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6 jeux d’écriture : comment manipuler ton lecteur ?

6 jeux d’écriture pour manipuler ton lecteur et l’emmener où tu veux

 

Jeu d’écriture n°1

 

Imagine une histoire de quelques pages qui se termine par cette dernière phrase : « Mon cœur battait en dévalant la route. Un bonheur insensé me portait vers la plaine. »

Il s’agit donc de penser à la fin de ton texte dès son début. Pourquoi ? Parce que la plupart du temps, on commence à écrire son roman sans savoir comment il se finira. Et cela peut poser bien des problèmes. Un roman est une rédaction qui s’étale dans le temps, ce qui nous laisse toutefois le loisir de trouver la fin. Mais pour une courte nouvelle, on a peu de temps : il faut trouver rapidement une fin à ton récit. Car c’est toi en décides et emmène ton lecteur où tu le veux. Sur la fin de roman, tu peux également lire cet article.

Un deuxième jeu semblable avec cette phrase de fin : « La maison serait-elle abandonnée ? J’éprouvai une mélancolie absurde comme si une part de mon passé se détachait de moi. »

Et un troisième jeu : « Je n’ai pas peur de mourir, ni de souffrir, reprit-il en regardant par delà la vaste baie depuis la terrasse. J’ai peur de toi. »

 

Robert Sabatier
www.osez-ecrire-votre-roman.com

 

Jeu d’écriture n°2

 

Ecris un dialogue entre trois personnages. Deux personnages s’allient pour fustiger un troisième. Il s’agit donc d’une dispute.

L’idée est de sortir de l’écriture ordinaire puisque on trouve rarement des scènes de dispute dans les romans. Tout les coups sont permis, y compris les gros mots -ou pas ! La deuxième idée est de travailler sur un dialogue à trois. Nous avons tous tendance à nous en tenir au dialogue à deux personnages. Sur l’écriture de dialogue, un article ici.

Jeu d’écriture n°3

 

Ecris un poème en vers libres en remplissant les trous.

C’est une excellente manière de travailler tes images poétiques, ton lyrisme, ton imaginaire, de te laisser aller à moins de rationalité et davantage d’émotions, de sensations. La clef pour réussir un beau poème se trouve dans la visualisation et la sensation. La bonne poésie est toute en sensations et en émotions. Il faut donc savoir les évoquer fortement pour entraîner ton lecteur.

Santorin

Penche-toi si tu le peux, sur la mer obscure, oubliant

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

Qui parcourent ton sommeil dans l’autre vie, l’engloutie.

Sur ton dernier coquillage, écris, si tu le peux,

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….

Et jette-le dans la mer, qu’il y disparaisse.

Nous nous sommes retrouvés nus sur la pierre ponce

……………………………………………………………………………………………………….

Regardant les îles rouges s’abîmer

……………………………………………………………………………………………………….

Dans leur sommeil, dans notre sommeil.

Nous nous sommes retrouvés nus, ici, inclinant

……………………………………………………………………………………………………….

Talon de la vigueur, vouloir sans faille, amour lucide,

………………………………………………………………………………………………………….

Voie du destin au bruit de la jeune paume frappant l’épaule ;

…………………………………………………………………………………………………………………..

En ce pays qui fut jadis le nôtre,

………………………………………………………………………………………………………………………

Autels détruits

………………………………………………………………………………………………………………………..

Feuilles de palmiers dans la boue.

Laisse, si tu le peux, tes mains voyager

………………………………………………………………………………………………………………………….

Qui toucha l’horizon.

 

Jeu d’écriture n°4

 

Invente une description qui évoque des sons.

L’intérêt est de faire travailler ton lecteur avec son oreille. Si par exemple tu décris une usine bruyante, c’est ton travail d’écrivain de faire en sorte qu’il soit submergé par le fracas assourdissant des machines. Si tu lui fais entendre un opéra sublime, transporte ton lecteur par la beauté des sons, de la musique. Pense au rythme, à la cadence pour cet exercice, bref travaille l’auditif. Il est souvent négligé par les auteurs.

 

Crédit photo : Frédéric Bisson

 

Maintenant, amuse-toi à l’inverse ! Crée du silence. Invente un texte qui permet au lecteur de se plonger dans le silence, de le ressentir.

Un article sur la description ici.

 

Jeu d’écriture n°5

 

Invente un texte à partir des mots qui vont suivre. Remplis les trous.

Il s’agit de trouver des solutions pour que le texte reste logique. L’idée est donc de faire travailler ton imaginaire et ta clarté mais sans la notion précédente de lyrisme (l’exercice n°3 avec le poème.)

Hélène s’assit lourdement. Elle………………………………….. Mais c’était inepte car ………………………………………. ; …………………………….……………………………….. C’était sans fin ! Elle se leva et ………………………………………. Quand la voiture tourna, ……………………………..………………………………………. Le soleil était bas à l’horizon, irréel, et……………………………………………….. Hélène sourit furtivement quand …………………………

Rien n’aurait pu lui………………………………………………………… Les roues tournaient à une vitesse ……………………… qui ………………….…………………………………………………………….. Hélène, la route, tout…………………………………….    Un silence descendit sur ……………………………………………………….., ………………………….., …………………………, ………………………………………………………………….

Une existence est parfois…………………………….; sans le saisir …………………………………………. Le soleil disparaissait derrière la colline, sombre et magnifique, …………………………………………………………………… Un soupir ………………………………………………et tout fut dit.

 

Jeu d’écriture n°6

 

A partir de ce dernier petit texte, laisse libre court à ton imagination. Etoffe-le et approprie-le toi complétement. Récris-le au moins deux fois plus long. Rend-le plus intéressant, plus subtil. Rapproche-toi de ton lecteur. Mets-toi à sa place. Reçoit-il vraiment ce que tu veux exprimer ?

 

Joseph Joubert

 

Ce sont des jeux d’écriture simples. Le but n’est pas de rendre plus complexes tes textes mais de travailler ta relation avec ton lecteur. Que lui donnes-tu ? Es-tu compréhensible ? Fais-tu exactement passer les émotions, les sensations que tu veux faire passer ? Fais-tu voir au lecteur exactement ce que tu veux qu’il visualise ? L’entraînes-tu où tu veux ? L’art est d’écrire un roman est un art profondément manipulatoire. C’est un contrat implicite entre le lecteur et toi. Quand il choisit de lire ton livre, il te délègue le pouvoir de l’emmener où tu veux. Si tu l’emmènes nulle part, où qu’il se sent emporté à moitié seulement, le contrat est caduc. Un bon roman emporte ton lecteur où toi, l’auteur, veut qu’il aille. Si tu lui fais oublier le monde pour s’immerger dans ton univers, évidemment tu as réussi ton roman.

J’espère que tu joueras avec ces jeux. Tu peux y jouer au rythme d’un par jour ou par semaine, peu importe, mais je te conseille vraiment de t’y amuser de temps à autre. C’est en écrivant qu’on s’améliore, pas en lisant des théories sur l’écriture… Tu peux lire autant d’articles que tu le veux sur l’écriture, si tu n’écris pas rien ne changera dans ta qualité d’écriture. Si tu décides de jouer avec ces jeux, fais-nous en part dans les commentaires. Cela donnera envie à d’autres lecteurs d’écrire, et nous donnera l’occasion de découvrir tes textes.

Je te souhaite de t’amuser. L’écriture de roman est manipulatoire, bien sûr, mais elle est surtout aussi jubilatoire pour l’écrivain… Sinon, à quoi bon ?

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26 Commentaires

  1. Frédéric

    Bonjour Laure,
    Merci pour ces jeux d’écriture. Il est vrai que c’est en forgeant que l’on devient forgeron !

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Bonjour Frédéric,
      Oui, c’est tout simple : action ! Les jeux, c’est ludique. Je trouve que ça donne davantage envie de se mettre au boulot que de se dire : je dois écrire pour écrire et apprendre à écrire. Non, non, écrire avec plaisir. Sinon, ça ne sert à rien.

      Répondre
  2. Christine

    Merci Laure . De tous ces jeux d’écriture, Il y en a bien un qui me tente, c’est le poème à compléter, mais je verrai dans les jours à venir si l ‘inspiration me vient.

    Répondre
  3. Elhadj

    Bonjour,
    C’est vrai. La fin devrais être mûrement réfléchie, bien travaillée, qui laisse le lecteur sous le coup de l’émotion, tenant le roman entre ses mains, le regard figé sur les derniers mots, pensant,frissonnant de regrets peut-être, ou poussant des soupirs de chagrin, jusqu’à jaillir des larmes, en disant enfin que ce roman mérite d’être relu.
    Bonne journée à tout le monde.

    Répondre
  4. Didier

    Merci Laure pour nous proposer ces jeux d’écriture. Je vais donc suivre tes conseils et ma prochaine histoire partira d’un de tes défis. Je te montrerai le résultat si tu es ok.

    Répondre
  5. Christine

    Laure j’ai enfin pu mettre un commentaire sur Amazon, concernant le cheval de l irlandais et racines mêlées. Ils ont sans doute reçu leur politique ☺

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Oh, merci Christine ! Il est temps qu’ils se réveillent chez Amazon ! Je vais le lire.

      Répondre
  6. Christine

    Revu

    Répondre
  7. Slimani Fatma-Zohra

    Jeu d’écriture n 3
    Santorin
    Penche-toi si tu le peux sur la mer obscure,
    oubliant jusqu’aux traces de notre passé, nos voyages qui parcourent encore ton sommeil dans l’autre vie, l’engloutie.
    Sur ton dernier coquillage, écris si tu le peux,
    Écris la mer et le soleil,
    Les vagues déferlantes,
    Écris l’écume blanche…
    Écris le jour et la nuit
    Écris toutes les étoiles.
    Écris sur le sable doré, le récit qui t’etreint et t’etouffe
    Écris et puis jette-le
    Dans la mer, qu’il disparaisse.

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      J’adore ! Cette simplicité me touche beaucoup. Je pense au poète Georges Seféris !

      Répondre
      1. Slimani Fatma-Zohra

        Merci Laure. C’est un encouragement pour moi.

        Répondre
  8. Slimani Fatma-Zohra

    Jeu d’écriture numéro 6
    Un silence descendit sur la plaine,
    Et tout à coup, tout parut irréel. Ton départ, nos adieux déchirants, nos larmes et nos étreintes, rien de tout cela ne semble avoir eu lieu.
    Nul geste n’a laissé, ne serait-ce qu’une empreinte dans l’air, devenu soudain palpable.
    Une existence, balayée d’un revers du destin si brutal, qu’il nous foudroie ; et nous le subissons sans aucune tentative de s’accrocher aux
    Ultimes bribes de notre bonheur arraché, déraciné par le souffle du temps envolé ailleurs.
    Tout a été défiguré. Un nuage surgi du néant déverse cruellement sur notre douleur, des flots intarissables de larmes…
    Le soleil disparaissait derrière la colline sombre et magnifique, d’une beauté insaisissable.
    Nul regard lumineux ne rendit hommage à cette formidable explosion de lumières et d’images inédites.
    Dame Nature opposait souverainement sa splendeur, parfumée de pâquerettes et coloriée de violettes…au deuil qui s’abattait sur nous.
    Un soupir se fit entendre dans le silence, un seul cri muet de l’âme exhalant son trop plein d’amertume….. Et tout fut dit.

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      J’aime ton lyrisme. Ton texte pourrait devenir parfait avec qqs reprises. Il est déjà puissant.

      Répondre
      1. Slimani Fatma-Zohra

        Merci Laure, ton commentaire m’est précieux.

        Répondre
  9. Slimani Fatma-Zohra

    Jeu d’écriture numéro 3
    En ce pays qui fut jadis le nôtre,
    Notre enfance nous fut arrachée.
    En ce pays que nous cherissions,
    Sur nos petits bancs d’écoliers,
    Nous fûmes si souvent humiliés…
    Et tous les jours terrorisés
    Par les balles d’hommes armés
    Qui nous faisaient souvent très peur,
    En nous fixant, nous les petits…..
    Dans leurs grands corps d’adultes,
    Nos parents étaient impuissants,
    Le regard dur et accablé.
    Et pourtant, je veux le dire…
    Nos parents n’étaient ni bandits,
    Ni voleurs, ni assassins…
    Le maitre d’école était gentil,
    Il parlait et nous enseignait
    Une langue que j’aimais…
    La contesse de Ségur
    A fait mon petit bonheur
    Camille, Madeleine et Marguerite
    Sophie, Paul et les petites filles modèles
    Furent longtemps mes amis.
    Je fus, au théâtre de Molière,
    Un élève acharné…
    Don Rodrigue, Le Comte et Don Diègue
    M’ont fait aimer « le Cid » de Corneille.
    Victor Hogo m’aidait à voyager
    « Dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne »… Jusqu’à sa chute à Harfleur.
    Lamartine me fit me promener
    Au  » Lac » de ses méditations.
    La fontaine m’enseigna la morale
    Par le loup, l’agneau et le renard,
    Et bien d’autres encore,
    Que j’ai longtemps récité s
    Sans en rien oublier…
    Mon maitre d’école n’était pas geôlier
    Au tableau, il disait « oh ! ma fille  »
    En prison, ils ont torturé mon père
    Je n’aime pas les camions militaires
    Devant la porte de notre demeure !
    Le nuage de poussière m’aveugla,
    Mon père était déjà loin,
    En route pour une prison…
    Dont j’ignorais le lieu…
    Je n’avais que 7 ans !
    Non ! Les enfants ne sont pas concernés
    Par la guerre des grands !
    Je cours encore vers le camion,
    La grappe de raisin à la main…
    Ma mère me l’avait donnée
    Juste avant leur arrivée.
    Je pleure, il avait soif, j’en étais sûre..
    Mon raisin l’aurait désaltéré.
    Personne , personne ne vit
    La grappe de raisin qui
    Pendait encore à ma main…

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Bravo, c’est très touchant. Je ressens particulièrement ce texte… sans doute parce que j’ai vécu, enfant, en Algérie après l’Indépendance. Il s’y attache beaucoup de nostalgie chez moi, la blessure de l’exil, profonde, et une forme de culpabilité. (Je précise que je ne suis pas pied-noir.) « En ce pays qui fut jadis le nôtre/Notre enfance nous fut arrachée », ces vers sont magnifiques, le sais -tu ?

      Répondre
      1. Slimani Fatma-Zohra

        Oui, ils sont magnifiques. Je suis heureuse d’avoir à partager quelques souvenirs avec vous, un goût de nostalgie. Merci, Laure d’apprécier ma modeste participation.

        Répondre
  10. Slimani Fatma-Zohra

    Jeu d’écriture numéro 5
    Un autre essai.
    Une existence est parfois si vide, dénuée de sens…le jour succède à la nuit, dans une suite inlassable d’heures martelées par le temps qui se fige par moments, comme s’il désirait immortaliser une image irréelle, impalpable, puis repart dans sa fuite éperdue… Tel un fleuve ayant égaré son embouchure, mais qui ne se souvient plus de la source qui l’a vu naître. Nous le regardons indifférents, sans le saisir, sans même tenter de freiner son envol….
    …Le soleil disparaissait derrière la colline sombre et magnifique… Oh ! Crépuscule !
    Qu’il est profond, ton silence…quand les étoiles d’or s’annoncent dans le ciet, et que la nuit superbe s’apprête à étaler son manteau radieux.
    Le calme s’installa petit à petit, faisant suite à ton départ… Et la solitude occupa toute la place, rongeant mon esprit troublé pendant les heures que le jour lui cédait cruellement ; elle s’acharna aussi sur mon sommeil qui me fuyait tel un pestiféré, aussitôt que le voile de la nuit nous couvrait d’ombres.
    Un soupir fit écho à un vol de pigeons dans le jardin encore humide, le portail fut fermé dans un bruit sourd…Tu n’avais sans doute rien laissé de précieux, derrière toi. C’est pour cette raison que tu ne fis pas l’effort de te retourner une dernière fois.
    Un sanglot, un seul déchira le silence… Et tout fut dit.

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      C’est beau et très lyrique. Ta manière de t’exprimer vient des profondeurs, cela se sent, cela s’entend aussi dans le rythme et la musique qui sont toujours élégants chez toi. Cette musique, ce rythme, cultive-les, car ils te sont personnels. Ne te pose simplement pas trop de questions et continue à suivre ton oreille car tu as une bonne oreille naturelle ! En poésie, c’est essentiel.

      Répondre
      1. Slimani Fatma-Zohra

        Laure, je vous adore !

        Répondre
        1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

          Ca, je ne l’entends pas tous les jours, Fatma-Zohra, et ça me fait drôlement plaisir !

          Répondre
          1. Slimani Fatma-Zohra

            C’est sincère, parce-que vous avez réveillé en moi la musique, la poésie , le chef d’orchestre…et toute la batterie qui s’était tue il y a quelque temps déjà, et je n’avais pas assez de motivation pour remettre en branle le concert.
            Vous êtes arrivée à me stimuler, et ce n’est pas peu pour moi …..
            Merci Laure, pour tout ce
            bain d’écriture qui me stimule et me replonge dans ce qui me passionne par dessus tout.
            A bientôt…

          2. Slimani Fatma-Zohra

            Bonjour, Laure !
            J’aimerais que vous lisiez ce poème que j’ai écrit en 2003 après le séisme qui a terriblement secoué Boumerdes, dans la région Est d’Alger :
            J’ai l’immense regret, cent fois enseveli,
            D’un rêveur oublié qui n’a pas voyagé.
            Je suis un exilé dans mon propre pays,
            Je suis un promeneur assidu malgré lui.
            Contempler les couleurs, je n’ai plus ce bonheur…
            Je regarde alentour de mes yeux fatigués,
            Et j’entends le murmure de ton coeur déchiré.
            Je ne suis qu’un poète encore tout en émoi,
            Je ne suis qu’un rêveur prêt à frémir d’effroi ;
            Au cri d’une douleur, dans les larmes je me noie.
            Tout n’est plus que sanglots étouffés dans les flots ;
            La mer crie sa peine en soupirs éternels,
            Même le bleu du ciel semble devenu gris ;
            Le vent du soir soulève le sable qui gémit…
            Quand reverrai-je hélas, de mon petit village.
            Sortir des bambins heureux et gambadant
            Pour aller à l’école comme les autres gamins…
            Vivre sous une tente, ce n’est pas très malin.
            La mer, nature en vie, s’est remise à hurler…
            En grand deuil, elle déverse sa colère ravalée.
            Une sombre fureur remplace la douceur
            Des plages parfumées par le sort délaissées.
            Je me retrouve seul devant tout ce désastre
            De la mort qui a pu déshabiller la vie.
            La ville fut étouffée un soir du mois de Mai,
            Étranglée par le sort, arrachée, mutilée…
            Je regarde l’oiseau qui partage ma douleur,
            Et de son aile triste, caressant ces splendeurs,
            Fait gémir tous ces vers de l’âme d’un poète
            Qui n’entend plus sonner les heures désolées…
            Une herbe captive apparaît dans les pierres,
            Une sourde prière se répand dans les airs.
            Le voyageur écoute, croyant à un concert,
            Mais le vide est immense, une vaste carrière…
            Tout à coup certains sons inconnus à ces terres,
            Frappent les flancs meurtris d’un rivage si fier…
            Ce bien triste fouet, c’est la pelle et la pioche
            Qui creusent et creusent le sol quelques moments encore…

            (Slimani Fatma-Zohra /tous droits réservés.)

          3. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

            Que dire… Que c’est bien écrit ? Oui. Que c’est touchant ? Oui. Que je l’ai préféré à la deuxième lecture qu’à la première ? Oui. Pourquoi ? Parce que c’est un poème de circonstance, et que le poème de circonstance est très souvent d’une facture classique qui grignote un peu la spontanéité de l’auteur. Et c’est normal. Et en le relisant, j’ai vu les fulgurances, j’ai trouvé beau ce classicisme. A ceux qui le liront, je conseille plusieurs lectures. Ce poème ne se laisse pas dévoiler d’un coup ! il est ample, il est beau.
            Mon petit doigt me dit que tu as lu Victor Hugo avec amour, non ?

  11. Léhi Ôdi

    Exercice 3
    Penche-toi si tu le peux, sur la mer obscure, oubliant.
    Ton nom, ta patrie, ta maison, je remplace par mes visions,
    Mon parfum, mes aspirations
    Qui parcourent ton sommeil dans l’autre vie, l’engloutie.
    Sur ton dernier coquillage, écris, si tu le peux
    Avec ton sang et le mien, si tu veux, les mots interdit
    Et jette-le dans la mer, qu’il y disparaisse.
    Nous nous sommes retrouvés nus sur la pierre ponce.
    Enraciné l’un à l’autre, mélanine brunissant sous les embruns.
    Regardant les îles rouges s’abîmer
    Se pourfendre en des crevasse vide d’un monde sans fin
    Dans leur sommeil, dans notre sommeil.
    Les entends-tu mon angle, la chair de ta chair
    Nous nous sommes retrouvés nus, ici, inclinant.
    Les herbes mouillées de la rosée matinale
    Talon de la vigueur, vouloir sans faille, amour lucide,
    Ce mensonge, tu le connais, je te l’ai murmuré un soir sans lune.
    Voie du destin au bruit de la jeune paume frappant l’épaule ;
    Tu répondais vigoureusement d’un coup de reins.
    En ce pays qui fut jadis le nôtre,
    Je repose seul dans la terre de nos ancêtres.
    Autels détruits
    Plus, aucun druide ne viendra sur ses pierres
    Je les maudis, ils m’ont volé ton cœur.
    Feuilles de palmiers dans la boue.
    Sur laquelle j’inscris, ces mots
    Laisse, si tu le peux, tes mains voyager.
    Sur ta peau que j’ai tant aimée et qu’a l’aube
    Dans les fléau trouble du souvenir
    Il tremble ce Priape.
    Qui toucha l’horizon.

    Pardon pour l’orthographe, la dyslexique, c’est toujours un peut compliquer et complexent

    Répondre
    1. Laure Gerbaud (Auteur de l'article)

      Léhi Ôdi,
      C’est beau ! C’est original, c’est personnel, c’est lyrique. Vous avez un vrai style, une vraie personnalité. C’est plutôt rare.
      Merci, c’est un joli cadeau que vous nous faites.
      Je vous pardonne les fautes bien volontiers! Ce n’est que du travail de correction. Revenez dessus plus tard et corrigez-les.
      Vraiment beau!

      Répondre

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