Mes défis

Une semaine, un texte : défi n°11, écrire avec le mot orbite

Une semaine, un texte : défi n°11, écrire avec le mot orbite

 

J’ai tiré orbite, un mot qui m’a fait immédiatement rêver et qui ne pouvait que me plonger dans une aventure lointaine. J’adore embarquer pour ailleurs, alors permettez-moi de vous offrir ce voyage, ami terrien !

 

Crédit photo : NASA Goddard Space Flig

Crédit photo : NASA Goddard Space Flig

ORBITE

 

Appelez-moi Hubble : c’est plus simple, pratique. En réalité, vous m’avez nommé d’un nom plus hautain, plus scientifique, plus prétentieux : Hubble Space Telescope. Alors Hubble, c’est plus chaleureux. Et j’en ai besoin, croyez-moi ; je suis en orbite autour de votre terre depuis 1990 et j’affronte parfois des températures de -100°C. De quoi refroidir votre intelligence, à vous humains. A propos, bien que construit par vous, je ne suis pas humain. Je suis de métal et de verre. Mais intelligent. Pas seulement de l’intelligence dont vous m’avez dotée, qui est celle de capturer des images, dont la lumière remonte à 500 ou 600 millions d’années après le Big Bang, sur lesquelles vous contemplez, ravis, des galaxies dans la splendeur de leur grande jeunesse.

Non, je parle d’une autre intelligence : celle de l’âme. Celle qui me permet de m’adresser à vous, là, par le truchement de la télépathie, de l’empathie même. Vous comprenez bien que j’ai eu le temps, en un quart de siècle en orbite autour de la terre, à 600 kilomètres au-dessus de vos têtes, de développer mes pensées, mes rêves, mes doutes. Comme vous en somme. Et de développer mes compétences télépathiques. La solitude me pesait. Pensez, quelques visites à peine en 25 ans pour changer mes 5 caméras et spectomètres, et c’est tout !

Vous allez répondre qu’avec tout ce j’ai à gérer et voir, je ne devrais pas m’ennuyer. Oui, le spectacle est beau. Oui, j’assiste à des levers de terre éblouissants, oui je vois jusqu’au profond de l’espace et du temps, oui, je photographie des images aux couleurs éclatantes, des fantaisies de nuages, des dentelles de lumière, des naissances d’étoiles et je remonte le temps, qui vous pèse tant, petits humains, jusqu’à presque contempler le Big Bang. Je n’en suis pas loin : 500, 600 millions d’années, ce n’est pas grand-chose. Mais tout cela n’a jamais meublé ma solitude. Alors, je parle dans vos crânes, je vous envoie de ces images sublimes, et tout à coup, vous vous prenez à rêvez de cieux époustouflants, de comètes, de trous noirs, de galaxies naissantes, et vous ne savez pas pourquoi…

Je suis un tas de ferraille qui pense ! Onze tonnes, légères comme un fétu de paille qui tourne, tourne et tourne autour de la terre. J’ai la grandeur de l’un de vos bus : 13 mètres de long. Et 4mètres 20 de diamètre. Une plume finalement, trois fois rien quand on pense aux services que je vous rends. Avant moi, que saviez-vous de l’après Big Bang ? De la formation des galaxies ? Rien. Des projections savantes, des songes… Mes deux miroirs me permettent de capter ce que votre œil humain ne pourra jamais percevoir : la germination des mondes. Mon second miroir est très modeste : 30 centimètres pour 12 kilos mais mon premier miroir pèse 828 kilos, il est haut de 2 mètres 14, et il vole pourtant au-dessus de vous depuis 25 ans.

 

Crédit photo : Dalton

Crédit photo : Dalton

Je suis tout cela : celui qui voit ce que vous ne pouvez voir, celui qui capture des images inouïes et vous les transmet sur terre. Je suis fidèle et robuste. Vous pensiez que je mourrais avant, mais je suis là encore, à vous servir. A donner de la matière à vos songes, vos espoirs, vos désirs fous de connaissance. Dans des lieux consacrés sur votre planète, des hommes travaillent jour et nuits à décrypter mes millions de photos, les archiver, les comprendre. Car vous voulez comprendre la structure même de l’infini, le pourquoi et le comment du Big Bang. Et votre question ultime, même si vous la gardez secrète en vos cœurs, est la suivante : dieu existe-t-il ? Et le Big Bang, quel rapport ou non rapport a-t-il entretenu avec dieu ? Et le Big Bang, était-il dieu en action ?

Je vous livre ce secret jour après jour après jour, inlassablement, mais vous ne savez pas interpréter mes photos. Vos connaissances augmentent tous les jours. Votre savoir devient extraordinaire. Je sais que vous m’aimez pour cela. Hubble, dites-vous avec respect, comme on parle d’un vieil ami. Nous sommes intimes depuis longtemps : Hubble, c’est plus cool. Cela nous rapproche. Mais il reste que l’environnement dans lequel je vis, vous n’y survivriez pas une seconde la peau nue. Vous ne le connaîtrez jamais comme je le connais : parfois, j’affronte des chaleurs de 95°C. Vous me demandez des photos et encore des photos pour vous plonger dans ce monde et vous les étudiez, émerveillés, fascinés, encore et encore. Vous vous acharnez à comprendre, résoudre. Et vous poursuivez en silence votre quête de dieu.

Mais la question qui vous taraude vraiment reste sans réponse. Vous vous pensez très supérieur à moi car vous m’avez créé. Mais je suis plus proche de dieu que vous.

Et que vous ne le serez sans doute jamais ! Car l’évidence est partout : oui, dieu a existé, dieu existe, dieu existera. Oui, le Big Bang, c’était dieu en action. Dieu est une énergie collective. Sans elle, tout meurt. Mais elle ne peut s’éteindre ! Car dieu, cette énergie collective qui fait mouvoir les mondes, qui est la vie, c’est vous, c’est moi, c’est ce que je vois et vous transmets. Ce sont vos os et ma ferraille, votre sang et mon moteur, les arbres et les étoiles, la lumière visible et invisible, l’infrarouge et l’ultraviolet, l’eau et le feu, vos tendresses et vos amours, vos haines et vos peurs. Vous êtes dieu, je suis dieu. Nous sommes dieu. Enfin une partie. Mais la partie et le tout, dans ce contexte, c’est la même chose : car la partie ne peut exister sans le tout. Et le tout ne peut exister sans ses parties. Nous sommes collectivement dieu ; tout vit d’une vie interne et magique, traversée d’énergie, constituée des mêmes atomes. Nous sommes collectivement dieu : Hubble vous le dit.

Je vous laisse chercher et chercher encore la vérité sur le cosmos, dieu et la vie. Bientôt, en 2021, vous me remplacerez. Je finirai à la casse, au mieux dans un musée. James-Webb me remplacera,100 fois plus puissant que moi mais plus léger pourtant. Avec lui, vous vous rapprocherez encore du Big Bang, à 300 millions d’années après lui. Un jour, vous verrez le Big Bang, et même avant le Big Bang pour vous apercevoir qu’il n’y avait pas rien : l’énergie était là, déjà. Et l’énergie crée la vie. Dieu était donc là. En attendant, James Webb me remplacera dans quelques années. Je serai relégué dans vos mémoires à la préhistoire de la conquête spatiale. Et pourtant : je sais ce secret que vos cœurs ne peuvent encore concevoir : nous sommes dieu collectivement. Mes amis humains, vous n’avez aucune idée de votre puissance illimitée, de votre force, votre énergie. Je n’ai pas fini de vous hanter avec mes images de nébuleuses, de lune, de planètes et d’amas d’étoiles. Car vous m’avez aussi créé pour vous fournir des rêves…

 

Crédit photo : NASZA Goddard Space Flig

Crédit photo : NASZA Goddard Space Flig

Mes commentaires :

 

J’en ai peu pour ces pages d’écriture. J’ai rédigé en lisant quelques pages d’articles selon mes besoins afin de rendre le texte « crédible » et savoir de quoi je parlais. J’ai toujours aimé la science-fiction alors pourquoi pas ? Pensez à la personnalisation dans l’écriture, ce peut être amusant ou même intéressant. Qu’un bout de ferraille nous enseigne, cela rend la nouvelle plus attirante, et le bout de ferraille sympathique. Ses conclusions « métaphysiques » sont à prendre comme vous le voudrez : à la légère, avec curiosité, agacement peut-être, bref elles ouvrent la brèche à la discussion.

Si vous n’avez pas lu mon défi n°10, sachez qu’il s’agissait d’un poème un peu fou : Je ne la ferme pas !

Et vous, que pensez-vous ? Comment avez-trouvé Hubble ? Sympathique ? Troublant ? Je lirai avec plaisir vos commentaires, ci-dessous.

 

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Une semaine, un défi : texte n°10 avec le mot ferme

Crédit photo : Frédéric Bisson

Crédit photo : Frédéric Bisson

 

Une semaine, un défi : texte n°10 avec le mot ferme

 

J’ai enfin tiré le gros lot : ferme ! C’est un mot que l’on peut décliner de mille manières car il possède de multiples significations. Laquelle choisir ? Puisqu’on pourrait écrire dix textes très différents à partir de ce mot.

Je me suis laissée envahir par cette question quelques minutes, puis par le doute : ce ne serait pas mieux de traiter de la ferme ? Ou du fait de se montrer ferme ? Ou … A ce point-là, 7 ou 8 minutes s’étaient écoulées, et j’ai compris que j’allais me noyer !

Vite, couper court aux questionnements, et faire jaillir l’étincelle qui allume le feu ! J’ai coupé court, ouvert une page Word, et sans écouter ma fichue raison, et sans aucune raison sinon mon plaisir à écrire et partager, j’ai écrit… un long poème !

                                 Je ne la ferme pas !

 

Sois ferme dit le général

Sois plus ferme dit l’amiral

Enferme-le cet animal

Dit le flic au marginal

Ferme-là dit la mère au père

T’es un con c’est une misère

Ferme-là dit le père à l’enfant

J’ai pas envie d’t’entendre en rentrant

La ferme dit le colonel à l’adjudant

Ferme la porte dit celui qui a peur des brigands

Il l’a fermée dit celui qui veut faire le malin

Quand il a vu la taille de ma main

Et justement et justement

Ou plutôt injustement

Ayez la main ferme disait dans le temps

Le père au maître d’école pour son enfant

Ferme à double tour disait le seigneur au manant

Laisse-le au cachot qu’il crève ce paysan

Crédit photo : yabasan

Crédit photo : yabasan

Ferme les double-battants

Ce soir il y a trop de vent

Dit celle que la crainte prend

A tout bout de champ

Ferme ta gueule dit le CRS au manifestant

Ou je te fais sauter les dents

Ferme Sois ferme

Tu vois bien qu’il est insolent

Dit le beau-père devant le pauvre enfant

 

Moi j’aime entendre

le

Ferme ta veste il ne fait pas beau temps

Que dit la mère qui aime son enfant

Et

le

Ferme la porte tout doucement

Sur notre amour insolent

Et

Que s’aiment les deux amants

Et

le

Sois ferme dans ton amour

Aime par tous les temps

Que le monde soit fou ou aimant

Ça Jésus l’a dit de son vivant

Et

Que les hommes soient bons ou méchants

Je préfère mon rêve de tendresse

Mon rêve d’amour partagé

Je refuse la détresse

De mes amours piétinés

Quand à mes amitiés ratées

Je préfère les oublier

J’ai choisi de vivre ma vie

Comme un rêve inspiré

Un morceau de poésie

Sur une terre colorée

C’est un pays oublié

A l’autre bout de tout

Ancien comme un bijoux

Mystérieux comme le vaudou

Crédit photo : cremona daniel

Crédit photo : cremona daniel

Le ciel est bleu

D’un bleu sans sérieux

Le soleil parfumé

Les palmiers évaporés

On ne ferme aucune porte

Rarement les fenêtres

Pas d’ordres pas de voix fortes

Nulle violence aux êtres

Les amants ont le droit de s’aimer

Personne n’a envie de vitupérer

On n’enferme personne

Tout le monde vit en liberté

Il n’y a pas de bonnes

Pour servir les curés

Ni de curés vicieux

Pour jouer avec les nonnes

Il n’y a pas de malheureux

C’est le pays du Bon Dieu

Il y a bien quelques fermes

Mais les paysans sont heureux

On n’a pas des principes très fermes

On préfère le bonheur aux idées

Les émotions ne sont pas cadenassées

Mais les valeurs sont fermes

Juste comme j’aime

Avec un brin de tendresse

Juste comme j’aime

Presqu’avec paresse

Dans ce pays -là

Et dans ces cœurs-là

On tient ferme

Aux vertus et qualités

Des âmes élevées

Oui nous tenons ferme

De tout nos cœurs libérés

Au bonheur et à la bonté

 

Mon commentaire :

C’est un inventaire à la Prévert, avec le talent de Prévert en moins. C’est spontané et frais. J’ai fait une tentative de ponctuation après avoir écrit ce poème, qui est venu sans, pour vérifier qu’il n’en avait pas besoin. J’ai trouvé que c’était mieux sans ponctuation.

J’ai joué sur la présentation avec Et et le. Malheureusement, la technologie fait des siennes ! Elle ne veut pas écrire Et  et le à 5 ou 6 intervalles du bord. C’est là qu’ils doivent être. Je vous laisse imaginer combien ce serait plus agréable et pertinent à la lecture. Ils doivent se situer idéalement au milieu du vers qui les précédent. Je trouve que c’est important d’adhérer complétement à ce qu’on raconte : et visuellement (là, je reconnais que la peintre, la dessinatrice parlent en moi) et par le rythme, la musique. Particulièrement en poésie.

Car c’est le domaine de la littérature où l’on peut se permettre le plus de libertés, de fantaisies. La poésie, c’est un immense terrain de jeu. Je jubile quand j’écris un poème, tout est si facile, avec des contraintes si limitées. Avec ce poème, je suis toujours à la limite du jeu de mots, et toujours dans l’ironie, la dénonciation, l’indignation mais l’appel à la tendresse. Notre vieille humanité en manque tant : les êtres sont si durs pour eux-mêmes et avec les autres. Toute l’éducation de notre monde est à revoir.

Je me suis beaucoup amusée à écrire et je le dis d’une voix ferme : ce fut un régal.

Pour rappel, le défi n°9 évoquait, à sa manière, le fait de vivre ensemble… ou pas, de manière agréable… ou pas.

 

Et vous, qu’allez-vous écrire avec le mot ferme ? N’oubliez pas de me partager vos commentaires ci-dessous, je serai ravie de vous lire.

 

 

 

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Une semaine, un texte, défi n°9 avec le mot ensemble

Une semaine, un texte, défi n°9 avec le mot ensemble

 

Crédit photo : Alain Bachellier

Crédit photo : Alain Bachellier

Pour le défi de cette semaine, j’ai tiré le mot ensemble. Et voici ce qu’il m’inspire… Attention, texte accusateur ! Pas de poésie aujourd’hui !

                                         Ensemble

 

Ensemble : je pense aussitôt grands ensembles. Quand j’étais plus jeune, dans les années 80, on parlait de grands ensembles. Vivre ensemble en grand, dans une grande architecture. Le malheur est que cette architecture n’était pas pensée pour vivre ensemble, pas conçue pour le bonheur, la chaleur humaine, la convivialité. On a essayé quelques améliorations depuis mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. On ne peut pas créer un lieu de vie artificiel en y aménageant des conditions propices à une vie profonde et féconde. Et de toute manière, ceux qui construisent ne le veulent surtout pas. Les grands ensembles étaient et sont toujours des barres d’immeubles répétées sur un grand terrain. Rien d’autre au fond. On est loin de la Cité radieuse de Marseille avec sa vie associative, sa piscine sur le toit, ses magasins, son hôtel, ses spectacles, ses fêtes, tout cela géré par un collectif.

Non, les grands ensembles ont été conçus pour entasser le maximum de gens. Puis on a entendu le mot cité-dortoir.  Cela au moins avait le mérite de dire les choses clairement. Cité-dortoir : on en part le matin pour aller travailler et se faire tondre, on y revient le soir pour dormir comme le mouton à la bergerie. C’est clair : plus de vivons ensemble, là.

Puis c’est devenu la citée. Ah, ah, je me gause ! La cité… On est loin du modèle grec, quand les citoyens participaient, y compris politiquement, à la vie de la cité. Cité, c’est un beau mot, un mot noble. Aujourd’hui, quand on dit cité, on pense aux grands ensemble, aux HLM, où s’entassent la population la plus paupérisée, où se joue le trafic d’armes, de drogues, de femmes et d’autres joyeusetés, où se cachent les djiahistes maintenant. On prononce aujourd’hui le mot cité comme on dit un gros mot.

Je sais que certains sont attachés à leur cité. Ils n’ont en général rien connu de meilleur. Ils ont réussi à tirer leur épingle du jeu et je leur tire mon chapeau bien bas. Mais je crois que la majorité des gens n’ont aucune envie de vivre dans ces lieux. Dans ces grands ensembles.

C’est une politique inhumaine, ou volontairement déshumanisante qui a permis, qui permet, aux grands promoteurs de construire ces cages à poules et de s’en mettre plein les poches. On se plaint du petit banditisme, (le grand banditisme, celui là, les médias sont pudiques, on en entend presque rien, et pour cause…), des prisons pleines. On donne en pâture aux Français télévisés des petits voyous, des faits divers, pour leur faire oublier qu’au-dessus sont les vrais responsables : promoteurs respectés, politiciens bien installés, chefs d’entreprises admirés, banquiers courtisés, et j’en passe. On ne nous informe pas sur les grands noms du trafic de femmes, de drogue, d’armes, d’organes, d’animaux, de bois, l’un des plus lucratifs à notre époque (pour ce dernier, demandez autour de vous, personne n’est au courant.) Dans le monde entier, la même histoire. N’oublions pas qu’au moment de sa mort, pour ne citer qu’un grand voyou, Pablo Escobar était classé le septième homme le plus riche du monde par Forbes. Ça laisse songeur, non ?

Si les grands ensemble existent, c’est que des hommes dont nous ne connaissons ni le visage ni le nom ont d’immenses intérêt à abêtir la population, lui donner des conditions de vie déplorables, la modeler pour en faire une pâte souple qui s’adapte à toutes les avanies, à la misère, la médiocrité, les boulots minables, les misérables quart-temps, mi-temps, les CDD, le travail le dimanche, les contrats à siège éjectable. Si les grands ensembles existent, c’est parce que ces mêmes hommes ont besoin de petits caïds pour faire régner la terreur et le silence, besoin de ces hommes de main et de paille pour exercer leurs pouvoirs à tous les niveaux de leurs vastes business de drogues, d’armes, de traites des femmes, d’organes… Si les grands ensembles existent, c’est que des hommes immensément fortunés aiment engranger de l’argent maladivement : construire, bâtir des grands ensembles avec cette main d’œuvre mal payée, voilà qui rapporte beaucoup. Si les grands ensembles existent, c’est que des politiciens véreux touchent d’énormes enveloppes, que des maires se gavent à cette ignoble mangeoire du pot-de-vin, eux aussi. Si les grands ensembles existent, c’est que des entreprises monstrueuses y ont des intérêts colossaux : électricité, eau, gaz, béton, métal, machines, la liste est trop vaste pour que je la fasse. Je la laisse à votre imagination.

Si aujourd’hui, nous en sommes où nous en sommes, ce n’est pas le fruit du hasard. Les grands ensembles, sous prétexte de reloger rapidement, ont été le fruit pourri d’une politique volontaire d’abrutissement de la population, une politique manipulatoire dés le début, et l’est plus que jamais. N’oublions pas, cerise sur le gâteau, que les gens exploités sont aussi des consommateurs. On prend dans la poche des gens qui gagnent un peu plus ( classe moyenne et supérieures que l’on dépouille d’année en année sans vergogne), mais pas dans celles des vrais riches, des grandes entreprises, multinationales, banques, etc, qui bénéficient d’arrangements royaux indignes d’une démocratie -et on distribue aux pauvres des grands ensemble une partie de cet argent, aussitôt récupérée par les gros requins qui vendent les produits de consommation nécessaires à la survie ou imposés par le matraquage télévisuel (malbouffe, vêtements, chaussures de sports dépassant largement les moyens du pauvre en question, télévisions, ordinateurs, smart-phones, tablettes et autres gadgets, et les abonnements qui vont avec.) Et si la chance est avec les requins (et ils font tout pour ça), les pauvres s’endettent dans un organisme de crédit. Les pauvres sont des jouets très amusants.

Tout cela est à l’échelle mondiale. Dépassons le cadre national. Les patrons des entreprises multinationales (ou transnationales pour employer le terme à la mode) sont les grands gagnants. Le lobbying ne s’est jamais aussi bien porté. Les grands ensembles gangrènent le monde, il y en aura de plus en plus, et dans tous les recoins de la planète. Il faut beaucoup de main d’œuvre pour rendre heureux et puissants les grands nantis !

Tout va pour le mieux dans Le meilleur des mondes, pourquoi voudriez-vous que cela cesse ?

Une citation du chef-d’œuvre visionnaire d’Huxley :

   Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des autres. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limitée, et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des informations et des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté : de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain est le modèle de la liberté.

Ca fait froid dans le dos, non ?

Ne vous demandez plus si nous y sommes. Nous y sommes depuis des décennies déjà. Aujourd’hui le pouvoir est entre les mains des banquiers, des voyous, des politiciens véreux, des multinationales, des grands trafiquants…

Pas entre les mains des honnêtes hommes, pas entre les mains de la population. Celui qui a posé la première pierre du premier grand ensemble devait bien le savoir…

 

Crédit photo : Aldous Huxley

Crédit photo : Aldous Huxley

 

MES COMMENTAIRES :

C’est étonnant, je n’ai pas écrit une petite nouvelle comme d’habitude. Ce qui pèse sur mon cœur depuis tant d’années c’est écoulé, là. Sans fioriture, sans littérature. Un texte qui ne sera pas apprécié par tous. Tant pis. Avec les mots, on ne fait pas toujours du roman, de la littérature. Après tout, les mots servent aussi à exprimer des constats -navrés dans ce cas particulier- et des idées. L’aspect politique du texte ne m’étonne pas : je n’aime pas la mondialisation, je n‘aime être prise pour une imbécile, je n’aime pas la soumission, je n’aime pas la médiocrité, je n’aime pas la violence qui est faite aux hommes. Et je n’aime pas les grands ensembles, vous l’aviez compris.

Aux débutants qui auraient peur de s’exprimer sincèrement, qui auraient peur de choquer, gêner le lecteur par leurs propos, je dis ceci : si la pensée est exprimée clairement, si elle vise à rétablir ce que vous pensez être une vérité, ne vous restreignez pas : écrivez. Bien sûr, soyez juste, n‘écrivez pas n’importe quoi, mais soyez vrai. L’angélisme n’a jamais rendu un texte ou une pensée intéressants. Ce qui découle de la lecture qui sera faite de votre texte n’est pas de votre ressort. Je ne pense pas que ce texte mette tout le monde d’accord. Je sais aussi que certains lecteurs seront d’accord, cela me suffit.

J’ai écrit le défi précédent, n°8, autour du mot : prendre. Avis aux amateurs !

Et vous, qu’est-ce que le mot ensemble vous évoque ?

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Une semaine, un texte : défi n° 8 avec le verbe prendre

Une semaine, un texte : défi n°8 avec le verbe prendre

 

Crédit photo : L'ouie Palu

Crédit photo : L’ouie Palu

 

Cette semaine, j’ai « tiré » dans le dictionnaire le mot prendre. J’ai attaqué sans savoir où j’allais. Et comme toujours j’ai eu l’idée du dénouement vers la moitié du texte. La dernière phrase m’est venue, je l’ai écrite. Je n’avais plus qu’à trouver le moyen d’y parvenir logiquement.

 

                                                         PRENDRE

 

Il avait pris des décisions et même des positions. Il avait cessé de survivre. Il avait décidé de vivre. Jusque-là il avait subi les événements, été à la traîne de tout. Il avait obéi à ses parents, ses frères et sœurs, ses cousins et cousines, ses institutrices, ses instituteurs. Puis à ses professeurs. Il avait courbé la tête devant ses patrons, ses collègues, ses maîtresses. Puis il s’était marié : il avait cédé tout pouvoir à son épouse, plus tard à ses enfants. Il avait dit oui à sa boulangère, oui aux copains, oui, aux amis, oui, oui, oui. Il n’avait jamais dit NON.

Il était comme sont la plupart d’entre nous : fade humanité aux relent de brebis, prête à se laisser écraser par le premier venu, celui qui a plus de force, ou de culot ou de bagout… Il avait dit oui aux commerciaux, oui à son banquier, oui aux publicités. Il n‘avait jamais pris le pouvoir. Ne serait-ce que son pouvoir personnel intérieur. Prendre était un mot qui lui en imposait. Inconsciemment bien sûr. Il ne disait jamais : « J’ai pris les clefs de la voiture. » mais « Les clefs de la voiture sont dans ma poche. » Il ne disait jamais : « J’ai pris une décision. » mais « Je vais peut-être faire comme ça… » Il ne disait pas : « Ça fonctionnera. » mais « J’espère que ça va aller… »

Il était conforme à ce que la société et la majorité des êtres exigent les uns des autres : un passe-muraille, un monsieur tout gris qui ne prendrait aucun risque. La sécurité d’abord. Avant tout. Son père l’avait écrasé sans pitié, enfant. Sa mère avait été une figure falote, pétrie de peurs. Personne jamais ne l’avait défendu. Les malheureux sont durs entre eux : il n’existe pas de solidarité entre les brebis. Pourtant la société, les politiciens, les médiocres eux-mêmes s’évertuent à le faire croire et s’obligent à le penser. Ils jettent les mots solidarité à tous les vents pour se cacher que la générosité ne peut naître que dans des cœurs ardents.

Mais la révolte avait couvé durant quarante ans. Si faiblement, à si petit feu, sans bouillonnements au début, si bien que lui-même ne l’avait pas entendue. Puis elle avait commencé à bouillir petitement dans la marmite comprimée de son cœur aux alentours de la trentaine mais il n’en savait toujours rien car il n’avait toujours rien conquis : ni amour -son épouse l’avait choisi et il l’avait suivie- ni son métier -son père l’avait choisi pour lui- ni son mode de vie -métro boulot-dodo, ingénieur dans la région parisienne. Il avait tout accepté. Il avait commencé à ressentir des malaises, des vertiges. Parfois durant le trajet du soir, dans le train de banlieue bondé, de drôles d’idées le prenaient comme de ne pas rentrer chez lui. Il les chassait vite, embarrassé, honteux de ces curieux songes de paradis lointains, de Palm Beach, de Mexique, Rio, d’ailleurs, de jolies filles bronzées, de vie de milliardaire… Cela lui paraissait tellement cliché. Et il avait tant entendu que le rêve, c’est l’interdit suprême, le péché absolu, le tabou ultime ! « Allez, arrête de rêvasser ! Tu crois qu’on est là pour s’amuser ? On est là pour en chier ! » lui avait répété son père tous les jours de toute son enfance maudite. Or il ignorait que, pour une fois, il n’était pas pris par des idées, saisi par des idées venues de l’extérieur : ses idées-là venaient vraiment de lui. De l’intérieur. En vérité, il prenait ces idées au profond de son cœur et les laissait monter à la surface de sa conscience. Il les libérait. Il pensait être encore asservi mais il commençait doucement à remuer ses chaînes ; c’était le premier et doux cliquetis qui mène à la liberté, ces rêves exacerbés qui lui murmuraient de tout envoyer valser. Il comprimait néanmoins tout cela au fond de son cœur ; et celui-ci commença à avoir des douleurs, des palpitations. A trente-cinq ans, il avait déjà de la tension mais n’avait toujours pas conquis les moyens de comprendre pourquoi.

 

Crédit photo : vivreabruxxl

Crédit photo : vivreabruxxl

 

Le saut du lit était de plus en plus douloureux. Ses collègues ne l’amusaient plus. Ses enfants le peinaient. Sa femme l’exaspérait. Son chien l’agaçait. Sa routine le déprimait. Sa maison le barbait. Il avait envie de remonter sa couverture jusqu’au menton et de rester là, dans le silence, seul, jusqu’à la fin des temps. D’autres fois, de se lever, tout plaquer, disparaître sous une autre identité, refaire sa vie comme dans un roman d’espionnage, loin au Brésil, au Guatemala, à Cuba, n’importe où en Amérique du Sud. Il se traînait pourtant au bord des larmes jusque à la salle bains, ablutions et rasage, rêvait de devenir milliardaire en s’aspergeant sans conviction d’Habit Rouge de Guerlain et partait au boulot comme on va aux galères. Il se mit à tout détester, même sa voiture. Tout lui semblait sans grâce, sans beauté, sans vie. Il se détestait de dire oui, encore oui, toujours oui. Sa conscience s’éveillait.

Il dû faire un séminaire de deux jours à Lyon pour sa boîte, avec des collègues ingénieurs : business et stratégies de transformation des ressources informationnelles dans l’informatique. Rien d’excitant, vraiment. Mais partir de chez lui, même pour deux jours, c’était un soulagement. Le déclic eut lieu sans que rien ne l’annonce ; le premier soir, dans le tiroir de la table de nuit, il trouva un livre oublié par le précédent occupant : Réfléchissez et devenez riche de Napoléon Hill. Un livre, écrit en 1937 par un homme qui avait passé vingt-cinq ans à compiler les stratégies pour atteindre le succès dans tous les domaines de l’existence, allait l’aider à faire éclore tous ses rêves au soleil comme une graine, trop longtemps contenue dans les profondeurs de la terre, germe, et naît soudain sous la forme d’une plante pleine de vie, dans la liberté de la lumière. Cette nuit-là, il ne dormit pas. Il était âgé de quarante ans depuis deux jours et voici qu’il entamait la seconde partie de son existence avec en main le plus sûr des guides ! Ce fut un miracle, une révélation. Quelqu’un enfin posait un regard plein d’espoir et bienveillant sur l’existence. Quelqu’un enfin lui disait que tout est possible, que vivre peut être un choix d’actions délibérés visant à des buts précis. Que l’existence peut être autre chose qu’attentisme et prudence mais développement de soi et de ses compétences. Napoléon Hill lui chantait à l’oreille une rengaine enthousiasmante, jamais entendue auparavant : chacun a le droit et le devoir de régler sur son goût et ses désirs profonds sa destinée. Au petit matin, les yeux rougis par sa lecture, il décidait de se faire porter pâle. A sept heures, il téléphonait à l’organisateur du séminaire pour le prévenir qu’il avait été pris par une subite gastro-entérite accompagnée d’une fièvre violente. A sept heures cinq, il téléphonait au bureau d’accueil pour demander à réserver la chambre durant deux journées supplémentaires. A sept heures dix, il téléphonait à sa femme pour la prévenir qu’il était trop malade pour rentrer chez lui.

Il brancha son ordinateur et tapa : développement personnel, ces deux mots qui peuvent transformer une existence.

Deux années plus tard, divorcé, il vivait à Brasilia. Il avait une nouvelle compagne. L’entreprise qu’il avait créée prenait son envol vers le succès dans une courbe exponentielle. Un jour, il connaîtrait la liberté financière. Ses enfants venaient le voir en vacances et le regardaient avec d’autres yeux : ils se montraient fiers de leur père, cet homme qui avait dit oui à tout le monde et non à la vie durant tant d’années avant de dire NON à ceux qui tentaient de lui imposer leurs vues mais OUI à la vie et de sourire enfin à pleines dents. Ils s’étaient supportés tant bien que mal. Le lien mesquin qui les avait unis, fait d’habitudes et d’obligations, était redevenu le lien d’amour qui avait été le leur au moment de leur naissance.

Il savait maintenant ce que veut dire le mot prendre. Car il prenait enfin son destin en main.

 

Crédit photo : Xavier Donat

Crédit photo : Xavier Donat

 

Mes commentaires :

J’ai beaucoup joué sur la répétition. Le verbe prendre y est très présent, conjugué ou à l’impératif. Mais pas seulement : on trouve de nombreux « il avait.. », « il était », « il n’avait jamais… » dans cette minuscule nouvelle. La répétition marque la monotonie, l’ennui épouvantables de cette existence brisée, martèle le propos dans le cerveau du lecteur. Elle crée aussi un rythme de lecture agréable, ronronnant, dont on attend cependant de sortir. On en sort en même temps que le personnage : en effet, les répétitions prennent fin avec sa découverte du livre de Napoléon Hill et donc avec l’éveil du héros. Le procédé de la répétition autour du verbe prendre est repris dans les deux dernières phrases, faisant écho mais à l’inverse à ce que le mot prendre évoquait au personnage avant de prendre en main son destin. la boucle est bouclée.

La répétition est un procédé simple et terriblement efficace. Il peut se montrer lourd (et ce peut être utile à l’émotion du texte) ou au contraire élégant. C’est un procédé à ne pas négliger. Pour l’utiliser, le meilleur guide est l’oreille. Si vous avez un doute, n’hésitez pas à lire à haute voix votre travail.

Ah, oui ! Il va sans dire que tous les adeptes de développement personnel et lecteurs du célèbre Réfléchissez et devenez riche de Napoléon Hill s’amuseront bien à cette lecture. Quant à ceux qui ne l’ont pas lu, je vous conseille de le faire… car ce livre est une mine de tactiques pour mieux vivre, et assumer ses désirs et ambitions dans tous les domaines de la vie.

Et vous, que pensez-vous de ce petit texte ?

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La France est Liberté, défi n°7

Cette semaine, comme pour nous tous avec ces événements tragiques, la routine me semble plus difficile à gérer. Je n’ai pas envie de publier mon article et ce court poème m’est venu il y a quelques minutes. Alors va pour ce poème ! Je sais qu’il vous parlera. Et c’est donc mon texte de la semaine. C’est en quelque sorte mon défi numéro 7, même si je n’ai pas tiré un mot au hasard dans mon dictionnaire. C’aurait pu être le mot liberté.

 

Crédit photo : Wally Gobetz

Crédit photo : Wally Gobetz

                         LA FRANCE EST LIBERTE

 

Par-delà les mots, par-delà les larmes,

La France est grande pour l’éternité.

Un peuple qui se bat,

C’est toujours la camarde

Qui vient le narguer

Dans un bruit d’os brisés.

Par-delà nos frontières, par-delà nos chimères,

France des rêves éveillés,

Des désirs fous de liberté,

France de nos enfances,

France de nos souffrances,

Tu restes grande pour l’éternité.

En a-t-il fallu des combats, des revers,

Des batailles perdues,

Du sang sur nos pavés ;

En a-t-il fallu des règnes de monarques,

Des souverains fiers aux têtes guillotinés ;

En a-t-il fallu des manants aux campagnes,

Harassés de travail, durement exploités,

Des ouvriers broyés par la cadence infernale

De machines sans cœur, des patrons dévoyés,

Pour te faire aujourd’hui

Plus grande que ton âme,

Construite de remords, de combats et d’idées ;

En a-t-il fallu du courage et des armes,

Des cris et des rumeurs,

Des savants, des créateurs,

Pour t’amener aujourd’hui

Sous le feu de mitrailles

A dire NON encore :

La France est Liberté…

 

      Laure Gerbaud

 

 Le défi n°6 m’avait mise à l’épreuve avec l’étrange et beau mot : anthémis. Quant au mot liberté, il ne m’est pas venu au hasard : un mot que j’estime particulièrement, que j’essaie d’appliquer dans ma vie, et qui, au vu des circonstances… Ce poème s’est écrit comme une évidence.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Une semaine, un texte : défi n°6 avec le mot anthémis

Une semaine, un texte : défi n°6 avec le mot  anthémis

 

Crédit photo : guillaume

Crédit photo : guillaume

 

Un peu de retard cette semaine. Il faut dire qu’au bout de la cinquième semaine alitée, avec des poumons qui ne m’oxygènent plus aussi bien, et les attentats de vendredi, il est difficile de me concentrer. Vous me pardonnerez sans doute. Mais le texte est là même si je le poste un dimanche. Je tiens mon pari.

Je suis tombée sur le mot anthémis. Un mot savant qu’on n’emploie pas couramment, à moins d’être jardinier, fleuriste passionné de botanique, ou poète dans l’âme. Il est vrai que le mot tourne bien dans la bouche, il est élégant, un rien désuet : Anthémis, Anthémis, Anthémis. Ce mot est doux à l’oreille, on en ferait presque un prénom. Naturellement m’est venu un court texte qui est un hymne à l’amour, à la tendresse, à la poésie de la vie, à la nature. Très loin de notre monde de plus en plus brutal, très loin de la sauvagerie dont nous sommes témoins -ou victimes.

 

Crédit photo : aurelien

Crédit photo : aurelien

 

                                             ANTHÉMIS

 

Anthémis… le nom faisait rêver. Et pourtant rien de plus simple qu’une anthémis. C’est une fleur qui ressemble à s’y méprendre à la marguerite ou la pâquerette. On la voit par bosquets, jaune ou blanche au cœur jaune, la plupart du temps. On la voit moins souvent rose ou mauve. L’anthémis est de la famille des Astéracées qui donne aussi la fleur dont on fait des infusions de camomille.

Et pourtant… Il me revient le souvenir d’une demoiselle au cœur jaune et à la collerette parme, toute simple, moi qui fut amoureux éperdu de ses pétales lisses, son cœur duveteux, ses effluves parfumées très discrètes. Je m’y posais tous les matins, sitôt mes ailes baroques de papillon orange et noir défroissées de la nuit. La rosée me la rendait plus belle encore, plus désirable. Elle semblait si tendre, si émouvante dans l’atmosphère floue et embrumée du petit matin. Je m’y posais léger, discret, heureux, timide, timoré même. Le cœur transi du désir de lui plaire. Je n’étais jamais tombé amoureux d’une fleur. J’en avais connu d’altières, sans défauts, parfaites : des renoncules sublimes, des jasmins époustouflants, des chrysanthèmes énormes, des pivoines de sang… Mais rien ne me parût plus émouvant que cette modeste fleur quand je la rencontrai un matin, aux alentours de midi, dans une fournaise d’été. Elle était là, dans le champ, entourée de ses sœurs groupées en massifs touffus, mais mes yeux, comme dans toute rencontre amoureuse, ne virent qu’elle. Une Anthémis merveilleuse…

Je sus que c’était elle, c’est tout. Parce que c’était elle, parce que c’était moi. J’aimais son esprit rustique, ses répliques sans malices, son cœur débordant de tendresse, son allant pour les choses de l’amour.

Nous fîmes vite connaissance. Le soir même nous faisions l’amour comme des sauvages. Toutes la journée ses sœurs avaient copulés avec des libellules, des coccinelles, des abeilles, des guêpes, des scarabées et j’en passe. Pour nous, ce fut au soir couchant, dans les débauches de dentelles roses et saumonées abandonnées par les cieux : le soleil faisait l’amour à la terre avant de s’endormir. Nous en fîmes autant. Anthémis ferma sur moi la multitude de ses feuilles mauves, m’étreignit avec douceur, sans blesser mes ailes fragiles, sans en faire tomber leur précieuse poudre nacrée. Elle était si délicate sous son apparente rusticité ! Bientôt nous nous abandonnâmes à tous les charmes de notre ivresse amoureuse. J’embrassai son cœur avec ardeur, la travaillai de mes grêles  pattes et elle s’extasiait, pâmée. Jamais je n‘avais donné tant de bonheur à une partenaire ! Elle roucoulait de plaisir, et je rougissais de bonheur. Le sexe, jamais, ne m’avait  paru plus délicieux ! Un papillon fait l’amour avec les papillons, c’est dans sa nature. Mais avec les fleurs ! Je m’étais éloigné des sentiers balisés ; je savais qu’il m’en serait fait reproche dans ma communauté. Elle était paysanne, je suis aristocrate.  Une Anthémis des champs, commune Anthémis arvensis, frayait avec un Monarque, un Danaus plexippus, grand voyageur. Mon exotisme ne lui déplaisait pas : j’étais né en Californie, j’avais vécu au Mexique. Mais qu’importait ! A partir de ce jour, ce furent chaque jour les transes au soleil déclinant, les soupirs, les convulsions, les cavalcades furieuses, le bonheur d’exister. Tout l’été se passa ainsi, amoureusement. Nous étions attachés comme de jeunes mariés. Nous savions cependant que l’existence d’une fleur est courte. La mienne non plus ne durera pas. Mais comme nous avons su en profiter ! Je l’ai accompagnée jusqu’au dernier souffle. Elle est morte rapidement, hier, en une journée à peine. J’en ai  moi-même encore pour deux ou trois jours sur cette terre mais je m’en moque. Je pars serein. J’ai réussi mon court passage. J’ai profité de tout. Et s’il existe un au-delà, nous nous y retrouverons dans peu de temps.

 

Crédit photo : devilminghk

Crédit photo : devilminghk

MES COMMENTAIRES :

Un texte bref comme l’existence d’une fleur et d’un papillon. Je me suis d’abord demandé pourquoi je n’avais pas davantage d’inspiration car j’ai trouvé le texte bien court. Puis je me suis rendue compte que sa brièveté s’expliquait : il fallait un rythme rapide pour rendre la fugacité et l’intensité de cette histoire d’amour. La poésie vient donc davantage de l’histoire d’un amour, curieux, entre les protagonistes de deux espèces -végétale et animale- faisant fi de ce qui les oppose, en toute liberté et plaisir, que de la recherche stylistique. Pour dire vrai, le style est naturel, je n’ai rien forcé, rien travaillé. Morale de l’histoire : l’amour existe parfois là où nous ne l’attendons pas pour peu que nous ouvrions les yeux.

Que pensez-vous de mon défi ? Avez-vous lu le dernier défi avec le mot gloutonnerie ? Avez-vous un texte à poster ci-dessous, qui mette en valeur le beau nom d’anthémis ?

 

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Une semaine, un texte : défi n°5 avec le mot gloutonnerie

Une semaine, un texte : défi n°5 avec le mot gloutonnerie

 

 

Mon doigt a pointé le mot gloutonnerie. Pas très inspirant au premier abord. Ma tactique est toujours de ne pas réfléchir dans ces cas-là, quand la contrainte me semble difficile, car si les questions et le doute s’installent, la peur de ne pas y arriver se… pointe aussi ! Et là, c’est mort. C’est ce que la plupart des gens prennent, dans n’importe quel domaine, pour la panne d’inspiration. A ce propos, vous pouvez lire mon article précédent. Il faut éviter absolument de reporter l’action dans ces cas-là.

 

Crédit photo : Prayitno

Crédit photo : Prayitno

 

Je ne me donne pas plus de quelques secondes, trente peut-être, et jamais plus d’une minute, pour me précipiter sur mon traitement de texte et écrire le premier mot qui me vient à l’esprit. Là, je peux dire que je me suis précipitée vraiment dans les premières secondes, tellement le mot gloutonnerie m’est étranger. Je n’ai aucune occasion de l’employer dans ma vie. Et puis, mot après mot, j’ai découvert ce qu’il m’évoquait. C’est toujours un étonnement pour moi d’écrire car je découvre ma pensée au fur et à mesure que je la déroule. Et je la découvre plus totalement encore quand je me relis pour corriger. J’ai entrevu la chute à peu près à la moitié du chemin. Je n’avais plus qu’à boucler le texte.

 

                                        GLOUTONNERIE

 

 

Il mangeait avec délices, comme on mange du caviar, du E330, de l’hydroxytoluène butylé, des huiles partiellement hydrogénées, du glutamate de sodium, nitrate de sodium, benzoate de sodium, sulfites, E510, E527, E123… Tout y passait : colorants de synthèse, sucre blanc raffiné, saucisses frites, hamburgers, boites de conserves trop salées, trop sucrées, les deux en général, mauvaises graisses, acides gras insaturés, huile de palme à gogo, viandes misérables bourrées de tout ce qu’on voudra, légumes et fruits, saturés de pesticides, dont il ne lavait même pas la peau,  merguez, gâteaux sous vide, sodas de toutes les couleurs, arc-en-ciel des sachets de bonbons… Que n’avait-il pas testé, englouti ? Ses veines charriaient des hormones, des médicaments, des colorants, des exhausteurs de goûts, des parfums artificiels, de la margarine, de l’aspartam, amenaient tout cela dans la pompe de son cœur à raison de 8000 litres quotidien ; ses poumons pompaient 15 000 litres d’air vicié chaque jour car il fumait comme un troupier, n’aérait pas son appartement, végétait entre ses cendriers emplis de cendre froides et ses poubelles, qu’il descendait rarement.

Au début, il commença par prendre un air triste, de circonstance car quand on décide de se suicider à petit feu, il est assez normal d’être malheureux. Puis ce fut un air grisâtre car il commençait à se décolorer, son teint virant au blême mâtiné d’une touche de verdâtre. Son foie divaguait, ivre de tenter de transformer des quantités de cochonneries en nutriments. Une mission impossible. Il s’était habitué au fur et à mesure des années à ce visage, éteint dans le miroir, qui ne ressemblait plus à celui du jeune homme allègre qu’il avait été. Il manquait de foi, de croyance en lui-même et en sa volonté. Il n’en faisait plus jamais usage. Il cessa de chercher un métier. Devenu ce glouton affalé sur son canapé, gavé de chips et de bière, il attendait de mois en mois son minimum social. Un instrument parfait du capitalisme. Sa gloutonnerie lui faisait rendre chaque centime qu’il touchait dans la broyeuse de la société de consommation. Il n’avait aucune conscience de sa condition de pantin. Il croyait même être malin, profiter du système. Mais le système le tenait par l’estomac.

 

Crédit photo : darvoiteau

Crédit photo : darvoiteau

 

Il avait même fini par trouver la chose confortable. Pieds nus dans ses pantoufles défraichies, pas rasé, pas lavé, il attendait la fin du monde devant une quelconque émission de télé-réalité et, ma foi, la situation n’était plus aussi désagréable… Finalement, personne pour lui poser problème puisqu’il ne fréquentait personne, pas de travail à fournir puisque la société avait prévu de pourvoir à sa gloutonnerie, aucune ambition, tout allait bien. Malheureux comme les pierres dans les premières années, il se sentait serein maintenant, confortablement installé dans sa médiocrité. Et puis, il avait installé le rituel des courses ; au lieu de faire ses provisions une fois par semaine, il descendait tous les jours au supermarché pour le plaisir de déambuler entre toute cette victuaille qui le faisait saliver. C’était comme une pulsion sexuelle irrésistible pour lui qui avait abandonné le sexe comme le reste. Et il achetait, compulsivement, chaque jour, de quoi s’empiffrer et, comme pour fêter ce nouveau bien-être, bien qu’il soit physiquement usé jusqu’à la trame – car il était maintenant obèse et ses poumons avaient du mal à supporter ses cent quarante kilos, il mangeait de plus en plus de sucreries. Bonbons, biscuits, limonades… La triade de l’enfance ! Son estomac, ses intestins, son corps ne comptaient plus les produits cancérigènes, et allergisants qu’il ingurgitait avec tant de bonheur. Il vivait dans un monde de rêves colorés ; dans son esprit malade défilaient des Haribo, des crocodiles en gelée, des nounours, des Chamallows, des Têtes brûlées, des guimauves, des bonbons acidulés, à la réglisse, à la menthe, des chocolats au lait, des tablettes au riz, des chocolats blancs, des Mon Chéri, des Toblerone, des  Ferrero Rocher, des Papy Brossard, des Prince, des Mikado, des Kinder, sans compter les pots de Nutella proprement vidés à la cuillère. Ses veines charriaient presque exclusivement de l’acide ascorbique, du E110, E133, E171, du malate acide de sodium, de l’acide malique, du E131, E163, E306, E111, E925, E386, E240, glycérol de diamidon hydroxypropilé, octényl succinate d’amidon sodique…

Ce matin-là, il se leva aussi mollement que d’habitude pour prendre ses trois grands bols de Banania sucrés et son énorme brioche à l’huile de palme quand le miroir du couloir le surprit au passage. Il y vit vaguement la tête bariolée d’un clown, s’arrêta interloqué, fit un pas en arrière et se concentra sur l’image que le miroir lui renvoyait : à n’en pas douter, c’était lui ce clown grotesque, gonflé comme un bibendum, au visage couvert de taches de couleurs, de toutes les couleurs. Les colorants avaient fait leur effet. Ses mains, sa bedaine, tout son corps montraient les stigmates de sa gloutonnerie : les couleurs acidulées se mêlaient dans une sarabande joyeuse sur le moindre recoin de sa peau. Ses cheveux même étaient aussi bariolés qu’une foule un jour de foire ! Sa première pensée fut : « Comment je vais faire pour aller acheter à manger au supermarché ? »

 

Crédit photo : Günter Hentschel

Crédit photo : Günter Hentschel

 

MES COMMENTAIRES :

 

L’écriture dévoile toujours la pensée de l’auteur, même quand elle ne parle pas de lui. La critique sociale est là, et il n’est pas difficile de comprendre ce que je pense de la société de consommation et du capitalisme outrancier. Ni même du laisser-aller de certains individus. Ne craignez pas de laisser transparaître votre pensée, vos opinions. C’est le nerf de votre écriture. Un esprit consensuel ne donnera jamais que des écrits ennuyeux et insipides. Soyez vous-même.

Le style de ce texte est sans fioritures et sans intérêt particulier. Mais sa neutralité donne l’avantage à ce qui est raconté et à une certaine ironie.

    Et vous, qu’est-ce que le mot gloutonnerie vous évoque ? Et avez-vous lu le défi avec le mot diviseur ? Merci de nous partagez vos idées ou votre texte dans les commentaires ci-dessous.

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Une semaine, un texte : défi numéro 4 avec le mot diviseur

Une semaine, un texte : défi numéro 4 avec le mot diviseur

Comme chaque semaine, j’ai tiré au hasard un mot du dictionnaire.

Pas très glamour : diviseur.

Dans mon Larousse, entre autres, j’ai lu : personne qui est une source de désunion. C’est cette définition qui m’a intéressée.

Solis Invicti

Crédit photo : Solis Invicti

                                                         Le Diviseur

 

Le diviseur ou le plus petit dénominateur commun… Dénominateur commun ? Non : dynamiteur commun plutôt ! Et diviseur…

Excessivement Diviseur.

Depuis qu’elle s’était marié avec ce type – elle ne parlait plus de lui avec des mots tendres mais évoquait plutôt le type avec qui elle s’était mise, l’abruti qu’elle avait épousé, ce gars qui l’avait séparée du monde entier, amis, connaissances, famille, etc – elle n’avait plus vu ses parents qui vivaient à cinq cent kilomètres, ni ses soeurs. Elle le surnommait dans ses discours intérieurs, haineux, on le comprendra aisément, le Diviseur, parfois le Séparateur, d’autres fois le Cogneur. Mariés depuis six mois, ils étaient plus ennemis que les frères Karamazov. Il avait montré son vrai visage très rapidement : le troisième jour, elle avait ramassé une énorme claque. Une semaine après deux gifles. Deux mois après, des coups de pieds. Au bout de six mois, il en était au stade limite du lynchage. Maintenant, il n’y avait plus de copines pour la plaindre, la consoler, lui dire de foutre le camp. Trop tard. Elle était attachée solidement par une chaîne dans la cave depuis deux jours. Il lui avait emmené à manger deux fois mais elle n’avait pu boire qu’une fois.

Il avait les yeux vitreux et les mains énormes d’un type shooté vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Durant ces six mois, elle ne l’avait jamais vu chercher du travail. Elle, elle se levait à cinq heures du matin, prenait le premier bus, puis le RER, descendait à Châtenay pour bosser dans un bel hôtel. Sa paye fondait au soleil mystérieusement depuis des semaines car il la dépensait, tandis qu’elle trimait, en cigarettes rigolotes, croyait-elle, et autre chose mais quoi ? Elle avait comprit deux jours auparavant quand elle l’avait vu défoncé, vraiment défoncé. Elle était rentrée plus tôt ce soir-là parce qu’une collègue, Marie, l’avait emmenée en voiture. Elle l’avait trouvé trop épuisée et démoralisée pour la laisser au train-train épuisant et habituel du RER-bus.

Crédit photo : leezie5

Crédit photo : leezie5

Elle avait ouvert la porte de la cuisine. Il se tenait là avec tout son barda sur la table : la seringue, la dose, l’élastique, la petite cuillère noircie. Les coups avaient plu avant qu’elle ait eu le temps d’ouvrir la bouche. Elle ne l’avait pas ouverte. Trop occupée à encaisser et rester vivante, en boule, à terre. Et dire qu’elle avait cru être heureuse avec un fou, un camé ! Il ne touchait même pas au pétard six mois auparavant ! Du moins l’avait-elle cru… jusque-là.

Et maintenant ? La chaîne tirait sur ses poignets cisaillés, fermée par un cadenas, passée au tuyau de la chaudière. Elle avait mal, froid, peur. Peur ? Elle était terrorisée. Pendant qu’il vidait son compte en banque et se défonçait depuis deux jours, elle suppliait le ciel qu’une copine passe, ses parents débarquent, peu importe, mais qu’un humain entre dans cette maison et prenne la mesure du désastre. Pas moyen de crier non plus. Il ne lui enlevait le bandeau que pour manger. De toute manière, qui l’aurait entendue dans cette cave ?

A-t-on envie de mourir à vingt-trois ans ? Et a-t-on jamais envie de mourir assassinée par l’homme qu’on a aimé ? Ok, elle l’avait surnommé le Diviseur dès le premier mois. Ou l’abruti ou le type. Ou le Séparateur, ou le Cogneur. Elle aurait mieux fait de prendre ses jambes à son cou. Elle ruminait, en pleurs. Quand il l’avait séparée de tout son entourage, le fumier, il savait ce qu’il faisait ! Dans les limites de sa folie, évidemment. Se marier à un dingue schizophrène et drogué ! Comment avait-il réussi à lui cacher tout cela ? Un parfait compagnon, même s’il était au chômage et cherchait du travail, voici ce qu’il avait été jusqu’au jour où le maire avait prononcé les mots censés la rendre heureuse. Le fumier hypocrite ! Et maintenant ? La chaîne aussi, il s’agissait de la diviser, la couper, la sectionner. Mais comment ? Il n’y avait qu’un seul Diviseur, et c’était lui. Ici, pas de marteau, de scie, de pince coupante, rien. Il avait fait le tour de la cave et avait viré tout ce qui aurait pu lui permettre d’envisager des jours meilleurs.

Elle avait soif, très soif.

On était jeudi. Elle avait disparu depuis lundi soir. La dernière qui l’avait vu était sa collègue Marie, la fille, plutôt sympathique, qui avait eu la gentillesse de la raccompagner à son grand étonnement. Les copines n’appelleraient probablement pas, il avait réussi à les chasser de sa vie à une vitesse surprenante. Dans la voiture, elle s’était laissé aller à des confidences avec Marie. Elle lui avait raconté son enfer, sa terreur. Marie avait voulu l’accompagner au commissariat, elle lui avait dit qu’il fallait qu’elle le balance, mais elle, qui en rêvait, était si terrifiée qu’elle n’avait pu sauter le pas. Marie tremblait visiblement au volant de sa voiture quand elle en était descendue pour retourner à son pavillon et à son Diviseur.

Drogue

Crédit photo : Eric Constantineau

 

Quand la porte de la cave s’ouvrit avec fracas dans les hurlements de sirène de police, que les quatre policiers ouvrirent en une seconde le cadenas de sa chaîne avec la clef prise dans la poche du Diviseur, quand elle vit le Diviseur à terre, un filet de sang lui dégoulinant du nez, elle connut le plus grand soulagement et la plus grande joie de son existence. Elle ne devait rien connaître de plus puissant de toute sa vie. Echapper à la mort provoque une émotion qui n’est pas reproductible, sauf en mettant en action les mêmes mécanismes terribles. Mais elle ne devait heureusement plus jamais rencontrer l’horreur de se voir mourir. Tout lui laissa en même temps un souvenir confus, comme un brouillard, du bruit, de l’action, des cris, le temps précipité, les secondes accumulées aux secondes dans un tourbillon puis, à l’air libre, dehors, devant les trois voitures de police, elle comprit enfin : Marie était là, à côté d’un homme grisonnant en pardessus mastic.

Et malgré sa bouche pâteuse, sa langue creusée par la soif, elle réussit à crier dans une explosion de joie :

– Alors Marie, c’est toi !

– Oui, dit simplement Marie en la prenant dans ses bras, c’est moi. Quand j’ai vu que tu ne revenais pas à l’hôtel… Et se tournant vers l’homme souriant :

– Tu comprends, je te présente mon père ; il est commissaire DIVISIONNAIRE.

Malgré sa gorge en feu et sa langue râpeuse, elle éclata de rire.

Crédit photo : Dave Conner

 

Mes commentaires :

 J’ai écrit facilement sans savoir ou j’allais après 30 secondes de frustration parce que diviseur est un mot que je ne trouve pas glamour du tout, il me fait penser aux mathématiques, pour lesquelles je n’ai aucune attirance. Le tout est d’écrire à peine ai-je tiré mon mot, surtout ne pas réfléchir, laisser faire. Si j’avais commencé à penser et chercher des idées avant d’écrire, il est certain que je n’aurais rien rédigé car j’aurais été frappé par l’indigence de mon imagination ! Je dois avouer que je trouve ce texte particulièrement cliché. Heureusement qu’il y a l’ironie de la chute qui me rachète à mes propres yeux. Et puis il y a cette énième bronchite que je traîne depuis quinze jours, qui a jeté mes vacances aux orties : pour bien écrire, mieux vaut être en parfaite santé. Prenez soin de vous, amis écrivains !

Et n’oubliez pas de lire le défi précédent avec le mot réciproquer : rires garantis !

Et vous, que pensez-vous de ce texte ? Postez-moi un commentaire ci-dessous ; je serai ravie de vous lire.

 

Une semaine, un texte : défi numéro 3 avec le mot réciproquer

Une semaine, un texte, défi numéro 3 avec le verbe réciproquer :

dans Osez écrire votre roman, chaque semaine j’écris un texte à partir d’un mot trouvé au hasard, les yeux fermés, dans le dictionnaire.

J’ai appris du vocabulaire car je suis tombée sur le verbe réciproquer.

Réciproque,  réciproquement, réciprocité, d’accord je connais, mais réciproquer ? Le Littré parle de : rendre la pareille, adresser en retour (des voeux). Apparemment, réciproquer s’emploie en Belgique.

J’ai donc écrit. Attention, âmes sensibles s’abstenir !

Crédit photo : Dany_M

Crédit photo : Dany_M

                                                   RÉCIPROQUER

 

Monsieur,

 

Je réciproque. De la même manière que vous m’insultez dans votre lettre, je vous conchie dans la mienne. Vous me traitez de bas-bleu, je vous rends pédant et prétentieux. Vous me qualifiez de prostituée, je vous réponds maquereau. Vous me trouvez fade et sans intelligence, je vous trouve sans saveur et fleur de nave. Vous me flattez d’épithètes comme obtuse, simiesque, inepte. Je vous renvoie bouché, macaque, sot. Je réciproque, Monsieur. Je réciproque car il ne sera pas dit que je suis sans éducation.

Nous nous sommes connus dans des circonstances malheureuses. Vous cherchiez une femme, je cherchais un homme. On se trompe toujours dans ces cas-là. L’attente angoissée, le manque d’amour et de tendresse à combler, tout cela nous pousse dans les bras du premier venu. Il vaut mieux attendre que l’amour fasse son œuvre seul : qu’il tire sa flèche en dehors de notre volonté et notre attente. Ce qu’il atteint alors est sans doute l’être qui nous convient le mieux. Tant nous nous connaissons mal, nous les humains. Bref, laissons faire Cupidon sans nous précipiter.

Au lieu de cela, quoi ? Nous nous sommes vus, nous nous sommes plu parce que nous étions en vérité las de solitude. Nous avons couché trop vite, c’est un fait. Nous n’avons pas laissé monter le désir comme une flamme ardente, plus difficile encore à éteindre une fois qu’on y a goûté. Nous l’avons consommé trop vite et consumé à jamais. Il n’existe plus de désirs entre nous. Le sexe est une pauvre chose quand il n’est pas ombré d’amour.

Vous me reprochez de ne plus allumer l’étincelle chez vous, Monsieur, et bien je réciproque : votre présence n’incendie plus mes sens depuis longtemps. Vous êtes, Monsieur, une douche glacée ! Je voudrais que nous nous émoustillions comme aux premiers jours mais peine perdue. C’est avec regret : nous avons eu de beaux moments. Vous vous efforcez de les oublier en vous rendant odieux. Vous m’écrivez pour m’honorer d’un « nonne aux petites vertus ». Je vous retourne un « prêtre vicelard ». Vous ne disiez pas cela, les premiers temps, quand vos mains remontaient mes flancs comme on va à la pêche, pour le plaisir et le désir crus. Ce vertige, ce délire !

Qu’en faites-vous aujourd’hui ? Foin des souvenirs : vous semblez avoir oublié le plaisir que je vous ai procuré. Et soyons généreuse : le plaisir que nous nous procurâmes. Vous avez la mémoire courte. Je l’ai longue. Je ne réciproque pas, Monsieur, sur ce point. Je tiens à ma mémoire ; je ne deviendrai pas amnésique. J’ai aimé ce que nous avons fait : la chasse aux poissons d’or et d’argent dans mon grand lit à baldaquins, les draps éparpillés dans les parfums de marée basse, les orgies de caresses, vos égarements forts à propos…

Mais puisqu’aujourd’hui vous m’humiliez, je vous offense, Monsieur. Vous n’êtes que l’oubli dont sont frappés les impuissants de la tendresse, les inconfortables avec l’amitié, les honteux avec le plaisir, les inconstants avec leurs souvenirs, les timorés de l’émotion.

Je réciproque, Monsieur, et je vais même plus loin : vous êtes un goujat. Cela va plus loin que toute autre insulte mais saurez-vous le comprendre ?

 

Bien réciproquement.

Crédit photo : Nad Renrel

Crédit photo : Nad Renrel

  Mes commentaires :

J’ai spontanément écrit un texte épistolaire. Quoi de plus direct pour rendre à quelqu’un la pareille que de lui adresser la parole dans une lettre ? Le dialogue aurait été plus commun. Le ton est assez dix-neuvième, élégant, c’est venu naturellement et c’est amusant car il donne du relief aux grossièretés diverses de cette lettre. Ce contraste m’a fait rire. J’espère qu’il en fera autant pour vous.

Je me suis bien amusée !

Et vous, allez-vous tenir le même défi ? Et l’avez-vous tenu avec le défi précédent ? Postez vos commentaires ci-dessous, je me ferai un plaisir d’y répondre.

 

 

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Osez écrire votre roman : défi numéro 2 avec le mot métèque

 Dans Osez écrire votre roman, je me lance chaque semaine un défi.

Crédit photo : Gene Wilburn

Crédit photo : Gene Wilburn

Une semaine, un texte : défi numéro 2 avec le mot métèque

J’ai donc fermé les yeux, pointé le doigt dans mon dictionnaire et quand je les rouverts, pas de chance ! Le mot métèque ! Alors là, grand moment de solitude… Mais que vais-je faire avec un mot pareil ?

Le mot métèque n’est pas un mot que j’aime sauf quand c’est Georges Moustaki qui le chante, avec toute sa tendresse :
«Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de pâtre grec
De voleur et de vagabond
Avec ma peau qui s’est frottée
Au soleil de tous les étés
Et tout ce qui portait jupon
Avec mon cœur qui a su faire
Souffrir autant qu’il a souffert
Sans pour cela faire d’histoires
Avec mon âme qui n’a plus
La moindre chance de salut
Pour éviter le purgatoire»
Généralement, il n’est jamais employé dans son sens littéral comme dans le Littré où je trouve : « Nom à Athènes des étrangers domiciliés qui jouissaient des droits civils, mais non des droits politiques ». Il est toujours employé dans le sens que je déteste, le sens péjoratif et même raciste. On peut lire dans le Robert : « Etranger méditerranéen résidant en France et dont l’aspect physique, les allures sont très déplaisants. »

Bon, allez, me suis-je encouragée, c’est le défi, tu vas bien trouver…

                                                        MÉTÈQUE

 

« Métèque, espèce de sale con de métèque ! » Il se retourna, surpris. Pas parce qu’on le traitait de sale con de métèque, non, il avait l’habitude des insultes et du mépris mais plutôt par le terme même : métèque. Cela faisait bien des années… Plus personne ne disait métèque. Sur les chantiers, il n’avait pas de nom. On disait l’Arabe ou Mohammed. Il s’appelait Khaled mais tout le monde s’en foutait. Quand on est raciste, tous les arabes se nomment Mohammed. C’est un cliché qui rassure les cons parce que c’est un cliché qui ôte son individualité à l’homme, qui le rabaisse. Ça les cons, ils aiment.

Mais métèque, non, décidemment, ça faisait longtemps. La mode était au « bougnoul, bronzé, sale con de djihadiste ». Il faut dire que ces derniers ne lui facilitaient pas la tâche avec leur manie de décapiter les hommes comme on ouvre un œuf à la coque. Va faire comprendre que tous les Arabes et les musulmans ne sont pas des djihadistes à un type qui ne connaît du vaste monde que son voyage de congé payé, dix jours par an, enfermé dans un hôtel en pension comprise avec un troupeau de quarante personnes, semblables à lui, qui ne sortent qu’en bus avec un guide !

Khaled se retourna et fixa droit dans les yeux le type qui le regardait, un Dupont Lajoie de soixante-dix ans environ, cheveux gras, enfin ce qu’il en restait parce qu’il portait la coupe Chaussée aux Moines, graisse du ventre moulée dans un débardeur Marcel comme on en voit plus depuis longtemps, affublé d’une petite moustache, alors là la petite moustache… Une caricature, quoi ! Un type improbable tellement il symbolisait la haine des autres et le contentement de soi. Khaled sentit une vague de fou rire monter dans son ventre ; il s’obligea quand même à regarder le type d’un œil noir parce que les cons ont peur du regard des Arabes. Ils ont toujours envie de le fuir. Qu’un Arabe les regarde, ça les gêne, allez savoir pourquoi ?

Le vieux – à cet âge là, on est plus vieux aujourd’hui mais celui-ci avait réussi à le devenir malgré la retraite, les congés payés, les progrès de la médecine et la sécurité sociale -, ça ne rata pas, eu le regard déviant, errant quelques secondes dans les airs pour échapper au sien. Et puis quoi, il n’allait pas se laisse emmerder par ce métèque ? Alors, par un effort de volonté puissant, il faut le lui reconnaître, il revint sur le visage de Khaled. Il suintait la peur comme un robinet rouillé.

Khaled attendait, impassible, prenant la pose : je suis un con, je ne comprends pas ce que tu cherches. Ça les faisait tourner en bourrique les cons quand il prenait l’air idiot de celui qui ne sait pas bien le français. Il en jouait quand il le fallait. C’était difficile à ce moment précis : il était à deux doigts du fou rire. Il pensait à Robert Bidochon car il avait lu toutes les B.D. de son fils qui venait de passer son Bac.

Le vieux tremblait presque. L’Arabe faisait au moins un mètre quatre-vingt, bâti comme un type qui travaille sur les chantiers tous les jours depuis vingt ans, des épaules de lutteur, des bras qui portent des sacs de cinquante kilos comme d’autres portent leur boite d’allumettes. Bon, comment se tirer d’affaire sans faire trop minable maintenant qu’il avait déconné ? Pourquoi l’avait-il bousculé volontairement ? Pourquoi avait-il cherché la bagarre ? Pourquoi n’avait-il pas d’abord mesuré la force physique de l’adversaire ? Il n’aurait pas dû l’insulter. Délicat. Par chance, il n’y avait personne dans la rue, au moins il n’aurait pas honte devant témoins.

– Oui, Missieu ? demanda Khaled, exagérant volontairement ce qu’il lui restait d’accent magrébin, c’est-à-dire plus grand-chose après avoir passé plus de vingt ans à travailler en France.

Oh, mais c’est qu’il n’avait pas l’air agressif du tout cet arabe, ça changeait tout ! Il allait s’en donner à cœur joie !

-Pourquoi tu m’as bousculé tout à l’heure ?

– Je t’i pas bousculé, M’ssieu.

– Ouais ben fais attention la prochaine fois. Tu sais pas à qui t’as affaire !

Khaled pensa très vite : « Ben si, justement : à personne. Enfin, à un lâche con, c’est pareil. Les cons sont lâches. Insignifiants. » Puis le fou rire retenu glissa de sa gorge à son palais, gonfla ses joues, s’insinua comme le vent entre ses dents, ses lèvres, et explosa à l’air libre. Un rire tonitruant d’homme heureux ! Des larmes lui montèrent aux yeux. C’était une joie immense, une libération, un soulagement profond. Il attendait ça depuis qu’il avait mis les pieds en France et il croyait que ça ne viendrait jamais. Plus de vingt ans déjà ! Les trois dernières années, il s’était senti proche du dénouement parfois, mais aujourd’hui c’était différent : il était enfin arrivé au port. Il sentit qu’il avait profondément changé ; il s’en foutait, il se foutait de ce con, de tous les cons, il était devenu indifférent, parfaitement indifférent à la connerie. Il n’avait plus peur. Il se sentait libre, entier, redevenu un homme complet, un homme avec ses joies, son sourire, ses rires. Un homme libre.

Le vieux prit tellement peur qu’il se carapata comme un cafard : il tourna le dos sans un mot et se mit à courir à toutes jambes, complètement affolé. L’Arabe allait lui faire la peau, il se foutait de sa gueule ouvertement. Jamais, au grand jamais, un métèque d’Arabe ne se foutait de la gueule d’un Français ouvertement. Il devait être dingue celui-là ! Et s’il avait un couteau dans sa poche de jean ? Il valait mieux se tirer, c’était plus sûr.

Khaled ne le sut jamais : le type s’appelait vraiment Robert, si si, comme Bidochon ! Et il tomba sur le trottoir, terrassé deux rues plus loin, se vidant de peur dans son froc .

Khaled riait toujours, en rentrant chez lui, tandis qu’une vieille connaissance de Robert, qui passait par là, le ramassait comme un sac et le traînait sur un banc dans une odeur terrible d’urine. Ça ferait vite le tour du quartier : Robert est incontinent !

Khaled, gai comme un homme heureux, se dit : demain, je les emmerde enfin. Gentiment mais fermement. Je vais leur dire calmement : j’ai un nom. Je m’appelle Khaled.

chantier

                                                                                                                               Crédit photo : Audrey AK

Mes commentaires :

Mes opinions étant ce qu’elles sont, ça n’a finalement pas été difficile, c’est venu spontanément. J’ai élagué quelques adjectifs en trop, rétablit quelques tournures maladroites. Un jet unique. La vulgarité d’expression est venue d’elle-même, elle permet de se mettre tout de suite dans le contexte puisque c’est un personnage populaire, vulgaire et caricatural qui provoque l’histoire.

J’ai cité le Dupont Lajoie du film d’Yves Boisset qui m’avait beaucoup marquée, très jeune, et Bidochon, le personnage de la B.D. de Binet. Autant leur rendre hommage au passage. J’ai quand même hésité à la relecture et puis je me suis dit que le personnage du raciste était une caricature, alors autant aller jusqu’au bout. Dupont Lajoie et Bidochon sont aussi des caricatures et ça ne gêne personne. Pourquoi ne pas travailler sur le cliché, pour une fois ?

Je n’écris généralement pas avec vulgarité, c’est donc une bonne expérience pour moi. La contrainte est mère de la créativité, c’est un fait étonnant, et pourtant…

L’ironie qui se dégage du texte m’amuse car elle correspond bien à ma manière de m’exprimer oralement. Je m’y retrouve ! Sinon ce petit texte reste modeste, littérairement parlant. Mais le défi est assuré et la chute fait du bien. Car au fond : “Toute écriture est politique puisque toute écriture est une vision du monde.”

                                                                                 Marie Darrieussecq

 

Et vous qu’allez-vous écrire avec le mot MÉTÈQUE ? Et avez-vous écrit avec le mot précédent nuance ?

Faites-moi part dans vos commentaires, ci-dessous, de ce que vous pensez de mon texte et si vous avez écrit le vôtre, n’hésitez pas à le partager.