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Des dizaines de bonnes raisons d’écrire, selon Anaïs Nin

On a tous en nous un peu d’Anaïs Nin !

 

Tu te demandes peut-être parfois pourquoi tu écris, si ce n’est pas vain, si c’est vraiment utile pour toi, pour les autres ? Cela ressemble à s’y méprendre à une petite baisse de régime, une panne d’inspiration ou de motivation ? Voici de quoi y remédier.

 

Crédit photo : Chris Drumm

 

Un écrivain demandait à Anaïs Nin : « Pourquoi écrit-on ? » Elle lui écrivit en réponse une lettre, qu’elle recopia dans son Journal de février 1954 :

«  Pourquoi on écrit est une question à laquelle je peux répondre facilement, me l’étant si souvent posée à moi-même. Je crois que l’on écrit parce que l’on doit se créer un monde dans lequel on puisse vivre. Je ne pouvais vivre dans aucun des mondes qui m‘étaient proposés : le monde de mes parents, le monde de Henry Miller,  le mode de Rango,  ou le monde de la guerre. J’ai dû créer un monde pour moi, comme un climat, un pays, une atmosphère, où je puisse respirer, régner et me récréer lorsque j’étais détruite par la vie. Voilà, je crois, la raison, de tout œuvre d’art. L’artiste est le seul qui sache que le monde est une création subjective, qu’il faut opérer un choix, une sélection des éléments. C’est une concrétisation, une incarnation de son monde intérieur. Et puis il espère y attirer d’autres êtres, il espère imposer cette vision particulière et la partager avec d’autres. Même si la seconde étape n’est pas atteinte, l’artiste, néanmoins, continue vaillamment. Les rares moments de communion avec le monde en valent la peine, car c’est un monde pour les autres, un héritage pour les autres, un don aux autres, en définitive. Lorsque l’on crée un monde tolérable pour soi-même, on crée un monde tolérable pour les autres.

Nous écrivons aussi pour aviver notre perception de la vie, nous écrivons pour charmer, enchanter et consoler les autres, nous écrivons pour donner une sérénade aux êtres qui nous sont chers.

Nous écrivons pour goûter la vie deux fois, sur le moment et après coup. Nous écrivons, comme Proust, pour la rendre éternelle, et pour nous persuader qu’elle est éternelle. Nous écrivons afin de pouvoir transcender notre vie, aller au-delà. Nous écrivons pour nous apprendre à parler avec les autres, pour consigner le voyage à travers le labyrinthe, nous écrivons pour élargir notre univers, lorsque nous nous sentons étranglés, gênés, seuls. Nous écrivons comme les oiseaux chantent. Comme les peuples primitifs dansent leurs rituels. Si vous ne respirez pas à travers l’écriture, si vous ne pleurez pas en écrivant, ou ne chantez pas, alors, n’écrivez pas. Parce que notre culture n’a que faire de tout cela. Lorsque je n’écris pas, je sens mon univers rétrécir. Je me sens en prison. Je sens que je perds mon feu, ma couleur. Ce devrait être une nécessité, comme la mer a besoin de se soulever. J’appelle cela respirer. »

 

Crédit photo : Julie Jordan Scott

 

Tout ces bonnes raisons d’écrire, je les vis. Je comprends et suis en accord avec chaque mot de cette lettre d’Anaïs Nin. Je suis touchée profondément par la justesse de ses conclusions, et plus encore par ces courtes phrases où je me reconnais totalement : « Nous écrivons comme les oiseaux chantent. Comme les peuples primitifs dansent leurs rituels. » Simplement. Parce que cela ne peut être autrement.

J’avais envie de te partager ce texte magnifique. A cette question du pourquoi écrire, je ne connais aucun auteur qui y ait répondu aussi brillamment, rapidement et sincèrement. Rien de surjoué, de faux, d’artificiel. En quelques lignes, elle nous donne des dizaines d’excellentes raisons d’écrire.

 

Qui est Anaïs Nin ?

 

Anaïs Nin est un écrivain atypique (américaine d’origine franco-brésilienne) dont je n’apprécie pas beaucoup les romans. En revanche, son Journal ! Extraordinaire par son contenu autant que par sa longueur, elle le commence à l’âge de 11 ans pour ne le terminer qu’avec sa mort à 74 ans ! Soixante-trois ans d’écriture qui font plus de 20 000 pages pages manuscrites !

Elle y écrivit tous ses secrets, et dieu sait qu’Anaïs Nin en eu ! Elle aura tout fait, tout connu, tout exploré (y compris la bisexualité et la bigamie, sans compter qu’enfant, elle a été victime de son père incestueux.) Elle est l’une des premières femmes à avoir écrit de la littérature érotique. Elle a été la maîtresse célèbre d’Otto Rank, d’Henry Miller, d’Antonin Artaud, Lawrence Durell, Gore Vidal… Peut-être même le premier écrivain à s’autoéditer puisqu’elle s’imprima elle-même. Rebelle, fantasque, fantaisiste, elle a balayé toutes les conventions. Elle a connu tous les artistes de sa génération, peintres, écrivains, cinéastes…

L’idéal pour bien la connaître est aussi de tout explorer : les biographies qui la concernent, ses échanges épistolaires et brûlants avec Henry Miller, ses livres bien sûr, mais surtout, surtout, son Journal. Du moins ce qui en a été publié. Car elle en a en réalité tenu deux : l’un dans lequel elle racontait la vérité, y compris ses nombreuses liaisons compulsives avec des hommes et des femmes, l’autre où elle ne disait qu’une partie de la vérité, filtrant sa sexualité débordante.

J’ai lu et relu le Journal auquel nous, public, avons accès, et le referai encore. Il est d’une richesse de pensées, d’une subtilité psychologique étourdissante. Il faut dire qu’Anaïs Nin a suivi maintes cures analytiques. Si cela t’intéresse, je te renvoie à cette page.

 

Des pistes pour mieux connaître Anaïs Nin

 

Comme tu es un passionné de l’écriture, je te conseille aussi Le roman de l’avenir, formidable essai sur les rapports entre son Journal et ses romans et, surtout, ce qu’elle espérait être le roman de l’avenir, forme romanesque qui serait un mélange de poésie, d’intuition et d’imagination. Malheureusement, le roman actuel ne me semble pas du tout aller dans ce sens… mais plutôt dans le pseudo-réalisme aride. Mais rien n’est perdu, après tout.

Quelques mots sur la vie d’Anaïs Nin ici  et  également ici.

Des citations d’Anaïs Nin pour un aperçu de son écriture.

Enfin, une vidéo passionnante : Anaïs Nin interviewée.

Si tu éprouves le besoin d’aller plus loin dans la réflexion, je te dirige vers mon article : Vivre pour écrire ou écrire pour vivre ?

Pour en revenir à cette lettre d’Anaïs Nin, que j’avais envie de te partager tant elle me semble juste :

Et toi, pourquoi écris-tu ?

Les livres d’Anaïs Nin que je te conseille : ses romans sont mauvais à mon avis. Par contre ses réflexions et son Journal sont extraordinaires.

Le roman de l’avenir, Anaïs Nin.        Essai sur  l’écriture, la littérature et l’art dans lequel je me replonge souvent.

 

 

Journal, Anaïs Nin. J’ai déniché la perle rare !    Je l’ai dans la même édition. (occasion)

 

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4 Commentaires

  1. Marie-Françoise

    Laure,c’est une belle lecture que nous propose ton article.
    Pour Anais NIn écrire c’est respirer.Lire cerait alors inspirer le souffle transmis par l’écrivain(e).Il y a toujours les deux faces de Janus dans une expression,une action.Je me permets de citer un essai de Fançois Cheng : »cinq méditations sur la beauté »qui nous fait accéder à la notion de souffle dans la cosmologie chinoise.

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    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Marie-Françoise,
      Je n’ai pas lu François Cheng, et ce n’est pas la première fois que tu m’en parles. Il va falloir que je m’y mette. Le programme a l’air séduisant.

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  2. Marie-Françoise

    PS,lire
    Un nouveau et bref commentaire à la suite de ton article précédent.

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  3. Brigitte

    Comme tu l’écris Laure on a tous un peu en nous de Anais Nin ..
    J’aime sa définition de l’écriture, écrire pour soi est un peu narcissique, non ?
    Disons qu’à travers l’écriture j’ai envie de transmettre le gout de vivre, la rage de vivre, cette beauté de la nature, ce souffle de vie que nous avons tous au fond de nous !
    Je remarque qu’elle avait écrit énormément de journaliers, pratiquement toute sa vie .
    Je m’aperçois aussi qu’on peut publier un journal, quitte à le remanier en roman
    Je ne sais pas si je parviendrais à cela…et je me demande si ce n’est pas cela qui coince chez moi…
    Il va me falloir résoudre ce dilemme….cela fait un moment que ça me trotte dans la tête
    J’ai bien aimé aussi la façon d’écrire de Richard Bohringer
    À suivre …

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