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Le secret pour garder tes lecteurs

Comment garder tes lecteurs ? Ne pas les lasser ?

 

Quand on écrit, il existe un risque : sombrer dans l’immobilisme, surtout si on a beaucoup écrit, et plus encore après plusieurs romans. Le risque est d’écrire d’une manière figée. De se répéter. Ne plus inventer.

Je t’explique cela dans cette vidéo. Mais comme je me suis rendue compte en la visionnant que je n’ai pas tout exprimé, je t’invite à la regarder en premier, puis à poursuivre ta lecture ci-dessous. N’oublie pas de m’offrir un petit pouce bleu si tu as aimé la vidéo. Ca m’encourage à poursuivre.

 

L’intérêt d’un système d’écriture

 

Le système est une bonne chose pour la productivité de l’auteur. En peinture, par exemple, on peint en général  » une série  » pour une exposition. Ceci permet au spectateur de ne pas se sentir perdu en sautant du coq à l’âne. Il comprend l’ensemble de l‘exposition en appréciant un tableau après l’autre. Ceci l’aide à comprendre le propos du peintre. Du côté de l’artiste, peindre  » une série  » lui permet de se découvrir plus profondément, creuser son sujet, active son inspiration et sa productivité.

En littérature, nous avons des exemples de réussites exceptionnelles d’écrivains qui ont bâti leur système et même des séries : un ou des personnages récurrents, des atmosphères, un style, une manière de voir le monde…

Georges Simenon a créé le commissaire Maigret et cette ambiance si particulière qui baigne ses romans policiers.

Agatha Christie a créé Hercule Poirot et Miss Marple, et l’atmosphère caractéristique de ses romans.

Zola a créé Les Rougon-Macquart, immense fresque naturaliste.

Balzac a créé La comédie humaine, summum de psychologie sociale, univers gigantesque de 90 livres où les personnages se croisent et rencontrent de roman en roman.

Franck Herbert a créé Dune (7 tomes.)

Etc.

Il existe de bonnes raisons pour inventer son système. Le lecteur, ravi, retrouve l’univers qu’il adore et attend : comme dans Harry Potter.

Le défaut d’un système d’écriture

 

Le système devient un problème quand il est insuffisant ou médiocre. Un personnage trop faible, une intrigue redondante, une atmosphère sans nuances, des péripéties baclées… On peut faire tant d’erreurs en écrivant de la fiction ! Je considère d’ailleurs toujours qu’un livre réussi est un petit miracle.

De là, ma mise en garde. Je n’ai rien contre les systèmes en soi, mais contre les systèmes où l’auteur n’a plus rien à dire, a tout exploité de son sujet mais continue quand même parce que c’est confortable. Il ne se remet plus en question mais ronronne.

Quand on a inventé un système (pas obligatoirement une série de livres mais un style, un type d’histoire ou autre), il faut oser varier à l’intérieur même du système. Sinon c’est la répétition du même thème, mais sans aucune imagination. Pensez à ces navrants blockbusters de mauvaise qualité : avec 3, 4, 5, 6 films sans surprises, mal ficelés, tout cela à la suite d’un premier film pourtant intéressant, lui. Mais il a malheureusement été décliné en produits manufacturés et aseptisés. Il aurait fallu s’arrêter ou proposer de la nouveauté. Se renouveler, donc. Toujours se renouveler.

Crédit photo : Angela Schlafmütze

 

L’exemple d’un système d’écriture réussi

 

Simenon avait même créé sa méthode pour le processus d’écriture lui-même ! Il en était arrivé, durant une longue période de sa vie, à écrire un Maigret en trois jours ! Cela a varié : de trois à dix jours au maximum. Quelle puissance ! Jamais, pourtant, un Maigret n’a déçu ses lecteurs ! Pour ma part, j’adore l’écriture, le style précis, lapidaire et évocateur de Simenon, et l’intelligence de sa psychologie. Car il savait créer du renouvellement à l’intérieur même de son « système Maigret. » Car Maigret, ce sont les mêmes personnages immuables : Maigret, Madame Maigret, le docteur Pardon, les inspecteurs du Quai des Orfèvres… Le caractère de Maigret demeure constant : bougon quand il a du mal à parvenir au résultat de son enquête, humain, passionné par son métier, amateur de bonne chère et de pipe, etc. Sa manière de mener l’enquête est toujours la même : proche des gens, il se mêle à eux, et provoque les confidences. Il n’interroge pas : il écoute. Et pourtant, c’est avec bonheur qu’on le retrouve dans toutes ses péripéties. Parce que les lieux changent, parfois les pays, les milieux sociaux changent, les assassins et les victimes sont différents, les intrigues ne se ressemblent pas et se présentent comme de véritables énigmes, bref Simenon ménage des changements à l’intérieur même de son système.

L’exemple d’un système de processus d’écriture réussi

 

Même sa manière d’écrire de Simenon était un système en soi. Son système, chronologiquement :

  • une promenade la veille de commencer son Maigret, qui provoquait la remontée de souvenirs d’enfance dont il « tirait » ses héros,
  • le choix de leur nom,
  • la rédaction d’une fiche sommaire de leurs caractéristiques,
  • le dessin de la maison où se déroulait l’intrigue,
  • la recherche du pourquoi (ce qui avait emmené le héros à faire ce qu’il avait fait.)
  • Quand tout cela est décidé, Simenon entre totalement dans la peau du personnage, jusqu’à adopter sa démarche particulière !
  • Il écrit son premier chapitre en trois heures, puis les suivants en deux. Chaque jour, il rédige un chapitre.
  • Il se lève à six heures, prépare son café, travaille jusqu’à 9 heures.
  • Puis il fait une promenade jusqu’à midi,
  • déjeune en famille,
  • s’octroie une sieste d’une heure.
  • Il repart en promenade avec sa femme mais ne parle jamais du roman.
  • Dîner, lecture de journaux, télévision en famille, que des choses simples. Aucun autre travail  durant la rédaction du roman. Aucune réponse aux coups de téléphone.
  • A chaque heure sa fonction. Ses journées étaient prévues méthodiquement.

Mais cela ne lui suffisait pas. De temps en temps, il écrivait un roman « dur », selon ses termes. Les Maigret, il disait les écrire pour se « détendre ». Je reprends réellement ses mots. A ce propos, lisez dont Mémoires intimes de Simenon. Rien de mieux pour connaître ce qui se trame dans la tête d’un écrivain. J’ai dévoré cet énorme pavé. Simenon, ce n’est pas seulement 103 Maigret mais aussi 115 romans « durs » et textes divers !

Un système n’est donc pas à bannir en soi. Le défi, c’est ce qu’on y fait. Tout le monde n’est pas Simenon. Il faut savoir ne pas s’embourber dans son propre système.

Se renouveler. Toujours se renouveler.

La liberté dans l’écriture

 

Et puis, la littérature est sans frontières, sans limites. Elle n’a pas à entrer dans de petites cases. Aucun auteur n’a l’obligation de se cantonner dans une case. Ce que l’on écrit est affaire de goût, de plaisir, de désir, curiosité, audace, expériences, souvenirs, projections, imagination, inventions…

Un auteur peut écrire des romans, des pièces de théâtre, des poèmes, des chansons, des pamphlets, des contes, des souvenirs, des autobiographies, des lettres, des journaux. Je dois en oublier.

Ne te restreins jamais. Un créateur doit s’amuser. Si tu t’amuses vraiment, ton lecteur ne s’ennuiera jamais. Ne sois pas systématique, même dans ton système, si tu en as un. Crée, renouvelle-toi, invente. C’est le secret. Un secret tout simple. Qui demande du travail et de l’inspiration.

 

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3 Commentaires

  1. Michelle Pannetier-Alabert

    Sortir d’un système n’est pas toujours facile. Pour ma part, j’écris sur l’Afrique du Nord, son histoire et je décris des personnages de femmes fortes. Le livre en cours d’écriture est plus difficile car il se rapproche de ce que j’ai vécu sans être autobiographique. Après il me sera difficile de changer de genre, je n’aime pas les romans policiers, de fantasy et de science-fiction. Je n’ai aucune compétence pour écrire des romans d’espionnage alors il faudra peut-être que je cesse d’écrire.

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    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Michelle,
      Non, pas arrêter d’écrire ! Tant que tu trouves à te renouveler à l’intérieur même de ce que tu aimes et sais faire, pourquoi changer ou abandonner ? Le problème ne se pose que lorsqu’on devient mauvais, quand on sent que soi-même on y croit plus. Tant qu’on est passionné parce qu’on écrit, sincère, je pense que ça se sent.

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      1. Michelle Pannetier-Alabert

        Merci Laure de ta confiance. Bonne journée

        Répondre

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