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Comment structurer une histoire ? Les étapes.

Comment structurer une histoire, un roman ? Les différentes étapes.

 

Structurer une histoire est difficile. Ne rien oublier, ne rien mettre de trop, maintenir l’enthousiasme du lecteur, doser les péripéties, instaurer une psychologie et une atmosphère auxquelles il croit, créer des personnages auxquels il s’identifie facilement, tout cela s’apprend.

J’ai créé mes romans d’instinct toute ma vie avec les difficultés que cela suppose. J’ai beaucoup tâtonné, erré. Pour finalement découvrir, plus que tardivement, qu’il existe une structure facilement adaptable à tous les romans, contes, nouvelles de tous genres.

Cette structure, tu la connais donc car tu l’as souvent lue à travers la majorité des livres que tu as dévoré, y compris à travers les films que tu as vu. Tu n’en as pas été conscient mais cette structure romanesque ou scénaristique t’emmenait à chaque fois où elle voulait. Le créateur est un gentil manipulateur, ne l’oublions pas. Si je dois te citer un exemple de cette structure quasiment plaquée à la lettre, c’est celle de La guerre des étoiles (le premier sorti en salle, en 1977.) Georges Lucas ne s’est jamais caché d’avoir lu les livres de Joseph Campbell et de s’en être inspiré pour construire son premier scénario. Tous les films de Star Wars qui ont suivi s’inspirent de cette structure. Maintenant, tu pourras t’amuser à les décortiquer en les revoyant !

 

Crédit photo : Frédéric Brisson

 

Joseph Campbell a écrit le premier un livre qui a fait date et le fait encore sur le sujet. Il y avait eu auparavant d’autres écrits concernant les histoires, contes, légendes, le folklore, mais ils n’avaient pas rencontré un succès populaire, sans doute parce qu’ils étaient confinés à une sphère d’érudits. Je te conseille de lire ce livre qui connu le succès et a fait prendre conscience aux écrivains et scénaristes que les histoires de toutes les civilisations contiennent toutes des éléments équivalents : Le héros aux mille et un visages. C’est du reste en partie de ce livre dont je m’inspire pour t’écrire cet article.

Dans les années 1970, Christopher Vogler, stagiaire à Hollywood le découvrit, le lut, et le trouva si extraordinaire qu’il en tira la substantifique moelle dans un mémoire qu’il rédigea et qui se mit à faire le tour des studios, à sa grande surprise. Les scénaristes ne le lâchaient plus et je crois bien qu’ils ne le lâchent toujours pas. Je regardais dimanche Iron Man 3 avec ma fille et j’y ai retrouvé la structure entière que je vais te décrire. Allons-y !

La structure du best-seller ou du blockbuster se divise en 3 actes. Tu peux attribuer en gros 25% de l’histoire à l’acte 1, 50% à l’acte 2, et à nouveau 25% à l’acte 3.

Acte 1

 

L’auteur présente les personnages, leurs enjeux, la période historique, l’atmosphère, etc. Bref, il expose tout ce qui met en place l’histoire et nous suggère de quoi va parler cette histoire.

Il est important d’y semer des indices, des micros-événements qui feront basculer plus tard cette histoire vers l’action (cela fonctionne de la même manière même pour un roman psychologique.)

Pivot 1

 

Ce pivot arrive à la fin de l’acte 1. Un pivot est un moment qui apporte l’annonce d’un changement important et fait bifurquer le héros de ses habitudes (voyage, nouveau travail, etc.) Cela peut être du à un choix, un accident, un événement imprévu, etc. Il annonce l’acte 2.

 

Crédit photo : I’m harry Freakin’ Potter

Acte 2

 

Le héros fait connaissance avec un nouvel environnement. Le décor change. Il peut faire de nouvelles rencontres. Souviens-toi d’Harry Potter dans le train, se dirigeant vers Poudlard, là où il rencontre pour la première fois Hermione et Ron… Il entre de plein pied avec son histoire. Et pour le lecteur, l’histoire commence vraiment. Il a maintenant suffisamment d’éléments pour comprendre le héros (si c’est un groupe de héros, un clan, cela fonctionne aussi de la même façon.)

A l’intérieur de cet acte 2, tu trouves deux grandes parties :

Une 1ère partie, dite Fun and games (expression de Blake Snyder, grand scénariste américain qui a même vendu l’un de ses scénarios à Spielberg.)

Une 2ème partie, dite Ventre de la baleine (cette expression est de Joseph Campbell.)

Tu vas voir, c’est simple :

1ère partie, Fun and games

 

Le héros est plutôt bien et détendu, il est même enthousiaste et le lecteur se laisse prendre aussi au jeu. L’atmosphère de son nouvel environnement est sympathique. Tout baigne. Pas de tension. Cette partie mène au pivot n°2.

Pivot 2

 

Soudain, plus rien ne va ! Un événement, un accident, une découverte conduit le héros à un point de non-retour. L’ambiance retombe comme un soufflet. La tension monte. A ce stade-là, tu te trouves à la moitié de l’acte 2 et donc de toute l’histoire. Bien entendu, ceci reste théorique et tu peux rendre des distances par rapport à cette structure. Néanmoins, elle est un excellent guide duquel tu peux t’inspirer, à ta manière bien entendu.

2ème partie, le Ventre de la baleine

 

Nous entrons dans le drame. Tout devient beaucoup plus grave, les événements, les péripéties s’enchaînent sans répit, le héros se sent englouti. Dans les contes et légendes, l’atmosphère est tellement noire que l’histoire peut se dérouler dans des souterrains, des forêts bien sombres, etc. Dans un policier, ce peut être la nuit. Dans mon roman Racines mêlées, cela se passe sous un soleil fou qui brûle la terre comme une braise. Bref, veille à ton atmosphère.

Pivot 3

 

Là, un événement encore plus dramatique va submerger notre héros. Il faut que ce soit grave : une mort, une trahison, un échec… Le héros est plongé dans une impasse. Il pense ne jamais s’en sortir. Quant à nous, nous nous demandons s’il va s’en sortir et comment ?

Mais le héros -qui a forcément grandi d’un point de vue psychologique durant toute cette histoire- parvient à prendre du recul et considérer les événements dans lequel il est plongé sous un œil différent. C’est la révélation. Il peut avoir une illumination, découvrir un secret, trouver une preuve, bref il trouve une solution à son problème.

 

Crédit photo : carlos

Acte 3

 

Le héros est acheminé naturellement vers l’acte 3. Puisqu’il a trouvé la solution, tous les nœuds dramatiques noués depuis le commencement de l’histoire se dénouent. Tout trouve sa résolution. Pour cela, il va passer par la scène qui est souvent la plus dure de l’histoire :

Le climax

 

En général, le héros se trouve face à son adversaire. C’est une lutte, une bataille. Dans un policier, le flic se trouve face au voyou. Dans un roman psychologique, c’est souvent un face à face entre deux personnages et le duel sera souvent un dialogue. Bref, c’est la fin avec sa solution ou sa résolution.

Cette fin, il faut qu’elle soit à la fois surprenante mais plausible. C’est là toute la finesse et la difficulté de cette fin. Ne pas décevoir le lecteur, penses-y.

Evidement, si tu ne choisis pas une happy end, c’est malgré tout une résolution -radicale- à tout les problèmes du héros : sa fuite, sa mort, son emprisonnement, sa déception, etc.

Le voyage du héros

 

Finalement, ce qui compte, tu l’auras saisi, c’est d’amener, à travers des péripéties qui mettent en scène la vie, ton héros d’un état à un autre. De le transformer, lui donner une nouvelle maturité. Il pourra en faire ce qu’il veut : décider de revenir à son point de départ avec un regard neuf sur l’existence ou s’en éloigner à tout jamais et explorer une autre manière d’être au monde. Cette histoire qui l’emmène d’un point à un autre, c’est ce que, dans son ouvrage Le héros aux mille et un visages, Joseph Campbell a nommé « le voyage du héros », c’est-à-dire sa quête initiatique. Il distingue 17 étapes durant ce voyage. Là, je te l’ai un peu simplifié mais tu peux déjà bâtir une histoire qui tient la route avec cette structure. Elle suit exactement les grandes lignes décrites par Josep Campbell. Avec cela, tu es certain que ton lecteur ne va pas s’ennuyer et qu’il va parfaitement s’identifier à ton héros.

Les théoriciens qui s’occupent de narratologie ont observé des ressemblances au travers des milliers de contes, légendes, d’histoires lues et entendues à travers toutes les civilisations depuis la nuit des temps ; ils se sont énormément servis aussi des textes sacrés et de toutes les mythologies. Joseph Campbell a lui mis en relief cette structure narrative qui a ceci d’étonnant d’être commune à tous les peuples depuis toujours.

De quoi réfléchir sur notre structure interne, notre psyché, notre mémoire et inconscients collectifs. Pour cela, je te renvoie aux ouvrages du psychiatre Carl Gustav Young avec lequel Joseph Campbell était parfaitement d’accord puisqu’il pensait également que nous fonctionnons tous sur des archétypes.

 

Crédit photo : carlosCrédit photo : dynamosquito

 

Je t’ai simplifié cette structure parce qu’un article n’y suffirait pas. Si tu veux la connaître dans son entièreté, je te poste en bas de l’article des références de livres à lire. Tu peux trouver cette quête initiatique du héros telle que l’a théorisée Christopher Vogler dans Le voyage du héros, où il décrit ce qu’il considère comme les 12 étapes exactes de ce voyage qui transforme un simple homme, ou même un simple enfant, en héros et en mythe.

Cette structure que tu vas retrouver dans quasiment toutes les histoires et les scénarios, si tu te donnes la peine de les observer dorénavant, tu peux bien sûr l’utiliser pour ton propre roman. Il ne s’agit pas de la singer bêtement mais de la faire tienne, la nuancer, y apporter ta personnalité. Je pense qu’on écrit naturellement de cette façon, car cette structure est ancrée dans notre inconscient collectif, mais que de le savoir et la connaître peut t’aider à aller plus vite, et à rétablir plus facilement ce qui semblait te manquer dans ton récit et que tu cherchais sans le trouver, ou à ôter ce qui te semblait de trop mais que tu hésitais à supprimer.

J’espère que cet article t’aura aidé. Je lirai avec grand plaisir ce que tu penses de cette structure universelle d’histoire, qui façonne les grands succès, des best-sellers aux blockbusters.

 

Mircea Eliade
Crédit photo : Joe Starling

 

Quelques notions complémentaires à creuser si tu en as l’envie et la curiosité :

 

Mircea Eliade était un romancier roumain, un historien des religions, mythologue et philosophe historien. Considéré comme l’un des fondateurs de l’histoire moderne des religions, il a écrit entre autres Le mythe de l’éternel retour, et le Traité d’histoire des religions.

Le mythe de l’éternel retour, Mircea Eliade                 

 

Vladimir Propp, russe, né en 1895,il  analysa 31 étapes dans les contes de fées : Morphologie du conte. 1950. Il travailla beaucoup à partir des contes et du folklore.

Morphologie du conte, Vladimir Propp                         

Joseph Campbell, américain, proposa 17étapes signifiantes aux histoires et contes. Il publia Le héros aux mille et un visages en 1949, année où parurent le Traité d’histoire des religions et Le mythe de l’éternel retour de Mircea Eliade.

« Il n’existe pas de clef absolue pour l’interprétation des mythes et il n’en existera jamais. […] Les points de vue diffèrent selon ceux qui la jugent. Car, étudiée non pas en fonction de ce qu’elle est, mais en fonction du rôle qu’elle joue, de la manière dont elle a servi l’homme dans le passé, dont elle peut le servir aujourd’hui, la mythologie se révèle tout autant que la vie, soumise aux obsessions et aux besoins de l’individu, de la race ou de l’époque » 

« Un héros s’aventure à quitter le monde du quotidien pour un territoire aux prodiges surnaturels : il y rencontre des forces fabuleuses et y remporte une victoire décisive. Le héros revient de cette mystérieuse aventure avec la faculté de conférer des pouvoirs à ses proches. »

Le héros aux mille et un visages

Le monomythe est un concept qu’il développa dès les années 40 : il pensait que tous les mythes du monde racontent la même histoire sous des formes, des variations diverses.

Le héros aux mille et un visages, Joseph Campbell      

 

Christopher Vogler, américain,jeune stagiaire aux studios Disney, lut Le héros aux mille et un visages alors qu’il avait la charge fastidieuse d’écrémer des piles de scénarios pour découvrir la perle rare. Il rédigea alors un mémo de 7 pages, Un guide pratique du héros aux mille visages, sur les structures d’histoires qui lui semblaient fonctionner, s’inspirant du travail de Joseph Campbell. Son mémo fit le tour des studios, facilitant énormément le travail de tous les autres stagiaires à la recherche du scénario rare. Leurs choix se faisant plus efficaces et pertinents, les cadres s’intéressèrent à son mémo, son travail et lui-même. Il est ainsi devenu un des consultants en scénarios les plus connus au monde. Il a travaillé sur Le Roi Lion, le Cercle Rouge, Anna et le Roi… Devant le succès de son mémo, il écrivit  Le Guide du Scénariste (The Writer’s Journey), considéré comme une bible par les écrivains de scénarios. Il a donné en 2012, parrainé par Alexandre Astier, une masterclass à Lyon ! Ca a dû être un grand moment…J’aurais aimé y être ! Et il y en a eu d’autres. Je te laisse te renseigner si cela t’intéresses d’y participer.

Le guide du scénariste, Christopher Volgler                   

 

N’oublie pas de me donner tes retours dans les commentaires. Et d’écrire avec passion.

 

 

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Interview de Malik Kahli, écrivain autoédité

Je t’offre une longue interview de Malik Kahli, écrivain autoédité, que je viens de réaliser.

A cette occasion, je suis heureuse de t’annoncer que j’ouvre ma chaîne YouTube où je te parlerai d’inspiration, motivation, de techniques pour mieux écrire, et de bonnes lectures. Avec bien entendu d’autres interviews d’auteurs.

Malik Kahli, auteur autoédité sur Amazon, te parle de ses deux livres, un roman et un guide d’écriture, qui vient de paraître, dans lequel il aide à mieux écrire et connaître la manière de publier efficacement sur Amazon (et ça, ça vaut de l’or!)

Cette interview est réalisée par Skype car Malik, écrivain français, vit à New-York !

Comme c’est la première vidéo et interview que je réalise, tu me pardonnera mes erreurs. J’ai beaucoup appris :

  • ne pas se mettre si près de la caméra (je suis floue et déformée, mais tout va bien!)
  • prévoir un éclairage supplémentaire
  • arrêter de remuer sur ma chaise parce que je donne le tournis
  • et surtout moins parler parce que je suis trop bavarde.

Mais rassure-toi, l’interview de Malik est géniale parce qu’il te donne :

  • énormément d’astuces d’écrivain
  • te parle de son parcours inspirant
  • te motive
  • t’éclaire sur l’édition et l’autoédition
  • se confie durant plus d’une heure !

 

Le blog de Malik Kahli : Ecrivain en devenir    (Tu te souviens peut-être qu’il m’avait invité à y  écrire un article)

 

Son premier roman : Tu peux la sauver         

 

 

Le livre qu’il vient de sortir : Devenir écrivain  (Comment écrire, publier un livre et vivre de sa plume en 15 étapes)

 

Je te souhaite de tirer de nombreux enseignements de cette interview. N’hésite pas à me faire tes retours dans les commentaires. Je serai heureuse de les lire et d’en faire part à Malik.

 

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Comment écrire avec créativité ?

Ta vision détermine ton écriture

 

Pour bien se servir de sa créativité, il faut utiliser sa subjectivité.

Car ta justesse en écriture, c’est justement le respect de ta subjectivité.

La différence entre un bon roman et un mauvais roman, ou tout simplement un roman fade, un de ceux qu’on oublie à peine terminé, c’est la vision de l’auteur qui la détermine. Sur la même histoire, on peut écrire 100 livres. Ce n’est pas l’intrigue qui fait la différence.

Je ne veux pas dire qu’il faille la négliger. Tu connais mon point de vue là-dessus : une histoire structurée, avenante, avec ce qu’il faut de suspense et de psychologique possède infiniment plus de chances de séduire ton lecteur. Mais c’est la vision que l’auteur se fait du monde et sa manière de l’exprimer qui va la rendre plus ou moins passionnante… ou pas du tout. De là à penser que l’écriture est une vision du monde, il n’y a qu’un pas. Que je franchis allégrement.

 

Crédit photo : Mélanie Plante

Possèdes-tu une vision normée ou originale ?

 

Une personnalité formatée à penser ce que la société, ses éducateurs, parents, amis, collègues, patrons et autres veulent qu’elle pense est parfaitement préparée à écrire un roman fourre-tout de pensées normatives : clichés, idées toutes faites, préconçues. Et à servir à ses lecteurs, croyant bien faire, un style et un ton également passe-partout. À ne pas faire de vagues, rester dans la ligne des idées et sentiments communément admis, et user d’une langue quelconque. Bref, une personnalité impersonnelle n’exprimera pas sa subjectivité. Si tant est qu’elle en possède encore une.

C’est pourtant dans notre subjectivité et donc dans l’usage de notre liberté qu’il faut aller chercher notre originalité, notre personnalité pleine et entière, et les développer. Les conventions ont besoin d’être bousculées, repensées, dès qu’on entre dans le domaine artistique. La neutralité est un piège pour la création. Il faut élaborer une vision propre du monde pour écrire quelque chose qui ne soit pas commun, noyé dans la masse des écrits ordinaires. La banalité est un tue-l’amour en écriture comme dans la vie…

L’illusion d’une littérature totalement objective

 

Une littérature objective se contenterait de faits. Peu d’émotions, pas ou peu de pensées, et dans la norme bien entendu. Tout serait attendu, évident, pas de surprises, aucune fantaisie. Un roman complètement objectif (heureusement, cela me paraît totalement impossible bien que certains, comme Alain Robbe-Grillet s’y soient essayés) ne décrirait que des faits. Son écriture serait uniquement visuelle, sans profondeur. En surface. Car seuls les faits sont objectifs quand on ne les interprète pas mais qu’on se contente de les décrire.

Mais si des faits décrits objectivement sont en eux-mêmes impossibles dans la vie réelle, on arrive encore à la subjectivité, et c’est heureusement la porte ouverte à l’imaginaire. Prenons l’incipit de La métamorphose de Franz Kafka :

Un matin, au sortir d’un rêve agité, Grégoire Samsa s’éveilla transformé dans son lit en une véritable vermine. Il était couché sur le dos, un dos dur comme une cuirasse, et, enlevant un peu la tête, il s’aperçut qu’il avait un ventre brun en forme de voûte divisé par des nervures arquées. La couverture, à peine retenue par le sommet de cet édifice, était près de tomber complètement, et les pattes de Grégoire, pitoyablement minces pour son gros corps, papillotaient devant ses yeux.

La scène a beau être décrite de manière réaliste, objective, certes, nous savons bien que c’est impossible. Pourtant, le lecteur comme l’écrivain choisit de jouer le jeu et d’y croire le temps de cet excellent roman.

C’est une vison subjective et c’est bien cela qui fait la grandeur de ce livre terrible et inoubliable.

Franz Kafka
Crédit photo : Christiaan Tonnis.

L’intérêt et la qualité d’une littérature subjective

 

La subjectivité permet la métaphore. L’image. La comparaison. Les jeux de mots. L’humour. La sensibilité. L’utilisation de l’imaginaire. Les nuances de l’émotion et du sentiment. Le style. le ton. Ce que ressent tout personnage est parfaitement subjectif. Car l’écrivain qui nous intéresse vraiment nous parle toujours subjectivement du ressenti subjectif de ses personnages. Il fait preuve d’imagination, de créativité, il a élaboré dans son monde intérieur une vision.

Il faut écrire, c’est-à-dire inventer, et non rapporter ce que tout le monde dit ni décrire ce d’autres œuvres ont déjà raconté. Entre à l’intérieur de ta personne pour en tirer le matériau de tes livres. Fais appel à ton imagination, tes souvenirs, tes réactions, ce que tu penses, aimes, détestes, ressens. Fais appel à ta subjectivité quand tu écris. Fuis le moule de ces livres qui ne t’ont laissé aucun goût particulier, aucun plaisir magique. Oublie ces anecdotes mille fois entendues. Ou alors raconte-les à TA manière. Avec TA personnalité. TES ressentis.

Qu’est-ce qui intéresse ton lecteur ?

 

C’est ta vision. Ta façon de voir, sentir, penser, appréhender le réel. Oublie l’objectivité. Oublie de faire comme tout le monde. Oublie d’écrire comme tout le monde. Tu dois trouver ton style, et un ton qui soit le tien. Avec l’objectivité, on écrit de bons livres techniques, des thèses, mais pas des bons romans.

Si tu as peur d’en faire trop, de trop te dévoiler à travers ton style, tes personnages, ton intrigue, ne t’inquiète surtout pas : car il se pourrait bien que tu n’en pas encore assez fait pour vraiment te démarquer ! C’est long de construire une personnalité profonde, une vision personnelle, et de faire une différence. C’est un processus organique. La seule manière d’y arriver est d’écrire encore et encore. Et cela arrivera si tu le fais. Travaille ton imagination, ta créativité, ose des choses, sors des sentiers battus.

Il faut être sincère. Ton lecteur sera sensible à la sincérité de ton écriture,. Libère-toi, libère ta créativité.

 

Crédit photo : Hartwig HKD

Pourquoi ta créativité nécessite ta subjectivité ?

 

Revenons-y un petit peu. Tu ne peux éveiller ta créativité en tentant de rester objectif car tu resterais factuel. Donc à mourir d’ennui.

Le niveau de puissance de ta créativité dépend de la liberté que tu t’octroies à écrire subjectivement. Jusqu’à quel point assumes-tu ta subjectivité, et tes goûts esthétiques en matière de littérature et d’écriture ?

La création se place toujours du côté de la subjectivité. Nourris de ta vision subjective tout ce que tu écris, imprègnes-en tes personnages, tes décors, tes intrigues, ton style, le ton, tes métaphores, sensations, impressions, sentiments, pensées de ton roman, ta nouvelle…

Flaubert aurait dit : « Madame Bovary, c’est moi.» Que cette citation, controversée, ait été réellement dite par Flaubert ou non, elle résume bien sacrément bien l’affaire !

Sans vision personnelle, il n’existe pas d’œuvre personnelle. Seulement du tout venant. Un énième livre sans intérêt.

Ne crains pas d’écrire ce que tu penses, ressens, vois, etc. Ne crains pas de t’exprimer, et te révéler aux autres. Ta personnalité doit nourrir ton œuvre. Ne te méprends pas : tu n’infiltreras pas ta personnalité systématiquement dans chacun de tes personnages sinon tous tes romans raconteront le même personnage. Et quand bien même ! C’est au fond ce qu’à fait Patrick Modiano toute sa vie, et on ne pas dire que cela ne lui ait pas réussi ! Ces livres sont merveilleux. Instille ta vision du monde, de la vie, subtilement au travers de tes livres.

Ta vision personnelle se nourrit forcément de ta subjectivité. Sans elle, tu n’écrirais que des lieux communs. Ose. Ose écrire ton vrai roman, ton vrai livre. S’il est cru, sois cru. S’il est drôle, sois drôle. S’il est émouvant, sois émouvant. Méprise les demi-mesures. Dans ta personnalité, tes ressentis, ton imaginaire, tes émotions, tes sentiments, tes raisonnements se trouvent ta vérité personnelle, ton style propre, un ton unique, ton originalité. Donne-toi le droit de libérer ta subjectivité et ose écrire ce que tu as à écrire.

Ta justesse en écriture, c’est le respect de ta subjectivité. Tout se travaille… Le plus simple est de commencer par la travailler sur des textes courts. Puis de voir de plus en plus grand jusqu’à une vision plus personnelle et créative.

Si tu désires aller plus loin, j’ai créé des Ateliers de 31 jeux d’écriture. En un mois, tu peux drastiquement ouvrir ta créativité et ton imagination pour connecter avec ta propre vision du monde et ta subjectivité. Et de surcroît en t’amusant, ce qui n’est pas négligeable.

Pas de théorie avec ces 31 jeux mais de l’expérience d’écriture : car c’est en écrivant qu’on se forge une personnalité d’écrivain.

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Cela commence déjà par savoir écrire une bonne page. Puis deux, puis trois…

Or on peut apprendre à écrire sur des textes courts en s’amusant !

 

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31 jeux d’écriture pour développer votre imagination et votre technique en vous amusant !

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Des dizaines de bonnes raisons d’écrire, selon Anaïs Nin

On a tous en nous un peu d’Anaïs Nin !

 

Tu te demandes peut-être parfois pourquoi tu écris, si ce n’est pas vain, si c’est vraiment utile pour toi, pour les autres ? Cela ressemble à s’y méprendre à une petite baisse de régime, une panne d’inspiration ou de motivation ? Voici de quoi y remédier.

 

Crédit photo : Chris Drumm

 

Un écrivain demandait à Anaïs Nin : « Pourquoi écrit-on ? » Elle lui écrivit en réponse une lettre, qu’elle recopia dans son Journal de février 1954 :

«  Pourquoi on écrit est une question à laquelle je peux répondre facilement, me l’étant si souvent posée à moi-même. Je crois que l’on écrit parce que l’on doit se créer un monde dans lequel on puisse vivre. Je ne pouvais vivre dans aucun des mondes qui m‘étaient proposés : le monde de mes parents, le monde de Henry Miller,  le mode de Rango,  ou le monde de la guerre. J’ai dû créer un monde pour moi, comme un climat, un pays, une atmosphère, où je puisse respirer, régner et me récréer lorsque j’étais détruite par la vie. Voilà, je crois, la raison, de tout œuvre d’art. L’artiste est le seul qui sache que le monde est une création subjective, qu’il faut opérer un choix, une sélection des éléments. C’est une concrétisation, une incarnation de son monde intérieur. Et puis il espère y attirer d’autres êtres, il espère imposer cette vision particulière et la partager avec d’autres. Même si la seconde étape n’est pas atteinte, l’artiste, néanmoins, continue vaillamment. Les rares moments de communion avec le monde en valent la peine, car c’est un monde pour les autres, un héritage pour les autres, un don aux autres, en définitive. Lorsque l’on crée un monde tolérable pour soi-même, on crée un monde tolérable pour les autres.

Nous écrivons aussi pour aviver notre perception de la vie, nous écrivons pour charmer, enchanter et consoler les autres, nous écrivons pour donner une sérénade aux êtres qui nous sont chers.

Nous écrivons pour goûter la vie deux fois, sur le moment et après coup. Nous écrivons, comme Proust, pour la rendre éternelle, et pour nous persuader qu’elle est éternelle. Nous écrivons afin de pouvoir transcender notre vie, aller au-delà. Nous écrivons pour nous apprendre à parler avec les autres, pour consigner le voyage à travers le labyrinthe, nous écrivons pour élargir notre univers, lorsque nous nous sentons étranglés, gênés, seuls. Nous écrivons comme les oiseaux chantent. Comme les peuples primitifs dansent leurs rituels. Si vous ne respirez pas à travers l’écriture, si vous ne pleurez pas en écrivant, ou ne chantez pas, alors, n’écrivez pas. Parce que notre culture n’a que faire de tout cela. Lorsque je n’écris pas, je sens mon univers rétrécir. Je me sens en prison. Je sens que je perds mon feu, ma couleur. Ce devrait être une nécessité, comme la mer a besoin de se soulever. J’appelle cela respirer. »

 

Crédit photo : Julie Jordan Scott

 

Tout ces bonnes raisons d’écrire, je les vis. Je comprends et suis en accord avec chaque mot de cette lettre d’Anaïs Nin. Je suis touchée profondément par la justesse de ses conclusions, et plus encore par ces courtes phrases où je me reconnais totalement : « Nous écrivons comme les oiseaux chantent. Comme les peuples primitifs dansent leurs rituels. » Simplement. Parce que cela ne peut être autrement.

J’avais envie de te partager ce texte magnifique. A cette question du pourquoi écrire, je ne connais aucun auteur qui y ait répondu aussi brillamment, rapidement et sincèrement. Rien de surjoué, de faux, d’artificiel. En quelques lignes, elle nous donne des dizaines d’excellentes raisons d’écrire.

 

Qui est Anaïs Nin ?

 

Anaïs Nin est un écrivain atypique (américaine d’origine franco-brésilienne) dont je n’apprécie pas beaucoup les romans. En revanche, son Journal ! Extraordinaire par son contenu autant que par sa longueur, elle le commence à l’âge de 11 ans pour ne le terminer qu’avec sa mort à 74 ans ! Soixante-trois ans d’écriture qui font plus de 20 000 pages pages manuscrites !

Elle y écrivit tous ses secrets, et dieu sait qu’Anaïs Nin en eu ! Elle aura tout fait, tout connu, tout exploré (y compris la bisexualité et la bigamie, sans compter qu’enfant, elle a été victime de son père incestueux.) Elle est l’une des premières femmes à avoir écrit de la littérature érotique. Elle a été la maîtresse célèbre d’Otto Rank, d’Henry Miller, d’Antonin Artaud, Lawrence Durell, Gore Vidal… Peut-être même le premier écrivain à s’autoéditer puisqu’elle s’imprima elle-même. Rebelle, fantasque, fantaisiste, elle a balayé toutes les conventions. Elle a connu tous les artistes de sa génération, peintres, écrivains, cinéastes…

L’idéal pour bien la connaître est aussi de tout explorer : les biographies qui la concernent, ses échanges épistolaires et brûlants avec Henry Miller, ses livres bien sûr, mais surtout, surtout, son Journal. Du moins ce qui en a été publié. Car elle en a en réalité tenu deux : l’un dans lequel elle racontait la vérité, y compris ses nombreuses liaisons compulsives avec des hommes et des femmes, l’autre où elle ne disait qu’une partie de la vérité, filtrant sa sexualité débordante.

J’ai lu et relu le Journal auquel nous, public, avons accès, et le referai encore. Il est d’une richesse de pensées, d’une subtilité psychologique étourdissante. Il faut dire qu’Anaïs Nin a suivi maintes cures analytiques. Si cela t’intéresse, je te renvoie à cette page.

 

Des pistes pour mieux connaître Anaïs Nin

 

Comme tu es un passionné de l’écriture, je te conseille aussi Le roman de l’avenir, formidable essai sur les rapports entre son Journal et ses romans et, surtout, ce qu’elle espérait être le roman de l’avenir, forme romanesque qui serait un mélange de poésie, d’intuition et d’imagination. Malheureusement, le roman actuel ne me semble pas du tout aller dans ce sens… mais plutôt dans le pseudo-réalisme aride. Mais rien n’est perdu, après tout.

Quelques mots sur la vie d’Anaïs Nin ici  et  également ici.

Des citations d’Anaïs Nin pour un aperçu de son écriture.

Enfin, une vidéo passionnante : Anaïs Nin interviewée.

Si tu éprouves le besoin d’aller plus loin dans la réflexion, je te dirige vers mon article : Vivre pour écrire ou écrire pour vivre ?

Pour en revenir à cette lettre d’Anaïs Nin, que j’avais envie de te partager tant elle me semble juste :

Et toi, pourquoi écris-tu ?

Les livres d’Anaïs Nin que je te conseille : ses romans sont mauvais à mon avis. Par contre ses réflexions et son Journal sont extraordinaires.

Le roman de l’avenir, Anaïs Nin.        Essai sur  l’écriture, la littérature et l’art dans lequel je me replonge souvent.

 

 

Journal, Anaïs Nin. J’ai déniché la perle rare !    Je l’ai dans la même édition. (occasion)

 

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Comment écrire et publier davantage, mieux, et plus facilement ?

Comment écrire davantage ? Comment publier davantage ? Mieux et plus facilement ?

Il faut réaliser plusieurs bilans pour repérer ce qui ne va pas, ce qui va, se réajuster, et mettre en place quelques saines habitudes. Mode d’emploi ici !

Bilan pour l’écriture

 

Qu’as-tu écrit an 2016 ? Es-tu content de toi ? As-tu terminé un roman ? Une nouvelle ? Autre chose ? Connais-tu le contentement de celui qui a terminé son livre ? Ou l’as-tu commencé, plein d’enthousiasme, pour finir par le laisser tomber ? As-tu toujours le même ouvrage qui bout dans la marmite ?

Parce que si tu n’as pas écrit à hauteur de ce que tu voulais, il est temps de te prendre en mains.



A mettre en place d’urgence :



Rituel

Si tu as besoin de rituel pour écrire, installe-le dès aujourd’hui. Café, bougie, musique, c’est personnel, choisis ce qui te fais envie et crée un réflexe. Quand tu mettras ton rituel en place, ton cerveau se dira : « Tiens, c’est le moment d’écrire. »

Temps

Si tu as besoin de régularité en écriture, installe-toi une plage horaire tous les jours. Une demi-heure, une heure, deux heures, c’est toi qui vois. Fais ce que tu peux mais fais-le tous les jours ! Une page par jour, c’est 365 écrites sur l’année ; deux pages c’est 730 pages en un an !

Liberté

Tu as au contraire besoin de liberté pour écrire ? Aménage ta vie pour répondre à ton inspiration dès qu’elle te frappe comme la foudre. Saisis ta plume aussitôt, toutes affaires cessantes.

Détermination

Que ce soit pour commencer un roman ou en achever un, persuade-toi que tu vas le terminer et agis.

Evaluation de la qualité, et travail

Tu es mécontent de ce que tu as écrit ? Pas assez ceci mais trop cela ? Renseigne-toi, lis, apprend, lorgne sur les manuels d’écriture (télécharge le mien dans la barre latérale de mon blog, il est gratuit), les articles de blog traitant d’écriture, achète des livres comme celui de mon collège blogueur Malik Kahli (Devenir écrivain), lis beaucoup de romans de qualité et tu augmenteras obligatoirement ta propre qualité d’écriture.

 

Crédit photo : Gene Wilburn

 

Bilan pour l’édition

 

Où en es-tu ? As-tu fait des envois aux éditeurs en 2016 ? Un peu, beaucoup, pas du tout ? Quelles ont été les réponses ? Qu’en conclus-tu ?

  • Que tu dois retoucher tes tapuscrits ? Alors fais-le.
  • Tu conclus que tu perds ton temps à chercher un éditeur ? Édite-toi toi-même cette année.
  • Tu as trouvé un éditeur qui croit en toi ? Il t’a édité ? Génial. Écris un autre livre et soumet-le lui.
  • Il t’a édité mais t’a déçu ? Cherche un autre éditeur.
  • Tu ne crois pas ou plus aux éditeurs ? Autoédite -toi.
  • Tu as été édité ou tu t’es édité et tu es mécontent des ventes de ton livre ? Crée-toi un réseau, fais les salons, les séances de dédicace en librairie, participe à un concours, bichonne tes réseaux sociaux, bref fais-toi connaître.
  • Tu as compris : agis ! Maintenant.

A faire : bilan de l’année précédente

 

Pour commencer, prend quelques feuilles et fais ton bilan littéraires pour l’année précédente. Tu ne saurais bâtir une feuille de route valable pour cette année sans savoir très exactement ce que tu as accompli l’année dernière. Quand tu auras terminé ton bilan, rejoins-moi ici pour finir de lire cet article.

Maintenant que je t’ai un peu secoué, je dois être honnête. Comme toi, j’ai fait mon bilan et il ne me satisfait pas sur tous les points.

Mon bilan :

Le moins : l’édition

 

Ma maison d’édition a fait faillite récemment. J’ai donc perdu mon éditeur.

J’ai envoyé des dizaines de tapuscrits dans toute la francophonie pour en trouver un autre : un roman, une conversation, la pièce théâtre que j’en ai tirée, un conte illustré de 28 aquarelles (je peins aussi.) Tout cela sans résultat.

Sauf un : je me suis rendue compte que les maisons d’édition sont encore plus saturées de manuscrits que je le croyais. Elles sont submergées. Gallimard reçoit 6000 tapuscrits par an… Je n’ai pas l’impression que mes tapuscrits aient été ouverts plus de quelques secondes…

Il faut avoir de l’entregent pour être lu et passer en comité de lecture. Ce qui n‘est pas mon cas. Je n’ai pas trouvé la bonne personne qui connaît la personne qui connaît la personne qui… travaille chez un éditeur.

Je suis donc décidée à m’éditer moi-même cette année. Je me suis renseignée sur le processus marketing qui entoure l’autoédition car je ne veux pas que mes livres disparaissent dans les abîmes d’Amazon à peine sortis.

Crédit photo : Dennis Skley

Le plus : la création

 

Ma créativité a été grande, mon travail aussi.

1 – J’ai finalisé la conversation dont je parlais plus haut.

2 – J’ai finalisé la pièce de théâtre qui en est tirée.

3 – J’ai finalisé le conte.

4 – J’ai peint les 28 aquarelles qui l’accompagnent. Or je m’étais toujours crue incapable d’illustrer quoi que ce soit !

5 – J’ai écrit un livre qui se situe entre le pamphlet et la réflexion. Ce sont 200 pages environ qu’il me reste à le finaliser et taper sur Word car je l’ai écrit à la main.

6 – J’ai écrit quelques poèmes.

7 – J’ai écrit mon guide gratuit pour l’écriture que tu as peut-être déjà lu (37 pages.)

8 – J’ai posé la trame grossière de quelques autres ouvrages dont un guide d’écriture beaucoup plus complet.

9 – J’ai ouvert et tenu mon blog quelques mois (après tout, mes articles de blog sont encore de l’écriture mais j’ai dû apprendre à les rédiger, exercice qui n’est pas si facile…)

Et toi ? Où en es-tu ? Qu’as-tu écrit ?

Si tu ne l’as pas fait, je t’enjoins à prendre tout de suite quelques feuilles et à faire ton bilan littéraire de l’année passée. Tu ne saurais voir clair sur ce que tu as envie d’accomplir si tu ne sais même pas ce que tu as réellement écrit l’année dernière. Il faut d’abord t’éclaircir les idées.

C’est fait ? Tu peux revenir pour la suite de l’article. Maintenant que tout est posé, il faut s’occuper de nos prétentions pour cette année. Je te livre les miennes :

Mes intentions littéraires pour cette année

 

1 – Finaliser le livre-pamphlet que j’ai écrit l’été dernier.

2  Écrire le gros guide d’écriture dont j’ai posé les prémices dans le petit manuel gratuit à télécharger sur mon blog.

3 – Finaliser un livre d’aphorisme sur le thème de l’écriture, que je suis en train d’écrire, que je n’attendais pas qui m’est tombé dessus le 1er janvier ! J’en ai déjà 100 pages et il est très facile à finaliser.

4 – Finaliser un roman que j’ai totalement repris.

5 – Finaliser la pièce de théâtre tirée de mon conte pour adultes et enfants.

6 – Finaliser un autre roman.

7 – Écrire au moins 12 chansons pour un groupe qui m’en demande (ça date de ce week-end et j’en ai déjà écrit 4 ! Là aussi, je me suis crue incapable d’écrire des chansons toute ma vie mais, de fait, personne ne me l’avais demandé.)

8 – Écrire un nouveau livre si l’inspiration me tombe dessus ou en terminer un autre, si j’ai le temps (j’ai beaucoup de livres à terminer ou à remanier.)

9 – Faire ma première expérience dans l’autoédition en publiant sur Kindle et papier le roman pour lequel je n’ai pas trouvé d’éditeur l’année dernière.

Crédit photo : quattrostagioni

 

Maintenant, je t’enjoins à prendre de nouveau quelques feuilles pour noter tes objectifs littéraires de cette année.

Si tu es très organisé et prévoyant, que tu aimes les objectifs cadrés, écris ta liste d’objectifs en détaillant mois par mois tes projets d’écriture et d’édition.

Si comme moi, tu as besoin de davantage de liberté, écris une liste d’intentions que tu détailles trimestre par trimestre.

Dans les deux cas, ta liste doit rester souple car tu n’es pas à l’abri, heureusement, d’un joli coup d’inspiration qui te ferait écrire un livre imprévu.

Tu peux aussi la rédiger sous forme de mind mapping, si ça te convient mieux.

Pour ma part, ma liste d’intentions est sur le bureau de mon ordinateur et je la consulte au moins une fois par semaine pour bien enfoncer le clou ! Puis je délègue tout à mon cerveau qui décide de quand et sur quoi il doit travailler. Je travaille beaucoup dans l’intuition : je réponds à chacune de mes envies d’écriture car je sais que mon inconscient -ou mon cerveau si tu préfères- organise tout au mieux, et mieux que je ne le fais quand je tente de me contraindre à entrer dans un moule.

Là, c’est à chacun de voir comment il fonctionne. Mais ta liste reste indispensable. Et elle doit pouvoir évoluer au grès de ton avancée. Je me laisse toutes les libertés d’en faire davantage évidemment –mais jamais moins. Ce qui peut quand même arriver, bien entendu.

J’espère que tu suivras cette méthode toute simple de clarification et d’organisation de ton année. Tu ne peux pas imaginer le nombre de personnes qui veulent écrire sérieusement tout en négligeant de se fixer de véritables objectifs d’écriture ! En fait, ce sont 90% des gens.

La société, l’éducation, l’éducation scolaire également ne nous ont jamais appris à nous fixer des objectifs dans le temps. C’est pourquoi j’ai voulu rédiger cet article qui, je l’espère, t’éclaircira sur le mystère des écrivains débordants de créativité mais… pas débordés.

N’oublie pas de me laisser ton commentaire : c’est un peu mon carburant pour poursuivre ce blog. Je te répondrai avec plaisir.

 

 

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Ecrire un début de roman accrocheur : l’incipit

Tu as mouillé durement ta chemise pour écrire ton roman, ton conte, ta nouvelle, et tu trouves que ton entrée n’est pas extraordinaire, qu’elle mérite mieux ? Qu’elle n’est pas à la hauteur de ton texte ? Tu as raison. Il faut absolument soigner ton entrée avec un excellent incipit.

L’incipit

 

Un début de texte s’appelle un incipit (un peu de jargon de temps à autre ne nous fait pas de mal, ami lecteur.) Incipit vient du verbe latin incipit, is, ere : commencer.

L’incipit désigne donc la ou les premières phrases, voire les premiers paragraphes, la première page d’un texte. La notion d’incipit est floue quant à sa longueur. L’incipit possède plusieurs genres. Il te faudra en choisir un.

 

Eugène Delacroix

Les différents genres de l’incipit

 

– 1 –  l’incipit statique : il est informatif comme dans un roman descriptif. Sans action, l’incipit expose le lieu, les personnages, etc.

– 2 –  l’incipit progressif : il distille des informations au fur et à mesure des phrases sans tout dire.

– 3 –  l’incipit dynamique ou media res : le lecteur est plongé dans le cœur de l’histoire et d’une action sans explications préalables. La littérature contemporaine est très friande de ce genre d’entrées en matière.

– 4 –  l’incipit suspensif : il déroute le lecteur et fournit peu d’informations.

L’incipit possède aussi différentes fonctions dont l’écrivain se sert à sa guise. Il peut en combiner plusieurs comme il le désire.

 

Les différents fonctions de l’incipit 

 

– 1 – accrocher le lecteur, que ce soit par le ton, la surprise, un sentiment, une émotion, une vision, ou autre…

D’après moi, en général les femmes nues n’ont pas de couteau sur elles.

Heureux veinard, SG Browne

– 2 – annoncer et préparer la suite du récit

Un matin, au sortir d’un rêve agité, Grégoire Samsa s’éveilla transformé dans son lit en véritable vermine.

La métamorphose, Franz Kafka

– 3 – poser le style

Si vous voulez vraiment que je vous dise, alors sûrement la première chose que vous allez demander c’est où je suis né, et à quoi ça a ressemblé, ma saloperie d’enfance, et toutes ces conneries à la David Copperfield, mais j’ai pas envie de raconter ça et tout.

L’Attrape-cœurs, J.D. Salinger

– 4 – donner le ton

Quand la porte s’ouvrit avec un bruit de dents crissantes, j’étais plongé dans la réécriture d’un articulet abstrus contant comment une Mme Fouillard (ménagère, 49 ans) avait glissé rue de la Scellerie sur une déjection canine et s’était brisé le col du fémur.

 On n’est pas des chiens, A.D.G

– 5 – piquer la curiosité 

Dans la chambrette, simplement meublée d’une table, d’un lit et de deux chaises, qu’il occupait au cinquième étage d’une maison de la Canebière, à Marseille, l’ingénieur Goël Mordax était en train de mettre au net une épure des plus compliquées, lorsqu’on frappa timidement à sa porte.

Le sous-marin Jules Verne, Gustave Le Rouge

– 6 – informer en posant le lieu, l’action, l’histoire ou autre…

Sans bourse délier, je quittai Los Angeles sur le coup de midi, caché dans un train de marchandises, par une belle journée de la fin septembre 1955.

Les clochards célestes, Jack Kerouac

– 7 – plonger le lecteur dans l’action (là, tu utilises l’incipit media res ou dynamique)

 Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ?

La Condition Humaine, André Malraux

– 8 – éclaircir sur le genre littéraire

Il était une fois, par exemple, indique qu’on a affaire à un conte.

– 9 – surprendre

Adreas Schaltzmann s’est mis à tuer parce que son estomac pourrissait.

Les Racines du mal, Maurice G. Dantec

– 10 – indiquer le point de vue du narrateur (interne ou externe), je ou il…

La première chose que je peux vous dire c’est qu’on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu’elle portait sur elle et seulement deux jambes, c’était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines.

La vie devant soi, Émile Ajar

– et si tu vois autre chose, n’hésite pas à me le signaler.

 

Crédit photo : Gene Wilburn

Pourquoi fignoler ton incipit ?

 

Parce que ton intérêt à fignoler ton incipit est immense.

  • Si tu envoies ton manuscrit à des éditeurs dans l’espoir d’être édité, que va faire le lecteur de la maison d’édition ? Lire l’incipit. Si l’incipit lui paraît bon, il piochera au hasard dans le livre et lira quelques passages. S’il n’est pas déçu, alors le livre aura peut-être la chance d’être lu. Et de passer en comité de lecture. C’est tout. Et c’est beaucoup.

Quand tu envoies ton tapuscrit, il n’y a pas de 4ème de couverture pour te défendre. Et tu auras beau joindre une lettre d’accompagnement et même une note d’intention, il n’est pas certain qu’elles soient lues. Les maisons d’édition sont submergées de tapuscrits. Donc, accroche ton lecteur dès la première ligne.

Donc si ton incipit est mauvais, ton tapuscrit est éliminé. Point.

  • Ensuite : imagine que pour ta plus grande joie, un éditeur le retienne. Ou que tu t’autoédite. Ton livre est enfin en vente. Et bien, tu as affaire maintenant au lecteur lui-même. Il est coriace, il a raison. Il a le choix. Des milliers de livres sont édités chaque année. La concurrence est rude, ne l’oublions pas. Pourquoi s’embarrasserait-il d’un roman dont l’incipit est bâclé ?

Il va lire la 4ème de couverture. Si elle lui plaît, il va ouvrir le livre et lire ton incipit. Là, il achète. Ou pas. Il lira alors quelques morceaux au hasard. Et s’il est convaincu, il achètera. Donc, je résume encore l’affaire : si ton incipit lui déplaît, il ne lira jamais ton livre.

 

Mon expérience 

 

Personnellement, l’incipit (et même les 20 premières pages en gros, si je veux être honnête) sont les pages que je suis le plus forcée de travailler. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas encore parfaitement en main le ton et le style qui vont se dégager de mon histoire. Quand je débute un roman, ou n’importe quel autre texte, je tâtonne, je cherche, je ne trouve pas forcément du premier coup. Au bout de 20, 30 pages, j’ai compris ce que j’ai exactement à dire et comment. Mon écriture s’assouplit, devient plus fluide, moins fuyante, plus limpide. Je suis installée chez moi, je deviens la maîtresse de maison et je sais comment recevoir mon hôte.

Ce qui n’est pas du tout le cas quand j’ouvre à peine la porte d’entrée de mon roman, avec des clefs que je ne connais pas, les bras chargés de bagages, que je ne sais pas si la maison va me convenir et pour combien de temps. J’erre dans les pièces, je me cogne aux portes, je cherche les interrupteurs pour faire la lumière, je me demande où déballer mes bagages, dans quel ordre, dans quels placards les ranger, et je les trimballe, lourds de visions, de sentiments, d’émotions, de personnages…

Ce sont ces 20 ou 30 pages de errance que je reformule plus tard autant de fois que nécessaire pour qu’elles s’alignent avec ce que j’ai écrit plus tard, c’est-à-dire tout le roman, une fois bien installée et maîtresse des lieux. C’est en général un gros travail pour moi, le moins facile.

Puis je fignole encore et encore ma toute première page, puis ma toute première phrase. Comme si je marchais à reculons dans un entonnoir, allant de l’ensemble jusqu’au plus petit détail. Tant que je ne considère pas que tout est en place, je recommence. J’ai eu la grâce, parfois, d’avoir des incipits presque parfaits dès le premier jet, mais c’est rare. L’incipit est en général ce qui me fait suer sang et eau !

 

Racines mêlées, Laure Gerbaud

 

Je te donne la première page de mon roman Racines mêlées, et je vais t’avouer que j’ai peiné durant trois jours pour trouver… les trois premières phrases et j’ai récris des dizaines de fois cette première page !

Le docteur Idrissa Ousman tremblait : la lettre lui était adressée par une morte. Il s’affala dans le grand fauteuil du salon et entreprit d’ouvrir la lourde enveloppe. Une épaisse liasse de feuillets rédigés à l’encre noire s’en échappa. Dès les premiers mots, il fut saisi à la gorge par un nœud violent et douceâtre qui le ramena aux chagrins insondables de l’enfance.

« Idrissa, comment eussiez-vous ignoré que la sombre poussière des pistes ocre rouge, c’était vous ? Le fleuve alangui du Niger, les pirogues indolentes abandonnées à ses bras sinueux, la majesté de son immense corps visité par des hippopotames somnolents, indifférents aux pique-bœufs perchés sur leur échine et aux baignades turbulentes et joyeuses des petits africains, la plénitude de ces paysages desséchés par un soleil de feu hypnotique, obsédant, tel un œil de cyclope tournoyant dans le ciel d’un azur délavé de vieux jean, c’était vous… Les dernières girafes blanches galopant en liberté dans les hautes herbes enluminées d’or et de jaune, leurs pattes interminables se déployant à l’amble avec une élégance ineffable, les mouvements gracieux et très lents de leur cou, leurs airs nonchalants de princesses indifférentes, la brousse roussie perdue dans les brumes lointaines poudrées de rose tandis que l’aube, perlée de mauve, se lève sur le mythique mais invisible tropique du Cancer, les nuages négligemment effilochés semblables à des oiseaux de brousse quand ils défroissent leurs ailes, les éclairs bleus des rolliers d’Abyssinie traversant vivement la nue, c’était vous… »

 

Crédit photo : Gustave Deghilage

 

Tu noteras que j’ai pratiquement deux incipits qui se suivent ! Les premières lignes, qui posent le cadre et amènent le docteur Idrissa Ousman, sont écrites à la troisième personne (le narrateur raconte avec un point de vue extérieur) tandis que le deuxième paragraphe amène le deuxième personnage par sa voix, le je, (point de vue interne) au travers d’une lettre. Ainsi, j’ai posé les deux protagonistes dès l’incipit (créant en quelque sorte un sous-incipit ou deuxième incipit qui est la lettre) et annoncé au lecteur quel sera le genre du roman : un genre hybride, mi épistolaire-mi récit puisque les deux genres se répondront tout le long du roman, permettant au docteur vivant et à la morte d’établir un dialogue muet.

Bien entendu, cela peut-être beaucoup plus simple. Mais quoi que tu écrives, essaie d’être percutant dès ta première phrase. Aujourd’hui, tu as sans doute remarqué que beaucoup de livres commencent directement dans l’action. Ce qui n’est pas une obligation mais doit te rendre vigilant quant à l’intérêt de ton incipit.

Je te donne les premières lignes de cet autre roman pour lequel je cherche un éditeur ou que j’éditerai peut-être moi-même cette année ; le point de vue est simple, interne, à la première personne (il s’agit bien de fiction) :

Je ne me reposais jamais. Mes sommeils eux-mêmes étaient chargés de rêves et mes rêves sources d’apprentissage. Passionnément, j’oeuvrais à mon destin. Je riais et pleurais à l’excès. Je me roulais dans l’herbe sauvage, écrasais la feuille de sauge sous mes doigts, relevais ma cuisine de thym, emplissais mes poumons de lavande. Plongée dans la Méditerranée profonde, je poursuivais les poissons par jeu, jaillissais au grand soleil les mains pleines d’oursins. J’en dévorais le corail sauvage sur des rochers éclatants de lumière. Ces jours-là, toute la mer entrait dans mon corps.

 

A toi d’écrire ou récrire ton incipit :

 

Il faut donc que tu te poses la question : comment est-ce que je veux ouvrir mon roman ? Sur quoi ? Une action, une sensation ? Un sentiment ? Une couleur ? Du suspense ? La liste est infinie. Statique, dynamique ? Point de vue interne, externe ? Et bien d’autres questions : quelle atmosphère veux-tu évoquer ? Que veux-tu dire, ne pas dire ? Bien entendu, tu ne peux tout mettre dans un premier paragraphe, une première ligne.Tu dois choisir. A toi d’imaginer ce qui correspond le mieux à ton roman, le met le mieux en valeur et donne à ton lecteur l’envie de ne plus le quitter.   Car il y a aussi cet aspect : tu l’as convaincu, il l’a acheté. Et maintenant, il ne faudrait pas qu’il s’endorme dès l’incipit. Ton incipit doit le réveiller et le galvaniser afin qu’il poursuive sa lecture… Lui mettre l’eau à la bouche. A toi de jouer. Tu es le maître de ton roman.

Si tu veux lire des incipits de qualité, fais un tour sur cet incroyable blog : Ça a débuté comme ça    Il en recense des centaines, peut-être des milliers, et choisis avec goût ! Juste la première ligne mais quelle ligne !

A toi de jouer ! Je veux dire d’écrire. Et n’oublie pas de me laisser un mot dans les commentaires si tu en as envie ; je te répondrai avec plaisir.

 

 

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Structurer un récit facilement avec le mind mapping ?

Tu as parfois du mal à organiser tes idées, tes péripéties, à structurer ton récit, la vie de tes personnages, organiser tes chapitres, trouver de nouvelles idées ? C’est normal. Heureusement, il existe une façon simple de procéder pour régler ces problèmes récurrents dans la vie d’un écrivain.

Tu peux utiliser avantageusement la technique du mind mapping. Cette technique de prise de notes est basée sur l’utilisation de la mind map, sorte de carte organisée en arborescence, illustrée de listes de mots, de couleurs et graphismes qui représentent une idée, un concept, un projet, un plan, etc.

 

Crédit photo : Pietro Zanarini

Crédit photo : Pietro Zanarini

 

Cette technique te permet de décomposer ta pensée, la réorganiser, prendre de la hauteur et avoir une vue d’ensemble de ton livre. Là-dessus, et seulement après, tu ajoutes les détails, puis les détails dans les détails, etc, jusqu’à ce que tout soit correctement en place. Tu bénéficie donc également d’une vue approfondie jusqu’aux moindres détails.

Cette technique procède comme un entonnoir puisqu’elle t’oblige à voir l’ensemble avant de considérer ce qui est anecdotique : on note les grands points de l’histoire puis on devient de plus en plus précis en progressant étapes par étape jusqu’au détail. En dessin – là, c’est l’artiste et la prof de dessin en moi qui te parle -, on procède exactement ainsi. On met en place les gros éléments et quand on est certain qu’ils sont bien à leur place (volume, proportions), on dessine seulement les détails.

Tout écrivain débutant, et même confirmé, s’est confronté à ce problème : parti bille en tête, il ne sait plus comment terminer son récit ou se perd dans les flashs back concernant ses personnages (qu’a-t-il déjà écrit, que reste-t-il exactement à écrire, les dates sont-elles exactes ?)  Bref, les mille et une occasions de se perdre en chemin sont grandes quand on écrit un roman qui n’a pas été structuré en amont, mal structuré, ou tout simplement quand on découvre au fur et à mesure de ce qu’on écrit ce qu’on veut réellement dire.

 

Crédit photo : Kars Alfrink

Crédit photo : Kars Alfrink

Les applications du mind mapping

 

.1. Le mind mapping permet de réorganiser ou organiser la pensée jusque dans ses moindres détails.

.2. Le mind mapping peut également servir à chercher des idées, débloquer ta créativité et ton imagination. Les grosses entreprises l’utilisent du reste souvent pour créer des brainstorming. L’exemple type est l’agence de publicité.

.3. Le mind mapping peut aussi t’aider dans la vie réelle à t’organiser plus efficacement : prévoir les différentes actions de ta journée, ce qu’il faut mettre en place pour un événement (une fête par ex), élaborer un exposé, etc. Il permet de ne rien oublier.

.4. Le mind mapping est très utile pour mieux mémoriser. Tu peux utiliser cette technique pour ta prise notes si tu fais des études ou si, comme moi, tu continues sans cesse à te former et apprendre. Il est utilisé avec d’excellents résultats dans les pays nordiques car les écoliers y sont formés très jeunes. A quand cette révolution en France ? Nos méthodes d’apprentissage sont totalement périmées… Ma fille a eu la chance d’y être formée dès la 6ème et s’en sert avec beaucoup de succès pour apprendre ses leçons, mais il faut dire que son directeur d’école est exceptionnellement ouvert d’esprit. La France est si en retard qu’il a dû faire descendre deux dames de Paris pour l’enseigner aux enfants et j’habite une ville de 180 000 habitants, tout de même !

.5. Résoudre un problème en se posant des questions de plus en plus précises.

Et il doit encore exister quelques autres applications auxquelles je ne pense pas ! Mais c’est sans importance puisque je vais t’en parler plus précisément du point de vue qui nous concerne : l’écriture.

 

Le mind mapping : pour quel type d’ouvrage ?

 

Tu peux aussi bien travailler sur un roman que sur un conte, une nouvelle, que sur un livre de non-fiction, manuel, guide, article, etc.

 

Crédit photo : Tim Regan

Crédit photo : Tim Regan

 

Comment ça marche ?

 

Tu énonces ton point central sur ta feuille, que tu positionnes, la plupart du temps, au format paysage (c’est-à-dire horizontalement) car ta pensée va s’y déployer et s’étaler. A partir de cette idée centrale, de ce questionnement, tu vas déployer des branches puis des sous-branches sur lesquelles tu vas préciser de plus en plus tes idées. Il ne s’agit plus d’aligner linéairement la liste de tes idées mais de les évoquer par un mot clef ou quelques mots dans un schéma que tu peux agrémenter de dessins et de couleurs. Cela peut être important pour lire plus rapidement ta mind map et plus encore pour la mémoriser. Cette technique se sert de notre sens visuel et de nos associations d’idées en même temps, ce qui nous sort de notre pensée linéaire habituelle, encourage notre créativité et éveille notre mémoire.

 

Sur quels supports ?

 

.1. Sur PC, tablette et même smartphone ! Il existe des logiciels gratuits sur internet, tu les trouveras facilement. Tu peux aussi en trouver de payants. L’intérêt d’une mind map sur logiciel est que tu peux dérouler à partir de tes mots clefs des textes entiers puis les refermer selon tes besoins. Il n’existe donc pas de limite de taille à ta carte.

.2. Sur papier : Si tu es plutôt irréductible de la feuille et la plume, la mind map est tout à fait réalisable à la main sur une simple feuille. Tu peux en faire des complexes comme de très simples. Cela dépend de ce que tu cherches à mettre en place.

Si tu dois structurer un roman fleuve ou une saga, je te conseille d’acheter de grandes feuilles en magasin beaux-arts. Tu y trouveras  couramment des feuilles format Raisin (50X65cm) et format Grand Aigle (75X110cm) pour quelques euros (encore la peintre qui vient à la rescousse!) Tu pourras ainsi t’étaler autant que tu en auras besoin…

Crédit photo : John Keane

Crédit photo : John Keane

 

Les bénéfices du mind mapping

 

C’est un système de recherche d’idées et d’organisation de la pensée qui ne te bride pas ; il laisse place à ta créativité. Il te permet de trouver facilement de nouvelles idées. Il te donne à la fois une vue d’ensemble et une vue détaillé de ton travail. Tu organises tes items avec ta logique propre. Tu peux t’en servir pour organiser ton histoire jusques dans ses moindres détails et créer aussi des mind maps pour explorer toutes les caractéristiques de tes personnages. Tu peux structurer les actions dans le temps, surtout si ton roman comporte de nombreux flashs back. Tu peux aussi structurer tes chapitres de cette manière. Et suis certaine que tu trouveras d’autres applications encore, utiles à la rédaction de ton livre.

 

Qui a inventé le mind mapping ?

 

Quelques mots pour briller dans les cocktails : Tony Buzan est anglais. Conférencier et professeur en relations internationales, il s’est spécialisé dans la mémoire, le cerveau, la lecture rapide et l’apprentissage. Il a crée le concept du mind mapping en 1970. Si tu as envie d’aller plus loin : Mind map, dessine-moi l’intelligence.

Le mind mapping se traduit littéralement par cartographie mentale et mind map par carte mentale. En français, on parle de cartes heuristiques ou cartes mentales. Mais je préfère parler de mind mapping et de mind map car c’est beaucoup plus agréable à l’oreille et chantant à prononcer. Il vaut mieux travailler dans de bonnes conditions, n’est-ce pas ? Oui, je suis plutôt pour défendre la langue française de l’invasion barbare et de l’anglomanie galopante mais pour une fois…

 

Crédit photo : Greg Williams

Crédit photo : Greg Williams

 

Aux dernières nouvelles…

 

Je vais bientôt réaliser l’interview d’un écrivain qui va nous éclairer sur l’autoédition. N’ayant jamais autoédité, je ne peux en parler en toute connaissance de cause. Par contre, il est intéressant de connaître l’avis et les techniques de mon collège écrivain et blogueur, Malik Khali. Il a accepté cette interview à l’occasion de la sortie de son livre, le 31 janvier, sur Amazon (papier et numérique.) Il nous donnera sûrement également des conseils d’écriture. Tu verras que nous n’avons pas toujours une vision identique car il existe autant de façon de se servir des techniques d’écriture qu’il existe d’écrivains ! Ces quelques mots pour t’enjoindre à ne pas oublier de venir ici de temps à autre ou à t’inscrire à ma newsletter (quand tu télécharges mon guide gratuit d’écriture, que tu trouves dans la barre latérale droite du blog si tu ne l’as pas déjà, tu es inscrit automatiquement à mon blog.) Histoire de ne pas rater l’interview de ce jeune écrivain ; son précédent et premier roman, en 2016, est resté 3 mois au top 100 d’Amazon.

A bientôt,

sers-toi du mind mapping si tu en ressens le besoin et,

surtout, écris avec passion,

Laure

 

 

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Comment enrichir un roman avec une intrigue secondaire ?

Comment utiliser la force de l’intrigue secondaire dans un roman ?

 

Un roman, un conte, une nouvelle se rédigent tous autour d’une intrigue principale. Un ou plusieurs personnages principaux évoluent tout le long de l’histoire. Cela s’organise simplement :

  • une situation initiale : le début du roman
  • un élément déclencheur de l’intrigue : un accident, un déménagement, une catastrophe, etc
  • une suite de péripéties : psychologiques, matérielles, ou les deux
  • un point culminant ou acmé : le héros déclare sa flamme, réussit ou échoue dans sa mission, etc. La tension dramatique est à son apogée. Cela se déroule juste avant le dénouement.
  • un dénouement ou situation finale : l’intrigue prend fin car la problématique du ou des héros est enfin résolue -pour son ou leur plus grand bien ou non ; car la mort, l’échec, la déception sont aussi des dénouements.

Cet élément déclencheur de l’intrigue, cette suite de péripéties, ce point culminant avancent grâce à une intrigue initiale.

Les intrigues secondaires, elles, se greffent sur le récit initial pour l’enrichir et lui donner de la profondeur.

 

Crédit photo : Anthony Easton

Crédit photo : Anthony Easton

 

L’intrigue initiale, exemple :

 

Un récit comme L’Étranger, d’Albert Camus, se focalise sur l’intrigue principale. Cela donne un récit sec et court  de moins de 200 pages où l’émotion est à peine suggérée. Tout se concentre autour du personnage principal ,sans égards pour le reste du monde. C’est du reste ce qui est reproché au héros lors du procès et c’est ce qui signe sa condamnation à mort. On voit ici que le choix d’une intrigue principale unique renforce le propos de l’auteur.

L’intrigue secondaire, exemple :

 

Dans Le Prince des Marées de Pat Conroy, c’est tout le contraire. Ce roman fleuve de plus de 1000  pages possède bien son intrigue principale mais le héros, narrateur comme dans L’Étranger, possède une famille complexe dont les membres se débattent comme ils peuvent dans leur existence, créant des intrigues secondaires. Elles ont des répercutions sur la vie du héros et narrateur. Ce procédé ajoute beaucoup de profondeur au roman car il crée des points de vue supplémentaires, des émotions, des péripéties qui s’ajoutent à celles du héros. Ces intrigues secondaires mettent en valeur et en perspective l’intrigue principale et son héros, habillent tout le roman, lui donne de la chair (L’Étranger est au contraire volontairement déshumanisé), renforce sa tonalité générale, son atmosphère, fournissant une multitude de renseignements sur le passé des personnages secondaires, leurs aspirations, émotions, problématiques…

 

Crédit photo : Guy Moll

Crédit photo : Guy Moll

Quelles sont les caractéristiques de l’intrigue secondaire ?

 

  • le héros n’y participe pas obligatoirement mais c’est possible. Elle peut se rapporter aux personnages qu’il côtoie, ou non.
  • elle ne prend jamais la place de choix que conserve, tout le long du livre, l’intrigue principale. Car le lecteur ne doit jamais perdre de vue la ligne narrative constituée par l’intrigue principale. Il ne doit pas se noyer dans les détails même si l’intrigue ou les intrigues secondaires sont très nourries. Le lecteur doit toujours savoir où il en est et ne pas perdre de vue la quête du ou des héros. Par exemple, dans Harry Potter, la relation conflictuelle, de type « je t’aime-moi non plus », entre Hermione et Ron n’empiète jamais sur l’intrigue principale. En quelque sorte, elle reste à sa place.
  • l’intrigue secondaire possède, comme l’intrigue principale, son début, son milieu et sa fin. Hermione et Ron, après mille hésitations, finissent par se marier.
  • elle renseigne sur l’ambiance du roman, son cadre et ses personnages.
  • elle aide à insuffler la vie au roman par son apparence spontanée (il n’en est rien cependant et tu dois tout contrôler, comme toujours.)
  • elle crée une tension et un suspense supplémentaires à ceux de l’intrigue principale, et suscite chez le lecteur le désir et l’envie de poursuivre sa lecture.

Nombreuses ou peu nombreuses, les intrigues secondaires soutiennent le texte en le diversifiant. C’est un choix d’écrivain. Tu dois en user avec discernement et trouver l’équilibre idéal en rapport avec ton propos, comme on l’a vu dans les exemples précédents. Tu dois donc savoir si tu veux écrire un récit court, un roman de taille moyenne ou un roman-fleuve. Si tu désires une histoire simple et directe ou complexe.

D’une manière générale, on voit beaucoup moins d’intrigues secondaires dans les contes et nouvelles que dans le roman car ils vont « droit au but. » Mais comme dans tous les domaines, l’exception existe et existera toujours.

En résumé, il existe  :

 

  • l’intrigue principale : le cheminement du ou des héros principaux jusqu’à la résolution d’un ou des conflits, dilemmes, etc, peut suffire à écrire un roman, conte, nouvelle.
  • l’intrigue complexe : avec son intrigue principale et ses intrigues secondaires, ses personnages se croisent, se rencontrent et créent de nouvelles péripéties. Elle est surtout intéressante pour un roman bien fourni en pages, et un roman-fleuve ou une  saga (l’immense Dune, de 7 tomes, de Franck Herbert.)

L’enchâssement :

 

Le procédé qui vise à greffer des intrigues secondaires sur l’intrigue principale s’appelle l’enchâssement. Oui, connaître ce mot est totalement inutile mais j’ai quand même envie que tu le saches ! Ça a un côté précieux un peu prétentieux : tu enchâsses tes petites émeraudes sur ton grand calice en or, par exemple, enfin tu vois le genre…

Sérieusement, c’est à toi de te servir avec discernement des intrigues secondaires. Si tu crée un plan pour ton roman, ce que je conseille si tu débutes (voir mon Petit guide de démarrage à l’écriture, que tu peux télécharger gratuitement, sur la droite du blog ou en-dessous de cet article), structure bien ton intrigue principale d’abord, puis greffes-y tes intrigues secondaires ensuite. Ça t’évitera des confusions, des erreurs, qui nuiraient à la bonne lecture de ton livre. Tu peux utiliser pour cela le mind mapping, c’est très pratique. Tu pars de ta situation initiale et tu déroules ton plan avec ton intrigue principale et tes intrigues secondaires comme ci-dessous.

Crédit photo : Pietro Zanarini

Crédit photo : Pietro Zanarini

N’oublie jamais que tes intrigues secondaires doivent apporter un plus significatif à ton lecteur sans le noyer sous des détails inutiles et insipides. Que tes personnages secondaires aient de la présence tout de même ; n’en fais pas des fantoches aux problématiques dérisoires, sauf si tu fais dans l’humour et la caricature. Mais dose alors tes effets.

Personnellement, j’aime beaucoup les romans qui fourmillent de vie, de destins entrecroisés. Mais un récit tout simple, pur, rondement mené, peut aussi être un régal pour le lecteur. En ce cas, si tu t’attaques à ce genre de récit, fais très attention à trouver un ton intéressant, et à la qualité de ton style -même s’il est simple. Car tout défaut de style sautera aux yeux du lecteur ; il sera beaucoup plus attentif à cela que dans un roman où tout l’appelle car les personnages et les intrigues sont nombreux. Ce qui ne veut pas dire que, là aussi, il ne faille pas tout soigner jusqu’au moindre détail.

Il n’existe pas de règle absolue. C’est ton choix d’écrivain d’écrire avec une ou des intrigues. Quel qu’il soit, reste conscient de ton choix durant tout ton temps d’écriture pour mener à bien ton livre.

 

Crédit photo : Frédéric Bisson

Crédit photo : Frédéric Bisson

 

Laisse-moi ton commentaire, je le lirai avec plaisir. Tu peux aussi me proposer une idée de sujet ; n’hésite pas. Si je suis en mesure d’apporter des éléments de compréhension, de solutions, je le ferai volontiers. Et surtout écris avec passion !

Laure

 

 

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10 erreurs faciles à corriger pour écrire un bon roman

 Ecrire un bon roman : 10 erreurs faciles à corriger

 

Crédit photo : patricia m

Crédit photo : patricia m

 

Tu as mis un point final à ton roman, ou ton texte, ta nouvelle, tu l’as lu et relu, corrigé et recorrigé. Pourtant tu te demandes : où est la faille ? Tu as un doute. Tu sens que ton roman pourrait être meilleur. Ta structure narrative semble tenir la route, tes personnages ont une psychologie en béton, ton suspense est impeccable, ton climax réussi. Alors ?

Qu’est-ce qui ne colle pas ? Ce goût qui t’envahit de… comment dire ? Tu l’as sur le bout de la langue… Oui : ce goût d’inachevé ! Comment l’expliques-tu ? C’est bien le problème : tu ne sais pas. J’ai vécu ça aussi, nous l’avons tous vécu, nous qui écrivons.

Pas de panique. Je te montre en 10 points ce que tu dois vérifier en urgence. Il se peut que tu aies simplement oublié un ou des détails qui participent de manière importante au grand tout qu’est ton roman, ta nouvelle, ton conte. Il suffit d’un rien pour dénaturer l’ensemble, le rendre moins crédible. Or la grande affaire d’une histoire, d’un roman, c’est de rendre crédible l’incroyable. Il ne faut jamais perdre de vue cela. Il faut donc faire attention à chaque détail.

Vérifie :

1.   Tes noms et prénoms de personnages

 

John dans les années 50 aux États-Unis paraît naturel. John, français vivant en France dans les années 50, et bien… A moins que son père soit un GI jamais rentré au pays ?  Là, ça devient crédible.

Ça n’a l’air de rien mais un nom et prénom mal choisis peuvent donner à ton livre une allure boiteuse. Ton lecteur n’analysera pas forcément pourquoi mais il ressentira un vague malaise : quelque chose n’est pas à sa place. Il n’y croira pas, il ne se laissera pas prendre par l’histoire.

2.   Le milieu social

 

Notre monde est social. L’homme est un animal social. Dans n’importe quel pays, civilisation, même dans la tribu la plus perdue aux confins de l’Amazonie, tout clan est social. Chaque lieu est attaché à des us et coutumes, des manières d’être, de faire, penser, sentir, des croyances particulières.

Ton personnage n’agit pas de la même façon s’il se bat pour sa survie dans un bidonville au Guatemala que s’il prend du bon temps dans un manoir irlandais. C’est une réflexion très basique mais je suis un peu fatiguée des personnages dont le milieu social et les manières ne sont pas corrélées. On en trouve trop souvent dans les romans. Ce qui fait que le lecteur n’y croit pas.

Je garde toujours en tête un roman extraordinaire qui traverse de multiples milieux sociaux en les décrivant de manière exemplaire. Il m’a émerveillée en grande partie par cela. Il raconte l’ascension sociale vertigineuse d’une femme et sa chute. Je ne peux que t’enjoindre à lire un jour ce pavé de trois tomes à l’écriture magistrale : La sans-pareille, L’archange de Vienne, L’enfant aux loups. Françoise Chandernagor y est d’une justesse parfaite. Une longue et intéressante interview d’elle ici. Et plus courte mais pertinente ici.

 

Françoise Chandernagor

Françoise Chandernagor

 

3.   L’orthographe

 

Je te renvoie aux Bescherelle, aux logiciels de correction, aux amis qui veulent bien épouiller ton texte pour y cueillir les dernières coquilles… Ne laisse rien passer. Ça fait désordre un romancier qui fait des fautes. Si tu as vraiment trop de lacunes, prends un correcteur de métier. C’est un sacrifice qui en vaut la peine, surtout si tu t’autoédites. Je pense même que là, c’est indispensable.

4.   La conjugaison

 

La concordance des temps surtout… Je lis parfois de drôles de choses. Je ne suis pas certaine que moi-même, parfois… La langue française est très complexe et l’on a beau écrire depuis longtemps… Vérifie-toi encore.

5.   La typographie

 

Les conventions typographiques sont strictes. Elles ont étés conçues au fil du temps surtout par les imprimeurs pour faciliter la lecture. Aucune fantaisie ! Quelquefois, elles frôlent l’aridité. Elles ne t’arrangent pas toujours, toi, l’écrivain ! Mais il faut t’y plier pour faciliter la lecture de ton roman à tes lecteurs car ils y sont habitués depuis toujours, comme nous tous. Si tu fais une entorse, il faut qu’elle soit voulue, utile, immédiatement compréhensible, et apporte un plus significatif. C’est surtout en poésie que tu peux te permettre quelques écarts.

Si tu n’as pas la moindre idée du casse-tête que représentent les règles typographiques, jette un œil, et même les deux, ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Conventions_typographiques

 

Crédit photo : patricia m

Crédit photo : patricia m

6.   Ton genre littéraire

 

Ton genre littéraire est-t-il bien défini ? Et s’il est hybride, voire expérimental, paraît-il volontaire ou conçu par hasard et maladresse ? Polar ou thriller ? Romance ou drame ? Heroic fantasy ou science-fiction ? Ou les deux volontairement ? Ou trois genres qui se mêlent ? Attention, le mélange des genres est le plus délicat à manier. Tu peux mêler tout ce que tu veux pourvu que ton lecteur comprenne tout de suite et sache toujours où il en est.

7.   Les répétitions

 

C’est étonnant ce que je lis parfois ! Les répétitions sont pourtant très simple à corriger. Il faut un peu d’attention, c’est tout.

En revanche, tu as le droit de jouer sur la répétition. C’est un art, un procédé formidable quand il est bien utilisé. Il peut apporter beaucoup de force à un texte en donnant de l’insistance, de la présence à un mot, quelques mots ou une expression.

8.   Tes tics de langage

 

Je ne parle pas des tics de langage que tu as peut-être placé, volontairement, dans la bouche de certains de tes personnages pour les rendre plus insolites, caricaturaux ou simplement caractéristiques. Il est rare qu’un écrivain s’en serve mais pourquoi pas ? Cela peut être intéressant.

Je parle de tes tics de langage, pardi ! Il faut les ôter s’ils sont récurrents, n’apportent rien ou affaiblissent systématiquement ce que tu exprimes. Tu me suis : il faut traquer tes tics. Prends du recul sur ce que tu écris pour les voir. SI tu n’as aucun tic de langage à corriger, que ta langue est sans défaut, tu es béni des dieux !

9.   Le participe présent

 

Traque-le parce qu’il n’existe rien de mieux qu’un participe présent mal placé pour alourdir et tuer une phrase. Si tu as un doute, lis ta phrase à voix haute. Le participe présent doit se rapporter à un nom ou un pronom. Or je lis de plus en plus de phrases ahurissantes où le participe présent ne se rapporte à… rien. Je ne suis pas du tout contre le participe présent car il est réellement utile. Mais utilise-le à bon escient.

Par exemple : En ouvrant mes volets ce matin-là, un grand bonheur m’envahit. (Jean d’Ormesson) C’est correct.

Par contre, ceci ne l’est pas : Joseph est le seul homme à avoir mangé des pommes, permettant d’alléger le panier. Pourtant je lis ce genre de construction absurde partout. Ce n’est pas Joseph qui a permis d’alléger le panier. C’est son action : il a mangé les pommes. Donc il faut écrire : Joseph est le seul homme à avoir mangé des pommes ; il a permis d’alléger le panier. Ou encore : Joseph est le seul à avoir mangé des pommes, ce qui a permis d’alléger le panier. C’est autrement plus clair et élégant.

10.   Les formes passives

 

C’est pareil, j’en vois de plus en plus, à toutes les sauces. La forme passive ôte énormément de vie et d’élan à la phrase dans notre langue. Elle coupe l’action et affaiblit l’attention du lecteur, embourbe le roman dans la mollesse. Il faut que le lecteur se sente avancer de concert avec les personnages et l’intrigue.

Exemple : Elle se fit poser par un coiffeur des bigoudis dans les cheveux. (Oui, je sais, c’est superbement littéraire ! C’est pour que tu t’en souviennes !)

Je préfère : Un coiffeur lui posa des bigoudis dans les cheveux. C’est plus direct, plus franc.

 

 

Crédit photo : quattrostagioni

Crédit photo : quattrostagioni

 

Ce tour d’horizon de 10 erreurs faciles à éviter est achevé. Je pense que cette liste te sera utile, particulièrement si tu débutes. Maintenant rien ne sert de lire cette liste si tu ne te mets pas au travail. Je t’invite donc à prendre ton roman et à le corriger encore une fois. Je te conseille aussi de lire mon article sur les 4 trucs infaillibles pour rendre un roman crédible.

Tu peux tout corriger en même temps si tu es déjà entrainé à cela. Mais si tu débutes, je te conseille de regrouper au maximum trois recherches d’erreurs d’un type différent sur une lecture. Puis de recommencer avec d’autres types d’erreurs. Ainsi, ton filtre sera plus réduit donc plus efficace.

N’hésite pas à me laisser tes commentaires sous l’article et, s’il t’a plu, à le partager sur les réseaux ou à un ami.

A bientôt,

Laure.

 

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Richard Bohringer, rebelle magnifique, et L’ultime conviction du désir

Quand Richard Bohringer a écrit son premier livre, C’est beau une ville, la nuit, je ne l’ai pas lu, agacée par le battage médiatique –et oui, déjà à l’époque, 1988, on vendait la littérature comme on vend de la lessive ! Ce qui lui fait bien du tort. Mais là n’est pas la question ; j’écrirai peut-être un article à ce propos, un jour de coup de gueule.

Pour en revenir au premier livre de Richard Bohringer, acteur, réalisateur, chanteur, baroudeur, écrivain, grande gueule, j’ai eu tort de ne pas le lire si j’en juge par L’ultime conviction du désir, sorti en 2005 chez Flammarion. J’ai une grande sympathie pour ce personnage hors norme qui n’hésite jamais à dire ce que tant de gens pensent tout bas. Cet homme est un brasier. Il enflamme tout sur son passage.

 

L’ultime conviction du désir              Richard Bohringer

 

L’ultime conviction du désir

 

J’ai été emportée par son flot d’images, de sensations, d’odeurs, de sons, d’émotions. Richard Bohringer nous balance tout. Et c’est beau. Vraiment très beau. C’est un long texte alternant phrases courtes, phrases sans verbes, mots seuls. Comme un long chant, un poème de 126 pages, une litanie de l’amour et du désir. Un carnet de voyage en mots. Une succession d’instants, de situations, de rencontres avec lui-même, avec les autres. Rédigé comme on rédigerait un journal intime. Ou des lettres. Pas de structure. Même la chronologie est bouleversée, sans importance. C’est une livre splendide, dont on ressort secoué. Et du point de vue d’un écrivain, c’est un livre-tour de force car il prouve qu’on peut écrire sublimement un hybride : ni roman, ni essai, ni nouvelle, rien d’habituel, de connu. Richard Bohringer a laissé glisser sa plume avec vélocité, sans chercher à entrer dans aucun moule littéraire, et ce n’est pas le moindre charme de son livre. Il est un homme à prendre ou à laisser, sans concessions. Je prends.

Richard Bohringer griot

 

   Il y aura sur la route, des villages de chaque côté, un grand arbre dans l’air brûlant. Intense l’âme derrière le pare-brise.

   Les femmes, boubou fou, balancent un coup sensuel sur les poubelles mille fois soulées. Petits talibés, hordes d’orphelins, qui sourient et qui rient. Malgré tout.

   Mon cœur est à toi ma merveille, ma terrible Afrique.

   Je te regarde. Je m’enfouis en toi. Maman. Tes seins comme un continent. 

 

Un style, un ton, et un tour du monde

 

Le miracle de son style est d’avoir réussi à créer avec de si courtes phrases un livre épique, lyrique, qui soulève l’âme, la porte, lui donne l’émotion forte, âpre, parfois désolée, mais follement désirable de la liberté. Richard Bohringer n’est pas un amateur : il écrit comme on respire, et avec conviction. Il a du chien. Son style a de la gueule. Son ton a de la gueule.

C’est le tour du monde, les continents abordés, les différences partagées, aimées, appréciées, les cultures présentées comme des cadeaux et non plus des contraintes, des paysages de brousse, de nulle part, de là où l’on ne va jamais, ou si peu quand on est un occidental : c’est un tour du monde, Amérique du Sud, France, Asie, Islande, et c’est souvent l’Afrique que Richard Bohringer adore. Il est du reste citoyen sénégalais depuis 2002.

Ce qui personnellement me sensibilise beaucoup puisque j’ai vécu 14 ans en Afrique. Je n’ai jamais pu l’oublier. Et là, je suis touchée au cœur. Quand il parle de l’Afrique de l’Ouest, tout y rendu avec grâce, sensibilité, intelligence.

L’ultime conviction du désir, c’est Richard Bohringer qui crie sa révolte devant la dureté du monde, des profiteurs, des politiques et s’extasie devant la beauté de l’univers, des êtres, des paysages, hurle son amour, son amitié, sa tendresse rocailleuse, son trop-plein de vivre et d’aimer, de partager fraternellement ce que la vie nous offre de plus précieux : le rire, le sourire, le silence complice, un thé à la menthe, un chant, la musique, ses enfants, ses belles rencontres, les femmes, le sexe…

Les pages écrites sous influence musicale malienne. Aimer l’Afrique c’est être sous influence.

   La nuit bleue. Sur le fleuve Niger. Bamako. Ton blues m’a pris l’âme.

   La pirogue caresse l’eau.

   La lune proche, si proche, faramineuse, élégante, se pose devant moi. En ombres chinoises des bouts de vie, des arbres, des cases. Je suis dedans. Dans l’écran. Au milieu de la vie en ombres chinoises.

Et plus loin :

   Nous danserons toute la vie l’un contre l’autre. Peau contre peau. Sel mélangé. Rigole entre tes seins, entres tes fesses. Musique lointaine. Blues dans la nuit. Donne envie. Tes seins dans mes mains.

 

Crédit photo : Gustave Deghilage

Crédit photo : Gustave Deghilage

Une musique bien à lui

 

J’ai rarement lu un aussi bel hymne à l’amour de la vie. Un hymne rythmé comme un jazz ou un reggae sensuel. Richard Bohringer a de l’oreille. Sa langue chante et swingue. A ce propos, offrez-vous l’un de ses C.D. Ecoutez-le dire ses textes. Et lisez-le.

Surtout, allez-y ! Entrez dans son univers. Il n’est pas politiquement correct. Un instant magique bien au-dessus de toutes les médiocrités publiées, des livres montés au pinacle on se demande par quel miracle d’entregent. Sur l’acte d’écrire aussi, il a des réflexions fulgurantes.

   Toi qui lis ce bouquin, j’écris le désir de la vie. Écrire à toutes pompes. Comme un fou. Ne pas savoir où aller. Se perdre. Me réfugier.

   Prendre la machine dans ses bras. S’abriter derrière le clavier.

   Écrire. Les torrents, les bateaux au bout du monde, les fleuves, les grandes marées, les prémonitions, les ombres, la discutation humaine, la palabre. L’envie de se raconter l’autre.

   L’ultime conviction du désir.

   On mourra pas et si on meurt tant pis.

   Oublie que je t’aime.

L’amour, la passion, les humbles

 

Richard Bohringer chante la vie, les pauvres, les délaissés, les oubliés, les humbles. Il chante l’homme et la femme. Il n’oublie pas les enfants. Richard Bohringer aime au-delà de l’amour, plus fort encore. Il brûle de passion. Peut-être est-ce pour cela qu’il se noie parfois dans l’alcool. Sans doute une tentative pour apaiser la brûlure, l’intensité. Mais c’est vain : la brûlure est là.

   L’écriture devient dangereuse. Elle dénonce l’imposture. Refuse le mensonge. Sauve les anges déchus. Les paumés de leur vie. Les tendres qui regardent tout dans les rues.

Et encore :

   Vivre l’écriture. À la folie. N’avoir aucun génie. Juste la vie vécue. La transcendance et l’espérance. L’inspiration. Tuer l’inspiration au profit des belles-lettres. Les spadassins traînent dans les couloirs de la culture.

   Les groupes de pensée deviennent uniformes. Vivre l’idée de l’écriture. Écrire par tous les temps. Au bout des champs. Derrière l’horizon. Les phrases odeurs. Les phrases souvenirs. Il y aura celles écrites. Il y aura celles sans traces. Juste pensées. Juste vécues. Tout ne sera pas écrit. Trop d’intime à deviner entre les lignes.

La vérité qui cogne aux tripes, le livre qu’on ouvre pour ne le fermer qu’au dernier point –avec regret- et dont on sait qu’on le relira encore et encore.

Et il faut bien entendu le lire avec L’ultime conviction du désir.

 

Crédit photo : Gustave Deghilage

Crédit photo : Gustave Deghilage

Quelques mots supplémentaires à propos de l’air du temps :

 

J’ai été invitée cordialement à écrire un article par mon collègue écrivain et blogueur, comme moi, Malik Kahli. Tu peux lire mon article sur son blog, Ecrivain en devenir : 7 personnages écrivains de roman . Malik prépare la sortie de son prochain livre ; affaire à suivre…

Je te souhaite de très belles fêtes ainsi qu’à tes proches. Bientôt une nouvelle année et d’autres défis à relever pour chacun d’entre nous. Certains seront littéraires. Pour 2017, j’ai décidé de te tenir au courant de ce que je mijote dans mes grands chaudrons d’écrivain : des plats amers, sucrés, des salés, roman et théâtre… Je te raconte tout en 2017, promis !

Je pense aussi que je vais tenter le podcast -tu vas entendre ma voix, il était temps- et même la vidéo -là, tu verras ma tête, enfin !

Je te remercie pour ta fidélité, ta présence, tes lectures de mes articles, de mes petites nouvelles, tout au long de 2016. On se retrouve dans quelques jours pour entamer l’année 2017 sur les chapeaux de roues. Et d’ici là, champagne pour nous tous !

 

*                                                                                     

 

 

 

 

 

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