, on a des loisirs, une profession, des amis, de la famille. Pas eux. Et dorment-ils seulement ? Je me suis laissé dire qu’un poisson qui ne nageait pas coulait. Leur système nerveux permettrait-il une semi-conscience pour les maintenir entre deux eaux ? Ou, n’ayant pas un cerveau développé, n’ont-ils pas besoin de sommeil, contrairement à nous ?
    Je repense maintenant à la fin du Grand Bleu. Jaques Mayol lâche le filin d’acier et s’éloigne avec son dauphin. Et si je continuais au lieu de remonter ? Je me sens si bien, loin des vicissitudes terrestres. Je ne peux pas parler de l’ivresse des profondeurs, puisque je retiens ma respiration. Une euphorie m’envahit pourtant. Je me sens invincible, inarrêtable, je ne sais pas pourquoi. Je ne ressens même pas le besoin de remonter pour respirer. C’est ça qui est le plus grave, je devrais m’en inquiéter, mais je m’en fous. Finalement, je suis retourné dans mon milieu d’origine, aqueux, du ventre de ma mère, où j’étais si bien… J’y suis, j’y reste.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *