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11 conseils d’écriture de roman de Maupassant et Flaubert !

Maupassant et Flaubert nous offrent leurs conseils d’écriture ; saisissons-les !

 

Guy de Maupassant a écrit une longue préface qu’il a titrée Le roman, tout un programme, pour Pierre et Jean. Il s’y explique, et c’est une grande chance pour nous, sur la façon dont il conçoit le métier d’écrivain et l’écriture. Et nous rapporte aussi ce qu’en disait Gustave Flaubert. Alors prenons conseils des meilleurs.

Crédit photo : Greg Williams

1 Sois toi

 

« Tous les écrivains, Victor Hugo comme M. Zola, ont réclamé avec persistance le droit absolu, droit indiscutable, de composer, c’est-à-dire d’imaginer ou d’observer, suivant leur conception personnelle de l’art. Le talent provient de l’originalité, qui est une manière spéciale de penser, de voir, de comprendre et de juger. »

Sois original, sois toi-même. Original ne veut pas dire être différent pour être différent, fabriquer artificiellement des différences. Simplement, si tu te montres authentique, ta différence se montrera naturellement. Ta différence, c’est ton authenticité. Sur ce sujet, tu peux consulter cet article : Sois unique et différent.

2 Sais-tu ce que veulent tes lecteurs ?

 

« En somme, le public est composé de groupes nombreux qui nous crient : Consolez-moi.

— Amusez-moi.

— Attristez-moi.

— Attendrissez-moi.

— Faites-moi rêver.

— Faites-moi rire.

— Faites-moi frémir.

— Faites-moi pleurer.

— Faites-moi penser.

Seuls, quelques esprits d’élite demandent à l’artiste :

— Faites-moi quelque chose de beau, dans la forme qui vous conviendra le mieux, suivant votre tempérament. »

Il faut donc jouer sur différents registres émotionnels et intellectuels. C’est obligatoire pour être entendu, compris du lecteur. Pour susciter ses émotions, ce qui est la raison principale pour laquelle il va continuer à te lire. Un roman sans émotions est un bonbon sans sucre. Un roman sans intelligence est une robe de grand couturier en nylon.

Et si tu écris un roman d’une forme inhabituelle, et bien c’est un choix esthétique qui ne sera pas forcément applaudi : la majorité des lecteurs n’aiment pas être dérangés dans leurs habitude. Ceci dit, je place l’art avant toute chose et je ne me prive de rien quand j’écris. Racines mêlées est truffé de poèmes, de chants, d’un rêve, de pensées intérieures. Mais c’est un choix qui se paye au prix fort. On est la plupart du temps moins lu que lorsqu’on écrit très formaté, dans un genre très convenu comme par exemple le polar ou la fantasy. On doit faire des choix conscients. Et les assumer.

3 Construis ton roman

 

« Le romancier qui transforme la vérité constante, brutale et déplaisante, pour en tirer une aventure exceptionnelle et séduisante, doit, sans souci exagéré de la vraisemblance, manipuler les événements à son gré, les préparer et les arranger pour plaire au lecteur, l’émouvoir ou l’attendrir. Le plan de son roman n’est qu’une série de combinaisons ingénieuses conduisant avec adresse au dénouement. Les incidents sont disposés et gradués vers le point culminant et l’effet de la fin, qui est un événement capital et décisif, satisfaisant toutes les curiosités éveillées au début, mettant une barrière à l’intérêt, et terminant si complètement l’histoire racontée qu’on ne désire plus savoir ce que deviendront, le lendemain, les personnages les plus attachants. »

On construit, on structure, on se sert du Voyage du héros si nécessaire. On fait toujours au lecteur la politesse de l’emmener où nous voulons avec adresse. Ce n’est pas à lui de nous suivre sur un mauvais chemin caillouteux ; c’est à nous de l’embarquer sur un chemin agréable, agrémenté de multiples points de vue, détails intéressants, odeurs, sensations, idées passionnantes, etc. Je te renvoie à mon article sur la structure romanesque et le Voyage du héros : Comment structurer une histoire ? Les étapes.

 

Crédit photo : carlos

4 Cherche la vraisemblance

 

« Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. »

« Quel enfantillage, d’ailleurs, de croire à la réalité puisque nous portons chacun la nôtre dans notre pensée et dans nos organes. Nos yeux, nos oreilles, notre odorat, nos goûts différents créent autant de vérités qu’il y a d’hommes sur la terre. Et nos esprits qui reçoivent les instructions de ces organes, diversement impressionnés, comprennent, analysent et jugent comme si chacun de nous appartenait à une autre race. Chacun de nous se fait donc simplement une illusion du monde, illusion poétique, sentimentale, joyeuse, mélancolique, sale ou lugubre suivant sa nature. Et l’écrivain n’a d’autre mission que de reproduire fidèlement cette illusion avec tous les procédés d’art qu’il a appris et dont il peut disposer. »

Rendre la vraisemblance c’est donner l’illusion de la vraisemblance. Ce n’est pas copier platement la réalité. Du reste, la réalité paraît souvent invraisemblable. Il faut créer la vraisemblance de toutes pièces. Le roman n’est-il pas une œuvre d’imagination ? Tu peux étudier utilement ces deux articles sur la création de personnages vraisemblables : Comment créer un personnage de roman crédible et inoubliable ? (1) et Comment créer un personnage de roman crédible et inoubliable (2)

Ou encore celui-ci : Comment écrire un roman vraisemblable, 4 trucs infaillibles

 

5 Travaille ta vision

 

« Les grands artistes sont ceux qui imposent à l’humanité leur illusion particulière. »

J’aime particulièrement cette assertion de Maupassant.

Alors ne te camoufle pas… Commence par développer ta vision personnelle de la vie, de la société, la religion, des relations, de l’art et la littérature évidemment, etc. Ne reste pas dans le politiquement correct, les pensées rebattues, les clichés, les idées toutes faites et prémâchées de ta civilisation. Sors de la boîte, du convenable, du convenu. Montre-nous ce que tu sens, ce que tu penses, ce qui t’anime. Je sais que je le répète souvent. C’est que pour moi, c’est essentiel. Sans vision, il n’y a pas d’œuvre intéressante. On peut posséder toutes les techniques d’écriture du monde sur le bout des doigts mais sans vision elles ne valent rien ! Ton travail d’écrivain, c’est de savoir d’abord quelle est ta vision et après seulement de mettre en œuvre tes techniques pour écrire ton livre. La vision vient avant les techniques. Avant tout. Avant même l’écriture. Ton travail d’écrivain, c’est 80% de vision et 20% de technique. Pour approfondir, tu peux consulter cet article : Ecrire un roman, c’est surtout créer un univers

6 Sers toi de ta propre psychologie

 

« Notre vision, notre connaissance du monde acquise par le secours de nos sens, nos idées sur la vie, nous ne pouvons que les transporter en partie dans tous les personnages dont nous prétendons dévoiler l’être intime et inconnu. C’est donc toujours nous que nous montrons dans le corps d’un roi, d’un assassin, d’un voleur ou d’un honnête homme, d’une courtisane, d’une religieuse, d’une jeune fille ou d’une marchande aux halles, car nous sommes obligés de nous poser ainsi le problème : «Si j’étais roi, assassin, voleur, courtisane, religieuse, jeune fille ou marchande aux halles, qu’est-ce que je ferais, qu’est-ce que je penserais, comment est-ce que j’agirais?» Nous ne diversifions donc nos personnages qu’en changeant l’âge, le sexe, la situation sociale et toutes les circonstances de la vie de notre moi que la nature a entouré d’une barrière d’organes infranchissable. L’adresse consiste à ne pas laisser reconnaître ce moi par le lecteur sous tous les masques divers qui nous servent à le cacher. »

Je n’ai rien à ajouter. C’est d’une clarté totale. Et réaliste.

 

Crédit photo : Stephen Poff

7 Apprends à écrire

 

« Plus tard, Flaubert, que je voyais quelquefois, se prit d’affection pour moi. J’osai lui soumettre quelques essais. Il les lut avec bonté et me répondit: «Je ne sais pas si vous aurez du talent. Ce que vous m’avez apporté prouve une certaine intelligence, mais n’oubliez point ceci, jeune homme, que le talent-suivant le mot de Chateaubriand- n’est qu’une longue patience. Travaillez.»

« Je travaillai, et je revins souvent chez lui, comprenant que je lui plaisais, car il s’était mis à m’appeler, en riant, son disciple. »

On dirait aujourd’hui que Maupassant avait trouvé un mentor, un coach en la personne de Flaubert. Si tu trouves sur ta route un écrivain qui est allé plus haut que toi, pose-lui des questions. Apprends, sois ouvert. Et si tu n’en rencontres pas, lis beaucoup et les meilleurs. Les plus belles leçons d’écriture se trouvent dans nos plus belles lectures. Et continue à te renseigner comme tu le fais maintenant. Lis ce blog, lis en d’autres, lis des articles, des livres, des autobiographies. Que font-ils que tu ne fais pas ? Sois curieux et avide d’apprendre. Je ne crois pas que la connaissance ait une  fin. La connaissance est un chemin.

Pour savoir comment te servir de tes lectures de roman pour progresser, tu peux consulter cet article : Mieux lire pour mieux écrire.

8 Cultive ton originalité

 

«Si on a une originalité, disait-il, il faut avant tout la dégager ; si on n’en a pas, il faut en acquérir une.»

Ta personnalité, c’est ton originalité. Si tu n’as pas de personnalité, ton écriture sera pâle. Travaille ta vision, tes goûts, tes intérêts, tes rêves, tes désirs, tes besoins, tes objectifs, tes envies. Forge-toi une personnalité. Travaille-y sans cesse dans la vie de tous les jours, à chaque instant et même dans les détails qui pourraient te paraître futiles.

Tu peux aussi lire cet article : Comment écrire avec créativité ?

9 A propos de ton talent…

 

« Le talent est une longue patience. Il s’agit de regarder tout ce qu’on veut exprimer assez longtemps et avec assez d’attention pour en découvrir un aspect qui n’ait été vu et dit par personne. Il y a, dans tout, de l’inexploré, parce que nous sommes habitués à ne nous servir de nos yeux qu’avec le souvenir de ce qu’on a pensé avant nous sur ce que nous contemplons. La moindre chose contient un peu d’inconnu. Trouvons-le. Pour décrire un feu qui flambe et un arbre dans une plaine, demeurons en face de ce feu et de cet arbre jusqu’à ce qu’ils ne ressemblent plus, pour nous, à aucun autre arbre et à aucun autre feu. C’est de cette façon qu’on devient original. »

Perce le mystère sous les apparences. Ce que d’autres voient en surface, observe-le en profondeur. C’est là que ton talent se niche. Va le chercher.

10 Observe, et trouve le mot qui convient

 

Voici qu’en dit Flaubert : «Quand vous passez, me disait-il, devant un épicier assis sur sa porte, devant un concierge qui fume sa pipe, devant une station de fiacres, montrez-moi cet épicier et ce concierge, leur pose, toute leur apparence physique contenant aussi, indiquée par l’adresse de l’image, toute leur nature morale, de façon à ce que je ne les confonde avec aucun autre épicier ou avec aucun autre concierge, et faites-moi voir, par un seul mot, en quoi un cheval de fiacre ne ressemble pas aux cinquante autres qui le suivent et le précèdent.»

Pour savoir trouver le bon mot, il faut d’abord avoir su observer. C’est un exercice quotidien, un réflexe que tu dois prendre. Il faut être amoureux du monde, avoir envie de le comprendre, le saisir, l’observer, le décortiquer.

Quand je donne des cours de dessin à un élève, je lui apprends avant toute chose ce principe : « Pour apprendre à bien dessiner, il faut apprendre à bien voir. On ne peut dessiner juste ce qu’on ne voit pas avec justesse. Apprendre à dessiner, c’est apprendre à voir. Quand tu auras appris à voir correctement, tu ne verras plus le monde sous le même jour. Dessiner va t’apprendre à voir et tu vas être étonné de ce que tu découvres. Les lieux où tu es passé des milliers de fois, tu vas les regarder autrement, et tu vas découvrir des choses que tu n’avais jamais vues. Pour les gens, ce sera pareil. Et cela va te servir toute ta vie, en plus de te permettre de dessiner juste. » C’est ce que je lui dis, et tu peux l’appliquer pour écrire. Un seul trait de crayon peut révéler une attitude, une posture. Un seul mot peut faire de même. Mais il faut le voir pour le dessiner ou l’écrire.

Crédit photo : Pexels

 

11 Sois simple

 

« Il n’est point besoin du vocabulaire bizarre, compliqué, nombreux et chinois qu’on nous impose aujourd’hui sous le nom d’écriture artiste, pour fixer toutes les nuances de la pensée; mais il faut discerner avec une extrême lucidité toutes les modifications de la valeur d’un mot suivant la place qu’il occupe. Ayons moins de noms, de verbes et d’adjectifs aux sens presque insaisissables, mais plus de phrases différentes, diversement construites, ingénieusement coupées, pleines de sonorités et de rythmes savants. Efforçons-nous d’être des stylistes excellents plutôt que des collectionneurs de termes rares. Il est, en effet, plus difficile de manier la phrase à son gré, de lui faire tout dire, même ce qu’elle n’exprime pas, de l’emplir de sous-entendus, d’intentions secrètes et non formulées, que d’inventer des expressions nouvelles ou de rechercher, au fond de vieux livres inconnus, toutes celles dont nous avons perdu l’usage et la signification, et qui sont pour nous comme des verbes morts. »

Ne sois pas précieux dans ton style, sois juste. Cherche le mot, la tournure de phrase, l’expression qui va droit au cœur et au cerveau de ton lecteur. Ne crois pas que ton texte aura l’air plus intelligent parce que tu emploies des mots rares. Au contraire, cela va gêner le lecteur dans sa lecture. Et puis la simplicité est belle en toute chose, particulièrement si elle est efficace. La simplicité, en art, n’est pas simple. Et encore moins simpliste.

Maupassant et Flaubert continuent d’être lus. Maupassant est même particulièrement apprécié, y compris des jeunes lecteurs. Nous avons donc quelques bonnes leçons à puiser dans le joli cadeau de cette préface de Pierre et Jean. Si tu veux lire la préface complète ou ce court roman, tu les trouveras ici en téléchargement gratuit.

Et toi, appliques-tu déjà certains conseils de Maupassant ?

 

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Pour développer une mentalité d’écrivain ? La question qui tue !

Comment développer une mentalité d’écrivain ?

 

En te posant la bonne question !

 

Parce qu’écrire des textes littéraires, des romans, de la poésie en ayant la mentalité d’un comptable ou d’une infirmière, ça risque de ne pas fonctionner… Si le comptable ou l’infirmière exercent leur métier avec une mentalité d’écrivain, ça risque aussi d’être problématique… Je te laisse imaginer le bilan annuel ou l’état du patient…

Trêve de plaisanterie, je n’en ai pas pour longtemps : une vidéo de quelques minutes à peine pour te livrer la question indispensable. On peut se poser mille questions à propos de notre travail littéraire et on doit le faire pour s’améliorer. Mais il existe une question qui, au fond, les regroupe toutes. Pourquoi ne pas l’utiliser ? Personnellement, je continue à me la poser régulièrement.

Je te conseille aussi cet article  : 21 écrivains expliquent quelles sont leurs habitudes personnelles. A étudier soigneusement !

Un mot d’excuse si tu as reçu deux fois la newsletter t’annonçant la sortie de cet article. Mille pardons, il y a eu un bug dont je ne suis pas responsable dans le système qui gère l’envoi des mails. Ce n’était jamais arrivé ; il faut un début à toute chose…

 

 

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Mieux lire pour mieux écrire : comment, pourquoi ?

Comment lire pour mieux écrire ? Et pourquoi ?

 

Je reçois de temps en temps un drôle de courriel ou un drôle de commentaire sur la page Facebook d’Osez écrire votre roman, figure-toi. En substance, c’est pour me signifier que lire ça ne sert à rien pour écrire, mais alors à rien de rien !

Quand je suis de bonne humeur, je réponds gentiment en argumentant. Quand je suis de mauvais poils, je fais valser le fâcheux.

Je ne vais pas perdre de temps à argumenter longuement sur le fait qu’il faut lire pour mieux écrire. Quelques mots en passant parce que si tu es sur cette page, en train de lire justement, c’est que tu sais à quoi ça sert la lecture !

Par contre, je vais parler un peu plus longuement de la manière de lire qui, à mon avis, est intéressante, pertinente, pour quelqu’un qui possède quelque ambition littéraire. Un écrivain ne lit pas comme n’importe qui. Sa grille de lecture n’est pas la même puisqu’il sait de quoi il retourne, puisqu’il connaît les procédés. Et qu’il est avide d’en connaître toujours davantage. Qu’est-ce qui rend cette lecture si passionnante ?C’est la question qu’il doit avoir toujours en tête. J’ai enregistré un petit podcast. Tu peux le visionner ici ou directement sur la chaîne YouTube, c’est sans importance.

Et comme la lecture me paraît tellement agréable, importante, indispensable, passionnante, j’ai créé une page dédiée à des livres et des auteurs qui m’ont marquée :  Livres à lire .

Et aussi une rubrique : Lisons ensemble. Tu peux visiter tout cela bien sûr. Surtout si tu ne sais pas quoi lire en ce moment ! Mais d’abord le podcast :

 

 

Donne-nous tes impressions dans les commentaires ; dis-nous comment tu lis, toi. Eprouves-tu autant de plaisir que moi à te plonger dans des univers imaginaires ? Que ramènes-tu de tes plongées dans l’écriture des autres ?

Lire pour mieux écrire et savourer la vie, ça me paraît être un joli programme !

 

Charles Morgan
www.osez-ecrire-votre-roman.com

 

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Comment apporter du raffinement à ton roman ? Les éléments

Pourquoi apporter du raffinement à ton roman ? Levons le rideau !

 

Bam ! Bam ! Bam ! Lever de rideau !

 

Ton entrée de roman peut être, comme au théâtre, un lever de rideau. Le rituel du théâtre est formidable. Tu prends une foule bigarrée, bruyante (la plupart du temps, les spectateurs ne se donnent plus la peine de se vêtir un peu mieux et de parler à mi-voix, et perdent ainsi beaucoup du charme qu’il y a à assister à une pièce de théâtre), prends donc cette foule désordonnée, éteins les lumières, et tape trois coups.

D’un coup, c’est le miracle : le silence se fait instantanément ! On devient attentif, on attend quelque chose. On a beau savoir ce qui va se passer, on attend avec respect. Même le plus mal éduqué des spectateurs ne résiste pas à ce charme. Quelques secondes de silence bien placées mettent le spectateur en état de recevoir.

Puis le rideau se lève lentement. C’est un deuxième délai durant lequel le silence s’approfondit. On devient attentif ; on oublie les autres, on est face à soi-même et face à la scène. En deux bouts de ficelle, on a créé un espace de concentration qui va durer une à deux heures. Quand on pense comme il est difficile de garder l’attention des gens dans une conversation plus d’une minute !

Les comédiens entrent enfin en scène. Ils se sont fait attendre ; on les désire. J’adore ce rituel bien huilé. Un rituel simple mais qui introduit une dose raffinement qui nous sort en quelques secondes du quotidien, nous prépare à recevoir une histoire qui nous éloigne de notre vie, et nous plonge dans un autre univers.

Je n’imagine pas le théâtre sans cela. Si on commençait la pièce en éteignant seulement les lumières, et hop ! les comédiens entrent en scène, il manquerait le mystère. Cela passerait peut-être pour le théâtre de boulevard, la farce, et encore. Pas pour une pièce plus sérieuse.

 

Crédit photo : Dieter_G

L’incipit contemporain

 

Pourquoi te parler de lever de rideau ?

Parce que j’ai la sensation aujourd’hui, de plus en plus, en littérature contemporaine, de débarquer dans le texte sans y avoir été invitée. C’est la volonté de l’auteur, me diras-tu, de débuter dans l’action franchement, sans préambule. Tu liras partout que le lecteur actuel n’a plus de temps à perdre, qu’il est débordé et que s’il lit, il en veut pour son argent : des faits, pas de littérature !

Mais de mon point de vue, la littérature sans littérature ! Non, non, il vaut mieux un bon fabricant de saucisson qu’un mauvais fabricant de romans. C’est mon point de vue, élitiste d’une certaine manière, et que je défends. D’ailleurs je préfère aussi les saucissons raffinés aux saucissons gossiers.

Alors parlons de cet incipit (début de roman) qui te précipite tout de go dans le crime, la dispute, l’action à tout prix. Je n’ai rien contre en soi. Je pense même que ça peut être très bien. Mais j’ai l’idée que ça peut être autrement aussi. Je ne crois pas au systématisme. Quand on écrit un livre, on n’est pas obligé de croire à la première idée venue, celle qui traîne partout : il faut commencer dans l’action pour ne pas perdre le lecteur.

Cela dépend. Il existe différents lecteurs, différents genres littéraires, différentes manières d’entrer dans l’action. Elle peut également être amenée plus lentement. On peut commencer par une description psychologique ou physique si c’est mieux pour ce récit. Si cela rend l’incipit plus attirant, plus cohérent avec le récit. Commencer par un dialogue. Par une réflexion. Une pensée. Un rêve. Autre chose.

On peut aussi entrer dans l’action dès la première phrase mais créer un espace sacré avant le récit à proprement parler. Ce peut être un poème qui ouvre le livre. Il va créer obligatoirement du silence et reconnecter le lecteur à lui-même comme au théâtre. Ce peut être par une citation. Elle jouera le même rôle.

On peut aussi envisager une préface qu’elle soit écrite pat l’auteur ou non, pourvu qu’elle ne révèle pas l’intrigue mais évoque subtilement l’atmosphère et provoque le désir de lecture.

On peut même envisager une carte, ou un dessin qui donnera aussi de l’appétence.

 

Crédit photo : Comfreak

 

Pourquoi l’écriture contemporaine manque-t-elle souvent de raffinement ?

 

Ces petits éléments de raffinement, je ne les vois plus guère en littérature contemporaine. Pourquoi ? Je n’en sais rien.

Mais j’ai une piste. Et si c’était parce que la grande tarte à la crème du siècle est de nous raconter sans cesse que nous sommes pressés, stressés, débordés ? Possible. Ou non. Pour vous, je ne sais pas.

Pour moi, ce n’est pas vrai : j’ai beaucoup à faire car je me suis offert le cadeau de me donner de nombreux objectifs dans ma vie, mais je n’ai pas la sensation de me trouver débordée et pressée. Non. Puisque c’est moi qui choisis mon existence. Cette tarte à la crème ne sert qu’à stresser les gens pour mieux les contrôler. Et cela fonctionne car la majorité des gens se croient tellement plus importants, tellement plus sérieux, plus intéressants, en se sentant surchargés ! Alors ils se donnent des contraintes inutiles, et s’arrangent pour faire de leur vie un enfer. Mais ils pourraient arrêter ce cirque en un claquement de doigts s’ils le décidaient !

Cette course éperdue pour avoir l’air occupé, c’est la rançon de vouloir absolument de la reconnaissance. Et quel genre de reconnaissance ? Et de la part de qui ? Ne vaut-il pas mieux avoir de la reconnaissance parce qu’on offre au monde notre petite quote-part, un petit quelque chose de valable plutôt qu’un grand brassage d’air ? Antoine de Saint-Exupéry décrit parfaitement ce processus ridicule :

La quatrième planète était celle du businessman. Cet homme était si occupé qu’il ne leva même pas la tête à l’arrivée du petit prince.

– Bonjour, lui dit celui-ci. Votre cigarette est éteinte.

– Trois et deux font cinq. Cinq et sept douze. Douze et trois quinze. Bonjour. Quinze et sept vingt-deux. Vingt-deux et six vingt-huit. Pas le temps de la rallumer. Vingt-six et cinq trente et un. Ouf! Ça fait donc cinq cent un millions six cent vingt-deux mille sept cent trente et un.

– Cinq cents millions de quoi ?

– Hein ? Tu es toujours là ? Cinq cent un millions de… je ne sais plus… J’ai tellement de travail ! Je suis sérieux, moi, je ne m’amuse pas à des balivernes! Deux et cinq sept…

– Cinq cent un millions de quoi ? répéta le petit prince qui jamais de sa vie, n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée.

– Cinq cents millions de quoi ?

– Hein ? Tu es toujours là? Cinq cent un millions de… je ne sais plus… J’ai tellement de travail ! Je suis sérieux, moi, je ne m’amuse pas à des balivernes ! Deux et cinq sept…

– Cinq cent un millions de quoi ? répéta le petit prince qui jamais de sa vie, n’avait renoncé à une question, une fois qu’il l’avait posée.

Le businessman leva la tête :

– Depuis cinquante-quatre ans que j’habite cette planète-ci, je n’ai été dérangé que trois fois. La première fois ç’a été, il y a vingt-deux ans, par un hanneton qui était tombé Dieu sait d’où. Il répandait un bruit épouvantable, et j’ai fait quatre erreurs dans une addition. La seconde fois ç’a été, il y a onze ans, par une crise de rhumatisme. Je manque d’exercice. Je n’ai pas le temps de flâner. Je suis sérieux, moi. La troisième fois… la voici ! Je disais donc cinq cent un millions…

Maintenant, soyons pragmatique et moins poétique. Faisons comme le businessman : parlons chiffres ! Ceci concerne la France.

 

Crédit photo : typographyimages

La réalité sur le temps passé au travail

 

Je sors du cadre pour cet article, je l’avoue. Je reviendrai au cadre, le raffinement dans le roman, ensuite. C’est que j’ai trop envie de pourfendre une idée reçue : on n’a plus le temps de rien ! Je l’entends trop et elle rabâchée par des gens qui passent leur vie à la perdre.

XVIIIème siècle : on travaille du lever au coucher du soleil tant qu’on y voit.

1841 : interdiction du travail pour les enfants de moins de 8 ans

interdiction du travail de nuit pour les enfants de moins de 13 ans

journée de travail limitée à 8 heures pour les 8-12 ans, à 12 heures pour les 12-16 ans

1848 : 10h/ jour à Paris et 12h/ jour en province

1900 : semaine de 70h, avec au plus 11h/jour (loi Millerand)

1906 : semaine de 60h

1919 : semaine de 48h (8h de travail, 8h de sommeil, 8h de loisirs, revendication du 1er mai 1886 à Chicago), décret d’application en 1926 !

1936 : semaine de 40h et deux semaines de congés payés (accords de Matignon)

1941 : semaine de 48h (charte du travail du gouvernement de Vichy)

1946 : semaine de 40h

1956 : 3 semaines de congés payés

1969 : 4 semaines de congés payés

1982 : semaine de 39 h et 5 semaines de congés payés

1997 : semaine de 35 h (travailler moins pour travailler tous), 5 semaines de congés payés et RTT

Jamais les gens n’ont eu autant de temps pour lire ! Et lire dans de bonnes conditions. Car avant, c’était une existence sans eau courante, gaz, électricité et quant à la médecine… Je sais que je vais à contre-courant de tout ce qui se dit et s’écrit. Mais la vérité est la vérité, et j’aime la vérité. Ce n’est pas moi qui la fais, ce sont les faits.

Bien sûr, le travail n’est pas merveilleux pour tout le monde et partout. J’ai vécu du surmenage ; j’ai fini par partir de ce travail qui m’épuisait. On n’est pas obligé de subir. C’est un choix que j’ai refusé. Refuser est un excellent choix parfois. Chacun prend ses responsabilités.

Donc si on veut absolument fournir aux gens de la littérature fast-food, des programmes télévisés fast-food, des films fast-food et de la cuisine fast-food, c’est volontaire : on dirige mieux un troupeau qui bêle que des animaux intelligents. Là où on ôte le raffinement, on ôte l’intelligence.

Un excellent roman peut bien entendu commencer tout de go, et dans l’action. Mais il peut également commencer comme au théâtre ou à l’opéra : avec lever de rideau.

 

Crédit photo : christels

Des éléments possibles pour raffiner ton roman

 

Il n’y a rien de systématique dans ma position. J’ai juste envie de te rappeler par cet article que tu peux user, si le cœur t’en dit, de tous ces éléments :

– La citation

– Le poème

– La préface

– Une pensée

– Une carte

– Un dessin

– Une photographie

– Un arbre généalogique

– Un remerciement

– Une dédicace

– La liste des personnage

– Un épilogue

– Un hommage

– Bref, ce que tu voudras.

Parce que l’intelligence sert à cela : faire des choix conscients. Et à user de créativité. L’intelligence sans création n’est qu’un leurre.

De la même manière, qui t’interdit de placer en tête de chapitre ou à la fin de ton roman un court poème, une citation, autre chose ? Au théâtre, le rituel se poursuit durant toute la pièce : sorties et entrées des personnages, entracte, rideau, salut des comédiens, rappels. Tu peux t’en inspirer. Et maintenant, baissons le rideau.

 

Crédit photo : Wounds_and_Cracks

 

Lire ou ne pas lire est un choix ; écrire ou ne pas écrire est un choix

 

Ah oui ! Tu l’as saisi, j’ai écrit également cet article pour rappeler à ceux qui racontent qu’ils n’ont pas le temps de lire que je n’en crois pas un mot ! Combien de temps passent-ils en discussions creuses avec leurs amis ou de vagues connaissances, à regarder la télévision, à la machine à café, à écouter des gens se plaindre et dire qu’ils sont dé-bor-dés ?

Et si tu remets l’écriture de ton roman depuis dix ans, penses-y également.

Il n’est pas certain que je me fasse uniquement des amis aujourd’hui…

Que ne ferais-je pas pour défendre le droit au raffinement en littérature, dans tous les arts et dans la vie même ! Merci au théâtre qui m’a inspiré cet article.

Qu’en penses-tu ? Je te donne rendez-vous dans les commentaires.

 

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Ecrire une chanson : l’art de faire court. Jeux d’écriture.

Ecrire une chanson ou l’art de faire court. Améliorer le rythme et la musique de mots par des jeux d’écriture

 

L’importance de la chanson dans la culture et l’imaginaire collectif

 

La mort de Jacques Higelin m’a fait penser, il y a quelque temps, à la chanson, cet art considéré comme mineur mais que les plus grands poètes, qui eux ne s’y trompaient pas, considéraient avec beaucoup d’intérêt. Aragon ne s’y est pas trompé : il est sans doute le poète français le plus chanté. Et pour ma part, je le considère avec Victor Hugo comme notre plus immense poète. Il entretenait d’excellentes relations avec ses interprètes : Léo Ferré, Monique Morelli, Jean Ferrat, Brassens, Hélène Martin… Les meilleurs !

Pierre Mac Orlan a été chanté avec bonheur, et Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, Jacques Prévert, René Guy Cadou… N’en jetez plus, la cour est pleine ! Et bien, non : Du Bellay, Ronsard, François Villon, ont été mis en chanson, et la liste n’est pas exhaustive… Boris Vian le faisait lui-même. Serge Revzani, écrivain de quarante romans, quinze pièces de théâtre, des recueils de poèmes, a écrit sous le nom Cirus Bassiak plus de 150 chansons, dont de nombreuses et célèbres chansons pour Jeanne Moreau. Philippe Labro a été le premier à écrire un disque entier pour Johnny. Etc. Les écrivains n’ont jamais craché sur la chanson. Je crois qu’ils considèrent moins la chanson comme un art mineur que les intellectuels et les universitaires le font. Quant au public, il aime la chanson et pleure d’ailleurs la mort de tous les grands chanteurs. Celle de Johnny a réellement bouleversé les gens récemment.

Une chanson, ça s’écrit bien sûr. Ce peut être un poème qui sera un jour interprété par un chanteur. Ce peut être aussi un texte écrit sur une musique, dans le but même d’être chanté, ou écrit sans musique et pour lequel un compositeur créera une mélodie. Peu importe au fond. Et puis il y a l’interprétation, la voix, la personnalité du chanteur, les arrangements, le spectacle, le CD.

Dans le cas d’une chanson rédigée par un parolier, on trouve la plupart du temps un refrain, c’est-à-dire quelques mots ou strophes répétés. Ce qui n’est pas le cas pour un poème.

 

Chanson

Ecrire une chanson, c’est l’art de faire court

 

Dans les deux cas, la chanson raconte la plupart du temps une histoire en quelques strophes, crée un univers très rapidement, et on la quitte aussi rapidement qu’on l’a rencontrée. Une très longue chanson, c’est à peine six ou sept minutes. En général, les chansons font à deux à trois minutes.

Quelle leçon pour un romancier ! Savoir trouver le trait juste, le mot parfait, décrire en deux mots ce qui peut être dit en mille et pourtant un univers est là, posé. C’est un artisanat, c’est un art. C’est la grande leçon de la chanson : son incroyable disposition à faire naître une histoire et un univers, ou simplement une atmosphère, en quelques mots.

Voici ce que dit Alain Souchon : « Les chansons ne sont pas faites pour être lues, mais écoutées. Distraitement. C’est la musique qui peut accrocher l’oreille et faire entendre les paroles. Les paroles sont derrière en second plan, et c’est ce second plan que l’on trouve dans les livres de chansons. On peut, en lisant, s’apercevoir que les chansons disent toujours les mêmes choses : que l’amour est difficile, que le temps passe vite, que ce qui est passé est enjolivé, que le monde est mal fait. Tout cela peut être dire de manière provocante, poétique, niaise ou neutre, c’est selon la personnalité de l’auteur. Certains chanteurs –Renaud, Mac Nil, Gainsbourg, Le Forestier, Vannier, Jonasz, Cabrel, Goldman, Mitchell, Bashung, Aubert, etc – font des paroles lisibles et d’autres non…  J’espère être dans la première catégorie. »

Techniquement, la chanson comme la nouvelle est courte, ramassée. La nouvelle raconte une histoire, crée une atmosphère, et dans l’idéal laisse une trace dans notre mémoire. Avez-vous remarqué que nous nous souvenons beaucoup plus facilement de l’intrigue d’une nouvelle que de celle d’un roman ? Et c’est normal.

La nouvelle est basée sur l’intrigue. Le roman psychologique est basé sur l’atmosphère. Dans un excellent roman l’atmosphère semble entraîner l’intrigue. Dans une excellente nouvelle, l’intrigue semble entraîner l’atmosphère. Et la chanson ? Je crois qu’une excellente chanson est à parts égales. C’est subtil.

Ecrire une chanson, c’est jouer avec les mots

 

Et le ton, le style ? Comme dans le roman ou la nouvelle, un excellent parolier développe un ton et un style personnel. On reconnaît la touche d’Aznavour, celle de Ferré, Barbara, Goldman, d’Higelin…

Comme je l’écrivais plus haut, les poètes ont toujours été heureux de voir leur poésie chantée. C’est que la poésie s’adapte facilement au chant. Elle se laisse mettre en musique. Elle est souple, sinueuse, elle chante. Un poème s’écrit souvent en vers et s’il ne l’est pas, ses vers libres sont déjà de la musique. La poésie utilise les sons autant que l’histoire (s’il y en a une) et l’atmosphère : les rimes, les allitérations, les redondances, les silences, la musique des mots. Voici ce qui la rapproche tant d’une chanson écrite « comme une chanson. »

Je trouve intéressant d’écrire quelques chansons. Car la chanson est au carrefour de tout : de la poésie, la musique, le rythme, l’atmosphère, l’intrigue. Il y faut donc de la maîtrise.

J’en ai écrit quelques-unes pour le plaisir et la découverte de ce genre. Ce ne sont pas les meilleures chansons du monde mais j’ai tenté. Et c’est un genre intéressant. Or la maîtrise en écriture, c’est ce que nous voulons, n’est-ce pas ? On grandit dans notre façon de comprendre l’écriture quand on entreprend de travailler dans un genre qu’on ne connaît pas.

Et si on s’y essayait pour une fois ?

 

Ecrire une chanson

 

1er jeu : offrir de l’espoir

 

Je te propose donc un essai sur le thème de L’âge d’or de Léo Ferré parce que la simplicité et l’espoir, en écriture, c’est difficile. On entend beaucoup plus de chansons qui évoquent la noirceur du monde que des chansons d’espoir. Que vois-tu dans un monde plus beau, plus juste, plus équilibré ?

Nous aurons du pain

Doré comme les filles

Sous les soleils d’or.

Nous aurons du vin

De celui qui pétille

Même quand il dort.

Nous aurons du sang

Dedans nos veines blanches

Et le plus souvent,

Lundi sera dimanche.

Mais notre âge alors

Sera l’ÂGE D’OR.

 

Nous aurons des lits

Creusés comme des filles

Dans le sable fin.

Nous aurons des fruits,

Les mêmes qu’on grappille

Dans le champ voisin.

Nous aurons, bien sûr,

Dedans nos maisons blêmes,

Tous les becs d’azur

Qui là-haut se promènent.

Mais notre âge alors

Sera l’ÂGE D’OR

 

Nous aurons la mer

À deux pas de l’étoile,

Les jours de rand vent.

Nous aurons l’hiver

Avec une cigale

Dans ses cheveux blancs.

Nous aurons l’amour

Dedans tous nos problèmes

Et tous nos discours

Finiront par « Je t’aime. »

Vienne, vienne alors,

Vienne l’ÂGE D’OR.

 

2ème jeu : raconter une histoire

 

Il me semble intéressant aussi de construire une chanson sur le modèle de La ballade de Jim, d’Alain Souchon.  Construite comme une nouvelle, elle raconte une histoire complète sur un ton aigre-doux, légèrement humoristique, et offre une jolie chute. On peut aisément remplacer « elle » par autre chose, une maison, un animal, ou une autre personne, peu importe au fond pourvu que ça raconte une petite histoire et que tu trouves un ton intéressant et personnel. Ce qui important en écriture, c’est ta personnalité, ton tempérament, ta présence à travers tes mots. C’est toujours à travers ton style et ton ton que tu les rendras accessible à ton lecteur, dans la chanson comme dans tes romans.

Comme elle est partie, Jim a les nerfs

Jim boit du gin dans sa Chrysler

La presqu’île, le boulevard de la mer est con

Comme elle est partie, attention : Jimmy tourne en rond

 Hier soir encore, son héroïne

Le serrait si fort en disant « Jim »

Elle était son calmant, son alcool profond

Comme elle est partie, attention : Jimmy tourne pas rond

 

Refrain :

Jimmy, t’es fort, mais tu pleures

Sur le cuir de ta Chrysler

Là-bas le soleil s’écroule dans la mer

Jimmy, les filles pour le cœur

Comme l’alcool et les révolvers

C’est sauter en l’air

Tomber par terre

Boum !

 

Depuis deux ans, sûr, Jim bossait fort

Pour que sa starlette bronze en hors-bord

Avec elle, il voulait un bébé, sans rire

Comme elle est partie, attention : Jimmy veut mourir

 

Refrain

 

Jimmy va trop vite, Jimmy pleurniche

Il sent son parfum sur la corniche

Les lacets, le gravier, et dans l’air du soir

La Chrysler s’envole dans les fougères et les nénuphars

 

Jimmy s’éveille dans l’air idéal

Le paradis clair d’une chambre d’hôpital

L’infirmière est un ange et ses yeux sont verts

Comme elle lui sourit, attention : Jimmy veut lui plaire

 

 

3ème jeu : décrire ton rêve

 

On peut aussi rêver… Garde seulement  » j’ai un rêve » et le mot « rêve » et remplace tout le reste du texte car Le rêve du pêcheur n’est pas le tien. Parle-nous de ton rêve.

J’ai un rêve

Le rêve que j’ai

Tout le monde le fait

Je rêve d’eau

Mais d’océan

Ah ! L’océan

Au sud et vivre de pêche

Mais les rêves on les empêche

 

Jeter dans l’eau

Jeter des filets

Jeter des filets dans l’eau

Un bateau

 

Etre heureux dessus

Etre sur un bateau

Je rêve d’eau

Mais d’océan

Ah ! L’océan

Pêcher des poissons dedans

 

Refrain :

Pêcher pêcher

Ici c’est faire des péchés

Avoir le cœur empêché

Faire mal

Pêcher là-bas

Ce n’est que pêcher

Le vent les poissons moqueurs

Donnent bon cœur

 

Pêcheur

Sous la lune

Et les étoiles

Pêcher en bateau à voile

Rentrer le matin

Soleil levant

Ah ! Oui le vent

Pêcher des baisers ardents

 

Refrain

 

Rêver d’être meilleur aussi

Oh meilleur

Dans la vie qui se dépêche

Rêver d’être ailleurs qu’ici

Etre ailleurs

Vire simplement de pêche

Mais les rêves on les empêche

 

De l’eau fraîche

Vivre d’amour

Vivre d’amour et d’eau fraîche

Je rêve d’eau

Mais d’océan

Ah ! L’océan

Vivre la vie autrement

 

4ème jeu : t’engager !

 

J’ai écrit quelques chansons sur un malentendu. Je croyais qu’un musicien me demandait des chansons. Quelle naïveté ! Je l‘avais mal jugé et l’ai envoyé balader quand j’ai compris qu’il était incapable de me faire aucun retour sur les chansons qu’il m’avait demandé. Mais il reste que sans cette impulsion, je n’aurais sans doute jamais pensé à écrire des chansons.

J’en rapporte une ici, On a fait comme on a pu, construite comme un petit roman. C’est une chanson engagée, genre que j’ai toujours aimé. Elle est longue et si elle devait être chantée, elle serait loin du standard des deux à trois minutes, plutôt six à sept minutes. Mais on pourrait en faire un roman ! Toi aussi, tu peux construire ta chanson engagée. Qu’est-ce qui te semble insupportable dans notre société ? Que voudrais-tu voir changer ? Tant de messages peuvent être et sont colportés par la chanson.

 

Refrain :

J’voulais t’dire

Qu’en fait d’turbin

J’ai pas été radin

J’ai pas été radin

 

Quand j’ai épousé ma belle

J’étais qu’un jeun’ gars rebelle

Pour elle j’ai posé genoux à terre

J’ai enterré tous mes rêves

 

Faut dire qu’on a eu un r’jeton

A 17 ans, c’est pas Byzance

Pas d’famille et pas d’aisance

Quand t’es qu’un gosse d’ l’Assistance

 

Refrain

 

Entre orphelins on s’comprenait

Entre pauvres on s’réchauffait

C’est comme ça qu’on a commencé

A habiter dans une cité

 

Alors à 18 ans j’travaillais

J’avais qu’mes bras à proposer

J’peux t’dire qu’j’en ai fait des chantiers

J’me suis pas souvent reposé

 

Refrain

 

Les dimanches on s’retrouvait

Notre p’tite famille s’agrandissait

Les enfants c’est comme les fleurs

Même sur l’béton ça pousse en cœur

 

 Ma belle et moi on a vieilli

On a eu trois enfants des amis

Des vacances pas distinguées

Dans des pensions pas étoilées

 

Refrain

 

On a été heureux p’tit p’tit

Au fond on n’a pas si mal réussi

Mais les années j’les ai comptées

Chaque jour au sablier

 

Le chantier les sacs de graviers

Les échafaudages hauts à tomber

Même pas d’casque de sécurité

La paye minable triste à pleurer

 

Refrain

 

Quand t’es de la race des méprisés

D’ceux qu’ont qu’leurs bras à louer

T’es bien heureux d’être retraité

Mais l’chantier ça m’a usé ça m’a usé

 

Ma belle n’est plus c’qu’elle était

Les enfants s’en sont allés

Et c’est très bien d’s’envoler

Loin d’la cité loin d’la cité

 

Refrain

 

Nous on reste là pour crever

On n’saurait pas où aller

On s’tient debout On n’a plus d’rêves

On a vécu comme on pouvait

 

Mais on est fiers d’être arrivés

Au bout d’la route sans calancher

On est deux vieux On a la santé

Dans cette cité d’macchabés

 

Refrain

 

C’est une victoire t’imagines pas

T’imagines pas t’imagines pas

On s’sourit on s’regarde

On a la télé pour voyager

 

Et puis bientôt y aura les cieux

C’sera coloré et tout bleu

Finis le gris et la saleté

C’est pour bientôt et c’est tant mieux

 

C’est peut-être pour ça qu’c’soir

J’veux pas l’faire dans l’désespoir

Mais j’veux t’dire la vérité

 

En fait d’turbin

J’ai pas été radin

J’ai pas été radin

 

C’est peut-être pour ça qu’c’soir

J’ai les mots rebelles

Tu sais On attend tranquillement

On va s’faire la belle

Moi et ma belle

On va s’faire la belle

On va s’faire la belle

Crédit photo : Alain Bachellier

 

Ces jeux d’écriture, que tu les tentes ou non, je te les propose pour ne pas oublier cet art de la chanson, art populaire pour une fois. Il n’est pas complexe d’y goûter et nous le faisons tous. Nous écoutons des chansons, et ceux qui n’ouvrent jamais un livre écoutent tout de même, sans le savoir, une forme de poésie, à défaut de lire. Si tu participes à ces jeux, propose-les à la lecture dans les commentaires afin que nous en profitions tous. Ecrire, c’est apprendre et grandir. Et écrire un genre auquel nous ne nous consacrons pas habituellement, c’est aussi se délier l’esprit, acquérir de la souplesse, faire travailler notre imaginaire. Et avec la chanson, c’est encore écouter notre musique et notre rythme intimes et les transcrire par des mots.

 

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Questions-réponses sur l’écriture de roman et de nouvelle

J’ai reçu cette semaine une salve de questions venant d’une personne qui a lu mon manuel gratuit de techniques littéraires téléchargeable (tu peux, toi aussi, le télécharger ici : à droite de la page ou sous cet article). Cette lecture a apparemment aiguisé son questionnement sur l’écriture. Comme j’ai trouvé ses questions sur le roman et la nouvelle intéressantes et que ce sont des questions qui nous concernent tous, nous les écrivains en devenir et en action, j’ai décidé d’y répondre ici afin que chacun en profite. Merci à cet abonné du blog -qui se reconnaîtra- pour ses questions.

Tu peux bien entendu développer ton point de vue dans les commentaires car tu peux avoir des idées différentes ou des précisions à nous apporter.

 

Crédit photo : Qimono

Voici ces questions sur l’écriture de roman et de nouvelle :

 

  1. Comment éviter l’hésitation du choix littéraire ? (un roman ou une nouvelle)
  2. Quelle est la manière de concevoir des allées et retours en cours du texte ?
  3. Peut-on utiliser des moyens pour arriver à obtenir un «rythme» rapide, comment ?
  4. Est-ce que l’auteur peut donner son point de vue sur l’histoire ?
  5. Quelle est la différence entre la conception d’un roman et un récit ?
  6. La règle des 6 W est-elle applicable à la nouvelle ?
  7. Comment trouver ou renforcer son inspiration ?

Voici mes réponses :

 

1. Comment éviter l’hésitation du choix littéraire ? Un roman ou une nouvelle ?

 

Pourquoi l’éviter ? On peut écrire les deux. Pourquoi se priver ? L’existence n’est pas dessert ou fromage : on peut décider de prendre dessert et fromage. Ce sera plus lourd à digérer, c’est tout. Là, il faudra davantage d’apprentissage et de travail. On apprendra la nouvelle, puis le roman. Ou vice-versa. Mais les deux sont très proches, ce n’est pas un grand écart pour l’esprit ; c’est plutôt un ajustement.

Si on débute complètement en écriture, il est judicieux, évident, de commencer par la nouvelle. Et quand elle est réussie (ou plusieurs nouvelles réussies, que l’on peut rassembler en livre de nouvelles, genre malheureusement peu vendu en France bien que trés intéressant), on peut entreprendre plus difficile puisque c’est un travail de longue haleine : le roman.

Si on a déjà écrit un roman, la nouvelle sera vite et facilement écrite et libérera notre esprit. Et avoir l’esprit libre est précieux dans la création comme dans la vie. Cela laisse le champ libre pour une autre expérience qui peut à nouveau être une nouvelle, un roman ou tout autre chose.

Pas de principe rigide : on s’adapte à notre besoin, notre envie, notre inspiration du moment. L’inspiration passe avant tout raisonnement. L’inspiration, c’est le choix subjectif de notre goût, notre envie, notre besoin du moment.

 

2. Quelle est la manière de concevoir des allées et retours en cours de texte ?

 

Je ne suis pas certaine d’avoir compris la question. Est-ce qu’on parle des souvenirs des personnages ? Des faits du passé qui doivent être exposés ou rappelés pour expliquer ce qui se passe au présent ? Des références à un passage précédent du livre ?

Si c’est cela dont il s’agit, ma réponse est simple : avec naturel. Comme dans la vie. On explique ou on donne l’information quand c’est le moment, quand on sent qu’elle va manquer au lecteur. J’aime beaucoup les flash-back dans les romans car ils me rapprochent des personnages. La mémoire procède par associations d’idées ; et le personnage qui y fait appel me semble toujours moins lisse et plus réel. Je n’ai pas peur de perdre le lecteur à partir du moment où je sais que je suis en train de nourrir son imaginaire.

 

Crédit photo : eugenialcala

 

3. Comment arriver à obtenir un rythme rapide ? Des outils ?

 

Cela dépend de ce qu’on entend par rythme rapide. Ce qui rapide pour l’un n’est pas forcément rapide pour l’autre. Il faut en réalité trouver le rythme qui va convenir au propos du livre.

Disons d’une manière générale que pour un rythme rapide, le texte ne doit pas être truffé de souvenirs (cela est réservé aux « gros » romans), de détails inutiles (ce qui est valable même pour un roman fleuve), de conversations vides de sens (idem), d’actions inintéressantes parce qu’elles ne « disent » rien de neuf ou de conséquent (même combat), de descriptions sans intérêt (pareillement.)

Le texte ne doit pas être submergé d’adjectifs insipides et généralistes (que du très précis ou rien), d’adverbes, de phrases trop longues, de répétitions.

Le texte doit jongler avec phrases courtes, longues et moyennes pour créer une musique et un rythme entraînants. Davantage de phrases courtes évidemment pour un rythme très rapide. Le texte, c’est aussi de la musique et du rythme, ça compte énormément. C’est l’oreille qui décide de la qualité du rythme d’une phrase, d’un paragraphe, d’une page. C’est pourquoi lire à voix haute peut aider à discerner s’il y a du rythme et lequel.

Le texte doit être ponctué avec discernement de façon à accentuer la rapidité de lecture, donc le rythme de l’ensemble du livre. La ponctuation est importante au même titre que les mots.

Les paragraphes doivent être clairs, et courts. L’œil doit pouvoir les lire presque du premier coup. Pour un rythme rapide, c’est parfait.

Évidemment la structure du livre doit être plutôt linéaire pour entraîner le lecteur de chapitre en chapitre.

Les chapitres peuvent se terminer sur une véritable invite à poursuivre la lecture, à passer sans délai au chapitre suivant. Comment ? Avec un cliffhanger aux dernières lignes de chaque chapitre : le suspense est à son comble et la fin est ouverte. Que va-t-il se passer, nom de nom ? Du mystère, de l’intrigue, de la surprise…Il faut susciter le désir de connaître la suite.

 

4. L’auteur doit-il donner son point de vue sur l’histoire ?

 

C’est personnel. Cela se fait peu en littérature romanesque contemporaine. Personnellement, je ne déteste pas ça. C’était un procédé utilisé souvent au XIXe. L’auteur intervenait parfois au cours de son récit en son nom ou à peine camouflé sous un personnage qui disait avoir recueilli une histoire auprès une connaissance et la transmettre au lecteur.

Si on le tente, ce doit alors être discret, subtil, vraiment léger et peut-être avec une pointe d’humour, en tout cas quelque chose qui fait que l’on sent que l’auteur a pris de la distance avec son texte.

Mais pour plonger le lecteur dans l’histoire mieux vaut susciter des émotions et des sensations qui permettent au lecteur de deviner où l’auteur veut en venir, quelle est sa morale ou ses valeurs. Ne pas lui balancer à la face un long discours moralisateur par exemple sur la conclusion finale du roman. Ce serait intrusif et ennuyeux. Le roman n’est pas une théorie, un livre de philosophie ou un essai. C’est un roman. C’est pourquoi le lecteur doit sentir le message de l’auteur, le comprendre, le deviner mais par l’intrigue elle-même, les personnages eux-mêmes et quelques réflexions discrètes qui ne seront pas mises dans sa propre bouche.

Sauf évidemment si on décide d’utiliser le procédé très XIXe siècle en l’assumant totalement.

Cela n’empêche pas l’auteur d’écrire une préface ou un épilogue pour préciser ses intentions.

 

Crédit photo : MiraDeShazer

5. Récit et roman ? Quelle différence ?

 

Le roman est un récit. Le récit est un mot fourre-tout dans lequel on classe à peu près tout ce qui raconte une histoire imaginaire ou réelle : le roman, la nouvelle, les mémoires, le conte, l’autobiographie, le roman historique, etc.

 

6. La règle des 6 W est-elle applicable à la nouvelle ?

 

Oui, la règle des 6W est applicable à la nouvelle. Quelle est cette règle des 6W te demandes-tu sûrement si tu n’as pas lu mon manuel gratuit ?

Je te conseille de télécharger ce manuel de techniques d’écriture de 35 pages que je t’ai concocté, si tu ne l’as pas déjà fait. Tu le trouves dans la barre latérale droite du blog ou sous cette publication et cela prend 2 minutes à peine de le télécharger (gratuitement !) Je te recommande évidemment de le lire car tu y trouveras des renseignements vraiment utiles dont la règle des 6W.

 

7. Comment trouver et renforcer ton inspiration ?

 

Je te renvoie à cet article qui ne parle que de cela : Débarrassez-vous de la panne d’inspiration !

Et je propose d’aller encore plus loin dans la réflexion et la mise en place de ce qu’il faut faire pour avoir une inspiration très forte qui se déclenche de plus en plus souvent. C’est un article très inspirant que j’ai écrit, l’un de mes meilleurs, j’ai eu beaucoup de retours dessus. Il faut dire que le sujet me passionne totalement. J’avais tellement à te partager que j’ai dû scinder l’article en deux car il était trop long : j’étais complètement emportée par mon sujet !

Ecris-tu dans le flow ? Comment vivre ta plus belle expérience d’écrivain ?

Le flow : comment écrire un roman en état d’inspiration totale ?

 

Crédit photo : Pexels

 

Si tu as d’autres questions à me poser concernant l’écriture, n’hésite pas. Si je le juge nécessaire, je pourrai écrire un article de temps à autre pour répondre à ces questions. Merci donc à ce fidèle lecteur pour ses questions. Et toi, en as-tu ? Poste-les en commentaires si tu le désires.

Si tu veux aller encore plus loin dans tes connaissances et surtout dans la pratique de ton écriture, jette un oeil ici :

Formations en ligne : tous les détails

Réécriture : tous les détails 

Mes livres : tous les détails

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Télécharge gratuitement ton Manuel d’écriture de roman (35 pages de conseils) sous cet article ou à droite de la page.

À bientôt ; surtout continue d’écrire avec passion…

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Nothomb, Eco, Modiano, Werber, Giono : leur processus d’écriture

Le processus d’écriture : une histoire personnelle

 

Jean Giono, Amélie Nothomb, Umberto Eco, Patrick Modiano, Bernard Werber, voici des personnalités parfaitement affirmées dans le domaine artistique et complètement différentes. Un point commun cependant : chacun a développé des stratégies d’écriture radicalement personnelles.

C’est bien le but de cet article : te montrer une fois de plus qu’au-delà des techniques structurelles du roman, il te faut développer ton monde, ta manière d’écrire, de te mettre dans ta peau d’écrivain, tes rituels, tes techniques. C’est toi qu’il faut découvrir pour découvrir ce que tu dois écrire et comment !

Voici donc cinq écrivains aux romans radicalement différents, et aux façons d’écrire totalement différentes. Chacun a mis au point son processus d’écriture après des tâtonnements, des essais, des doutes. Puis chacun, enfin, a trouvé son processus le plus efficace. Et cela même a parfois changé dans le temps : car nous changeons et nous devons sans cesse nous adapter à notre nouveau moi. Nous ne sommes pas figés et c’est pourquoi ce qui valable à un moment ne le sera peut-être plus dans six mois ou deux ans.

N’aies pas peur de ce qui peut te paraître curieux dans ton processus, original, parce que tu n’as jamais cru qu’un autre écrivain rédigeait de cette manière. Peu importe : ce qui compte c’est toi et tes résultats. Ne te refuse rien. Sors des clous, des idées préconçues. Sois toi jusqu’au bout de ta plume ou ton clavier.

C’est le but de cet article de te montrer qu’il n’existe aucune limite au processus de création. A toi de trouver ta voie.

Commençons par Jean Giono, l’un de nos meilleurs écrivains, qui a écrit des œuvres inoubliables que je te conseille, au passage, de lire ou relire. Jamais style n’a été plus libre et sensuel que celui de cet homme sage et pacifiste. Et il a écrit près de 70 livres dont certains ont été adaptés au cinéma : Crésus, Le Hussard sur le toit, Les âmes fortes, L’Homme qui plantait des arbres… Pour en lire des extraits, c’est ici.

Jean Giono et son processus d’écriture

 

 

Parlons maintenant d’Amélie Nothomb car elle écrit un livre publié par an avec une régularité exceptionnelle : depuis son premier en 1992. Autant te dire qu’elle a aussi parfaitement réglé son processus d’écriture. Elle en écrit même quatre livres par an en réalité ! Sa prolixité, elle la doit à sa persévérance et son système bien huilé. Des extraits de ses livres ici.

Amélie Nothomb et son processus d’écriture

 

 

Et je trouve utile qu’Amélie Nothomb nous explique comment elle prépare ses romans car cela aussi fait partie du processus d’écriture. Et toi, comment fais- tu ? Que peux-tu améliorer, à ta façon naturellement ?

 

 

Umberto Eco était un homme exceptionnellement érudit, travailleur acharné, et un immense collectionneur de livres. Dans son processus d’écriture, et il a énormément publié que ce soit des romans ou des essais, il y avait le fait de vivre au milieu des livres dans l’atmosphère même d’une bibliothèque, dans son silence. Tout cela à domicile ! Le Nom de la rose, son roman qui a fait le tour du monde, est certainement né de cet amour incroyable des livres. Je te laisse découvrir son hallucinante maison-bibliothèque, unique, et ce qu’il disait de sa manière de rédiger. Des extraits de ses livres ici.

Umberto Eco et son processus d’écriture

 

 

Patrick Modiano a reçu le prix Nobel de littérature en 2014. Discret jusqu’à la timidité, il s’exprime oralement avec beaucoup de difficulté. Comme ses personnages, il semble ailleurs, pris par un rêve intérieur, absorbé. Tu peux cliquer sur la petite roue en bas à droite de la vidéo pour en accélérer la vitesse : ceci te rendra plus facile l’écoute de cet écrivain aux romans suspendus dans le temps, inondés de mélancolie et de lumières grises. Des extraits de ses livres ici.

Patrick Modiano et son processus d’écriture

 

 

Bernard Werber, ancien journaliste scientifique, est devenu un écrivain au succès populaire immense même s’il n’a pas les faveurs de la presse française. En Corée du Sud, il est reçu comme un dieu vivant ! Son processus d’écriture est très particulier. Il anime volontiers des ateliers d’écriture. L’auteur des Fourmis te livre ses secrets. Des extraits de ses livres ici.

Bernard Werber et son processus d’écriture

 

 

Alors tu le vois, la recette miracle n’existe pas. La meilleure recette, c’est la tienne. Et si tu tâtonnes avant de la trouver, c’est normal. Cette errance fait aussi partie du processus d’écriture ! Inspire-toi de ces écrivains qui ont fait leurs preuves, adapte-toi à ton tempérament, ta personnalité, tes capacités. Fais des essais et ne te refuse rien.
Si tu veux connaître le mien, je t’en fais part dans l’interview que Malik Kahli m’a faite dernièrement.

Quel est ton processus d’écriture ? En es-tu complétement satisfait ? Ou penses-tu faire d’autres tentatives de processus ? Raconte-nous cela dans les commentaires car ce témoignage pourrait servir à d’autres écrivains…

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Les clefs pour écrire un roman : mon interview par Malik Kahli !

Malik Kahli m’interviewe !

C’est avec un immense plaisir que j’ai répondu à l’invitation de Malik Kahli : c’est de New-York qu’il a réalisé mon interview par Skype. Malik est écrivain à succès en autoédition, blogueur, formateur, et scientifique ! Une personnalité riche, comme tu peux le voir. C’est avec beaucoup de jubilation et d’enthousiasme que j’ai répondu à ses questions. Nous parlons du Cheval de l’Irlandais, bien entendu, mais aussi du processus de création, de nos techniques, et notre vision artistique.

Tu sauras tout car je ne sais rien cacher ! Je pense que cela pourra te donner des clefs intéressantes pour ta technique et ton inspiration. Malik et moi nous complétons très bien, d’autant plus que nous n’avons pas toujours la même façon de créer. Nous te disons tout dans cette interview très riche.

Je t’enjoins à voir mon interview sur son blog, et aussi à découvrir Malik. C’est ici que ça se passe.

J’espère que tu y prendras autant de plaisir que j’en ai pris.

N’hésite pas à nous dire ce que tu penses de cette interview dans les commentaires, je suis curieuse de savoir comment tu écris.

 

Laure Gerbaud
www.osez-ecrire-votre-roman.com

 

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Droits d’auteur d’écrivain, résiliation de contrat : et ton livre ?

Droits d’auteur d’écrivain, résiliation de contrat, liquidation judiciaire de maison d’édition et autres joyeusetés : et ton livre dans tout ça ?

 

Bien que le langage des droits soit sybillin, je crois avoir compris hier, et c’est encore à vérifier, que j’ai enfin récupéré mes droits d’auteurs sur Racines mêlées, prix Matmut 2014 du 1er roman. Victoire ! Champagne ! Je vais enfin pouvoir le rééditer.

 

Racines mêlées, roman de Laure Gerbaud

Liquidation judiciaire :

 

Que s’est-il passé ? Il se vendait correctement quand la maison d’édition qui le publiait à fait faillite comme beaucoup d’autres depuis dix ans… Une maison que j’aimais. Il y a donc eu une liquidation judiciaire.

J’ai envoyé une lettre recommandée pour récupérer mes droits d’auteur en novembre 2016. On m’a prié d’attendre. Plus de nouvelle. Rien.
J’ai relancé la semaine dernière, blasée, sans plus croire à grand chose mais très décidée à mener une action en justice si nécessaire.
Heureusement que j’avais envoyé cette lettre recommandée !

Voici pourquoi j’écris cet article rapide. Si tu es dans cette situation, fais vite ta lettre recommandée ! Car tu perdras tes droits si tu ne le fais pas dans un délai légal (je ne sais pas combien exactement mais ça semble être grosso-modo un an, renseigne-toi.)

Voici ce que dit la SGDL de ce cas :
« …dans le cadre de procédures collectives, c’est-à-dire de redressement ou liquidation judiciaire. Dès que les auteurs ont connaissance de l’ouverture d’une procédure collective à l’encontre de leur éditeur, il faut prendre contact avec le mandataire judiciaire chargé du dossier. Car c’est avec lui qu’il faudra régler la question du sort des éventuels exemplaires en stock, et c’est encore lui qui confirmera la résiliation des contrats d’édition. Il est donc très important que les auteurs se fassent connaître auprès de lui. Théoriquement, c’est le mandataire qui doit prendre contact avec les auteurs, mais malheureusement, ils n’ont pas toujours les informations à jour. Donc j’appelle les auteurs à la vigilance s’ils doivent faire face à une mise en liquidation de leur éditeur. »
Bref, débrouille-toi, cours après tes droits, n’attends rien des autres, fais le boulot toi-même !

 

Fête du Livre du Var 2014, avec ma fille : épuisée mais heureuse

 

Le statut de l’écrivain, et des artistes en général ? Ah, ah !

 

Les écrivains restent la dernière roue du carrosse en France. Comme tout artiste du reste. On en encense quelques-uns à la télévision,  dans les journaux, et on les traite comme des va-nu-pieds dans l’arrière-boutique de la publication.
Sois vigilant !

Ah, oui ! Le roman a continué à se vendre. Il a été retiré de la vente d’Amazon depuis janvier à peine, mais je ne pense pas récupérer l’argent qui m’est dû. Car je n’ai pour le moment aucune réponse de ce côté… Un silence époustouflant ! Tout le monde sera payé avant les auteurs ! S’il reste un peu d’argent, nous aurons peut-être quelques piécettes… Pas certain. Là aussi, la vigilance est de mise…

Tu peux te renseigner sur d’autres cas où tes droits d’auteur sont bloqué sur le site de la SGDL. Mais cela reste succinct. Dans bien des cas, j’imagine qu’il faut prendre un avocat.

Sur le droit d’auteur en général et son histoire, tu as un énorme article sur Wikipédia mais il n’est pas à proprement parlé juridique. IL vaut la peine d’être lu, il est intéressant.

N’étant pas juriste, je ne peux t’écrire un article long et fouillé sur la question. Je veux juste te faire remarquer qu’il faut être très regardant quand tu signes ton contrat et quand, comme dans mon cas, tu dois demander la résiliation de ton contrat pour récupérer tes droits. La maison d’édition n’existant plus, il serait naturel que le contrat devienne caduc et que tu récupères tes droits automatiquement. Mais non : c’est trop beau, trop simple, trop bien ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Pourquoi être humain avec l’auteur si on peut un peu l’humilier ? Où serait le plaisir alors ?!!!

Allez, gardons le sourire mais ouvrons l’œil, et le bon !

Et puis je vais m’occuper de Racines mêlées puisque je l’ai « retrouvé. »

Tu as une anecdote croustillante sur les droits d’auteur ? Du vécu à partager ? N’hésite pas à en faire part ci-dessous. ( Non, non, je ne parle pas de l’affaire Johnny Hallyday, mais de plus modeste, juste nos petites affaires d’écrivain, entre nous…)

Catherine David, Laure, Caroline Casadesus, Jean-François Zygel (une partie de mon jury) à la remise du prix. Ce n’était pas triste…

 

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L’état d’esprit d’un génie de l’écriture : Georges Simenon

Un maître de l’écriture et son état d’esprit : Georges Simenon

 

Georges Simenon était un écrivain de génie d’une abondance inouïe : presque 200 romans ! Dont 75 romans policiers et 28 nouvelles avec son célèbre commissaire Maigret, 117 « romans durs » (c’est ainsi qu’il appelait ses romans sans Maigret, romans aux personnages et aux atmosphères effectivement durs car Simenon portait un regard dénué de mièvrerie et particulièrement lucide sur l’homme et ses passions), des milliers d’articles de journaux, et un petit millier d’articles de reportages effectués aux quatre coins de la planètes ! Et puis il y a les essais, les mémoires, les contes populaires, les histoires érotiques, les romans populaires, les conférences et j’en passe !

Il a signé ses œuvres sous 27 pseudonymes, parcouru et vécu aux quatre coins du monde, fréquenté des milliers de femmes, éprouvant une véritable obsession pour le sexe et la femme sans s’en cacher, bref une personnalité hors du commun, dont j’ai voulu parler aujourd’hui, non pas à travers les visions de ses biographes mais la sienne.

En effet, il a écrit des Mémoires intimes, pavé de 753 pages, dont j’ai extrait des passages où il explique son rapport à l’écriture. Qui mieux qu’un génie littéraire peut parler de création littéraire ? Il s’exprime avec une simplicité confondante, se contentant d’annotations sans aucunes prétentions à expliquer sa créativité. Car pour lui, écrire coulait de source. C’est au cours d’une longue bataille judiciaire durant son divorce d’avec Denise Ouimet que son inventivité géniale se tarira, hélas. Les drames de son existence eurent raison de sa plume. Le désir d’écrire l’avait fui.

Dans cette simplicité, ce désir et ce besoin d’écrire comme un artisan, sans se prendre jamais pour un intellectuel, il me semble qu’il y a une grande leçon d’humilité, de persévérance et de courage à prendre. C’est pourquoi j’ai voulu rédiger cet article différent de mes articles habituels. Non pour offrir des techniques mais pour laisser s’exprimer un écrivain génial sur son état d’esprit d’auteur.

 

Machine à écrire

A ses débuts, tout jeune, à Paris, après la Belgique natale de son enfance :

 

Et pourtant j’écrivais, car j’avais besoin d’écrire, comme j’écrivais déjà avant mon départ de Paris. Mais, à présent, j’écrivais pour vivre, pour manger, et il ne s’agissait pas de littérature, mais de petits contes pour « Le Rire », « La Vie parisienne », « Sourire », « Sans Gêne », « Froufrou » et enfin « Le matin », où je devais rencontrer puis devenir l’ami de la grande Colette.

– Trop littéraire, mon petit Sim ! Plus simple, toujours plus simple…

Elle dont l’écriture avait l’élégance des vrilles de la vigne !      (Page 19)

Jeune, Simenon n’a jamais fait la fine bouche. Il avait besoin d’argent ; il écrivait. Il faisait ses armes et apprenait son métier :

 

Mes contes se multiplièrent et j’avais loué, faute d’être en mesure de l’acheter, une vieille machine à écrire qui cliquetait. Le nombre de mes pseudonymes augmentait à mesure que les journaux auxquels je collaborais devenaient plus nombreux (… )

L’heure n’avait pas encore sonné pour moi. Je n’avais même pas encore une carte de visite. Je ne pouvais pas dire que j’écrivais, car je n’étais encre qu’un apprenti qui signait Gom Gut, Plick et Plock, Poum et Zette, Aramis, des contes que les collectionneurs se disputent à présent que je suis un vieil homme ;

Je travaillais très vite. Il m’arrivait d’écrire huit contes en une journée (…)     (Page 22)

Il passe des contes, nouvelles, reportages à un roman :

 

J’ai suivi son conseil, me suis assis à une terrasse de la rue Caulaincourt et ai écrit mon premier roman populaire, le « Roman d’une dactylo », non sans en avoir lu quelques-uns parus chez le même éditeur pour savoir comment c’était fait.

Il a été accepté par Ferenczi qui m’en a commandé d’autres, de longueur et de format divers, et, comme je continuais à écrire très vite, j’étendis ma petite affaire aux quatre ou cinq maisons spécialisées de Paris. (…)

Jusqu’à quatre-vingts pages de roman dactylographiées par jour, de sorte que nous devenons presque riches en comparaison de nos débuts.

(…) tandis qu’à six heures du matin, je m’installerai devant ma machine pour mes quatre-vingts pages quotidiennes.     (Page 23)

Puis, curieux, toujours à l’affut de nouvelles expériences, il habite une péniche :

 

En outre, j’avais besoin d’écrire, comme j’en avais le besoin à quinze ans et comme j’en ai encore besoin à soixante-dix-sept ans. (…)

Au-delà d’une écluse, je découvris un canal aux eaux mortes qui ne servait qu’à emmener de l’intérieur du pays des troncs d’arbres qui envahissaient presque toute la largueur du canal. Une vieille barge abandonnée au bord d’un quai verdoyant planté de petites maisons roses et blanches. (…)

Dans la barge à moitié pourrie où nageaient les rats, j’allais rassembler de vieilles caisses, installer ma machine à écrire sur la plus haute, m’assoir sur une un peu moins haute, et mes pieds sur de plus basses encore qui émergeaient à peine de l’eau croupie. Deux jours plus tard, je commençais un roman qui serait peut-être un roman populaire comme les autres, peut-être autre chose, et ce fut, avec « Pietr-le-Letton », la naissance d’un certain Maigret que je ne savais pas devoir me hanter pendant tant d’années et qui allait changer ma vie du tout au tout.

Deux ans plus tard, quand la série de ces romans commenceraient à paraître mensuellement, je ne serais plus un apprenti mais un romancier, un véritable professionnel. Et deux ans plus tard encore, je me libérerais du roman policier pour écrire les romans qui naîtraient en moi « La Maison du canal », « Les Gens d’en face », l’Ane rouge », « Les Pitard », que sais-je encore ?      (Page 29)

 

Péniche

 

Il habitera partout, en France, en Suisse, aux Etats-Unis, s’installant à chaque fois de nombreuses années, se récréant une nouvelle vie :

 

Nous allions, pendant des années, Tigy et moi, parcourir alternativement des régions froides et des régions torrides, franchir plusieurs fois l’Equateur dans différents océans, connaître tour à tour les cinq continents, et ma machine à écrire, qui n’était pas la plus vieille machine louée rue des Rosiers nous suivrait partout, dans une caisse renforcée construite pour elle.

Car j’ai écrit partout, à Panama comme à Tahiti ou en Australie.

Quelle était notre destination ? Où allions-nous ? Partout. Nulle part.

A la recherche de quoi ?

Pas du pittoresque en tout cas, mais à la recherche des hommes.  (…)

J’écrivais. Pas sur ce que je voyais. Mes personnages, je les avais rencontrés à Liège pendant mon enfance, à Paris ensuite, dans ma province française où je me suis fixé, comme pour la vie, tantôt dans un château, tantôt dans une ferme.    (Page 30)

A propos de Maigret qui a tant fait pour sa célébrité :

 

Quant au personnage qui a fini par devenir mon ami (Maigret), il existe encore, mais en bronze, plus grand que nature, à l’endroit précis où il est né voilà cinquante ans, au bord d’un canal désaffecté où la barge qui lui a servi de berceau a dû se dissoudre peu à peu dans l’eau croupie. Je lui dois beaucoup de reconnaissance puisque c’est grâce à lui que j’ai cessé d’être un amateur et que je suis devenu pour longtemps un romancier.      (Page 30)

Simenon avait un rythme d’écriture surhumain :

 

J’étais écoeuré par la vie que je menais et je me demande encore aujourd’hui comment, depuis le temps de l’ « Ostrogoth », j’avais pu écrire six romans par an pour Gallimard en dépit de mes voyages à travers l’Europe et les cinq continents. Non pas seulement des romans « durs », auxquels il faut ajouter des nouvelles, des reportages et, plusieurs mois par an, la pêche à Porquerolles où il faisait si chaud que, commençant, dès quatre heures du matin, un chapitre dans mon minaret, je me trouvais tout nu en le terminant.      (Page 37)

J’écrivais toujours mes romans, car Gallimard en publiait six par an. Même dans l’agitation de Paris, je trouvais le temps, je ne sais comment, de rester fidèle à un contrat qui datait de 1934 et que nous renouvelions chaque année.

A Nieul, tout en m’occupant des pommes et des grives, des semis dans la petite serre, de la cahute au bord de la mer, j’ai écrit « Chez Krüll » et « Le Bourgmestres de Furnes », d’abord, qui se passaient par hasard tous les deux en Belgique. En janvier, alors que ta venue au monde approchait, n’ai-je pas écrit un livre sur la paternité « Les Inconnus dans la maison ». Ici, cerné par les douves au-delà desquelles s’étendait un parc herbeux planté de vieux arbres, je me mis à écrire « Malempin », l’histoire d’un père et d’un fils.

Plus, dans cette nomenclature, un Maigret par-ci par-là, pour me détendre, mais je n’en suis pas certain, car je ne datais pas encore mes manuscrits et c’est Aitken qui vient de me donner les titres et les dates de ceux que j’ai cités.      (Page 46)

 

Le Temps

 

Toujours ce rythme d’écriture hallucinant installé en routine :

 

Sais-tu, Marc ( il s’agit du fils de Simenon), que tu es le seul à m’avoir vu travailler à un roman ? Malgré le « Do not disturb » accroché à la clenche, tu avais le droit d’entrer dans mon sous-sol où je tapais à la machine dès six heures du matin. Tu t’y prenais si doucement que je ne t’ai jamais entendu venir. Tout à coup, je sentais tes lèvres se poser furtivement sur ma joue et, quand je me retournais, je t’apercevais traversant déjà le jardin.

Mon premier roman à Tucson a eu pour cadre celui qui m’entourait, ce qui m’est rarement arrivé. Je l’avais intitulé « La Rue des Vieilles Dames », sorte de traduction très libre de « Snob’s Hollow », le nom de notre quartier. Sven Nielsen a jugé ce titre peu engageant et j’ai accepté de mettre à la place :

« La Jument perdue ».

   Je me promenais pendant une demi-heure après le dîner, seul, dans le quartier qui m’était devenu familier et, en rentrant, j’écrivais les quatre ou cinq premières phrases du chapitre du lendemain.

Après ce roman, coup sur coup :

« Le Vacances de Maigret »

« Maigret et son Mort »

   Christmas a commencé à me suivre dans ma promenade du soir lors du roman suivant :

« La Neige était sale »

qui, dans mon esprit, ne se passe pas dans le nord ou l’est de la France, comme l’ont cru les critiques, mais dans une petite ville d’Autriche que je connais bien.

Maintenant, je ne me contentais plus, en rentrant, de quelques lignes au crayon sur le bloc de papier jaune, mais j’écrivais le chapitre presque entier, que je tapais, avec beaucoup de changements, le lendemain matin. Cette habitude, je devais la conserver pendant des années, sauf pour les Maigret que j’ai toujours tapés directement.        (Page 202, 203)

…le mois qui suit ta naissance, j’écris un roman :

« Maigret a peur »

   Mais je ne suis pas Maigret, quoi qu’on prétende.

Suivront, la même année 1953 :

«  L’Escalier de fer »

« Feux rouges »

« Maigret se trompe »

« Crime impuni »

« Maigret à l’école »

   Je changerai d’éditeur en Angleterre, car l’ancien est surtout spécialisé dans la poésie, la philosophie, les ouvrages sur l’art et les essais ». Je ne me sens pas à l’aise parmi ces gens-là beaucoup trop intellectuels pour moi.

Je vais donc signer un contrat avec un éditeur plus éclectique et plus jeune, Hamish Hamilton, que je ne connais encore que par correspondance.        (Page 353)

Simenon, comme tout écrivain, possédait ses manies, ses techniques :

 

Je me délasse en écrivant un Maigret, comme à chaque fois que, pour une raison ou une autre, je ne me sens pas d’humeur à m’attaquer à un roman dur. Il en est ainsi de tous les Maigret, sauf les dix-huit premiers, que j’ai écrits, ceux-là, à raison d’un par mois. Il est vrai que j’écrivais deux chapitres par jour, un le matin l’autre l’après-midi, de sorte que certains de ces romans ont été terminés en trois jours.

C’était un délassement pour moi de m’installer devant ma machine à écrire, de retrouver mon brave commissaire sans en savoir plus que lui, avant le dernier chapitre, sur la conclusion de son enquête.

On a parlé, photographié, cinématographié mes cinq douzaines de crayons et j’ai dû les tailler maintes fois dans ma petite machine devant les caméras.

Une légende en est née, avec cependant un fond de vérité que je trouve l’occasion de mettre au point. Aux Etats-Unis, le soir,  à la veille de commencer un roman, j’en écrivais les premières lignes qui me serviraient de point de départ le lendemain devant ma machine.

Les quelques lignes écrites au crayon, sur des blocs de papiers jaunes, sont devenues peu à peu une page, puis deux, puis cinq, et enfin le chapitre entier, d’une fine écriture qui exigeait des mines très pointues.

Ce chapitre « à la main » était donc écrit l’après-midi ou le soir et, à six heures du matin, je le tapais, souvent sans regarder le « brouillon », car l’écriture à la machine donne un rythme très différent.

J’ai continué longtemps à me plier à ce système, puis je me suis aperçu que, « à la main », on est tenté d’orner les phrases, de « faire littéraire », ce qui est contraire à mes goûts.

J’aimais certes tailler mes crayons, les rendre extrêmement pointus mais, s’il en reste encore quelques-uns sur mon bureau, comme près de mon téléphone, ils ne me servent, depuis plus de quinze ans, qu’à prendre des notes qui ne concernent pas les romans.     (Page 420)

 

Crayon

Qui était Simenon ? Se projetait-il dans ses personnages ?

 

Encore une parenthèse, comme pour les douzaines de crayons. Depuis longtemps des psychologues, des psychanalystes, des biographes de différents pays qui, pour la plupart, ne m’ont jamais rencontré, dont quelques-uns seulement m’ont écrit, se sont attachés à « découvrir ma vérité » à travers mes romans et mes personnages. Or, je me connais assez pour affirmer qu’ils se sont tous trompés et qu’un ou deux d’entre eux seulement sont arrivés à une demi-vérité.

Si je me suis toujours mis dans la peau de mes personnages, le temps du roman en cours, mes personnages, si je puis dire, ne se sont jamais mis dans la mienne, plus exactement, aucun n’a été mon reflet.

Il m’est arrivé, à des périodes pénibles, d’écrire des histoires ensoleillées et sereines, comme, à des époques joyeuses, de composer des œuvres tragiques.

On m’a portraituré ainsi, fort sérieusement, dans des ouvrages et des thèses universitaires qui resteront peut-être, ce qui n’est pas sans m’agréer. Est-ce à cause de cela que je mets, à mon tour, à chercher « ma »vérité ?       (Page 421)

Et puis, tout a une fin…

 

Le 18 septembre, qui est férié, à cause du Jeûne Fédéral, je descends dans mon bureau pour y préparer l’ « enveloppe jaune » d’un nouveau roman que j’ai décidé d’écrire. Il est neuf heures quand je m’enferme. Il s’agit de trouver les noms de mes personnages, leur état civil, leurs origines, parfois leurs amitiés enfantines, toutes notations dont je n’emploie d’habitude qu’une petite partie. J’ai besoin de savoir, de les connaître,  je trace le plan de leur maison, parfois du quartier qu’ils habitent.

Teresa est en haut qui, à dix heures, commence à s’inquiéter, car ce travail préparatoire ne me prend pas  d’habitude plus d’une heure. Sur mon enveloppe grand format, en gros papier bulle, j’ai écrit le nom de mon personnage qui doit servir de titre : « Victor ».

Quelques noms encore, quelques notations. Ce que j’appelle mes « plans » n’en ont jamais été, puisque je n’imaginais l’action et les réactions de mes héros qu’au fur et à mesure, chapitre par chapitre, ne découvrant le dénouement qu’à la dernière page.

Il n’en sera pas ainsi pour « Victor ». Deux cent vingt fois environ, le système a fonctionné sans accroc.

Quand je monte à l‘appartement où je trouve une Teresa anxieuse, je lui annonce que tout va bien et nous déjeunons tous les deux dans l’appartement.

Le lendemain, je me donne le temps de penser à mon point de départ, comme à l’habitude, c’est-à-dire au « déclic » qui amènera mon personnage principal à aller jusqu’au bout de lui-même.

Or, dans l’après-midi, je reçois le coup de téléphone de ma banque qui m‘annonce que ta mère, Marie-Jo, exige et payera les recherches pour retrouver toutes les recettes et les dépenses de notre ancien « compte-joint ». J‘en ai parlé déjà, pour en finir avec elle. Voilà que je dois y revenir.

Je téléphone à mon avocat.

J’en ai assez de lutter et je me souviens qu’elle s’est vantée un jour de « casser ma plume ».

Elle a réussi, mais je n’ai pas perdu courage. Je rejoins Teresa :

– Demain, si je pense encore comme aujourd’hui, je te dirai si, oui ou non, je continuerai à écrire.

Et, le lendemain, toujours abattu, je lui confirme ma décision. D. a obtenu ce qu’elle voulait depuis longtemps. C’est elle, désormais, Mme Georges Simenon, qui écrira et s’efforcera de m’écraser définitivement.      (Page 589)

 

Roman déchiré

 

C’est alors que Georges Simenon met effectivement fin à sa fabuleuse carrière de romancier. Il n’écrira plus que des autobiographies. Je dis souvent dans mes articles de s’entourer de personnes bienveillantes. De ne jamais donner à lire tes textes à des personnes malveillantes, toxiques, limitées… Ce n’est pas pour rien.

Ce qui me paraît passionnant dans cette immense carrière, c’est que Georges Simenon n’avait aucune limite mentale. A aucun moment, il ne se pose la question de savoir s’il est possible ou normal d’écrire autant. Ce manque de barrières mentales a sûrement fait beaucoup pour lui. Ses Maigret, il en a écrit une grande partie en 11 jours consécutifs. Les derniers, il les écrit en 7 jours ! 7 jours pour 7 chapitres ! Comment ne pas trouver un tel talent, une telle abondance prodigieux ? Il ne posait pas la question de savoir si cela était humainement possible : il le faisait. Je crois que c’est la grande leçon à retenir de Simenon, outre l’incroyable qualité d’atmosphère de tous ses romans, policiers ou « durs » qui sont en soi une leçon d’écriture. Il faut croire que l’on peut faire une chose pour la faire. Or Simenon ne trouvait pas invraisemblable d’écrire 6 romans par an !

Et puis, il y a ce fait : Simenon était un bourreau de travail. Un bourreau de travail à qui il paraissait naturel d’écrire jusqu’à 6 romans par an en plus de ses reportages ! S’il avait pensé un instant que c’était anormal au sens de non-normé, monstrueux, je ne pense pas qu’il aurait pu poursuivre cela. Il a beaucoup vécu, voyagé, a profité de la vie beaucoup plus que la moyenne des hommes. Et entre ces moments, il s’aménageait des périodes d’écriture intense. C’était aussi un homme qui savait parfaitement s’organiser. Il avait un rituel. Quand il sentait que le moment était venu d’écrire, il convoquait son médecin et faisait passer une visite médicale à sa famille, son personnel et lui-même. Rassuré, il écrivait son livre en quelques jours.

Mémoires intimes

Je ne peux que te conseiller de lire ses Mémoires intimes. Il y est d’une extrême franchise et simplicité. Des âmes hypocrites lui ont fait le procès de s’y montrer cru. Mais la vérité exige une certaine crudité. Et ce testament d’un génie littéraire est une source d’inspiration pour toute personne qui veut écrire sérieusement.

Je te conseille aussi de lire cet interview de Bernard Pivot qui date de 1981 : c’est la dernière grande interview de Simenon. Fidèle à lui-même, il y est authentique. Il le disait tout le temps : je cherche la vérité. Même pour lui-même.

Et bien entendu, tu peux jeter un œil rapide et panoramique sur sa vie et son œuvre avec l’article, sur Wikipédia, consacré à cet homme qui  mieux qu’aucun autre auteur possédait une inspiration illimitée. Voilà un écrivain qui n’a jamais rien théorisé et qui écrivait, c’est certain, dans l’inspiration la plus totale, le flow. La page blanche, qu’est-ce que ça signifiait pour Simenon ? Rien. Pour Simenon, écrire c’était simplement travailler et avec Maigret, c’était même travailler en se délassant !

 

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