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Mon plus beau voyage, et comment tes voyages enrichissent tes romans

Mon plus beau voyage, et comment tes voyages enrichissent ton roman

 

Je réponds cette semaine à une excellente question de Caroline, du blog Le monde dans sa valise, que je te recommande de visiter si, comme moi, tu aimes le monde entier et que tu as souvent envie de tout plaquer pour en faire le tour. Caroline a organisé un événement entre blogueurs, cette drôle et sympathique espèce humaine dont je fais désormais partie. Cet événement, dans le jargon des blogueurs, s’appelle un Carnaval d’articles. Il s’agit pour une communauté de blogueurs d’écrire un article autour d’un thème. Ce thème, lancé par Caroline, c’est :

Mon plus beau voyage  

 

Quel est mon plus beau voyage ? Difficile de répondre. Enfant, j’ai beaucoup voyagé : le Sahara, les Aurès, la Tunisie… J’ai habité l’Algérie et le Maroc durant 12 ans. L’été, c’était l’Europe, Espagne, Suisse, Belgique, Italie… J’ai fait mes études à Paris : nouvelle découverte. Paris est un pays en soi. Puis je suis retournée en Afrique pour deux ans, cette fois-ci à l’Ouest : le Niger. J’ai voyagé encore : Burkina, Mali, Togo, Bénin. J’ai « fait » la Transsaharienne, l’Aïr, le Ténéré, comme disent les vieux routards. Plus tard, j’ai travaillé brièvement aux Etats-Unis, encore une autre planète.

 

Crédit photo : Magharebia

Maintenant je vis sur la Côte d’Azur et je m’y ennuie un peu. Il n’est pas exclu que je reparte un jour. Ceci pour poser le décor et expliquer pourquoi la question proposée par Caroline du blog Le monde dans ma valise me touche. Je la remercie de me permettre d’y répondre car je n’aurais sans doute jamais pensé à me la poser ! Et pourtant…

Deux voyages se détachent dans ma mémoire : la traversée du désert, Biarritz-Niamey, 5000kms dont les fameux 400kms sans piste dans le Sahara algérien, juste la boussole et les étoiles pour se repérer. En ce temps-là, ni téléphone portable ni GPS. L’autre voyage, ce sont deux années passées au Niger sans rentrer en occident. J’y ai connu, entre autres, les brousses grandioses d’Afrique de l’Ouest, l’Aïr et le Ténéré, et les moiteurs de Lomé sur le Golfe de Guinée.

Pourtant, durant ces années, j’ai toujours vécu, en parallèle de ces voyages bien réels, d’immenses et fructueux voyages imaginaires : j’écris. Des romans, des poèmes, des pamphlets… Je me suis lancée dans l’édition depuis peu avec un roman, Racines mêlées, qui se passe en Afrique de l’Ouest. Et je vais éditer bientôt Le Cheval de L’Irlandais qui se déroule principalement en Grèce. Dans les deux romans, mes personnages sont de diverses nationalités, et ce n’est pas un hasard, tu l’as compris.

A la question : quel est ton plus beau voyage ?, je réponds : mon voyage intérieur du moment. Et celui-ci se nourrit de tous mes voyages. Et je le vis toujours à travers le livre que j’écris.

 

Crédit photo : Roland

Voyager et écrire : deux processus de découverte du monde

 

Car écrire, c’est s’immerger totalement dans un univers. Comme en voyage, tu découvres des êtres, des situations, des personnes, éclaires des mystères, ouvres ton esprit, te renseignes sur la culture locale, apprends de tes propres réactions, émotions, et de celles de ces êtres que tu n’avais jamais rencontrés auparavant. Tu t’adaptes.

En voyage, tu ouvres grands tes yeux pour ne rien rater. Tu absorbes comme une éponge, tu te sens plus vivant, plus réel, plus vrai. Souvent aussi, tu es en effet plus authentique, t’intéresses à nouveau à tes sensations physiques, ce que tu ressens réellement, et non plus à travers les rôles que tu joues habituellement et que la société t’impose : père, mère, patron, employé, bon fils, bonne copine… Tu laisses tomber tes masques. Tu te retrouves, te redécouvres en découvrant un autre univers. Tu fais des parallèles, te poses des questions : qu’est-ce qui est différent par rapport à ce que je vis, au monde d’où je viens, à ma culture ? Qu’est-ce que j’apprécie, qu’est-ce que j’ai envie d’adopter ? Qu’est-ce qui me heurte et que je n’aime pas ? Est-ce que ce rejet a un fondement, une bonne raison d’être ? Est-ce par habitude que je réagis mal, parce qu’on m’a appris à juger négativement ce comportement, ou est-ce vraiment moi qui réagit à cette situation ? Est-ce que je peux m’en accommoder sans me renier ? Comment ?

 

Crédit photo : Samson Picard

Voyager et écrire : deux aventures qui nous transforment

 

Et l’aventure ! L’aventure car, tu l’as compris, voyager n’est pas pour moi s’étaler sur une plage dans un complexe touristique à l’autre bout du monde pour y vivre comme on vit chez soi –avec le confort et le luxe en plus. Voyager, c’est se confronter parfois à l’inconfortable, l’inconnu, les bonnes et mauvaises fortunes, parfois le danger. C’est dans cette dernière situation que l’on apprend le mieux à se connaître.

Et bien, l’écriture d’un livre, et particulièrement d’un roman, me fait vivre tout cela. Je découvre, m’aventure, invente des solutions, je me renseigne, découvre des cultures différentes, des contextes sociaux-politiques différents, des personnages qui ne réagissent pas comme moi, me soumets aux caprices des intrigues et de la destinée (car mes personnages me mènent par le bout du nez comme un guide dans le souk de Jemaa el-Fna, à Marrakech, quand il a décidé de te faire passer chez tous ses amis vendeurs de tapis, de poteries, et autres…) Il ne reste qu’à garder le sourire et profiter des rencontres. Je suis immergée dans des atmosphères jusqu’alors inconnues, je prends des risques, essuie des déceptions, bondis de joie quand la beauté d’un paysage me traverse, ouvre mon esprit. Je me trouve face à des défis. Et il faut les résoudre.

 

Crédit photo : FaceMePLS

Quand écrire fait voyager…

 

Ecrire, c’est voyager. Ecrire est le plus beau voyage intérieur qui soit. Je crois même qu’écrire sauve des vies. La sienne ou celle des autres. Certaines personnes trouvent des ressources inouïes dans l’acte d’écrire. Certains partent au bout de la terre pour braver leur destin, lui donner tort quand il est défavorable, et se créer une nouvelle -et belle- vie. D‘autres écrivent le journal secret où elles mènent leur véritable existence, que nul ne soupçonne sous leur masque social. Elles s’extirpent de leur réalité banale ou exécrée, d’un monde qui les déçoit ou ne les comble pas suffisamment. Leur stylo est un véhicule, leurs mots un continent.

D’autres écrivent un roman, un conte, ou s’épanchent dans leurs souvenirs réels ou inventés. C’est encore voyager.

Elles reviennent de leurs voyages plus fortes, plus joyeuses, plus assurées, plus entières, plus authentiques forcément. Car dans l’écriture, il existe deux voyages intérieurs : on y découvre non seulement ce que l’on écrit mais soi-même. Qui est-on ? Qu’à-t-on à partager ? A exprimer ? A quoi est-on sensible ? Que sait-on exprimer le mieux ? Ecrire est un voyage à la découverte de son imaginaire. Ecrire est un voyage à la découverte de soi. Ecrire est un espace de liberté.

Oui : écrire, c’est aussi voyager.

 

Crédit photo : Denis Bocquet

Quand voyager fait écrire…

 

Et mes livres ont nourris de cela : des rencontres que j’ai faites, des paysages que j’ai traversés, des sourires partagés, des incompréhensions mutuelles. J’écris sur le temps et l’espace, les hommes et les bêtes, l’amour et la haine, la compassion et l’indifférence, le partage et la liberté… Chaque chapitre est une étape, chaque livre un pavé de la route que je construis sur mon voyage de toute une existence, m’émerveillant de posséder ce don qui me permet de quitter ma vie à toute heure, tout moment, pour entrer dans la vie de mes personnages, me fondre dans des pays et des paysages imaginés, et inventer un monde où mes lecteurs voyageront à leur tour.

Car mon plus beau voyage se renouvelle sans cesse, et sans cesse je peux le partager avec mes mots, mes images, mes techniques d’écriture. Les mots sont des portes ouvertes sur l’infini.

Certains écrivent des souvenirs de voyage, d’autres dessinent des carnets de voyage, nourrissent leurs romans ou leurs contes de leurs voyages, écrivent même des guides de voyage. Il existe les écrivains-voyageurs comme l’incroyable Sylvain Tesson. Quelle qu’en soit la manière, c’est voyager deux fois !

Ma vie oscille entre voyage réel et voyage intérieur, fictif. Et chaque fois que je commence un nouveau livre, je m’engage dans une nouvelle aventure. Je ne sais pas où j’irai, mais je signe les yeux fermés car mon plus beau voyage, c’est toujours mon dernier livre, celui que je suis en train d’écrire. En ce moment, tu le sais si tu me suis depuis un petit moment, c’est Le Cheval de l’Irlandais.

Et toi, comment vis-tu l’écriture ? Voyages-tu avec elle ? Est-ce une belle aventure ? Te sers-tu de tes voyages pour enrichir ton écriture ? Et quel est ton plus beau voyage ? Je me suis confiée à toi. A ton tour…

 

 

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13 Commentaires

  1. Léa

    Bonjour Laure,
    Quelle superbe mise en parallèle du voyage et de l’écriture. Ils sont pour moi aussi intimement liés.
    Et voilà qu’en finissant de lire cet article, j’ai envie d’écrire ! Et ce n’est sûrement pas près de passer en parcourant le reste de ton blog.
    Une belle découverte !

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Merci Léa, contente que mon blog te plaise.
      J’ai accroché tout de suite au tien parce que tu as une belle plume, apparemment assez naturelle. Je trouve que ton idée d’un blog épistolaire est géniale, j’en profite pour te le dire ici.
      A ceux qui aiment le voyage et la belle écriture, je vous conseille une balade sur http://www.bonbaisers.voyage
      Je vais le fréquenter avec beaucoup de plaisir maintenant que je t’ai découverte.
      Bonne route à toi !

      Répondre
  2. Emeline de "petit enfant deviendra grand"

    Et bien, bravo pour ton article! Quel joli parallèle tu fais, vraiment très bien écrit en plus! Tu as une sacrée expérience du voyage… mais aussi de l’écriture! C’est chouette!

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Merci Emeline !
      Pour le voyage, il faudrait que je m’y remette, ça fait vraiment longtemps… et lire tous ces articles de grandes voyageuses me donne la bougeotte ! Mais tu m’as rappelé le voyage le plus important…

      Répondre
  3. caroline

    Merci beaucoup pour ta participation Laure, en plus de me faire voyager, tu m’as motivée pour me lancer dans l’écriture de mon livre. Je risque de passer te rendre visite assez souvent 😉

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Caroline,
      Que te répondre à part : génial !
      Un voyage d’envergure, l’écriture d’un livre, en plus de tes autres voyages et de ton blog, tu ne vas pas chômer…
      Alors à bientôt

      Répondre
  4. Marie-Françoise

    A nouveau un bel article!qui donne envie de divaguer,voyages voyelles,bagages bretelles…,suite à +.

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Marie-Françoise,
      S’il donne envie de voyager, divaguer, vaguer en voyelles sans vague à l’âme, tout est bien…

      Répondre
      1. Slimani Fatma-Zohra

        Bonjour, Laure.
        J’aime vous lire.
        Vos écrits sont un déjà un voyage, vous qui avez traversé tant de frontières, côtoyé des personnes si différentes….
        Vous faites renaître en moi cette envie d’écrire qui paresse et fait des soubresauts timides. Merci Laure, la lecture de vitre blog est un encouragement pour moi..

        Répondre
        1. Slimani Fatma-Zohra

          Pardon….votre blog

          Répondre
        2. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

          Pourquoi ne pas vous préparer un emploi du temps ? Par exemple, écrire une demi-heure chaque jour à heure à peu près fixe, juste pour écrire et se mettre l’eau à la bouche… Ca peut être un journal, des poèmes, un texte juste comme ça, une nouvelle, peu importe. Le tout c’est de prendre l’habitude de le faire.

          Répondre
          1. Slimani Fatma-Zohra

            Il n’est pas dit que je n’écris pas du tout. Mais le fait est que j’ai tendance à m’éparpiller.
            Je ne me suis pas encore assigné un objectif rigoureux, tel un projet de roman par exemple.
            Cependant, étant à présent en vacances, je vais me fixer un but précis et me décider à le faire avec plus de sérieux.
            Merci Laure, pour vos conseils qui sont toujours les bienvenus.

          2. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

            Je l’avais compris comme ça, Fatma-Zohra. C’est juste que la régularité aide aux projets de plus longue envergure.

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